Live At The Village Vanguard (1962)
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Live At The Village Vanguard (1962)
Live At The Village Vanguard (1962)
Face 1
1. Spiritual - 13:30
2. Softly As In A Morning Sunrise - 6:25
Face 2
1. Chasin' The Trane - 15:55
Personnel :
John Coltrane : saxophones ténor et soprano
Eric Dolphy : clarinette basse sur "Spiritual"
McCoy Tyner : piano (sauf sur "Chasin' The Trane")
Reggie Workman : contrebasse (face 1)
Jimmy Garrison : contrebasse (face 2)
Elvin Jones : batterie
"Softly As In A Morning Sunrise" et "Chasin' The Trane" : 2 novembre 1961
"Spiritual" : 3 novembre 1961
Produites par Bob Thiele et enregistrées par Rudy Van Gelder au Village Vanguard, les trois plages publiées en 1962 par Impulse! ne sont en fait que le sommet de l'iceberg de créativité sans précédent qui s'est constitué lors d'une série de concerts historiques donnés par Coltrane en novembre 1961 dans le mythique club new yorkais.
De même que sur "Olé Coltrane" et "Africa/Brass", Coltrane fait appel aux services d'Eric Dolphy, ainsi qu'à un certain nombre de musiciens qui viennent prêter main forte au (désormais) quintet de base. Pour autant, c'est Coltrane qui est au coeur du "Live At The Village Vanguard", Dolphy ne jouant que sur le premier titre.
Les amateurs peuvent apprécier l'ensemble des performances enregistrées sur le fantastique coffret 4 CD "The Complete 1961 Village Vanguard Recordings", qui constitue l'un des monuments de la discographie de John.
C'est à la demande de Coltrane que Bob Thiele a décidé de l'enregistrer en concert. En effet, Coltrane appréciait alors la liberté supplémentaire offerte par le Live. "J'aime le feeling d'un club, surtout quand il y a une atmosphère intimiste, comme au Village Vanguard. Il est important d'avoir ce vrai contact avec le public parce que c'est ce qu'on essaie de faire - de communiquer."
L'album s'ouvre sur "Spiritual", un morceau basé sur la mélodie d'un authentique spiritual. En puisant dans les profondeurs de la musique noire américaine, Coltrane écrit son futur, ouvrant ici la voie du jazz spirituel. D'autres compositions, aussi importantes suivront, à commencer par "Alabama" en 1963.
A propos de ce titre, Coltrane dira à Nat Hentoff : "J'aime la manière dont ça s'est développé. J'ai le sentiment que nous avons fait ressortir l'ambiance inhérente au titre. C'est une pièce sur laquelle nous avons travaillé un moment parce que je voulais être certain d'être capable de retrouver l'essence émotionnelle originelle du spiritual."
Coltrane précise ensuite qu'Eric Dolphy et lui discutaient depuis un moment quant aux possibilités d'élargir le champ de leurs improvisations, et que cela faisait sens de l'avoir à ses cotés. "L'avoir ici tout le temps est pour moi une stimulation permanente."
Le thème de "Spiritual" est particulièrement impressionnant : il y a dans l'interprétation au ténor de Coltrane une dimension presque sacrée. Les plages consacrées aux solos présentent un climat en rupture totale avec celui du thème : à la solennité succède une certaine décontraction. En effet, contrairement à de nombreuses plages enregistrées au Village Vanguard, les solos de Coltrane et de Dolphy ne sont ni fiévreux, ni dans l'urgence. Les deux hommes n'hésitent pas à jouer avec les silences, à poser leur discours. Après le solo de McCoy Tyner, Coltrane reprend un dernier solo, mais - fait rare - au soprano cette fois.
Coltrane a choisi de terminer la face avec "Softly As In A Morning Sunrise" "parce que j'aime avoir une variété sensible dans un album. Il me semblait qu'il complétait les deux titres originaux, et j'apprécie particulièrement le swing de Jones sur cette prise particulière."
Le fait est que la légèreté de ce standard contraste efficacement avec le reste du disque. Le titre débute par le seul trio Tyner Worman Jones (aux balais dans un premier temps) qui joue un jazz nettement plus classique. Coltrane prend le train en marche avec un solo de soprano très inspiré, avec plus d'intensité (Elvin passant aux baguettes).
La face deux est constitué d'un seul titre : "Chasin' The Trane". En 1962, c'était sans nul doute le titre le plus extrême jamais publié par Coltrane. Et d'ailleurs peut-être la performance la plus incroyable jamais enregistrée par un saxophoniste alors. Les crédits de l'édition originale sont inexacts : c'est ici Jimmy Garrison qui est à la basse (alors que le bassiste du groupe était encore Reggie Workman) et McCoy Tyner ne joue pas de piano.
"Habituellement, j'apprécie le fait d'être familier avec une nouvelle pièce avant de l'enregistrer, mais avec le blues, vous n'avez jamais à vous inquiéter, à moins que la mélodie ne soit vraiment compliquée. Dans ce cas, toutefois, non seulement la mélodie n'était pas écrite, mais elle n'était même pas conçue avant qu'on ne la joue. On a donné le tempo et on est rentré dedans."
Dans son entretien de 1966 avec Frank Kofsky, Coltrane revient sur sa performance :
Kofsky - Il me semble qu'Albert Ayler a développé certaines idées exprimées déjà dans votre solo sur "Chasin' The Trane", et qu'il les a développées à sa manière, et que ça a été pour lui un point de départ. N'avez-vous jamais pensé ainsi?
Coltrane - Non.
Kofsky - Avez-vous beaucoup écouté ce morceau?
Coltrane - Seulement au moment de sa sortie. Je l'écoutais en me demandant ce qui m'était arrivé.
Kofsky - C'est-à-dire?
Coltrane - Disons que c'est un peu surprenant à réécouter. Je ne sais pas, ça a donné autre chose. C'était plus long que je ne pensais et il y a une bonne intensité, que je n'avais pas atteinte tout à fait auparavant en enregistrement.
Kofsky - Vous en avez été content?
Coltrane - A un certain point. Mais je ne vais pas l'écouter en boucle et l'aimer pour toujours. `
Kofsky - Mais vous n'êtes jamais satisfait plus d'une semaine de tout ce que vous faites!
Coltrane - Je réalise que j'aurais dû faire ci ou ça, ou mieux et puis...
Kofsky - Je pense que c'est un disque remarquable et je pense aussi que vous feriez mieux de le réécouter.
Coltrane - Peut-être...
Kofsky - Parce que je ne vois aujourd'hui aucun saxophoniste qui ne joue ce que vous avez déjà au moins esquissé avant. Mais peut-être que vous n'êtes pas d'accord.
Coltrane - Non parce que c'est comme un immense réservoir, auquel nous puisons tous. Très souvent, on s'aperçoit que beaucoup de choses... J'ai plutôt pas mal écouté John Gilmore avant de faire "Chasin' The Trane". Il y a sur ce disque des influences directes de ce que j'écoutais alors. Mais je ne sais pas moi-même qui Gilmore écoutait à cette période...
Dans une certaine mesure, "Chasin' The Trane" est prémonitoire du Coltrane de 1965 : Coltrane joue ici avec une intensité tout à fait hors du commun, propulsé par la puissance du jeu d'Elvin Jones, l'accompagnateur idéal dans ce registre. Coltrane poussera plus loin encore par la suite, avec plus de musicalité encore.
Mais John fait un ici un "pas de géant". L'un des plus importants de sa carrière.
Le "Live At The Village Vanguard" (Impulse! AS-10) est désormais réédité sous la forme suivante :
"Live At The Village Vanguard - The Master Takes" (1998)
1. Spiritual
2. Softly As In A Morning Sunrise
3. Chasin' The Trane
4. India
5. Impressions
C'est album rassemble tous les titres retenus du vivant de Coltrane issus des concerts enregistrés en 1961 au Village Vanguard. "India" et "Impressions" proviennent de l'album "Impressions" (Impulse! AS-42) publié en 1963.
Face 1
1. Spiritual - 13:30
2. Softly As In A Morning Sunrise - 6:25
Face 2
1. Chasin' The Trane - 15:55
Personnel :
John Coltrane : saxophones ténor et soprano
Eric Dolphy : clarinette basse sur "Spiritual"
McCoy Tyner : piano (sauf sur "Chasin' The Trane")
Reggie Workman : contrebasse (face 1)
Jimmy Garrison : contrebasse (face 2)
Elvin Jones : batterie
"Softly As In A Morning Sunrise" et "Chasin' The Trane" : 2 novembre 1961
"Spiritual" : 3 novembre 1961
Produites par Bob Thiele et enregistrées par Rudy Van Gelder au Village Vanguard, les trois plages publiées en 1962 par Impulse! ne sont en fait que le sommet de l'iceberg de créativité sans précédent qui s'est constitué lors d'une série de concerts historiques donnés par Coltrane en novembre 1961 dans le mythique club new yorkais.
De même que sur "Olé Coltrane" et "Africa/Brass", Coltrane fait appel aux services d'Eric Dolphy, ainsi qu'à un certain nombre de musiciens qui viennent prêter main forte au (désormais) quintet de base. Pour autant, c'est Coltrane qui est au coeur du "Live At The Village Vanguard", Dolphy ne jouant que sur le premier titre.
Les amateurs peuvent apprécier l'ensemble des performances enregistrées sur le fantastique coffret 4 CD "The Complete 1961 Village Vanguard Recordings", qui constitue l'un des monuments de la discographie de John.
C'est à la demande de Coltrane que Bob Thiele a décidé de l'enregistrer en concert. En effet, Coltrane appréciait alors la liberté supplémentaire offerte par le Live. "J'aime le feeling d'un club, surtout quand il y a une atmosphère intimiste, comme au Village Vanguard. Il est important d'avoir ce vrai contact avec le public parce que c'est ce qu'on essaie de faire - de communiquer."
L'album s'ouvre sur "Spiritual", un morceau basé sur la mélodie d'un authentique spiritual. En puisant dans les profondeurs de la musique noire américaine, Coltrane écrit son futur, ouvrant ici la voie du jazz spirituel. D'autres compositions, aussi importantes suivront, à commencer par "Alabama" en 1963.
A propos de ce titre, Coltrane dira à Nat Hentoff : "J'aime la manière dont ça s'est développé. J'ai le sentiment que nous avons fait ressortir l'ambiance inhérente au titre. C'est une pièce sur laquelle nous avons travaillé un moment parce que je voulais être certain d'être capable de retrouver l'essence émotionnelle originelle du spiritual."
Coltrane précise ensuite qu'Eric Dolphy et lui discutaient depuis un moment quant aux possibilités d'élargir le champ de leurs improvisations, et que cela faisait sens de l'avoir à ses cotés. "L'avoir ici tout le temps est pour moi une stimulation permanente."
Le thème de "Spiritual" est particulièrement impressionnant : il y a dans l'interprétation au ténor de Coltrane une dimension presque sacrée. Les plages consacrées aux solos présentent un climat en rupture totale avec celui du thème : à la solennité succède une certaine décontraction. En effet, contrairement à de nombreuses plages enregistrées au Village Vanguard, les solos de Coltrane et de Dolphy ne sont ni fiévreux, ni dans l'urgence. Les deux hommes n'hésitent pas à jouer avec les silences, à poser leur discours. Après le solo de McCoy Tyner, Coltrane reprend un dernier solo, mais - fait rare - au soprano cette fois.
Coltrane a choisi de terminer la face avec "Softly As In A Morning Sunrise" "parce que j'aime avoir une variété sensible dans un album. Il me semblait qu'il complétait les deux titres originaux, et j'apprécie particulièrement le swing de Jones sur cette prise particulière."
Le fait est que la légèreté de ce standard contraste efficacement avec le reste du disque. Le titre débute par le seul trio Tyner Worman Jones (aux balais dans un premier temps) qui joue un jazz nettement plus classique. Coltrane prend le train en marche avec un solo de soprano très inspiré, avec plus d'intensité (Elvin passant aux baguettes).
La face deux est constitué d'un seul titre : "Chasin' The Trane". En 1962, c'était sans nul doute le titre le plus extrême jamais publié par Coltrane. Et d'ailleurs peut-être la performance la plus incroyable jamais enregistrée par un saxophoniste alors. Les crédits de l'édition originale sont inexacts : c'est ici Jimmy Garrison qui est à la basse (alors que le bassiste du groupe était encore Reggie Workman) et McCoy Tyner ne joue pas de piano.
"Habituellement, j'apprécie le fait d'être familier avec une nouvelle pièce avant de l'enregistrer, mais avec le blues, vous n'avez jamais à vous inquiéter, à moins que la mélodie ne soit vraiment compliquée. Dans ce cas, toutefois, non seulement la mélodie n'était pas écrite, mais elle n'était même pas conçue avant qu'on ne la joue. On a donné le tempo et on est rentré dedans."
Dans son entretien de 1966 avec Frank Kofsky, Coltrane revient sur sa performance :
Kofsky - Il me semble qu'Albert Ayler a développé certaines idées exprimées déjà dans votre solo sur "Chasin' The Trane", et qu'il les a développées à sa manière, et que ça a été pour lui un point de départ. N'avez-vous jamais pensé ainsi?
Coltrane - Non.
Kofsky - Avez-vous beaucoup écouté ce morceau?
Coltrane - Seulement au moment de sa sortie. Je l'écoutais en me demandant ce qui m'était arrivé.
Kofsky - C'est-à-dire?
Coltrane - Disons que c'est un peu surprenant à réécouter. Je ne sais pas, ça a donné autre chose. C'était plus long que je ne pensais et il y a une bonne intensité, que je n'avais pas atteinte tout à fait auparavant en enregistrement.
Kofsky - Vous en avez été content?
Coltrane - A un certain point. Mais je ne vais pas l'écouter en boucle et l'aimer pour toujours. `
Kofsky - Mais vous n'êtes jamais satisfait plus d'une semaine de tout ce que vous faites!
Coltrane - Je réalise que j'aurais dû faire ci ou ça, ou mieux et puis...
Kofsky - Je pense que c'est un disque remarquable et je pense aussi que vous feriez mieux de le réécouter.
Coltrane - Peut-être...
Kofsky - Parce que je ne vois aujourd'hui aucun saxophoniste qui ne joue ce que vous avez déjà au moins esquissé avant. Mais peut-être que vous n'êtes pas d'accord.
Coltrane - Non parce que c'est comme un immense réservoir, auquel nous puisons tous. Très souvent, on s'aperçoit que beaucoup de choses... J'ai plutôt pas mal écouté John Gilmore avant de faire "Chasin' The Trane". Il y a sur ce disque des influences directes de ce que j'écoutais alors. Mais je ne sais pas moi-même qui Gilmore écoutait à cette période...
Dans une certaine mesure, "Chasin' The Trane" est prémonitoire du Coltrane de 1965 : Coltrane joue ici avec une intensité tout à fait hors du commun, propulsé par la puissance du jeu d'Elvin Jones, l'accompagnateur idéal dans ce registre. Coltrane poussera plus loin encore par la suite, avec plus de musicalité encore.
Mais John fait un ici un "pas de géant". L'un des plus importants de sa carrière.
Le "Live At The Village Vanguard" (Impulse! AS-10) est désormais réédité sous la forme suivante :
"Live At The Village Vanguard - The Master Takes" (1998)
1. Spiritual
2. Softly As In A Morning Sunrise
3. Chasin' The Trane
4. India
5. Impressions
C'est album rassemble tous les titres retenus du vivant de Coltrane issus des concerts enregistrés en 1961 au Village Vanguard. "India" et "Impressions" proviennent de l'album "Impressions" (Impulse! AS-42) publié en 1963.
Re: Live At The Village Vanguard (1962)
Oui, ce coffret est extraordinaire:Ayler a écrit:
Les amateurs peuvent apprécier l'ensemble des performances enregistrées sur le fantastique coffret 4 CD "The Complete 1961 Village Vanguard Recordings", qui constitue l'un des monuments de la discographie de John.
Si je devais en garder un seul truc de Coltrane, ça serait ce coffret. Ces concerts font partie des sommets de la musique live: il y a une émulation incroyable entre Coltrane et Dolphy, une énergie et une émotion ahurissantes, chacun visant l'absolu, et le groupe (notamment Elvin Jones) les suivent dans cette quête. Et puis il y a plusieurs versions de Spiritual, peut-être mon titre préféré de Trane, qui elles seules valent l'achat de ce coffret monumental.
J'aurais aimé tant qu'à faire que Dolphy joue aussi de la flûte, et que le groupe reprenne My Favorite Things et/ou Olé, mais bon, ne boudons pas notre plaisir!
Et bien que j'aime énormément son groupe avec Pharoah, Alice Coltrane et Rashied Ali, il y a ici une densité que je n'ai jamais retrouvé dans d'autres enregistrements lives de Coltrane, car avec son merveilleux quartet (augmenté sur certains titres) et avec un partenaire aussi incroyable qu'Eric Dolphy, on est ici au-delà du bien joué ou du mal joué: tout est là.
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