Olé Coltrane (1962)
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Olé Coltrane (1962)
Olé Coltrane (1962)
Face 1
1. Olé (John Coltrane) - 18:11
Face 2
1. Dahomey Dance (John Coltrane) - 10:49
2. Aisha (McCoy Tyner) - 7:34
Personnel :
John Coltrane - saxophone soprano (sur "Olé"), saxophone ténor (sur "Dahomey Dance" et "Aisha")
Eric Dolphy - flûte (sur "Olé"), saxophone alto (sur "Dahomey Dance" et "Aisha")
Freddie Hubbard - trompette
McCoy Tyner - piano
Reggie Workman - contrebasse
Art Davis - contrebasse (sur "Olé" et "Dahomey Dance")
Elvin Jones - batterie
Enregistré le 25 mai 1961 aux studios A&R à New York ;
Chronologie de la période Atlantic.
« Ce disque pourrait tout aussi bien, d’un certain point de vue, avoir été le premier enregistrement Impulse!. Il est à mon sens tout à fait différent de tous les autres enregistrements Atlantic.
"Olé" se rapproche du feeling de quelques-unes des plages du Village Vanguard, avec la présence de Dolphy, et deux bassistes. Mais, quelque chose de plus important encore se passe. L'accent mis sur l'improvisation en tant que résolution de problèmes est laissée de coté, et Coltrane commence à se servir de l'improvisation comme expérience – l’expérience des structures prédéterminées jusqu’à leur limite, jusqu’à leur destruction. Il s'agit d'un dialogue entre le fait d’improviser et la structure sur laquelle l'improvisation est théoriquement fondée. Pour moi, c'est vraiment ce qui caractérise l’évolution de la musique de Coltrane à ce moment-là, plus que tout ce qui est en rapport avec les nappes de son. »
— Evan Parker, Source : http://www.pointofdeparture.org/PoD9/PoD9EvanParker.html (traduction Ayler)
"Olé Coltrane", publié en février 1962, correspond à la dernière session de Coltrane pour Atlantic. Il faut souligner que l'album a été enregistré entre les deux sessions consacrées à "Africa/Brass". "Olé Coltrane" partage avec ce dernier le fait d'élargir le quartet de base à d'autres musiciens (les trois musiciens supplémentaires sont d'ailleurs communs aux deux disques), mais dans une optique très différente. Si "Africa/Brass" est conçu comme un disque du quartet avec un orchestre, ce n'est pas le cas d'"Olé Coltrane" : les sidemen contribuent aux arrangements sur l’album Impulse!, alors qu’ils sont avant tout solistes sur l’album Atlantic.
La présence la plus marquante est bien sûr celle d'Eric Dolphy, appelé George Lane sur les éditions originales Atlantic pour des raisons contractuelles. Il officie ici à la flûte et au saxophone alto - mais pas à la clarinette basse. Si son solo de flûte sur "Olé", assez bref, se fond idéalement dans le paysage musical ibérique créé par Coltrane, il est important de noter que ses interventions à l'alto sur la face deux sont d'une modernité tout à fait singulières, grinçante et Parkerienne à la fois.
"Olé", qui occupe toute la première face, constitue la pièce de résistance de l'album. Coltrane puise ici son inspiration dans le folklore espagnol : selon Lewis Porter, le thème est issu d'une chanson connue sous le nom de "Venga Vallejo" ou de "El Vito". Le titre se rapproche de "My Favorite Things" par certains aspects - le couple piano/basse répète le même motif inlassablement, Coltrane est au soprano, propulsé par les polyrythmies diaboliques d'Elvin Jones. Mais la comparaison tourne vite court, car excepté le fait que cette plage constitue elle aussi l’une des œuvres majeures de Coltrane, "Olé" est d’une nature très différente.
Dès les premières mesures, l’exotisme d'"Olé" est puissamment évocateur. La contrebasse rappelle les rythmes du flamenco, impression prolongée quelques minutes plus tard par le solo de trompette de Freddie Hubbard. Mais ce qui rend "Olé" tout à fait fascinant, et annonce en effet les albums Impulse! à venir, c’est cette ambiance presque surréelle, où l'Espagne se confond avec les plages de mercure de Jupiter… En effet, la musique semble par moments provenir d’un autre monde, notamment grâce aux interactions des deux contrebasses, où le jeu à l’archet crée une tension parfaitement exploitée. Le style de McCoy Tyner, plus personnel encore que sur les premières plages Atantic est le tremplin idéal au solo de soprano de Coltrane, totalement habité, contribuant à faire d'"Olé" l’une des plus grandes réussites du jazz moderne, transcendant les frontières musicales par son évidence - "Olé" n’est pas réservé à la chapelle des amateurs de jazz.
Sans démériter, la seconde face de l’album est un peu moins forte, et plus classique – les solos de Dolphy mis à part. Coltrane retrouve son ténor, mais fait preuve d’une certaine retenue, dans laquelle il n’excelle pas encore autant que dans la démesure. On soulignera toutefois la qualité des arrangements de "Dahomey Dance", mais aussi les talents de compositeurs de McCoy Tyner, qui avec "Aisha" signe l’une des rares compositions qu’il enregistrera avec Coltrane. La véhémence en moins, l’introduction n’est pas sans rappeler ce que produira Pharoah Sanders par la suite.
"Olé Coltrane" figure ainsi parmi les indispensables de la discographie de John… qui aligne désormais classique sur classique à un rythme étourdissant. Coltrane est désormais l’artiste phare de ce début de décennie, présentant une densité discographique tant quantitativement que qualitativement hors du commun.
Face 1
1. Olé (John Coltrane) - 18:11
Face 2
1. Dahomey Dance (John Coltrane) - 10:49
2. Aisha (McCoy Tyner) - 7:34
Personnel :
John Coltrane - saxophone soprano (sur "Olé"), saxophone ténor (sur "Dahomey Dance" et "Aisha")
Eric Dolphy - flûte (sur "Olé"), saxophone alto (sur "Dahomey Dance" et "Aisha")
Freddie Hubbard - trompette
McCoy Tyner - piano
Reggie Workman - contrebasse
Art Davis - contrebasse (sur "Olé" et "Dahomey Dance")
Elvin Jones - batterie
Enregistré le 25 mai 1961 aux studios A&R à New York ;
Chronologie de la période Atlantic.
« Ce disque pourrait tout aussi bien, d’un certain point de vue, avoir été le premier enregistrement Impulse!. Il est à mon sens tout à fait différent de tous les autres enregistrements Atlantic.
"Olé" se rapproche du feeling de quelques-unes des plages du Village Vanguard, avec la présence de Dolphy, et deux bassistes. Mais, quelque chose de plus important encore se passe. L'accent mis sur l'improvisation en tant que résolution de problèmes est laissée de coté, et Coltrane commence à se servir de l'improvisation comme expérience – l’expérience des structures prédéterminées jusqu’à leur limite, jusqu’à leur destruction. Il s'agit d'un dialogue entre le fait d’improviser et la structure sur laquelle l'improvisation est théoriquement fondée. Pour moi, c'est vraiment ce qui caractérise l’évolution de la musique de Coltrane à ce moment-là, plus que tout ce qui est en rapport avec les nappes de son. »
— Evan Parker, Source : http://www.pointofdeparture.org/PoD9/PoD9EvanParker.html (traduction Ayler)
"Olé Coltrane", publié en février 1962, correspond à la dernière session de Coltrane pour Atlantic. Il faut souligner que l'album a été enregistré entre les deux sessions consacrées à "Africa/Brass". "Olé Coltrane" partage avec ce dernier le fait d'élargir le quartet de base à d'autres musiciens (les trois musiciens supplémentaires sont d'ailleurs communs aux deux disques), mais dans une optique très différente. Si "Africa/Brass" est conçu comme un disque du quartet avec un orchestre, ce n'est pas le cas d'"Olé Coltrane" : les sidemen contribuent aux arrangements sur l’album Impulse!, alors qu’ils sont avant tout solistes sur l’album Atlantic.
La présence la plus marquante est bien sûr celle d'Eric Dolphy, appelé George Lane sur les éditions originales Atlantic pour des raisons contractuelles. Il officie ici à la flûte et au saxophone alto - mais pas à la clarinette basse. Si son solo de flûte sur "Olé", assez bref, se fond idéalement dans le paysage musical ibérique créé par Coltrane, il est important de noter que ses interventions à l'alto sur la face deux sont d'une modernité tout à fait singulières, grinçante et Parkerienne à la fois.
"Olé", qui occupe toute la première face, constitue la pièce de résistance de l'album. Coltrane puise ici son inspiration dans le folklore espagnol : selon Lewis Porter, le thème est issu d'une chanson connue sous le nom de "Venga Vallejo" ou de "El Vito". Le titre se rapproche de "My Favorite Things" par certains aspects - le couple piano/basse répète le même motif inlassablement, Coltrane est au soprano, propulsé par les polyrythmies diaboliques d'Elvin Jones. Mais la comparaison tourne vite court, car excepté le fait que cette plage constitue elle aussi l’une des œuvres majeures de Coltrane, "Olé" est d’une nature très différente.
Dès les premières mesures, l’exotisme d'"Olé" est puissamment évocateur. La contrebasse rappelle les rythmes du flamenco, impression prolongée quelques minutes plus tard par le solo de trompette de Freddie Hubbard. Mais ce qui rend "Olé" tout à fait fascinant, et annonce en effet les albums Impulse! à venir, c’est cette ambiance presque surréelle, où l'Espagne se confond avec les plages de mercure de Jupiter… En effet, la musique semble par moments provenir d’un autre monde, notamment grâce aux interactions des deux contrebasses, où le jeu à l’archet crée une tension parfaitement exploitée. Le style de McCoy Tyner, plus personnel encore que sur les premières plages Atantic est le tremplin idéal au solo de soprano de Coltrane, totalement habité, contribuant à faire d'"Olé" l’une des plus grandes réussites du jazz moderne, transcendant les frontières musicales par son évidence - "Olé" n’est pas réservé à la chapelle des amateurs de jazz.
Sans démériter, la seconde face de l’album est un peu moins forte, et plus classique – les solos de Dolphy mis à part. Coltrane retrouve son ténor, mais fait preuve d’une certaine retenue, dans laquelle il n’excelle pas encore autant que dans la démesure. On soulignera toutefois la qualité des arrangements de "Dahomey Dance", mais aussi les talents de compositeurs de McCoy Tyner, qui avec "Aisha" signe l’une des rares compositions qu’il enregistrera avec Coltrane. La véhémence en moins, l’introduction n’est pas sans rappeler ce que produira Pharoah Sanders par la suite.
"Olé Coltrane" figure ainsi parmi les indispensables de la discographie de John… qui aligne désormais classique sur classique à un rythme étourdissant. Coltrane est désormais l’artiste phare de ce début de décennie, présentant une densité discographique tant quantitativement que qualitativement hors du commun.
Re: Olé Coltrane (1962)
Belle et sensible chronique.
J'avais lu quelque part que dans Olé, au-delà de l'Espagne, Coltrane tirait déjà vers l'Inde. Son solo au soprano est bouleversant.
Ayler a écrit:
cette ambiance presque surréelle, où l'Espagne se confond avec les plages de mercure de Jupiter… En effet, la musique semble par moments provenir d’un autre monde, notamment grâce aux interactions des deux contrebasses, où le jeu à l’archet crée une tension parfaitement exploitée.
J'avais lu quelque part que dans Olé, au-delà de l'Espagne, Coltrane tirait déjà vers l'Inde. Son solo au soprano est bouleversant.
J'avais lu quelque chose d'approchant: convient heureusement aux oreilles vierges au jazz comme aux amateurs de free-jazz. Celui-là, même mes sœurs l'adoraient (elles étaient nettement moins enthousiastes pour Kulu Se Mama!).Ayler a écrit:
Le style de McCoy Tyner, plus personnel encore que sur les premières plages Atantic est le tremplin idéal au solo de soprano de Coltrane, totalement habité, contribuant à faire d'"Olé" l’une des plus grandes réussites du jazz moderne, transcendant les frontières musicales par son évidence - "Olé" n’est pas réservé à la chapelle des amateurs de jazz.
Re: Olé Coltrane (1962)
C'est le dernier Coltrane que j'ai découvert (oui je suis encore jeune )
Je suis hypnotisé depuis quelques mois par My Favorite Things, A Love Supreme et Crescent, et là encore une claque.
Une claque surtout sur le morceau éponyme "Olé", qui est le morceau central de l'album comme l'a précisé Ayler (au passage, très bonne chronique).
Les parties d'Elvin Jones et de McCoy Tyner sont encore au top.
Quant au sax soprano..que dire, depuis ma découverte de My Favorite Things, je suis contemplatif du son cet instrument (ou en tout cas du son que Coltrane arrive à en dégager); et ici je le trouve une fois de plus transcendant.
Je suis hypnotisé depuis quelques mois par My Favorite Things, A Love Supreme et Crescent, et là encore une claque.
Une claque surtout sur le morceau éponyme "Olé", qui est le morceau central de l'album comme l'a précisé Ayler (au passage, très bonne chronique).
Les parties d'Elvin Jones et de McCoy Tyner sont encore au top.
Quant au sax soprano..que dire, depuis ma découverte de My Favorite Things, je suis contemplatif du son cet instrument (ou en tout cas du son que Coltrane arrive à en dégager); et ici je le trouve une fois de plus transcendant.
Mind Power- Messages : 41
Date d'inscription : 14/05/2011
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