Le jazz coûte cher
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Le jazz coûte cher
Bilan des festivals : le jazz coûte cher
par Stéphane Kœchlin le 29/07/2008
L'affluence est encore au rendez-vous des grands concerts estivaux. Mais certains organisateurs, notamment ceux qui font venir des jazzmen, déplorent l'augmentation exagérée des cachets.
Le festival Jazz à Juan ne pourra plus s'offrir Sonny Rollins. Du moins, les organisateurs en sont persuadés. Le grand saxophoniste n'accepte de livrer ses derniers feux (il a 78 ans) qu'à ceux qui monnaient le mieux son art. Il a ainsi enchanté le festival Jazz à Vienne pour une somme de 120 000 € environ. Les producteurs n'aiment pas trop communiquer sur le sujet, mais reconnaissent le problème.
Vienne a certainement proposé la meilleure programmation jazz Diana Krall, Herbie Hancock, un gigantesque Buddy Guy attirant près de 90 000 spectateurs dans le Théâtre antique (20 % d'abonnements supplémentaires). « Mais nous n'avons pas atteint nos objectifs financiers, admet le fondateur et directeur, Jean-Paul Boutellier. Les stars vendent moins de disques. Alors, elles gonflent leur cachet. Mais nous avons voulu montrer que le festival de Vienne reste un rendez-vous majeur de l'été. » Ce genre d'ambition irrite évidemment les autres responsables, comme le directeur artistique Harry Lapp, qui défend depuis plusieurs années le prestigieux festival de Juan-les-Pins (1 M€ de budget), fondé en 1960.
Il avait, cette année, concocté une édition peu surprenante avec de grands musiciens souvent vus, Marcus Miller, Roy Hargrove, Solomon Burke, Keith Jarrett et, en ouverture, une entorse à la pureté, le chanteur pop James Blunt (près de 100 000 €). Mais, se félicitait-on là-bas, « nous n'avons pas été trop critiqués ». Personne ne sait si les jeunes spectateurs, présents à ce concert, reviendront goûter à ce beau rendez-vous estival, dont la fréquentation a augmenté de 5 %. Les seigneurs s'y sont montrés à la hauteur de leur renommée, tandis que de nouveaux talents ont été révélés. « Nous avons eu des moments forts, surtout féminins, rappelle Harry Lapp. Les chanteuses Ruthie Foster (soul) et Sharon Jones (funk) permettent d'envisager un bel avenir. » Il dénonce cependant, lui aussi, l'escalade, déraisonnable, des cachets. « Pourquoi vouloir des exclusivités ? Aucun artiste ne vaut 150 000 €. » Il voit dans cette surenchère la mégalomanie de certains directeurs artistiques devenus des stars.
Un pourvoyeur de musiciens
Harry Lapp lui-même est une personnalité attractive, importante, tout comme son ancien condisciple Gérard Drouot. Ce pourvoyeur de musiciens occupe une place centrale dans le paysage. Il « vend » Sonny Rollins, et Leonard Cohen (dont le cachet tourne autour de 160 000 €), et tient un discours plus réaliste ou cynique. « Les cachets sont les montants que les programmateurs veulent bien payer et non ceux que les artistes demandent. Les places sont chères, mais le public suit. Je propose trois concerts de Leonard Cohen à l'Olympia, du 24 au 26 novembre. Il faudra débourser entre 95 et 161 €. J'ai mis les billets en vente il y a deux semaines et nous sommes complets, en plein mois de juillet. Vous ne mangez pas chez Ducasse pour le prix d'un hamburger. Cohen à 31 €, c'est un doux rêve. Ou alors, il faut mettre de l'argent public. »
Gérard Drouot a pris cette année les rênes du Nice Jazz Festival. « J'ai participé à des festivals comme spectateur ou parce que j'y amenais des artistes. C'est donc un défi. Michel Leeb, qui a longtemps animé l'événement car cet humoriste est aussi un grand amateur de jazz, m'a dit : “N'y mets pas les pieds. C'est un bon moyen de perdre de l'argent. ” De fait, la délégatrice qui a succédé à Leeb a mis sa société en dépôt de bilan. Je pense malgré tout sortir la tête hors de l'eau. » Il annonce une fréquentation globale de 35 000 spectateurs payants, même si la première soirée, avec Stacey Kent et Rufus Wainwright, n'a pas été un succès. Aucun de ces musiciens n'avait assez de notoriété pour jouer sur la scène Jardin, contrairement à Diana Krall et à Leonard Cohen qui y ont attiré une large audience. Ces légendes, décidément, valent de l'or. Mais pour combien de temps ?
Source : http://www.lefigaro.fr/musique/2008/07/29/03006-20080729ARTFIG00319-bilan-des-festivals-le-jazz-coute-cher-.php
par Stéphane Kœchlin le 29/07/2008
L'affluence est encore au rendez-vous des grands concerts estivaux. Mais certains organisateurs, notamment ceux qui font venir des jazzmen, déplorent l'augmentation exagérée des cachets.
Le festival Jazz à Juan ne pourra plus s'offrir Sonny Rollins. Du moins, les organisateurs en sont persuadés. Le grand saxophoniste n'accepte de livrer ses derniers feux (il a 78 ans) qu'à ceux qui monnaient le mieux son art. Il a ainsi enchanté le festival Jazz à Vienne pour une somme de 120 000 € environ. Les producteurs n'aiment pas trop communiquer sur le sujet, mais reconnaissent le problème.
Vienne a certainement proposé la meilleure programmation jazz Diana Krall, Herbie Hancock, un gigantesque Buddy Guy attirant près de 90 000 spectateurs dans le Théâtre antique (20 % d'abonnements supplémentaires). « Mais nous n'avons pas atteint nos objectifs financiers, admet le fondateur et directeur, Jean-Paul Boutellier. Les stars vendent moins de disques. Alors, elles gonflent leur cachet. Mais nous avons voulu montrer que le festival de Vienne reste un rendez-vous majeur de l'été. » Ce genre d'ambition irrite évidemment les autres responsables, comme le directeur artistique Harry Lapp, qui défend depuis plusieurs années le prestigieux festival de Juan-les-Pins (1 M€ de budget), fondé en 1960.
Il avait, cette année, concocté une édition peu surprenante avec de grands musiciens souvent vus, Marcus Miller, Roy Hargrove, Solomon Burke, Keith Jarrett et, en ouverture, une entorse à la pureté, le chanteur pop James Blunt (près de 100 000 €). Mais, se félicitait-on là-bas, « nous n'avons pas été trop critiqués ». Personne ne sait si les jeunes spectateurs, présents à ce concert, reviendront goûter à ce beau rendez-vous estival, dont la fréquentation a augmenté de 5 %. Les seigneurs s'y sont montrés à la hauteur de leur renommée, tandis que de nouveaux talents ont été révélés. « Nous avons eu des moments forts, surtout féminins, rappelle Harry Lapp. Les chanteuses Ruthie Foster (soul) et Sharon Jones (funk) permettent d'envisager un bel avenir. » Il dénonce cependant, lui aussi, l'escalade, déraisonnable, des cachets. « Pourquoi vouloir des exclusivités ? Aucun artiste ne vaut 150 000 €. » Il voit dans cette surenchère la mégalomanie de certains directeurs artistiques devenus des stars.
Un pourvoyeur de musiciens
Harry Lapp lui-même est une personnalité attractive, importante, tout comme son ancien condisciple Gérard Drouot. Ce pourvoyeur de musiciens occupe une place centrale dans le paysage. Il « vend » Sonny Rollins, et Leonard Cohen (dont le cachet tourne autour de 160 000 €), et tient un discours plus réaliste ou cynique. « Les cachets sont les montants que les programmateurs veulent bien payer et non ceux que les artistes demandent. Les places sont chères, mais le public suit. Je propose trois concerts de Leonard Cohen à l'Olympia, du 24 au 26 novembre. Il faudra débourser entre 95 et 161 €. J'ai mis les billets en vente il y a deux semaines et nous sommes complets, en plein mois de juillet. Vous ne mangez pas chez Ducasse pour le prix d'un hamburger. Cohen à 31 €, c'est un doux rêve. Ou alors, il faut mettre de l'argent public. »
Gérard Drouot a pris cette année les rênes du Nice Jazz Festival. « J'ai participé à des festivals comme spectateur ou parce que j'y amenais des artistes. C'est donc un défi. Michel Leeb, qui a longtemps animé l'événement car cet humoriste est aussi un grand amateur de jazz, m'a dit : “N'y mets pas les pieds. C'est un bon moyen de perdre de l'argent. ” De fait, la délégatrice qui a succédé à Leeb a mis sa société en dépôt de bilan. Je pense malgré tout sortir la tête hors de l'eau. » Il annonce une fréquentation globale de 35 000 spectateurs payants, même si la première soirée, avec Stacey Kent et Rufus Wainwright, n'a pas été un succès. Aucun de ces musiciens n'avait assez de notoriété pour jouer sur la scène Jardin, contrairement à Diana Krall et à Leonard Cohen qui y ont attiré une large audience. Ces légendes, décidément, valent de l'or. Mais pour combien de temps ?
Source : http://www.lefigaro.fr/musique/2008/07/29/03006-20080729ARTFIG00319-bilan-des-festivals-le-jazz-coute-cher-.php
Re: Le jazz coûte cher
De toutes manières tant qu'il y aura des gens prêts à payer le prix fort pour un concert, les artistes n'auront aucune raison de demander un cachet raisonnable...
Payer 150 € pour un concert des Stones, c'est de la folie ! Heureusement qu'il reste encore quelques spectacles abordables : Herbie Hancock 13€, John Mayall 15 €, etc.(ca me fait penser que je doit écrire un compte rendu sur ce concert )
Payer 150 € pour un concert des Stones, c'est de la folie ! Heureusement qu'il reste encore quelques spectacles abordables : Herbie Hancock 13€, John Mayall 15 €, etc.(ca me fait penser que je doit écrire un compte rendu sur ce concert )
Bluesboy- Messages : 237
Date d'inscription : 15/04/2008
Re: Le jazz coûte cher
Je rectifierais volontier en disant plutôt que les stars du jazz (comme les autres stars au demeurant) coutent horriblement cher. Elles sont heureusement très rares et la plupart des concerts jazz restent accessibles contre un tarif raisonnable. V. Reid, J. Tacuma et C. Weston à 16€ (plein tarif) le 06 septembre 2008 au Cabaret sauvage, cela me semble même être une très bonne affaire !
Re: Le jazz coûte cher
Exclusivité:
Que les différents festivals se tirent la bourre dans une logique concurrentielle (de toute façon assez absurde: les "exclusivités" de l'un une année seront celles du voisin l'année d'après, et réciproquement), c'est leur affaire et on ne peut pas en vouloir aux managers des artistes de profiter de leur bêtise ou mégalomanie (exemple: augmentation explosive du cachet de Massive Attack cet été lors d'un duel Cognac / Angoulême).
Exclusion:
En revanche, il est honteux de faire porter ce coût sur le public. Les propos de Gérard Drouot sur Leonard Cohen ("à 31 euros, c'est un doux rêve") et sa comparaison avec la cuisine des grands chefs (je n'ai jamais dîné chez Ducasse, mais je doute qu'on m'y fasse partager le contenu de mon assiette avec 3000 personnes) sont révoltants, car ils instaurent l'exclusion d'une grande partie du public et le changement de nature de l'événement. Contrairement à l'auteur de l'article, je pense qu'un public sera toujours là quelque soit le prix d'entrée (et il peut monter encore plus haut, M. Drouot me semble petit joueur). Mais ce ne sera plus le même public, il ne viendra pas pour les mêmes raisons, et l'événement cessera d'être un concert de musique pour devenir un événement mondain où il faudra avoir été pour briller en société.
C'est pourquoi je refuse par principe de me rendre à certains concerts.
Que les différents festivals se tirent la bourre dans une logique concurrentielle (de toute façon assez absurde: les "exclusivités" de l'un une année seront celles du voisin l'année d'après, et réciproquement), c'est leur affaire et on ne peut pas en vouloir aux managers des artistes de profiter de leur bêtise ou mégalomanie (exemple: augmentation explosive du cachet de Massive Attack cet été lors d'un duel Cognac / Angoulême).
Exclusion:
En revanche, il est honteux de faire porter ce coût sur le public. Les propos de Gérard Drouot sur Leonard Cohen ("à 31 euros, c'est un doux rêve") et sa comparaison avec la cuisine des grands chefs (je n'ai jamais dîné chez Ducasse, mais je doute qu'on m'y fasse partager le contenu de mon assiette avec 3000 personnes) sont révoltants, car ils instaurent l'exclusion d'une grande partie du public et le changement de nature de l'événement. Contrairement à l'auteur de l'article, je pense qu'un public sera toujours là quelque soit le prix d'entrée (et il peut monter encore plus haut, M. Drouot me semble petit joueur). Mais ce ne sera plus le même public, il ne viendra pas pour les mêmes raisons, et l'événement cessera d'être un concert de musique pour devenir un événement mondain où il faudra avoir été pour briller en société.
C'est pourquoi je refuse par principe de me rendre à certains concerts.
eddie- Messages : 744
Date d'inscription : 15/04/2008
Re: Le jazz coûte cher
Bjr
Effectivement les concerts en general coutent cheres.Je suis daccord avec Edblues.Le jour ou plus grand monde ira aux concert,ils baisseront les prix tout seul vous verrez.Seulement tant qu'il y aura (assez)de gens qui paieront le prix fort il n'y a aucune raison qu'ils baissent les prix c'est certain.Les concerts trop onereux et hors de prix(150e et +),il faut vraiment que ce soit une "pointure"pour que j'y aille.
L'analyse a Edblues est tout a fait juste,je suis entierement daccord avec lui.
YES,YES,YES
Effectivement les concerts en general coutent cheres.Je suis daccord avec Edblues.Le jour ou plus grand monde ira aux concert,ils baisseront les prix tout seul vous verrez.Seulement tant qu'il y aura (assez)de gens qui paieront le prix fort il n'y a aucune raison qu'ils baissent les prix c'est certain.Les concerts trop onereux et hors de prix(150e et +),il faut vraiment que ce soit une "pointure"pour que j'y aille.
L'analyse a Edblues est tout a fait juste,je suis entierement daccord avec lui.
YES,YES,YES
oskare- Messages : 54
Date d'inscription : 09/03/2009
Age : 61
Localisation : Alsace
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