Coltrane (1957)
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Coltrane (1957)
Coltrane (1957)
Face 1
1. Bakai (Cal Massey)
2. Violets For Your Furs (Matt Dennis/Thomas Adair)
3. Time Was (Prado/Russell/de la Fuente)
Face 2
1. Straight Street (John Coltrane)
2. While Your Lady Sleeps (Bronislaw Kaper/Gus Kahn)
3. Chronic Blues (John Coltrane)
Personnel :
John Coltrane - saxophone ténor
Sahib Shibab - saxophone baryton ("Bakai", "Straight Street" et "Chronic Blues")
Johnny Splawn - trompette (sauf sur "Violets For Your Furs" et "Time Was")
Red Garland - piano (face 1)
Mal Waldron - piano (face 2)
Paul Chambers - contrebasse
Al Heath - batterie
Session du 31 mai 1957, au studio de Rudy Van Gelder.
"John Coltrane... une voix majeure du Miles Davis Quintet... la NOUVELLE ETOILE du saxophone ténor" : c'est ainsi qu'est sous-titré le premier album de John Coltrane en tant que leader - à ne pas confondre avec son album Impulse! du même nom, enregistré 5 ans plus tard. En 1957, la renommée de Coltrane est déjà bien établie, même s'il continue d'être l'objet de vives controverses - sa place dans le groupe de Miles continuant de diviser la critique.
Bob Weinstock propose à Coltrane d'enregistrer sous son nom pour Prestige, label pour lequel il a déjà enregistré à plusieurs reprises - y compris avec Miles.
Fidèle à lui-même, Coltrane aborde cet album avec beaucoup de sérieux : "A cette période, j'ai eu le contrat pour Prestige et je me suis dit que, puisque j'allais graver quelque chose sur disque, il fallait que ce soit vraiment moi."
Au regard de l'ensemble de sa discographie, "Coltrane" est un disque assez méconnu, mais qui est pourtant excellent, et sans doute plus accessible que nombres de ses travaux postérieurs. Les deux faces sont construites de façon symétrique : une ballade sépare deux plages au tempo plus élevé. La face deux est toutefois un peu plus personnelle, John signant deux des trois compositions.
"Bakai" est un thème du trompettiste Cal Massey, qui la reprendra sur son seul album publié en tant que leader : "Blues To Coltrane". La mélodie, en mineur, est jouée par Coltrane et Johnny Splawn, avec en contrepoint le baryton de Sahib Shibab, plus connu pour ses talents d'altiste, notamment chez Monk.
Selon les notes de pochette d'Ira Gitler, le titre veut dire "cri" en arabe. Coïncidence ou non, le solo de John, qui est remarquable, tend par moment vers la note hurlée, technique qu'il poussera à son paroxysme dans les années 60.
"Violets For Your Furs" est une ballade, jouée en quartet. Donald Byrd disait "qu'une des choses les plus difficiles à faire est de jouer la mélodie telle qu'elle est écrite, et la jouer bien, avec un bon son et du feeling."
Coltrane n'a pas attendu "Ballads" pour être bouleversant dans ses interprétations. Son jeu est ici superbe, magnifié par un vibrato remarquable, entièrement au service de la mélodie. Après le solo de piano de Red Garland, John s'écarte un peu du thème, avant de conclure dans la veine initiale.
"Time Was" est un autre standard, joué sur un tempo nettement plus élevé. Dans sa biographie consacrée à Coltrane, Lewis Porter souligne la qualité du jeu de John sur ce morceau. Très assurée techniquement, son improvisation est fraîche et inventive. Il souligne ainsi son caractère chantant, son énergie rythmique et ses tournures mélodiques uniques.
"Straight Street" est une composition de John dont le titre fait peut-être référence à son nouveau mode de vie - sans héroïne ni alcool. En tant que composition, "Straight Street" sort un peu des sentiers battus de la fin des années 50 : ce n'est ni un 32 mesures, ni un blues, mais un AABA comprenant des cycles de 12 mesures qui ne sont pas des blues. La composition et son arrangement ont certainement demandé beaucoup de travail à John, à l'image de la ligne de basse du titre, en partie écrite (la partition existe). En revanche, on peut noter que l'improvisation de John reste relativement simple rythmiquement.
"While Your Lady Sleeps" est l'autre ballade de l'album - peut-être plus belle encore. C'est un thème important pour John : il le citera à l'occasion lors de certains de ses solos ultérieurs - alors que, contrairement à de nombreux improvisateurs, il n'est pas adepte de la pratique.
Musicalement, il traite "While Your Lady Sleeps" de façon très originale : la basse joue un motif qui sert de note-pédale, préfigurant les plages qu'il enregistrera pour Atlantic. John interprète le thème de façon très émouvante, avec là encore un vibrato remarquable.
La fin du titre est étonnante : après une lecture à deux voix de la mélodie avec Johnny Splawn (dont la carrière ne décollera pas en raison de problèmes de santé), Coltrane termine en jouant deux notes en même temps, créant un effet saisissant à partir d'une technique détournée. Selon Coltrane, Monk lui aurait ouvert les yeux sur cette possibilité improbable du saxophone, mais c'est avec John Glenn qu'il aurait amélioré sa technique en la matière.
"Chronic Blues", l'autre composition de John, est un blues en mineur - une formule que John apprécie particulièrement. On devine dans son solo certains éléments qu'il développera par la suite. Le "Blues Minor" présent sur "Africa/Brass" constitue de mon point de vue l'aboutissement de ce vers quoi John tend ici en tant que soliste.
Face 1
1. Bakai (Cal Massey)
2. Violets For Your Furs (Matt Dennis/Thomas Adair)
3. Time Was (Prado/Russell/de la Fuente)
Face 2
1. Straight Street (John Coltrane)
2. While Your Lady Sleeps (Bronislaw Kaper/Gus Kahn)
3. Chronic Blues (John Coltrane)
Personnel :
John Coltrane - saxophone ténor
Sahib Shibab - saxophone baryton ("Bakai", "Straight Street" et "Chronic Blues")
Johnny Splawn - trompette (sauf sur "Violets For Your Furs" et "Time Was")
Red Garland - piano (face 1)
Mal Waldron - piano (face 2)
Paul Chambers - contrebasse
Al Heath - batterie
Session du 31 mai 1957, au studio de Rudy Van Gelder.
"John Coltrane... une voix majeure du Miles Davis Quintet... la NOUVELLE ETOILE du saxophone ténor" : c'est ainsi qu'est sous-titré le premier album de John Coltrane en tant que leader - à ne pas confondre avec son album Impulse! du même nom, enregistré 5 ans plus tard. En 1957, la renommée de Coltrane est déjà bien établie, même s'il continue d'être l'objet de vives controverses - sa place dans le groupe de Miles continuant de diviser la critique.
Bob Weinstock propose à Coltrane d'enregistrer sous son nom pour Prestige, label pour lequel il a déjà enregistré à plusieurs reprises - y compris avec Miles.
Fidèle à lui-même, Coltrane aborde cet album avec beaucoup de sérieux : "A cette période, j'ai eu le contrat pour Prestige et je me suis dit que, puisque j'allais graver quelque chose sur disque, il fallait que ce soit vraiment moi."
Au regard de l'ensemble de sa discographie, "Coltrane" est un disque assez méconnu, mais qui est pourtant excellent, et sans doute plus accessible que nombres de ses travaux postérieurs. Les deux faces sont construites de façon symétrique : une ballade sépare deux plages au tempo plus élevé. La face deux est toutefois un peu plus personnelle, John signant deux des trois compositions.
"Bakai" est un thème du trompettiste Cal Massey, qui la reprendra sur son seul album publié en tant que leader : "Blues To Coltrane". La mélodie, en mineur, est jouée par Coltrane et Johnny Splawn, avec en contrepoint le baryton de Sahib Shibab, plus connu pour ses talents d'altiste, notamment chez Monk.
Selon les notes de pochette d'Ira Gitler, le titre veut dire "cri" en arabe. Coïncidence ou non, le solo de John, qui est remarquable, tend par moment vers la note hurlée, technique qu'il poussera à son paroxysme dans les années 60.
"Violets For Your Furs" est une ballade, jouée en quartet. Donald Byrd disait "qu'une des choses les plus difficiles à faire est de jouer la mélodie telle qu'elle est écrite, et la jouer bien, avec un bon son et du feeling."
Coltrane n'a pas attendu "Ballads" pour être bouleversant dans ses interprétations. Son jeu est ici superbe, magnifié par un vibrato remarquable, entièrement au service de la mélodie. Après le solo de piano de Red Garland, John s'écarte un peu du thème, avant de conclure dans la veine initiale.
"Time Was" est un autre standard, joué sur un tempo nettement plus élevé. Dans sa biographie consacrée à Coltrane, Lewis Porter souligne la qualité du jeu de John sur ce morceau. Très assurée techniquement, son improvisation est fraîche et inventive. Il souligne ainsi son caractère chantant, son énergie rythmique et ses tournures mélodiques uniques.
"Straight Street" est une composition de John dont le titre fait peut-être référence à son nouveau mode de vie - sans héroïne ni alcool. En tant que composition, "Straight Street" sort un peu des sentiers battus de la fin des années 50 : ce n'est ni un 32 mesures, ni un blues, mais un AABA comprenant des cycles de 12 mesures qui ne sont pas des blues. La composition et son arrangement ont certainement demandé beaucoup de travail à John, à l'image de la ligne de basse du titre, en partie écrite (la partition existe). En revanche, on peut noter que l'improvisation de John reste relativement simple rythmiquement.
"While Your Lady Sleeps" est l'autre ballade de l'album - peut-être plus belle encore. C'est un thème important pour John : il le citera à l'occasion lors de certains de ses solos ultérieurs - alors que, contrairement à de nombreux improvisateurs, il n'est pas adepte de la pratique.
Musicalement, il traite "While Your Lady Sleeps" de façon très originale : la basse joue un motif qui sert de note-pédale, préfigurant les plages qu'il enregistrera pour Atlantic. John interprète le thème de façon très émouvante, avec là encore un vibrato remarquable.
La fin du titre est étonnante : après une lecture à deux voix de la mélodie avec Johnny Splawn (dont la carrière ne décollera pas en raison de problèmes de santé), Coltrane termine en jouant deux notes en même temps, créant un effet saisissant à partir d'une technique détournée. Selon Coltrane, Monk lui aurait ouvert les yeux sur cette possibilité improbable du saxophone, mais c'est avec John Glenn qu'il aurait amélioré sa technique en la matière.
"Chronic Blues", l'autre composition de John, est un blues en mineur - une formule que John apprécie particulièrement. On devine dans son solo certains éléments qu'il développera par la suite. Le "Blues Minor" présent sur "Africa/Brass" constitue de mon point de vue l'aboutissement de ce vers quoi John tend ici en tant que soliste.
Re: Coltrane (1957)
Je n'ai jamais entendu ce disque. Mais la chronique donne vraiment envie de tendre l'oreille. A suivre, pour moi.
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