Mingus Three (1957)
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Mingus Three (1957)
Mingus Three (1957)
Charles Mingus : basse
Hampton Hawes : piano
Danny Richmond : batterie
New-York, 9 juillet 1957.
1) Yesterdays
2) Back Home Blues
3) I Cant’ T Get Started
4) Hamp’s New Blues
5) Summertime
6) Dizzy Mood
7) Laura
Simplicité. Voilà la première impression qui vient à l’esprit de l’auditeur à l’écoute de cet album.
Même s’il est plus connu pour ses compositions pour petits groupes ou grands orchestres, Mingus apprécie également le dépouillement et l’absence d’artifice de l’exercice si difficile du trio basse, piano, batterie.
Mais pour cette séance de juillet 57, il choisit donc de s’associer au pianiste Hampton Hawes et à celui qui sera son batteur pendant près de vingt ans, Danny Richmond.
De prime abord, le choix de Hamp’ peut surprendre, tant les personnalités des deux hommes semblent différentes l’une de l’autre. En effet, autant l’un, Mingus, est expansif et volubile, autant l’autre, Hawes, est introverti et peu disert…
Musicalement également, l’univers des deux hommes peut sembler éloigné ; Hawes s’inscrit dans la tradition parkérienne du bop et assume pleinement l’héritage de Bud Powell en puisant aux racines du blues. Mingus quand à lui, à cette époque, tiraillé entre modernité et tradition, cherche malgré tout à s’affranchir des conventions tout en restant proche des gospels et des musiques d’église, ce qui n’est pas sans déplaire à Hawes, dont le père était pasteur.
Le répertoire sélectionné pour cette séance allait offrir aux deux hommes un terrain de jeux parfait pour leur permettre de s’exprimer en toute complicité et de fusionner leur deux styles ,si différents, pour donner naissance à une musique pleine de soul, de blues et de respect mutuel…On est donc plus ici en présence d’un dialogue entre Mingus et Hawes ponctué du drumming de Richmond ,plutôt que sur un travail de groupe plus accompli.
Danny Richmond à gravé son premier disque (The Clown) avec Mingus en février 1957.Il jouait alors du saxophone dans des orchestres de rythm and blues et Mingus le persuada de changer d’instrument car il n’avait pas besoin de saxophoniste et ne trouvait pas de batteur qui pouvait jouer ce qu’il exigeait. Mingus pensa alors qu’en faisant changer d’instrument à Richmond, il pourrait lui faire jouer ce qu’il désirait !
Danny Richmond
Le répertoire de cette séance donc, composé de quatre standards, de deux compositions de Mingus (Back Home Blues et Dizzy Mood) et d’une de Hampton Hawes (Hamp’s New Blues), s’articule donc le plus souvent autour d’échanges entre Mingus et Hawes notamment lors de Laura, aux arrangements dépouillés, pour coller au plus près de la mélodie immortalisée par Bird.
Yesterdays, arrangé pour l’occasion par Hawes, ouvre cet album de la plus belle des façons : version extrêmement dénudée du standard de Jérôme Kern qui laisse le champ libre à Mingus pour explorer tout les espaces laissés libres par Hawes.
Dépouillement toujours sur Back Home Blues écrit par Mingus ; l’occasion pour celui-ci de développer un remarquable solo que Hawes ponctue de courtes phrases en pointillé avant de répondre au bassiste par sa propre vision du blues.
I Can’t Get Started peut être considéré comme un incontournable dans le répertoire du Mingus de cet époque, tant il adorait ce morceau. Ici il le joue quasiment en solo du début à la fin, cherchant à en extirper toute la substance, se taillant la part du lion, en laissant juste à Hawes un court passage vers le milieu du morceau.
Hamp’s New Blues (un blues be-bop, d’après Mingus) est le titre le plus rapide du disque, d’une veine bop assez traditionnelle, ce qui permet à Danny Richmond de montrer qu’il a vite appris les rudiments de la batterie.
Sur Summertime, Mingus et Richmond s’amusent à jouer l’intro de Night In Tunisia avant que Hampton Hawes n’intervienne et ne ramène tout ce petit monde dans le droit chemin.
Dizzy’s Mood est bien sur un hommage direct au Woodyn’You de Dizzy Gillespie à qui Mingus vouait une admiration sans borne. Le bassiste en a conservé la structure de base autour de laquelle il a écrit une nouvelle mélodie, avant d’appeler Dizzy pour lui jouer cette composition et d’obtenir sa bénédiction.
Mingus et Dizzy
Quelques années plus tard, le 17 septembre 1962, Mingus rentrera à nouveau en studio pour une séance en trio, cette fois au côté de Max Roach et de Duke Ellington pour y graver un des sommets de sa carrière, le légendaire Money Jungle pour Blue Note. Mais quelque part, cette session du 9 juillet 1957, peut être considérée comme la plus brillante et réussie des répétions et comme le plus abouti des préambules.
Mais en ce mois de juillet 1957, Mingus avait d’autres projets ; une semaine plus tard, il retournera en studio avec son désormais inamovible batteur, pour débuter les sessions de ce qui deviendra une de ses œuvres majeures, Tijuana Moods, laissant Hampton Hawes poursuivre son chemin, après cette éphémère mais si brillante rencontre.
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Mingus Three (1957)
Merci pour cette chronique. Une question que je me posais, à part "Money Jungle" et celui-ci. Y a t il d'autres albums en trio de Mingus ?
J'ai trouvé ces deux là (mais en sideman) :
Sinon en ce qui concerne cet album, que je connaissais et que je réécoute avec plaisir, c'est bien ici où l'on entend le grand contrebassiste, il déploie sa technique et surtout fait chanté sa basse ( écouté le solo de Laura) et peut la faire gronder (comme sur summertime, quelle version entrainante).
Muchas Gracias !
J'ai trouvé ces deux là (mais en sideman) :
Sinon en ce qui concerne cet album, que je connaissais et que je réécoute avec plaisir, c'est bien ici où l'on entend le grand contrebassiste, il déploie sa technique et surtout fait chanté sa basse ( écouté le solo de Laura) et peut la faire gronder (comme sur summertime, quelle version entrainante).
Muchas Gracias !
parisino- Messages : 5704
Date d'inscription : 31/05/2010
Age : 49
Localisation : Chatenay Malabry
Re: Mingus Three (1957)
Cet album est également paru avec une autre cover (qui va plaire à Blueblue et les autres... ). Il manque juste un morceau " Hamp’s New Blues" .
parisino- Messages : 5704
Date d'inscription : 31/05/2010
Age : 49
Localisation : Chatenay Malabry
Re: Mingus Three (1957)
Le premier enregistrement en trio de Mingus en tant que sideman,date du 26 avril 1946 en tant qu'accompagnateur de la chanteuse et pianiste Lady Will Care.Ensuite il faudra attendre le 3 mai 1950 pour le voir réellement dans une configuration en trio avec Tal Farlow et Red Norvo avec lequel il est resté presqu'une année.Ensuite, surtout au début de sa carrière, il renouvellera les enregistrements sous cette forme, que ce soit avec Bud Powell,Hazell Scott,Johnny Mehegan (1955) .Ensuite les sessions en trio deviendront extrêmement rares à l'exception notable de Money Jungle et Mingus Three,jusqu'à disparaître complètement à partir du milieu des années 60.
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Mingus Three (1957)
Par contre je trouve que ça ne colle pas du tout avec l'univers et la musique de Mingus. C'est une pochette pour guitariste de funk ça...parisino a écrit:Cet album est également paru avec une autre cover (qui va plaire à Blueblue et les autres... )...... .
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Mingus Three (1957)
Je pense que ça faisait vendre Mais oui belle pochette pour de la Funk !
parisino- Messages : 5704
Date d'inscription : 31/05/2010
Age : 49
Localisation : Chatenay Malabry
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