Psychedelic Pill (2012)
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Psychedelic Pill (2012)
Disc 1
1. Driftin Back
2. Psychedelic Pill
3. Ramada Inn
4. Born In Ontario
Disc 2
1. Twisted Road
2. She's Always Dancing
3. For The Love Of Man
4. Walk Like A Giant
5. Psychedelic Pill (Bonus Track Alternate Mix)
Vidéos officielles :
Live :
Re: Psychedelic Pill (2012)
Bon...après une bonne dizaine d'écoutes de ce double album,force est de reconnaître que le vieux bison canadien et son canasson fou viennent de sortir leur meilleur album depuis ..Ragged Glory(1990)...eh oui!Fallait avoir de la patience et ingurgiter Americana pour ce qu'il était,a savoir plus un clin d'oeil et un galop d'essai pour le fun qu'un véritable retour aux affaires...
Cette fois Neil à pris soin de composer de vrais morceaux qui sont destinés j'en suis sûr à devenir des futurs classiques:Ramada Inn,Psychedelic Pill,Walk Like a Giant et son sifflet entêtant,Born in Ontario....Depuis quand n'avait-on pas entendu une intro aussi râpeuse que celle de Ramada Inn?Au moins depuis Danger Bird ou Stupid Girl sur Zuma (76!)...
C'est sûr que ça joue moins vite et moins furieusement qu'il y a 15 ans mais les Crazy Horse sont comme le bon vin...la maturation vient au fil des ans et ils n'ont plus rien à prouver question ruades electriques...Le fan y gagne sur la longueur ;les 28 minutes de Drifting Back se descendent aussi facilement qu'un verre de vendanges tardives 2005 , avec même un goût de reviens y!Ce qu'il ne faut pas hésiter à faire!Ces mecs se connaissent tellement bien et jouent depuis si longtemps ensemble qu'on les sent capables de nous sortir d'autres albums de cet acabit quand ils voudront...c'est dire!
Juste une faute de goût quand même le mix proposé de Psychedelic Pills sur le cd1 est vraiment abominable,heureusement en bonus sur le 2e cd on à droit à un meilleur mix...
Reste plus qu'à voir la chose sur scène,une tournée européenne serait dans les tuyaux pour 2013... Les échos et les prestations aperçues de l'actuelle tournée US font saliver d'avance!
Cette fois Neil à pris soin de composer de vrais morceaux qui sont destinés j'en suis sûr à devenir des futurs classiques:Ramada Inn,Psychedelic Pill,Walk Like a Giant et son sifflet entêtant,Born in Ontario....Depuis quand n'avait-on pas entendu une intro aussi râpeuse que celle de Ramada Inn?Au moins depuis Danger Bird ou Stupid Girl sur Zuma (76!)...
C'est sûr que ça joue moins vite et moins furieusement qu'il y a 15 ans mais les Crazy Horse sont comme le bon vin...la maturation vient au fil des ans et ils n'ont plus rien à prouver question ruades electriques...Le fan y gagne sur la longueur ;les 28 minutes de Drifting Back se descendent aussi facilement qu'un verre de vendanges tardives 2005 , avec même un goût de reviens y!Ce qu'il ne faut pas hésiter à faire!Ces mecs se connaissent tellement bien et jouent depuis si longtemps ensemble qu'on les sent capables de nous sortir d'autres albums de cet acabit quand ils voudront...c'est dire!
Juste une faute de goût quand même le mix proposé de Psychedelic Pills sur le cd1 est vraiment abominable,heureusement en bonus sur le 2e cd on à droit à un meilleur mix...
Reste plus qu'à voir la chose sur scène,une tournée européenne serait dans les tuyaux pour 2013... Les échos et les prestations aperçues de l'actuelle tournée US font saliver d'avance!
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Psychedelic Pill (2012)
Bon investissement!
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Psychedelic Pill (2012)
On arrête plus le Loner en 2012 ! Après Americana, album de reprises sorti en avril, puis son autobiographie début octobre, voici le 35ème album de sa carrière, le plus long (87 minutes) et accompagné de son groupe fétiche le Crazy Horse.
Mais, ainsi que le montre ses dernières livraisons, quantité n’est pas nécessairement gage de qualité, et si beaucoup, déjà, s’extasient sur la durée du premier morceau "Driftin’ Back”, vingt-sept minutes, record de notre homme, je suis plutôt dubitatif, pourtant je suis un grand fan des chevauchées électriques du Crazy Horse (Live Rust et Weld par exemple qui constituent des sommets dans l’œuvre du Canadien). Mais là, on s’ennuie un peu et le morceau s’étire, s’étire, s’étire…comme le second Psychedelic Pill. Une seule idée par morceau, quand ils durent longtemps, c’est peut- être un peu juste même pour Mr Young.
Mais la suite se révèle très nettement au-dessus, « Ramada Inn » qui lui aussi dure longtemps (17 minutes) est néanmoins superbe. Enfin on retrouve le grand Neil Young et son groupe qui pète le feu, les mélodies, les idées, les solos fusent, et c’est toute la différence avec les morceaux précédents, on a envie de le réécouter tout de suite plutôt que de passer au suivant ! « Born in Ontario » est superbe également, rien à voir avec un certain… « Born in the USA » et on a le sentiment que l’album a vraiment démarré comme si les deux premières chansons n’étaient que des jams pour que les doigts se dérouillent et que le Cheval Fou se retrouve.
Les chansons sont construites, cela paraît évident mais il faut quand même le souligner. Neil Young explique dans son autobiographie, qu’il a stoppé les stupéfiants et qu’il craignait un manque d’inspiration. Alors vraisemblablement, dans son studio il a réuni ses compères et laisser tourner les bandes……
Et “For The Love Of Man”, une superbe balade, comme il sait les écrire, simple, belle, touchante, remplie de poésie et de beauté, pas de guitares hurlantes ou de riff rageur, tu peux continuer ton sevrage Neil, tu es toujours inspiré. Et puis, comme un souvenir lointain, comme une réminiscence d’instants magiques, « Walk Like A Giant » a un petit lien de parenté avec « Like a Hurricane », un des plus grands titres de notre ami, même si, là encore, les dernières minutes ne sont pas indispensables et gâchent un peu le morceau. En final, l’alternate mix de "Psychedelic Pill “ me semble supérieur à la première version du CD
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, même si certains morceaux se perdent un peu en chemin, Neil Young et ses spadassins, envoient toujours du plomb, les guitares sont acérées, la section rythmique toujours puissante, la voix toujours si particulière, toujours si reconnaissable, et Psychedelic Pill est un album important dans son œuvre. Puis, et c’est aussi une grande nouvelle, les titres de cet album sont joués en live pendant la tournée américaine en cours, et il se murmure qu’une tournée européenne est prévue en 2013.
Car Neil Young & Crazy Horse en live, ce n’est que du bonheur !
Mais, ainsi que le montre ses dernières livraisons, quantité n’est pas nécessairement gage de qualité, et si beaucoup, déjà, s’extasient sur la durée du premier morceau "Driftin’ Back”, vingt-sept minutes, record de notre homme, je suis plutôt dubitatif, pourtant je suis un grand fan des chevauchées électriques du Crazy Horse (Live Rust et Weld par exemple qui constituent des sommets dans l’œuvre du Canadien). Mais là, on s’ennuie un peu et le morceau s’étire, s’étire, s’étire…comme le second Psychedelic Pill. Une seule idée par morceau, quand ils durent longtemps, c’est peut- être un peu juste même pour Mr Young.
Mais la suite se révèle très nettement au-dessus, « Ramada Inn » qui lui aussi dure longtemps (17 minutes) est néanmoins superbe. Enfin on retrouve le grand Neil Young et son groupe qui pète le feu, les mélodies, les idées, les solos fusent, et c’est toute la différence avec les morceaux précédents, on a envie de le réécouter tout de suite plutôt que de passer au suivant ! « Born in Ontario » est superbe également, rien à voir avec un certain… « Born in the USA » et on a le sentiment que l’album a vraiment démarré comme si les deux premières chansons n’étaient que des jams pour que les doigts se dérouillent et que le Cheval Fou se retrouve.
Les chansons sont construites, cela paraît évident mais il faut quand même le souligner. Neil Young explique dans son autobiographie, qu’il a stoppé les stupéfiants et qu’il craignait un manque d’inspiration. Alors vraisemblablement, dans son studio il a réuni ses compères et laisser tourner les bandes……
Et “For The Love Of Man”, une superbe balade, comme il sait les écrire, simple, belle, touchante, remplie de poésie et de beauté, pas de guitares hurlantes ou de riff rageur, tu peux continuer ton sevrage Neil, tu es toujours inspiré. Et puis, comme un souvenir lointain, comme une réminiscence d’instants magiques, « Walk Like A Giant » a un petit lien de parenté avec « Like a Hurricane », un des plus grands titres de notre ami, même si, là encore, les dernières minutes ne sont pas indispensables et gâchent un peu le morceau. En final, l’alternate mix de "Psychedelic Pill “ me semble supérieur à la première version du CD
Toutefois, ne boudons pas notre plaisir, même si certains morceaux se perdent un peu en chemin, Neil Young et ses spadassins, envoient toujours du plomb, les guitares sont acérées, la section rythmique toujours puissante, la voix toujours si particulière, toujours si reconnaissable, et Psychedelic Pill est un album important dans son œuvre. Puis, et c’est aussi une grande nouvelle, les titres de cet album sont joués en live pendant la tournée américaine en cours, et il se murmure qu’une tournée européenne est prévue en 2013.
Car Neil Young & Crazy Horse en live, ce n’est que du bonheur !
Re: Psychedelic Pill (2012)
Si Tournée Européenne 2013 il y a... je serais là aussi !
Sinon, belles chroniques Freebird et Michel.
Sinon, belles chroniques Freebird et Michel.
Tiger- Messages : 2058
Date d'inscription : 03/08/2011
Age : 27
Localisation : 77
«Psychedelic Pill», le nouvel album du Loner, prouve qu'il se bonifie en vieillissant.
Durant une minute et dix-huit secondes, Psychedelic Pill est un album solo de Neil Young. Une guitare acoustique jouée à tâtons, quelques shuffles rustiques et sons de battements et puis cette voix lunaire: «Hey now now, hey now now...» Une voix intemporelle, en apesanteur, à moitié absente mais néanmoins prégnante, empreinte d’une mélancolie universelle.
Il floute son jeu, joue le flou artistique. «I’m driftin’ back... Dreamin’ ‘bout the way things sound now... Write about them in my book...» («Je reviens en arrière… Je songe au son des choses aujourd’hui… Je l’écris dans mon livre»). Attendez… il a dit quoi, là? Ah oui. Effectivement, il l’a bien écrit dans son livre.
Dans l’épaisse et foutraque autobiographie qu’il a récemment publiée, le Loner parle en effet des MP3, de leur médiocrité sonore, de la perte qu’ils engendrent et de leur effet désastreux sur les jeunes esprits, avant de promouvoir lourdement Puretone (aujourd’hui rebaptisé Pono), son nouveau format audio haute-résolution, et le lancement de lecteurs portables associés. Nous voilà avec un Neil Young multi-plateformes, qui parle de tout et de rien, vante ses produits high-tech au hasard de la conversation et parvient à mettre en synergie son disque avec la sortie de son livre.
D’autres voix se joignent à la sienne, de vieilles voix amies, qui reprennent en chœur: «I’m driftin’ baa-aack...» On se sent flotter agréablement. C’est bon de retrouver ce vieux Neil. Et puis à 1:18, avec un crescendo de notes métalliques et une décélération du tempo, le groupe arrive. Oh, bon Dieu… C’est Crazy Horse.
Son canasson déjanté, son écurie de vieilles rosses
Il y a des pages et des pages sur ces types dans Une autobiographie: son Crazy Horse à lui, son canasson déjanté, son écurie de vieilles rosses. «Ils sont ma fenêtre sur le monde cosmique. [...] Le truc, c’est d’y arriver, et Crazy Horse, c’est mon moyen pour y arriver.» Neil Young a besoin de Crazy Horse. Il a besoin de l’électricité rugueuse du groupe, de sa désinvolture, de son acquiescement bourru lorsqu’il s’agit de le suivre jusqu’au fond des cavernes du rock.
Il a besoin de Ralph Molina à la batterie, de son contrat précaire avec le rythme, qu’il renouvelle de façon mal assurée à chaque levé de baguette, besoin du «dunk-dunk-dunk» de la basse de Billy Talbot, besoin de la guitare de Ralph «Poncho» Sampedro, à peine audible au fond.
Il s’agit en partie de camaraderie musicale, mais il y a aussi autre chose. La vieille relation qui unit Neil Young à Crazy Horse est une déclaration vivante et continue sur la créativité: il faut chercher la muse là où elle vit et non pas là où vous vivez, vous. Et si la muse choisit pour vous accompagner un groupe dont tous les membres semblent porter des gants de jardinage quand ils jouent, et bien, ce sera le groupe qui vous accompagnera. Pour les quarante prochaines années.
Et cette fidélité s’avère payante, notamment en termes d’énergie et de concentration. On l’entend tout au long de Psychedelic Pill. Comme souvent lorsqu’il est avec Crazy Horse, la composition n’est pas le fort de l’album: il n’y a vraiment rien d’exceptionnel de ce côté, rien que des chansons aux structures on ne peut plus simples avec des paroles résolument en demi-teinte à poser sur le jeu quasi amateur du groupe. «I might make it up to Detroit City/ Where people work hard and life is pretty», chante-t-il, presque impardonnablement, sur le morceau Born In Ontario. Le titre reprend même (accidentellement?) les horribles accords introductifs de Sign of Love, chanson de l’album Le Noise (2010).
Tout se met à faire sens
Mais ainsi va l’inspiration de Neil Young en 2012, et dès qu’il part en solo, tout cela se met à faire sens. Boucles et embardées, conversations gutturales avec son ampli, effondrements sonores, superbes notes isolées, tirées et parsemées à travers les phrasés à la fois beaux et maladroits de Crazy Horse, sagesse éreintée dans un palais de réverb', il est magistral. Les morceaux sont longs —10 minutes, 15 minutes... Driftin’ Back nous donne droit à 20 minutes d’improvisations resplendissantes.
Et Crazy Horse continue de jouer, continue encore… c’est leur job: ouvrir le champ des possibles pour leur leader. La batterie de Ralph Molina y va de son poum-bada-poum-poum-poum, Billy Talbot gratte sa basse sans trop de conviction… mais ça fonctionne. À mesure qu’ils suivent Neil Young, lui suit son idéal, ajustant son jeu à ses besoins.
«On dirait qu’il n’y a jamais de fin aux informations qui passent à travers moi», écrit-il dans Une autobiographie, livre qui utilise la tête du lecteur comme une pédale d’effet bon marché. En prenant de l’âge, Neil Young devient de plus en plus sauvage: c’est la leçon à retenir. Le cerveau se dégrade (c’est dit très directement dans le livre), des choses lui échappent, les mots lui manquent, sa mémoire se fait la malle et nous nous approchons de plus en plus du bruit rayonnant de son être profond.
Un de ses meilleurs morceaux de tous les temps
«Laissez-moi vous dévoiler les dons réservés à la vieillesse», a écrit T.S. Eliot dans Little Gidding, le dernier de ses Four Quartets (Quatre Quatuors). C’était, bien entendu, de l’ironie («D’abord, la caresse froide des sens qui expirent…»).
Neil Young, lui, se bonifie vraiment en vieillissant, que l’on voyage à travers les nœuds et les volutes de sa matière grise dans Une autobiographie ou que l’on succombe aux basses carbonisées de sa guitare sur son nouvel album. Sur Psychedelic Pill, les 17 minutes que dure Ramada Inn, l’un de ses meilleurs morceaux de tous les temps (oui, de tous les temps), parlent d’une longue, très longue, histoire d’amour, de fidélité, quelque chose de splendide, une offrande sur l’autel du temps.
«And every morning comes the sun», chantent les Crazy Horse avec leurs voix d’anciens combattants, And they both rise into the day / Holding on to what they’ve done...» La mélodie reste en suspens, et puis «He loves her so, répond Neil Young, seul. He loves her so / He loves her so / He does what he has to».
James Parker
Traduit par Yann Champion
Il floute son jeu, joue le flou artistique. «I’m driftin’ back... Dreamin’ ‘bout the way things sound now... Write about them in my book...» («Je reviens en arrière… Je songe au son des choses aujourd’hui… Je l’écris dans mon livre»). Attendez… il a dit quoi, là? Ah oui. Effectivement, il l’a bien écrit dans son livre.
Dans l’épaisse et foutraque autobiographie qu’il a récemment publiée, le Loner parle en effet des MP3, de leur médiocrité sonore, de la perte qu’ils engendrent et de leur effet désastreux sur les jeunes esprits, avant de promouvoir lourdement Puretone (aujourd’hui rebaptisé Pono), son nouveau format audio haute-résolution, et le lancement de lecteurs portables associés. Nous voilà avec un Neil Young multi-plateformes, qui parle de tout et de rien, vante ses produits high-tech au hasard de la conversation et parvient à mettre en synergie son disque avec la sortie de son livre.
D’autres voix se joignent à la sienne, de vieilles voix amies, qui reprennent en chœur: «I’m driftin’ baa-aack...» On se sent flotter agréablement. C’est bon de retrouver ce vieux Neil. Et puis à 1:18, avec un crescendo de notes métalliques et une décélération du tempo, le groupe arrive. Oh, bon Dieu… C’est Crazy Horse.
Son canasson déjanté, son écurie de vieilles rosses
Il y a des pages et des pages sur ces types dans Une autobiographie: son Crazy Horse à lui, son canasson déjanté, son écurie de vieilles rosses. «Ils sont ma fenêtre sur le monde cosmique. [...] Le truc, c’est d’y arriver, et Crazy Horse, c’est mon moyen pour y arriver.» Neil Young a besoin de Crazy Horse. Il a besoin de l’électricité rugueuse du groupe, de sa désinvolture, de son acquiescement bourru lorsqu’il s’agit de le suivre jusqu’au fond des cavernes du rock.
Il a besoin de Ralph Molina à la batterie, de son contrat précaire avec le rythme, qu’il renouvelle de façon mal assurée à chaque levé de baguette, besoin du «dunk-dunk-dunk» de la basse de Billy Talbot, besoin de la guitare de Ralph «Poncho» Sampedro, à peine audible au fond.
Il s’agit en partie de camaraderie musicale, mais il y a aussi autre chose. La vieille relation qui unit Neil Young à Crazy Horse est une déclaration vivante et continue sur la créativité: il faut chercher la muse là où elle vit et non pas là où vous vivez, vous. Et si la muse choisit pour vous accompagner un groupe dont tous les membres semblent porter des gants de jardinage quand ils jouent, et bien, ce sera le groupe qui vous accompagnera. Pour les quarante prochaines années.
Et cette fidélité s’avère payante, notamment en termes d’énergie et de concentration. On l’entend tout au long de Psychedelic Pill. Comme souvent lorsqu’il est avec Crazy Horse, la composition n’est pas le fort de l’album: il n’y a vraiment rien d’exceptionnel de ce côté, rien que des chansons aux structures on ne peut plus simples avec des paroles résolument en demi-teinte à poser sur le jeu quasi amateur du groupe. «I might make it up to Detroit City/ Where people work hard and life is pretty», chante-t-il, presque impardonnablement, sur le morceau Born In Ontario. Le titre reprend même (accidentellement?) les horribles accords introductifs de Sign of Love, chanson de l’album Le Noise (2010).
Tout se met à faire sens
Mais ainsi va l’inspiration de Neil Young en 2012, et dès qu’il part en solo, tout cela se met à faire sens. Boucles et embardées, conversations gutturales avec son ampli, effondrements sonores, superbes notes isolées, tirées et parsemées à travers les phrasés à la fois beaux et maladroits de Crazy Horse, sagesse éreintée dans un palais de réverb', il est magistral. Les morceaux sont longs —10 minutes, 15 minutes... Driftin’ Back nous donne droit à 20 minutes d’improvisations resplendissantes.
Et Crazy Horse continue de jouer, continue encore… c’est leur job: ouvrir le champ des possibles pour leur leader. La batterie de Ralph Molina y va de son poum-bada-poum-poum-poum, Billy Talbot gratte sa basse sans trop de conviction… mais ça fonctionne. À mesure qu’ils suivent Neil Young, lui suit son idéal, ajustant son jeu à ses besoins.
«On dirait qu’il n’y a jamais de fin aux informations qui passent à travers moi», écrit-il dans Une autobiographie, livre qui utilise la tête du lecteur comme une pédale d’effet bon marché. En prenant de l’âge, Neil Young devient de plus en plus sauvage: c’est la leçon à retenir. Le cerveau se dégrade (c’est dit très directement dans le livre), des choses lui échappent, les mots lui manquent, sa mémoire se fait la malle et nous nous approchons de plus en plus du bruit rayonnant de son être profond.
Un de ses meilleurs morceaux de tous les temps
«Laissez-moi vous dévoiler les dons réservés à la vieillesse», a écrit T.S. Eliot dans Little Gidding, le dernier de ses Four Quartets (Quatre Quatuors). C’était, bien entendu, de l’ironie («D’abord, la caresse froide des sens qui expirent…»).
Neil Young, lui, se bonifie vraiment en vieillissant, que l’on voyage à travers les nœuds et les volutes de sa matière grise dans Une autobiographie ou que l’on succombe aux basses carbonisées de sa guitare sur son nouvel album. Sur Psychedelic Pill, les 17 minutes que dure Ramada Inn, l’un de ses meilleurs morceaux de tous les temps (oui, de tous les temps), parlent d’une longue, très longue, histoire d’amour, de fidélité, quelque chose de splendide, une offrande sur l’autel du temps.
«And every morning comes the sun», chantent les Crazy Horse avec leurs voix d’anciens combattants, And they both rise into the day / Holding on to what they’ve done...» La mélodie reste en suspens, et puis «He loves her so, répond Neil Young, seul. He loves her so / He loves her so / He does what he has to».
James Parker
Traduit par Yann Champion
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
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