Johnny Cash
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Re: Johnny Cash
Johnny Cash est mort le 12 septembre 2003, âgé de 71 ans, révéré comme un monument par une jeune génération. Des fans de la dernière heure, convertis par les bouleversants ultimes albums qu'il enregistra jusqu'à son dernier souffle. De 1993 à 2003, l'Homme en noir, tel qu'il se baptisa en hommage à tous les laissés-pour-compte et parias de la société, grava, à chaque minute que sa santé déclinante — une forme rare et incurable de la maladie de Parkinson — le lui permettait, des dizaines de chansons réduites à leur plus simple expression : une guitare acoustique et une voix, immense, caverneuse, au souffle parfois court mais à la profondeur et à l'émotion colossales. Des titres puisés parmi les centaines de son prodigieux répertoire, mais aussi des airs traditionnels de folk, des reprises surprenantes d'auteurs contemporains (Trent Reznor, Bonnie Prince Billy, Depeche Mode...), sans oublier les hymnes religieux que lui chantait sa mère. Autrement dit le reflet du vaste éventail stylistique qui a fait de Johnny Cash, près d'un demi-siècle durant, le plus ouvert des artistes de la country américaine.
Tel est l'enseignement que distille, disque après disque, l'impressionnant coffret qui paraît aujourd'hui, intégrale de tous les enregistrements de Cash pour le label Columbia, de 1958 à 1985. Soit soixante-trois CD recouvrant les cinquante-neuf albums officiels, complétés d'une compilation de singles orphelins et autres titres épars. Une véritable odyssée en contrée country, donnant autant dans le rock'n'roll que le gospel, le disque pour enfants que le chant de Noël, sans oublier des live furieux et d'ambitieux concept albums, engagés et audacieux.
Des sommets ? Ils sont nombreux. Du mauvais ? Très peu. Car si les albums des seventies perdent en densité et en régularité — la production d'époque n'aidant pas —, il n'y en a pas un qui ne contient sa petite merveille, qu'il s'agisse d'un original oublié de Cash lui-même ou de l'une de ces adaptations lumineuses dont il avait le secret : amour du texte, de la mélodie et plus encore de l'interprétation. De Bob Dylan à Kris Kristofferson (qu'il fit connaître), Randy Newman ou Bruce Springsteen, Cash, lui-même compositeur prolifique de nombreux classiques, a toujours su dénicher et servir les auteurs.
Sa voix grave et virile, qui savait se faire aussi menaçante que rassurante, affichait une force indéfectible. Elle ne trahissait jamais les fléchissements physiques, les tourments réels d'un homme longtemps en conflit avec ses démons et son passé. Une star à la foi aussi inébranlable que son refus de rejoindre le camp des notables et des nantis de la chanson. Car si Cash fut bel et bien longtemps un bad boy incontrôlable et imprévisible gavé d'amphétamines — jusqu'à cent pilules par jour —, il fut aussi, très tôt, une institution, célébrée dans le monde entier, animateur au début des seventies de son propre show télé. Un programme, The Johnny Cash show, dans lequel il offrait une audience inespérée à des artistes prometteurs comme Mickey Newbury, Joni Mitchell ou Neil Young... Une présence sobre et puissante, presque inquiétante, qui laissa une marque indélébile chez un tout jeune téléspectateur australien, fasciné, Nick Cave.
Quinze ans auparavant, au milieu des fifties, Johnny Cash et son Tennessee Two (Luther Perkins et Marshall Grant) accédaient à une gloire instantanée avec ses premiers disques gravés pour Sun, le label d'Elvis. Des complaintes crues et lyriques, entre folk songs et rock rustique, au dépouillement musical exemplaire, le fameux « boom-chika-boom » métronomique et obsédant qui deviendra sa marque de fabrique. Mais Cash rêvait de mille projets qui ne répondaient pas aux règles strictes du show-business naissant. C'est la garantie d'une carte blanche artistique qui le poussa à quitter la petite écurie de Sam Phillips en 1958 pour le géant Columbia. Qui tint parole. En moins de quatre ans et onze albums, le chanteur publia, outre des enregistrements « classiques », deux albums de gospel, un d'hymnes de Noël, un en compagnie de la Carter Family, qu'il admirait (et dont l'une des filles, June, deviendra sa muse, son épouse, son guide affectif et spirituel), et deux formidables recueils conceptuels autour de l'Amérique du labeur et du travail. Et ce n'était qu'un début. En 1964, il imposa Bitter Tears, album rageur voué à l'insuccès, dédié à la cause des Indiens et de tous les fondateurs maltraités de l'Amérique. Deux ans plus tard, c'est le surprenant Everyone loves a nut, qui révélait la facette à la fois joyeuse et grinçante du rebelle aux multiples causes... A tel point qu'en 1967, alors que son addiction aux cachets atteignait un point critique, l'étoile commerciale du Man in black commença à décliner sérieusement.
Mais, en 1968, Bob Johnston, son nouveau directeur artistique, qui avait supervisé les destinées de Dylan et de Simon & Garfunkel, eut l'idée de l'encourager à réaliser une autre de ses lubies : capter sur disque un des concerts électrisants qu'il donnait régulièrement dans les pénitenciers depuis 1959. Le live At Folsom Prison, face-à-face historique entre un artiste libre et d'authentiques malfrats faits pour s'entendre, eut un retentissement international, comblant autant les fans de country pure, les amateurs de pop que les adeptes intransigeants d'une chanson contestataire. Cash accédait là au statut d'icône. Mais une icône qui ne se contentera jamais de vivre sur un acquis, mettant pour toujours ses tripes, son coeur et sa voix au service d'une chanson accessible à tous, garant contre l'oubli de l'histoire d'un pays et des souffrances d'autrui. — Hugo Cassavetti
Monstres sacrés
Kris Kristofferson, Willie Nelson, Waylon Jennings et... Johnny Cash. Ces quatre-là, ténors du mouvement outlaw -- des artistes refusant la dérive commerciale de la country de Nashville --, étaient faits pour s'entendre. Et chanter ensemble. Sous le nom de The Highwaymen, le quatuor de monstres sacrés enregistra une triplette d'albums (les deux premiers figurent dans le coffret Cash), dont le premier au moins reste une sacrée réussite. Un album de stars où les quatre ego ont été remisés au vestiaire pour laisser les voix, parmi les plus vibrantes de la chanson américaine, se répondre, se compléter, affiner leurs nuances et différences. La rencontre au sommet de quatre artisans qui n'ont plus rien à prouver, juste à s'épater mutuellement.
Tel est l'enseignement que distille, disque après disque, l'impressionnant coffret qui paraît aujourd'hui, intégrale de tous les enregistrements de Cash pour le label Columbia, de 1958 à 1985. Soit soixante-trois CD recouvrant les cinquante-neuf albums officiels, complétés d'une compilation de singles orphelins et autres titres épars. Une véritable odyssée en contrée country, donnant autant dans le rock'n'roll que le gospel, le disque pour enfants que le chant de Noël, sans oublier des live furieux et d'ambitieux concept albums, engagés et audacieux.
Des sommets ? Ils sont nombreux. Du mauvais ? Très peu. Car si les albums des seventies perdent en densité et en régularité — la production d'époque n'aidant pas —, il n'y en a pas un qui ne contient sa petite merveille, qu'il s'agisse d'un original oublié de Cash lui-même ou de l'une de ces adaptations lumineuses dont il avait le secret : amour du texte, de la mélodie et plus encore de l'interprétation. De Bob Dylan à Kris Kristofferson (qu'il fit connaître), Randy Newman ou Bruce Springsteen, Cash, lui-même compositeur prolifique de nombreux classiques, a toujours su dénicher et servir les auteurs.
Sa voix grave et virile, qui savait se faire aussi menaçante que rassurante, affichait une force indéfectible. Elle ne trahissait jamais les fléchissements physiques, les tourments réels d'un homme longtemps en conflit avec ses démons et son passé. Une star à la foi aussi inébranlable que son refus de rejoindre le camp des notables et des nantis de la chanson. Car si Cash fut bel et bien longtemps un bad boy incontrôlable et imprévisible gavé d'amphétamines — jusqu'à cent pilules par jour —, il fut aussi, très tôt, une institution, célébrée dans le monde entier, animateur au début des seventies de son propre show télé. Un programme, The Johnny Cash show, dans lequel il offrait une audience inespérée à des artistes prometteurs comme Mickey Newbury, Joni Mitchell ou Neil Young... Une présence sobre et puissante, presque inquiétante, qui laissa une marque indélébile chez un tout jeune téléspectateur australien, fasciné, Nick Cave.
Quinze ans auparavant, au milieu des fifties, Johnny Cash et son Tennessee Two (Luther Perkins et Marshall Grant) accédaient à une gloire instantanée avec ses premiers disques gravés pour Sun, le label d'Elvis. Des complaintes crues et lyriques, entre folk songs et rock rustique, au dépouillement musical exemplaire, le fameux « boom-chika-boom » métronomique et obsédant qui deviendra sa marque de fabrique. Mais Cash rêvait de mille projets qui ne répondaient pas aux règles strictes du show-business naissant. C'est la garantie d'une carte blanche artistique qui le poussa à quitter la petite écurie de Sam Phillips en 1958 pour le géant Columbia. Qui tint parole. En moins de quatre ans et onze albums, le chanteur publia, outre des enregistrements « classiques », deux albums de gospel, un d'hymnes de Noël, un en compagnie de la Carter Family, qu'il admirait (et dont l'une des filles, June, deviendra sa muse, son épouse, son guide affectif et spirituel), et deux formidables recueils conceptuels autour de l'Amérique du labeur et du travail. Et ce n'était qu'un début. En 1964, il imposa Bitter Tears, album rageur voué à l'insuccès, dédié à la cause des Indiens et de tous les fondateurs maltraités de l'Amérique. Deux ans plus tard, c'est le surprenant Everyone loves a nut, qui révélait la facette à la fois joyeuse et grinçante du rebelle aux multiples causes... A tel point qu'en 1967, alors que son addiction aux cachets atteignait un point critique, l'étoile commerciale du Man in black commença à décliner sérieusement.
Mais, en 1968, Bob Johnston, son nouveau directeur artistique, qui avait supervisé les destinées de Dylan et de Simon & Garfunkel, eut l'idée de l'encourager à réaliser une autre de ses lubies : capter sur disque un des concerts électrisants qu'il donnait régulièrement dans les pénitenciers depuis 1959. Le live At Folsom Prison, face-à-face historique entre un artiste libre et d'authentiques malfrats faits pour s'entendre, eut un retentissement international, comblant autant les fans de country pure, les amateurs de pop que les adeptes intransigeants d'une chanson contestataire. Cash accédait là au statut d'icône. Mais une icône qui ne se contentera jamais de vivre sur un acquis, mettant pour toujours ses tripes, son coeur et sa voix au service d'une chanson accessible à tous, garant contre l'oubli de l'histoire d'un pays et des souffrances d'autrui. — Hugo Cassavetti
Monstres sacrés
Kris Kristofferson, Willie Nelson, Waylon Jennings et... Johnny Cash. Ces quatre-là, ténors du mouvement outlaw -- des artistes refusant la dérive commerciale de la country de Nashville --, étaient faits pour s'entendre. Et chanter ensemble. Sous le nom de The Highwaymen, le quatuor de monstres sacrés enregistra une triplette d'albums (les deux premiers figurent dans le coffret Cash), dont le premier au moins reste une sacrée réussite. Un album de stars où les quatre ego ont été remisés au vestiaire pour laisser les voix, parmi les plus vibrantes de la chanson américaine, se répondre, se compléter, affiner leurs nuances et différences. La rencontre au sommet de quatre artisans qui n'ont plus rien à prouver, juste à s'épater mutuellement.
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Re: Johnny Cash
grâce à toi
j'ai lu du télérama...
...
nan mais le pire c'est que je dirais pas non
j'ai lu du télérama...
...
nan mais le pire c'est que je dirais pas non
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"et je me suis maudit de si bien me connaître"
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Johnny Cash
pareil. Pour une fois.. Je ne crie pas au scandale.
vincent- Messages : 5356
Date d'inscription : 13/07/2011
Age : 48
Re: Johnny Cash
ouaip, enfin le mieux c'est le coffret joni mitchell (enfin alléchant niveau sous.contenu ) et celui de cash... piuuu... dur de résister
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Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Johnny Cash
Le coffret il sera à moi demain midi chez gibert!!!
vincent- Messages : 5356
Date d'inscription : 13/07/2011
Age : 48
Re: Johnny Cash
vincent a écrit:
Le coffret il sera à moi demain midi chez gibert!!!
j'aime et admire ta maîtrise du budget musique mon cher Vincent, ta façon de te faire plaisir
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Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Johnny Cash
moi aussi... ma femme moins...
vincent- Messages : 5356
Date d'inscription : 13/07/2011
Age : 48
Re: Johnny Cash
Dieu que c'est beau !
Félicitations à l'heureux papa.
( ...et bien essayé le coup de la bouteille de Perrier sur le bureau, mais on n'y croit pas une seconde )
Félicitations à l'heureux papa.
( ...et bien essayé le coup de la bouteille de Perrier sur le bureau, mais on n'y croit pas une seconde )
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Johnny Cash
C'est de la prune dedans
vincent- Messages : 5356
Date d'inscription : 13/07/2011
Age : 48
Re: Johnny Cash
vincent a écrit:C'est de la prune dedans
je me disais bien....
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Johnny Cash
Par contre on entrevoit l'affiche de the wall!!!
vincent- Messages : 5356
Date d'inscription : 13/07/2011
Age : 48
Re: Johnny Cash
Je ne connais pas (et de loin) toute la discographie du bonhomme, mais j'écoute régulièrement ces derniers temps deux des American Recordings, le III "Solitary Man" (2000) et le IV "The Man Comes Around" (2002). Quelques titres sont somptueux :
Titi- Messages : 185
Date d'inscription : 24/09/2008
Re: Johnny Cash
voici une très bonne idée !
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"et je me suis maudit de si bien me connaître"
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Johnny Cash
L'ensemble des AR est somptueux. Le plus beau testament musical qu'il pouvait nous laisser. J'adore le VH1 Storytellers avec Nelson.
vincent- Messages : 5356
Date d'inscription : 13/07/2011
Age : 48
Re: Johnny Cash
http://www.huffingtonpost.fr/2013/09/11/mort-johnny-cash-10-ans-country_n_3905488.html?utm_hp_ref=france
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Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
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