Supertramp [1er album]
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Supertramp [1er album]
en 1970
on avait l'embarras du choix, c'était la fin des festivités hippies et le début d'un rock progressive parfois indigeste.
et dans une Angleterre pleine de surprises, il y a un petit groupe de musiciens qui rencontrent un mécène un peu dingue, leur offrant des séances d'enregistrements (je résume) de nuit (comme "souvent" à l'époque) pour produire un album digne de ce nom... et si des années plus tard les mélodies d'Hogdson et Palmer, leurs harmonies vocales etc etc se vendront comme des petits pains... il faut admettre que le premier album du groupe reste méconnu... il faut dire que nous sommes loin de hits radios entêtants, sans pour autant assumer totalement les apports du progressif ou du folk, de fait trouver un "public" pour ces quelques pistes n'est pas choses faciles.
Surtout que suite aux échecs du premier du deuxième album du groupe (beaucoup plus progressif(folk) et contenant un sublime "Rosie Had Everything Planned" au son d'accordéon bienvenu ) la formation ne survivra pas...
difficile d'être objectif sur le sujet, l'historique musical n'est pas ma tasse de thé (ça catégorise plutôt qu'autre chose il me semble, comme une frise chronologique que l'on devrait apprendre par coeur, alors qu'elle ne serait pas de nous) et puis cet album je l'ai emprunté à mon oncle très jeune, l'écoutant par plaisir, sans rien comprendre sur un vieux mange disque rouge... pour le redécouvrir des années plus tard... avec délectation... grâce à lui, j'ai appris mon goût pour les sons de guitare criarde, les morceaux construits, les mélodies qui se sifflotent, les paroles que l'on écoute et j'en passe... toute la musique de mon adolescence découle de la redécouverte de cet album poussiéreux... je dois le posséder en triple exemplaire... tous les ans je me dis qu'il doit être mauvais, je lui trouve des tas de défauts théoriques... et à chaque écoute le frisson revient...
un album que je conseille surtout à ceux qui n'aiment pas supertramp... histoire de découvrir quelque chose.
Rick Davies : orgue, harmonica, piano, claviers, chant, chœurs
Roger Hodgson : guitare, guitare basse, violoncelle, claviers, chant, chœurs
Bob Millar : batterie
Richard Palmer : guitare, balalaïka, chant, chœurs
- Surely :
déjà l'album dénote en commençant par la reprise du refrain de la dernière chanson de l'album, un bout de mélodie quelques paroles qui surgissent, qui entrent dans la tête pour aussitôt en ressortir... une frustration... y'a mieux pour donner envie d'écouter la suite...
- it's a long road :
quelques notes de piano, très vite soutenu par une basse ronde n'osant pas être rock, une batterie et une guitare plus rock... la voix d'Hogdson aigue en diable.. et voilà une ballade folk-rock quasi anodine, si ce n'est une réelle cohérence dans l'orchestration, une compo "basique" gérée avec beaucoup de talent, une approche pro, sans doute un peu trop, car si le piano reste très présent, lorgnant du côté de manzareck... le titre en décolle jamais vraiment, les "whaaa!" du chanteur étant trop en retrait... mais une belle énergie se dégage tout de même du premier "vrai" titre de l'album... (en tout cas on ressent déjà une volonté de struturer le morceau et de ne pas se laisser aller dans un jam endiablé... ce qui signera peut être la mort de la créativité du groupe par la suite)
- Aubade And I Am Not Like Other Birds Of Prey
une intro "au loin", la chanson arrive à nous, déploie ses ailes sous nos oreilles, une pratique "prog" pour une ballade folk (guitare à l'appuie), toujours une basse ronde, un chant plus plaintif, pas une once de prétention, mais une manière de lorgner vers la tradition du folk anglais tout en faisant un signe de la main à paul simon... le genre de chanson que l'on se prend à siffloter par une nuit calme d'automne.. ni triste, ni joyeuse... au bord de la mélancolie.
- Words Unspoken
là en revanche, on est presque dans l'exercice de style : thème pas joyeux, voix solo pour l'intro pas joyeuse, et lorsque ça "démarre" c'est pour appuyé le rythme mais aussi un fort sentiment de peine amoureuse... le temps d'un titre, la fille de vos rêves d'ados s'en va au loin... et le souvenir de sa silhouette se retournant pour un signe d'au revoir, alors même que cela fait des années que vous cherchez à lui décrocher un regard, voire une trace de pitié, vous déchire le coeur... avez vous rêvé cette attention ?
on ne la sifflote pas et pourtant elle reste en tête...
à ce stade, l'aspect "construit" et parfois "léger.gentillet" des titres cède la place à une homogénéité vraiment marquante... entre deux eaux, l'album se détache de nombreuses productions de l'époque... sans ostentation, tout en détail et en émotion.
- maybe I'm a beggar
là, histoire de terminer la face avec du lourd... des flutes, un son d'orgue au loin, deux voix, des paroles "morales" (on est pas chez pascal non plus hein) une batterie qui s'assume (enfin elle marque le rythme avec la volonté d'en donner plus) soutenue par cette basse rondelette, comme un pas feutré de chat qui guette sa proie... et pouf !
les guitares entre en scènes... une d'un côté, l'autre de l'autre... l'un ponctuant un accord ou deux de temps à autre... et le solo pour celle de gauche... rien d'exceptionnel... de monumental... pas d'hendrix, de démonstration de virtuosité, de technicité affolante... les filles ne font pas perdre ou changer leur culotte... mais: une voix (un son) ce petit quelque chose, qui fait plaisir, qui touche au registre du blues par quelques plans, du jazz par la recherche d'un son "propre" dans l'électrique, et dans le rock pour remuer un peu tout ça... et surtout, surtout, qui est parfaitement dans el ton du titre, ponctuant un message d'espoir désabusé à peine exprimé...
plus long titre de la première face, il la conclue sous de beaux augures
- Home Again
au dernier moment alors que l'on croit l'aventure finie, une voix, une complainte bluesy avec un son lointain de guitare à la fleetwood mac... pour immédiatement repartir... étrange mais touchant
- nothing to show
là, c'est beaucoup plus rock : bonjour la batterie binaire... les voix en choeur se complétant, l'orgue plus soul, le tempo plus rapide... mais en lieu et place d'un refrain punchy... qui vous colle au siège... des arrêts brutaux... et encore une fois le titre se construit autour d'une "montée", produisant un effet intéressant, déroutant au premier abord, mais recelant plus de subtilité que prévu... toutefois cela nécessite plusieurs écoutes ... et on est encore loin du "titre radio" type... de quoi se faire plaisir (les parties piano sont vraiment captivantes) dans le registre... pas de quoi emporter l'adhésion des foules... surtout que la guitare mordante n'arrive qu'à la fin..; pour proposer une ponctuation bienvenue, du piquant.
- shadow song
on repart dans le registre, de la mélodie aux atours bien construits et alléchants... et on ressent et le plaisir des musciens à peaufiner leur thème et le notre à attendre la nuit et la solitude pour se délecter de ces petites pépites... qui ne possèdent pas assez de génie pour nous étouffer sous l'émotion (vous savez les titres qui disent tout à notre place et finissent par nous emplir d'affects de là à là ) et tellement de nuances et de beauté simple et bien trouvée que l'on se sent bien, juste bien (neil young excelle dans ce genre)... c'est bien foutu. encore une fois l'homogénéité du titre tiens à une orchestration bien foutue (surtout pour un premier album)
- try again
bon... l'archétype du morceau de 10 minutes et plus, inspiré du prog, avec une intro, une montée, un refrain un "pont" ... bref "tu aimes la structure, regarde comme il est beau mon morceau", parfois ça tombe en plein dans le mille et ça touche au coeur, car la spontanéité ne se noie pas sous la boursoufflure des égos des participants... on est très fort mais on oublie l'auditeur... parfois c'est beau... mais comme du design, ça fait plaisir, ça flatte les sens... mais on reste éloigné des préoccupations des compositeurs.
et puis... une utilisation de l'écho sur le son de la guitare, fin du premier couplet, la guitare s'annonce avec fracas et pouf elle repart au loin comme pour se faire oublier, comme par peur de déranger... et là revoilà de nouveau, plaintive... se cherchant une place au milieu de l'espace entre les instruments qui se répondent... et puis... elle s'enroule autour du rythme... et là... encore une fois ce n'est pas dantesque, c'est à peine arabisant, pas assez rauque pour être blues, loin d'être aussi brutal que du rock, trop "blanc" pour être soul... peut être une réminiscence des accents de l'orientalisme d'un rouge de delacroix lors de la mort de Sardanapale et d'un foutu romantisme ado... à prêt tout il ne s'agit que de trouver un gentil riff et de l'exploiter jusqu'à la corde... de capturer une note égarée là, de la tirer jusque... ben... jusque là, comme ça pour voir..; et pis les autres sont d'accord... alors go ... et cette idée de couper brutalement le trip, pour reprendre après..vu le titre... l'idée n'est pas très originale, mais là encore c'est fait avec une bonne volonté contagieuse...
(à ce stade, l'humble chroniqueur vous épargne les séances de torture de voisin qu'il a pratiqué et pratique encore à base de ce titre )
- surely
on l'avait presque oublié et le voilà dans sa version "finale"... mettant fin au suspense, une compo résumant l'album à elle seule... touchant à tout, semblant ne pas vouloir se poser, pour ne pas avoir à être définie... c'est gentiment beatles sans l'admettre, trop arrangé pour n'être qu'une ballade de blues, ça développe une vraie volonté de "je me fais remarquer" et pourtant il y a une candeur, une fraîcheur indéniable dans cette mélodie.
un album qui gagne à être écouté, pour des qualités de production d'artistes, on assiste là plus à du bricolage, mais un bricolage qui n'est ni du rock garage bien gras pour accompagner vos séances en voiture avec des frites graisseuses qui vous glissent des mains jusqu'entre les sièges, ni ce "faux" bricolage à la oldfield, vangelis et autre (que j'aime par ailleurs) qui sont autant de recherche du nouveau et du parfait.. non un bricolage de gens qui ont envie de faire peu mais bien, parfois ça sonne cheap, ou un peu limite en terme de capacité ou de maîtrise... mais s'enracine ici un bon goût, un vouloir bien faire.. qui fait qu'on baigne dans une ambiance de sincérité, loin des foutus "objet à consommer" que l'on trouve désormais un peu partout.
à découvrir en somme.
un extrait... pourquoi celui-ci..; aucune idée... le premier qui m'est venu en tête
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Supertramp [1er album]
Bravo pour ta chronique,Fando!J'ai acheté ce vinyl a la fin des années 70(à 15 ans me semble-t-il...et je l'ai toujours...)et cette musique correspondait bien à ce que l'on peut ressentir à cet âge là...Je me souviens l'avoir écouter en boucle pendant plusieurs mois j'aimais bien ce romantisme adolescent et ça changeait de ce qui passait à la radio à l'époque.
J'ai continué avec Supertramp jusque Breakfast In America puis je suis passé à autre chose quand même!
En tout cas bel exploit de ta part:parler de Supertramp sans mentionné une seule fois le nom de Yes,c'est fort!
J'ai continué avec Supertramp jusque Breakfast In America puis je suis passé à autre chose quand même!
En tout cas bel exploit de ta part:parler de Supertramp sans mentionné une seule fois le nom de Yes,c'est fort!
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Supertramp [1er album]
exactement, un bon album pour rendre compte des moments d'introspections apaisés de l'adolescence...
d'ailleurs ce groupe (enfin les premiers) représente pas si mal ce statut un peu sur la corde raide... entre musique soupe pour la radio et musique pour amateur un chouilla plus pointu (dirons-nous)... tout est souvent centré sur la mélodie, ça entre facilement en tête, presqu'aucune place n'est laissé à du "débordant", à du qui tâche, qui fait sortir des ornières de la musique calibrée (voir les lives du groupe, qui sont le plus souvent des copier.coller des albums studios avec des applaudissements en prime)...
et pourtant, les orchestrations et les idées de développement des titres sont bonnes, il y a de fortes influences classiques et jazzy qui sont de vraies petites perles... le genre de titres qu'on écoute par beau temps en allant en vacance, lorsqu'on a une jeune fille en fleur (ou un garçon en fruit) dans les parages ... qui simplement provoque un sourire lorsque ça passe à la radio (même en faisant les courses )...
et oui, y'a eu censure sur Yes
d'ailleurs ce groupe (enfin les premiers) représente pas si mal ce statut un peu sur la corde raide... entre musique soupe pour la radio et musique pour amateur un chouilla plus pointu (dirons-nous)... tout est souvent centré sur la mélodie, ça entre facilement en tête, presqu'aucune place n'est laissé à du "débordant", à du qui tâche, qui fait sortir des ornières de la musique calibrée (voir les lives du groupe, qui sont le plus souvent des copier.coller des albums studios avec des applaudissements en prime)...
et pourtant, les orchestrations et les idées de développement des titres sont bonnes, il y a de fortes influences classiques et jazzy qui sont de vraies petites perles... le genre de titres qu'on écoute par beau temps en allant en vacance, lorsqu'on a une jeune fille en fleur (ou un garçon en fruit) dans les parages ... qui simplement provoque un sourire lorsque ça passe à la radio (même en faisant les courses )...
et oui, y'a eu censure sur Yes
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Supertramp [1er album]
Exact ce disque est à la musique ce que David Hamilton est à la photo des années 70!
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
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