The Cellar Door Sessions 1970
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Chino
Ayler
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The Cellar Door Sessions 1970
Disc 1 - Wednesday, December 16 (1st set)
1. "Directions" (Joe Zawinul) 8:55
2. "Yesternow" (Miles Davis) 17:05
3. "What I Say" (Davis) 13:12
4. "Improvisation #1" (Keith Jarrett) 4:29
5. "Inamorata" (Davis) 13:59
Disc 2 - Thursday, December 17 (2nd set)
1. "What I Say" 13:33
2. "Honky Tonk" (Davis) 19:59
3. "It's About That Time" (Davis) 14:41
4. "Improvisation #2" (Jarrett) 6:39
5. "Inamorata" 14:33
6. "Sanctuary" (Wayne Shorter) 0:30
Disc 3 - Friday, December 18 (2nd set)
1. "Directions" 13:11
2. "Honky Tonk" 18:31
3. "What I Say" 15:09
Disc 4 - Friday, December 18 (3rd set)
1. "Directions" 11:53
2. "Honky Tonk" 17:00
3. "What I Say" 14:12
4. "Sanctuary" 2:03
5. "Improvisation #3" (Jarrett) 5:04
6. "Inamorata" 15:14
Disc 5 - Saturday, December 19 (2nd set)
1. "Directions" 15:09
2. "Honky Tonk" 20:49
3. "What I Say" 21:31
Disc 6 - Saturday, December 19 (3rd set)
1. "Directions" 19:04
2. "Improvisation #4" (Jarrett) 5:03
3. "Inamorata" 18:27
4. "Sanctuary" 2:12
5. "It's About That Time" 7:49
Personnel
* Miles Davis: electric trumpet with Wah Wah
* Gary Bartz: soprano sax and alto sax
* Keith Jarrett: Fender Rhodes, Fender electric organ
* Michael Henderson: electric bass
* Jack DeJohnette: drums
* Airto Moreira: percussion, cuica (CDs 2-3-4-5-6)
* John McLaughlin: electric guitar (CDs 5-6 only)
Un coffret tout simplement monumental, peut-être LE coffret pour ce qui concerne la période électrique de Miles, un vrai Graal pour les amateurs de cette période.
Si des extraits du concert du 19 décembre sont parus sur Live-Evil (mais édités, parfois lourdement, via le montage de Teo Macero), l'ensemble des concerts proposés dans ce coffret était cependant inédit officiellement. A noter que ce coffret ne rassemble pas tous les concerts donnés par le sextette de Miles davis au Cellar Door.
Le sextette de Miles est en tout cas en état de grâce: Michael Henderson joue des lignes de basse répétitives sans jamais sembler se lasser, donnant à la musique de Miles un groove puissant que ne brise plus la polyrythmie funky de Jack DeJohnette.
Mais outre la présence salutaire d'Henderson qui canalise les envolées free des groupes précédents, le groove est renforcé par un Keith Jarrett magistral, dont l'accompagnement et les solos sont ahurissants d'énergie et d'inventivité. Le trio Henderson-DeJohnette-Jarrett est une vraie turbine à groove, qui donne à la musique de Miles une puissance inédite.
Et quid des cuivres? Gary Bartz se révèle comme un très grand saxophoniste: son jeu est lumineux, et ses solos sont fantastiques, toujurs inspirés et très ancrés dans le blues avec un jeu d'alto proche de celui d'un ténor. Et Miles n'est pas en reste: il alterne entre Wah wah et trompette ouverte, et joue comme un fou.
La musique est démoniaque, le groupe est en fusion.
Le sextette est rejoint par John McLaughlin (mais le 19 décembre seulement, et non pour tous les concerts au Cellar Door). Hasard ou volonté de Miles d'enrichir la palette sonore du groupe? Sa présence fut immortalisée sur Live-Evil. Le montage de Live Evil est expliqué ici:
http://en.wikipedia.org/wiki/Live-Evil_%28Miles_Davis_album%29
McLaughlin joue évidemment de façon incroyable, avec une virtuosité inédite. Pourtant, Keith Jarrett s'est montré réservé sur sa présence, indiquant que le groupe était meilleur sans lui (cf. la bio de Ian Carr). Pour ma part, je ne trouve pas sa présence particulièrement décisive, mais il est quand même très intéressant d'entendre JML en live avec ce groupe, un des meilleurs qu'ait eu Miles.
Quoi qu'il en soit, la musique de ce coffret et fantastique. INDISPENSABLE évidemment.
Re: The Cellar Door Sessions 1970
Un coffret exceptionnel en effet. C'est clairement l'une des rééditions (très largement) augmentées les plus intéressantes de ces dernières années. Le rôle de Michael Henderson est, rétrospectivement, fondamental. En optant pour un bassiste qui, à l'origine, n'est pas jazzman, Miles permet à son style d'évoluer radicalement. On est loin des impros free des précédents albums live, enregistrés pourtant peu de temps auparavant.
Michael Henderson joue dans un style funk rock solide où le groove et la puissance l'emporte sur tout autre critère. L'orientation plus carrée de Jack Johnson est définitivement adoptée. Miles continuera dans cette voie jusqu'à sa semi-retraite.
Ces sessions sont d'autant plus importantes que Miles trouve ici l'équilibre idéal de sa formule jazz rock. En effet, les solistes sont au sommet de leur art. Miles développe son jeu à la wah wah, non pour cacher ses lacunes, mais pour explorer de nouveaux territoires car ses interventions sont toutes passionnantes. Enfin, la rythmique, largement influencée par les riffs du Band Of Gypsys de Jimi Hendrix et les syncopes de James Brown, fonctionne à plein régime.
Michael Henderson joue dans un style funk rock solide où le groove et la puissance l'emporte sur tout autre critère. L'orientation plus carrée de Jack Johnson est définitivement adoptée. Miles continuera dans cette voie jusqu'à sa semi-retraite.
Ces sessions sont d'autant plus importantes que Miles trouve ici l'équilibre idéal de sa formule jazz rock. En effet, les solistes sont au sommet de leur art. Miles développe son jeu à la wah wah, non pour cacher ses lacunes, mais pour explorer de nouveaux territoires car ses interventions sont toutes passionnantes. Enfin, la rythmique, largement influencée par les riffs du Band Of Gypsys de Jimi Hendrix et les syncopes de James Brown, fonctionne à plein régime.
Re: The Cellar Door Sessions 1970
La chronique du New York Times
A noter que les notes de pochettes sont particulièrement instructives : les musiciens reviennent tous sur l'expérience unique de ces concerts au Cellar Door. Souvent exercice imposé sans grand intérêt, ces notes s'avèrent ici passionnantes car les musiciens ne font pas dans le consensuel, appelant un chat un chat. Jack DeJohnette raconte comment Miles Davis l'a amené à prendre conscience qu'il devait jouer dans un style à la Buddy Miles, mais avec sa technique de jazzman. Michael Henderson parle des critiques défavorables, de la chance d'avoir joué avec de tels musiciens, et de la façon dont Miles dirigeait son groupe. Le plus intéressant reste peut-être l'article de Keith Jarrett. Le claviériste répond avec la virulence qu'on lui connaît aux propos que Marcus Miller tient dans le DVD Electric Miles consacré à l'île de Wight. Enfin, pour les archivistes, il y a le détail du travail d'édition de Teo Macero pour Live Evil.
A noter que les notes de pochettes sont particulièrement instructives : les musiciens reviennent tous sur l'expérience unique de ces concerts au Cellar Door. Souvent exercice imposé sans grand intérêt, ces notes s'avèrent ici passionnantes car les musiciens ne font pas dans le consensuel, appelant un chat un chat. Jack DeJohnette raconte comment Miles Davis l'a amené à prendre conscience qu'il devait jouer dans un style à la Buddy Miles, mais avec sa technique de jazzman. Michael Henderson parle des critiques défavorables, de la chance d'avoir joué avec de tels musiciens, et de la façon dont Miles dirigeait son groupe. Le plus intéressant reste peut-être l'article de Keith Jarrett. Le claviériste répond avec la virulence qu'on lui connaît aux propos que Marcus Miller tient dans le DVD Electric Miles consacré à l'île de Wight. Enfin, pour les archivistes, il y a le détail du travail d'édition de Teo Macero pour Live Evil.
Re: The Cellar Door Sessions 1970
Oui, très instructives ces notes.
Miles est clairement au sommet en 70. J'adore quand il joue de la wah wah, mais quand il arrive en trompette ouverte et qu'il balance 3-4 notes en stacatto, il démonte tout.
Henderson est plus à l'aise que lors des mois précédents, où il semble un peu intimidé et déstabilisé par les polyrythmies du groupe. J'adore le groove de la formation précédente (avec Dave Holland et Chick Corea + Jarrett), comme lors des concerts à Tanglewood ou à Wight, mais ici, la musique et plus épurée, le groupe est en parfaite symbiose, il y a une densité incroyable. DeJohnette joue en effet parfois comme Buddy Miles, et un titre comme Inamorata rappelle en effet clairement le Band Of Gypsys.
Quant à Jarrett, c'est vrai qu'il dit ce qu'il pense: "I'm sorry Marcus, but you just don't know what you're talking about". (ça rappelle ses propos sur Wynton Marsalis). Mais son jeu est fascinant, on dirait que c'est Vishnou qui joue!
J'ai eu il y a quelques temps un échange d'emails avec Gary Bartz, à qui je disais que j'adorais son jeu sur ces concerts au Cellar Door, et il m'a dit que dans toutes les formations dans lesquelles il ait joué, celle-ci était sa préférée.
Ce qui me fait dire que Cugny exagère lorsqu'il dit qu'il n'y pas eu de grand saxophonistes avec Miles entre Shorter et Liebman. Le jeu lyrique de Gary Bartz n'a rien à envier à celui de Dave Liebman: il est moins abstrait, mais il a une dynamique exceptionnelle.
Miles est clairement au sommet en 70. J'adore quand il joue de la wah wah, mais quand il arrive en trompette ouverte et qu'il balance 3-4 notes en stacatto, il démonte tout.
Henderson est plus à l'aise que lors des mois précédents, où il semble un peu intimidé et déstabilisé par les polyrythmies du groupe. J'adore le groove de la formation précédente (avec Dave Holland et Chick Corea + Jarrett), comme lors des concerts à Tanglewood ou à Wight, mais ici, la musique et plus épurée, le groupe est en parfaite symbiose, il y a une densité incroyable. DeJohnette joue en effet parfois comme Buddy Miles, et un titre comme Inamorata rappelle en effet clairement le Band Of Gypsys.
Quant à Jarrett, c'est vrai qu'il dit ce qu'il pense: "I'm sorry Marcus, but you just don't know what you're talking about". (ça rappelle ses propos sur Wynton Marsalis). Mais son jeu est fascinant, on dirait que c'est Vishnou qui joue!
J'ai eu il y a quelques temps un échange d'emails avec Gary Bartz, à qui je disais que j'adorais son jeu sur ces concerts au Cellar Door, et il m'a dit que dans toutes les formations dans lesquelles il ait joué, celle-ci était sa préférée.
Ce qui me fait dire que Cugny exagère lorsqu'il dit qu'il n'y pas eu de grand saxophonistes avec Miles entre Shorter et Liebman. Le jeu lyrique de Gary Bartz n'a rien à envier à celui de Dave Liebman: il est moins abstrait, mais il a une dynamique exceptionnelle.
Re: The Cellar Door Sessions 1970
Ce que vous dites me donne envie d'essayer ce coffret mais j'ai peur d'être décu, je n'ai pas aimé "Live Evil", "Bitches Brew" et "Big Fun" par exemple.
Re: The Cellar Door Sessions 1970
Les lives au Cellar Door n'ont plus grand chose à voir avec Bitches Brew ou Big Fun (seul Go Ahead Johnqui est sur Big Fun rappelle éventuellement ces concerts).Purple Jim a écrit:Ce que vous dites me donne envie d'essayer ce coffret mais j'ai peur d'être décu, je n'ai pas aimé "Live Evil", "Bitches Brew" et "Big Fun" par exemple.
Pour Live-Evil, il n'y a que 4 titres provenant des concerts du 19 décembre 70 au Cellar Door, et ces titres sont pour certains lourdement édités du fait du montage de Teo Macero. Or, là, tu as cette musique sans edits, et les 4 premiers CDs du coffret montrent le sextette original (sans McLaughlin donc).
Depuis que j'ai eu ce coffret, je n'écoute quasiment plus Live-Evil. Voici par exemple le disque 2:
https://www.youtube.com/results?search_query=the+cellar+door+sessions+disc2&aq=f
Re: The Cellar Door Sessions 1970
Un grand merci pour cette chronique Chino, elle m'a incité à commander ce coffret pour noël et je me le passe en boucle depuis 15 jours.
Je n'aurais jamais imaginé Jarrett (dont je ne connais que Köln et un disque en trio) aussi à l'aise dans un registre groove.
Miles est exceptionnel là-dessus!
J'en ai profité pour prendre Live-Evil et je ne trouve pas que ça fasse trop doublon vu le montage de Macero. Par contre, ce qui est étonnant ce sont les titres studio, très apaisés comparé à ce brulôt.
Je n'aurais jamais imaginé Jarrett (dont je ne connais que Köln et un disque en trio) aussi à l'aise dans un registre groove.
Miles est exceptionnel là-dessus!
J'en ai profité pour prendre Live-Evil et je ne trouve pas que ça fasse trop doublon vu le montage de Macero. Par contre, ce qui est étonnant ce sont les titres studio, très apaisés comparé à ce brulôt.
clement- Messages : 501
Date d'inscription : 16/04/2008
Re: The Cellar Door Sessions 1970
ce qui m'a toujours stupéfait depuis que j'ai découvert ce coffret, c'est à quel point en live, ce groupe se révèle être "polarisé".
autant je préfère, musicalement, le quintet de 65 parce que je préfère leur son et la synergie des musiciens qui semblent jouer de la musique comme on modèle un objet imaginaire...
autant ces plages me paraissent incarner la possibilité de créer une musique à la fois planante et perturbante
perturbante dans le bon sens du terme, c'est à dire qui perturbe les lignes, les frontières, qui fait sonner un sax jazzy avec une basse des plus groovy... sans que l'un ou l'autre des "genres" puisse s'approprier le tout...
et planante parce que (Chino le souligne très bien) elle possède cette pulsion hypnotique... pulsion qui préexiste dans bien des musiques "folklorique" et que l'on retrouve dans des productions plus contemporaines... mais là où le folklore ne semble parler (et n'être fait que...) qu'à une minorité et où les sons synthétiques semblent dépourvus de connexion réelle avec l'animosité de l'âme... ce groupe parvient à généraliser ce "beat", à le faire s'étaler comme un élastique... jouant avec... le chargeant positivement ou négativement, éludant sa tension pour mieux la faire reparaître l'instant d'après.
c'est véritablement une expérience sonore envoutante.
autant je préfère, musicalement, le quintet de 65 parce que je préfère leur son et la synergie des musiciens qui semblent jouer de la musique comme on modèle un objet imaginaire...
autant ces plages me paraissent incarner la possibilité de créer une musique à la fois planante et perturbante
perturbante dans le bon sens du terme, c'est à dire qui perturbe les lignes, les frontières, qui fait sonner un sax jazzy avec une basse des plus groovy... sans que l'un ou l'autre des "genres" puisse s'approprier le tout...
et planante parce que (Chino le souligne très bien) elle possède cette pulsion hypnotique... pulsion qui préexiste dans bien des musiques "folklorique" et que l'on retrouve dans des productions plus contemporaines... mais là où le folklore ne semble parler (et n'être fait que...) qu'à une minorité et où les sons synthétiques semblent dépourvus de connexion réelle avec l'animosité de l'âme... ce groupe parvient à généraliser ce "beat", à le faire s'étaler comme un élastique... jouant avec... le chargeant positivement ou négativement, éludant sa tension pour mieux la faire reparaître l'instant d'après.
c'est véritablement une expérience sonore envoutante.
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: The Cellar Door Sessions 1970
C'est même pas parce que ya K Jarrett dedans, mais je méconnais complètement ce disque... faut que j'aille y prêter une oreille quand même... soon !
Re: The Cellar Door Sessions 1970
si tu n'aimes pas K Jarrett, tu risques d'être surpris ^^ (même si tu aimes bien en fait ) ..; et oui ! mille fois, il faut prêter une oreille à ce coffret, vraiment bien fichu et envoûtant !
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
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