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A Tribute To Jack Johnson (1971)

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FranckyDavis
Ayler
Electric Thing
Sivad Selim
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A Tribute To Jack Johnson (1971) Empty A Tribute To Jack Johnson (1971)

Message par Ayler 16.04.08 16:21

A Tribute To Jack Johnson (1971)

A Tribute To Jack Johnson (1971) 41w1tv1u4lsu4

Face 1

1. Right Off

Face 2

1. Yesternow


L'introduction de "Right Off"... ou la preuve que la musique n'est pas une science exacte !
McLaughlin prend un shuffle en Mi, accompagné par Billy Cobham à la batterie et Michael Henderson à la basse. Dans son autobiographie, Miles précise qu'il aurait souhaité avoir Buddy Miles aux baguettes... mais celui-ci ne s'est pas présenté à la session.
En 1970, le CV de Michael Henderson était déjà impressionnant (Stevie Wonder, Marvin Gaye) mais sa présence n'en demeurait pas moins surprenante : aussi bon bassiste fut-il, il n'était pas un jazzman. Lorsque McLaughlin attaque le shuffle de "Right Off" (quel autre guitariste au monde pouvait alors jouer un shuffle pareil ?), Henderson le rejoint en Mi. Sans doute moins improvisé que ce que la légende laisse entendre, McLaughlin fait basculer "Right Off" en Si bémol, une tonalité courante pour les cuivres. Peut-être impressionné par le contexte, et sans doute troublé par les accords utilisés par McLaughlin, Michael Henderson ne se rend toutefois pas compte que la tonalité a changé : la tension est alors extrème car les deux tonalités sont très éloignées.
Ce qui aurait dû être un pain gigantesque devient contre toute attente un moment d'anthologie : Miles attaque on ne peut plus franchement un Ré, et réussit l'exploit d'être juste dans les deux tonalités (c'est la 7ème en Mi, et la tierce en Sib). Puis hurle dans les oreilles de son bassiste plusieurs Sib (la blue note en Mi !), histoire de lui faire remarquer qu'il s'est vautré comme un bleu... Ce dernier recolle. Et sans le faire exprès a contribué à l'une des intros les plus saisissantes de la carrière de Miles !


Histoire d'un riff :

Tout débute par "Sing A Simple Song", la face B de "Everyday People", un single de Sly & the Family Stone. Ce riff connait rapidement un prolongement inattendu sur l'album "Band Of Gypsys" publié par Hendrix en 1970 : "We Gotta Live Together", un titre de Buddy Miles est présenté dans une version très différente du titre que le batteur a enregistré avec le Buddy Miles Express en studio. A l'origine, Buddy Miles voulait faire un clin d'oeil au "Everyday People" de Sly & the Family Stone. Dans la version Live, Hendrix fait un autre clin d'oeil en jouant le riff de la face B, "Sing A Simple Song".

L'aventure continue avec "A Tribute To Jack Johnson", où McLaughlin joue un riff directement inspiré de celui de Sly Stone, plus compliqué encore. Il reprendra le même riff pour l'une des compositions du premier album du Mahavishnu Orchestra ("Inner Mounting Flame") : "The Noonward Race".

Le riff connaîtra un épilogue moins glorieux : on le retrouve sur l'album "You're Under Arrest" ("One Phone Call/Street Scenes"), l'un des pires de Miles, où l'on retrouve... John McLaughlin !


Revenons à la face 2 de notre album :

"Yesternow" débute sur une légère variation autour du riff de basse du "Say It Loud - I'm Black and I'm Proud" de James Brown.

De 12:25 à 13:56, Teo Macero pousse le bouchon plus loin que jamais en introduisant un extrait du "Shhh/Peaceful" présent sur "In A Silent Way" !

La partie suivante ("Willie Nelson") présente Sonny Sharrock en duo avec John McLaughlin. Non crédité (mais il n'est pas le seul : Chick Corea; Dave Holland & Jack DeJohnette ne le sont pas non plus), c'est bien lui qu'on entend utiliser l'Echoplex. Cette partie provient d'une sessions différente : celle du 18 février 1970 (de 13:56 à 23:54 selon le site Miles Ahead). On retrouve de larges extraits de cette session sur le coffret correspondant ("Willie Nelson").

Fait assez rare chez Miles, il existe une autre session consacrée à "Willie Nelson" : celle du 27 février, dont une version fut disponible sur le recueil d'inédits "Directions" publié en 1981.

L'enregistrement se termine avec la voix de Brock Peters sur un ultime montage de Teo Macero (où il ajoute un solo de Miles sur un de ses arrangements).

"I'm Jack Johnson, heavyweight champion of the world. I'm black. They never let me forget it. I'm black all right. I'll never let them forget it..."


Dernière édition par Ayler le 19.04.08 19:04, édité 1 fois
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Message par Electric Thing 17.04.08 20:54

Ayler a écrit: L'introduction de "Right Off"... ou la preuve que la musique n'est pas une science exacte !
McLaughlin prend un shuffle en Mi, accompagné par Billy Cobham à la batterie et Michael Henderson à la basse. Dans son autobiographie, Miles précise qu'il aurait souhaité avoir Buddy Miles aux baguettes... mais celui-ci ne s'est pas présenté à la session.
En 1970, le CV de Michael Henderson était déjà impressionnant (Stevie Wonder, Marvin Gaye) mais sa présence n'en demeurait pas moins surprenante : aussi bon bassiste fut-il, il n'était pas un jazzman. Lorsque McLaughlin attaque le shuffle de "Right Off" (quel autre guitariste au monde pouvait alors jouer un shuffle pareil ?), Henderson le rejoint en Mi. Sans doute moins improvisé que ce que la légende laisse entendre, McLaughlin fait basculer "Right Off" en Si bémol, une tonalité courante pour les cuivres. Peut-être impressionné par le contexte, et sans doute troublé par les accords utilisés par McLaughlin, Michael Henderson ne se rend toutefois pas compte que la tonalité a changé : la tension est alors extrème car les deux tonalités sont très éloignées.
Ce qui aurait dû être un pain gigantesque devient contre toute attente un moment d'anthologie : Miles attaque on ne peut plus franchement un Ré, et réussit l'exploit d'être juste dans les deux tonalités (c'est la 7ème en Mi, et la tierce en Sib). Puis hurle dans les oreilles de son bassiste plusieurs Sib (la blue note en Mi !), histoire de lui faire remarquer qu'il s'est vautré comme un bleu... Ce dernier recolle. Et sans le faire exprès a contribué à l'une des intros les plus saisissantes de la carrière de Miles !
Super cette explication Ayler !

Un album génial... avec la participation "surprise" de Sonny Sharrock ! Que du bonheur !
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Message par Purple Jim 07.06.08 19:45

Fabuleux ! Mon préféré avec "On The Corner".
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Message par Sivad Selim 14.08.08 12:04

Un disque de jazz rock sublime avec la gratte de Mc Laughlin qui fait vraiment penser à Jimi!!!!!!!
Je suis de retour parmi vous et bien content de retrouver enfin les coordonnées du forum...

Mr.D. (Le Retour)
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Message par FranckyDavis 02.05.09 23:19

salut

je decouvre ce site qui est genial !

pour moi cet album et un vrais chef d euvre !
je l ecoute depuis plus de 20 ans sans jamais m en lasser !
si je devais partir sur une ile deserte avec un seul disque ca serais celui la !
j adore aussi on the corner .

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Message par Electric Thing 02.05.09 23:48

Bienvenue FranckyDavis !
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Message par Ayler 02.05.09 23:50

Bienvenue !
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Message par FranckyDavis 03.05.09 0:35

merci pour votre acceuille ;-)

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Message par Purple Jim 03.05.09 0:51

FranckyDavis a écrit:…si je devais partir sur une ile deserte avec un seul disque ca serais celui la !
j adore aussi on the corner .

Mes deux préférés de Miles aussi !
Welcome aboard FD.
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Message par WillieBrown 11.01.10 0:27

Super cool l'analyse de l'intro de Right Off !
Les dix premières minutes de ce morceau sont exceptionnelles, on ne peut s'empêcher de se les écouter en boucle. La trompette de Davis est flamboyante, très inventive et nous dresse le sourire jusqu'au oreilles. Le groove basse/batterie est impeccable et ne faiblit jamais, et la guitare de JML se passe de commentaires ! La suite est un peu moins intéressante bien que jamais pénible. Au contraire de la première parite de Yesternow. Comment s'habitue à cette basse répétitive qui ne débouche sur jamais rien de concret ? Le solo de Miles n'est ni émouvant ni vraiment exaltant. La suite, WIllie Nelson, renoue avec les moments exceptionnelles du début de Right Off. Les guitares nous apportent le groove de Jupiter et sont transmises par un vaisseau extraterrestre déformant et reformant les sons mille fois au passage. Bien sûr le riff de basse est là encore soulant si l'on se prend à trop l'écouter (comment peut-on se l'enfiler pendant tout un cd dans le coffret des sessions complètes ?).
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Message par Titi 21.01.11 16:52

Je ne vais revenir sur l'album, que j'adore, mais sur Jack Johnson. Si l'album date de 1971, quelques décennies plus tôt, à l'instar de Miles Davis, il a été un personnage incontournable dans sa discipline et bien au delà. Un petit peu d'histoire...

Jack Johnson a été le premier noir champion du monde de boxe chez les poids lourds en 1908, c'est à dire dans la catégorie reine... qui était alors réservée aux blancs. Il devint ainsi un symbole très fort pour la communauté afro américaine et n’hésita pas à briser les codes de bonnes conduites que devait respecter un noir aux États-Unis à cette époque. Ainsi, il n’hésitait pas à étaler sa réussite et sa richesse, puis déchaîna un peu plus une partie de l’opinion en se mariant avec une femme blanche, ce qui le conduira d’ailleurs en prison. Adulé par les un, haï par les autres, personnage un peu "trouble" selon certains historiens, il ne laissa personne indifférent et reste un siècle plus tard une figure mythique de son sport et un personnage incontournable du début du XXe siècle.

Ainsi, on peut dire d’une certaine manière que le trompettiste a marché sur les pas du boxeur, dans le sens où lui aussi réussit à faire tomber quelques barrières, ne cessant de jouer sa musique ou de vivre selon ses propres codes. Autre détail, la boxe fut une autre des grandes passions de Miles, il s’y adonna régulièrement et raconta plus tard que c’est en grande partie grâce à sa pratique qu’il réussit à sortir de sa dépendance à l’héroïne, prenant exemple en matière de discipline sur une de ses idoles, une autre immense champion de boxe, Sugar Ray Robinson.

Avec le recul de l’histoire, la rencontre, même fictive, entre ces deux personnages que sont Jack Johnson et Miles Davis ne pouvait que produire un résultat explosif. Bref, qui d'autre que Miles Davis aurait pu rendre un plus bel hommage à Jack Johnson ?



Dernière édition par Titi le 21.01.11 19:07, édité 2 fois
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Message par clement 21.01.11 17:33

Très bel hommage de ta part en tous cas,bravo.
cheers
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Message par Titi 22.01.11 13:06

Merci !

Voici ce qu'en dit Miles Davis dans les notes de pochette :



"Can you get to that ? And of course being born black in america... we all know how that goes. The day before Johnson defended the title against Jim Flynn (1912) he received a note "Lie down tomorrow or we string you up- Ku Klu Klan." Dig that !

Johnson portrayed Freedom-it rang just as loud as the bell proclaiming him Champion. He was a fast-living man, he liked women-lots of them and most of them white. He had flashy cars because that was his thing. That's right, the big ones and the fast ones. He smoked cigars, drank only best champagne and prized at 7 ft. bass fiddle on wich he'd proudly thump jazz. His flamboyance was more than obvious. And no doubt mighty Whitey felt "No Black man should have all this." But he did and he'd flaunt it. There wasn't a "smile-smile chuggin' along" implication in his broad grin that seemed to always be on his ebony face-in other words he was putting them on ! What was a reality to Johnson was a living color nightmare for the anti-Johnson Americans who couldn't get ready for his truly sophisticated attitude." And the more they hated him, the more money he made, the more women he got and the more wine he drank. "Hate is the opposite of Love and both gain momentum." He won all his fights, when he wanted and how he wanted-including "The Great White Hope" Jim Jeffries on July 4, 1910. On July 5 th they got in on with a riot-that's right, fire, at least ten dead, and the later (1911) Congressional law barring fight films from interstate commerce.

After his high society white wife commited suicide in a cafe he owned in Chicago, Johnson married another white woman-it was no coincidence. But one could question the frame-up he faced. I mean, Jack Johnson being convicted of violating the "White Slavery Act" and being sentenced to a year and a day emprisonment... But exiled to Paris with joy-and as usual "Very Grand". It had to be Europe and they say he had a pet leopard he'd walk while drinking champagne with crowd following.

Dig this-The fight he lost (1915) in Havana was rumored to be thrown-Jack Jonhson died like he lived-in a fast car (1946-age 68).

The music on this album speaks for itself ! But dig the guitar and the bass. They are "Far-In" and so is the producer Teo Macero. He did it again !"

Miles Davis (1971)


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