Blood On The Tracks (1975)
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Blood On The Tracks (1975)
Face 1
1. Tangled Up In Blue - 5:42
2. Simple Twist Of Fate - 4:19
3. You're A Big Girl Now - 4:36
4. Idiot Wind - 7:49
5. You're Gonna Make Me Lonesome When You Go - 2:55
Face 2
1. Meet Me In The Morning - 4:22
2. Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts - 8:53
3. If You See Her, Say Hello - 4:49
4. Shelter From the Storm - 5:02
5. Buckets Of Rain - 3:22
Michel a écrit:35 ans que ce disque est sorti, 35 ans qu’il hante les nuits de tous les dylanophiles de l’univers, comme un renaissance, un acte majeur, un renouveau.
Après ce disque l’histoire sera sans fin
Sortant d’une période créative forte qui l’a consacré comme porte-parole d’une génération, Dylan s’enferme dans un mutisme interminable depuis New Morning en 1970.
La bande son de Pat Garrett & Billy the Kid, western énigmatique de Sam Peckinpah où il joue Alias, rôle écrit sur mesure pour lui, annonce un retour de l’homme sous les projecteurs, suivi de Planet Wawes, album en demi-teinte et Before the Flood un live.
Mais, en 1975 sous une pochette qui le fait ressembler à Chopin où à un artiste du XIXème sort Blood On the Tracks, le titre fait référence / hommage au western mais…
Mais le disque débute par une des plus grandes chansons de Dylan Tangled Up In Blue, sous un accompagnement dépouillé, la guitare sèche mise en avant et Bob qui éructe les paroles, les psalmodie. Long poème électrique à multiples entrés tout à fait typique de l’écriture de Dylan
Premier titre et dès la première écoute on sent le chef d’œuvre, la Masterpiece
Simple Twist Of Fate qui lui succède ne dépare pas. La musique finalement peu électrique, porte pourtant une urgence, une folie, un rythme totalement obsédant semblant pousser le chanteur dans les contrées que lui-même ne soupçonnent pas. C’es tune histoire d’amour superbe
He woke up, the room was bare
He didn't see her anywhere.
He told himself he didn't care, pushed the window open wide,
Felt an emptiness inside to which he just could not relate
Brought on by a simple twist of fate.
Il se leva dans la chambre déserte,
Nulle part, il ne la vit.
En se disant qu'il s'en fichait, il ouvrit grand la fenêtre,
Un vide l'envahit auquel il ne put se rattacher
Apporté par un simple coup du destin
You’re a Big Girl Now chanson sur le temps qui passe
Idiot Wind immense poème de près de huit minutes où les inflexions de voix sur Sweet Lady font frissonner, encore une longue suite porté par le chant halluciné de Dylan, mixé très en avant. Jamais Dylan n’a chanté aussi bien dans cette urgence, cette façon de lancer les phrases comme si sa vie en dépendait,
Woke up on the roadside, daydreamin' 'bout the way things sometimes are
Visions of your chestnut mare shoot through my head and are makin' me see stars.
You hurt the ones that I love best and cover up the truth with lies.
One day you'll be in the ditch, flies buzzin' around your eyes,
Blood on your saddle
Je m'éveillai sur le bas-côté, rêvassant à la manière dont les choses se passent quelques fois
Des visions de ta jument claire me jaillissent à travers la tête et me font voir des étoiles.
Tu blesses ceux que j'aime le plus et couvres la vérité de mensonges.
Un jour tu seras dans la fosse, des mouches à vrombir sur tes yeux,
Du sang sur ta selle
Dans ce texte le vent sert d’allégorie pour exprimer les humeurs du narrateur
You’re Gonna Make me Lonesome When you Go avec son intro à l’harmonica retrouve les accents de l’«ancien Dylan» le chant est moins possédé, moins urgent
Meet me In the Morning démarre à la guitare acoustique mais le chant est poignant
Lily, Rosemary and the Jack of Hearts encore un long titre de près de neuf minutes, dans une construction que reprendra souvent Springsteen avec une succession d’images qui rien ne semblent relier ensemble mais qui au final constitue un ensemble cohérent
If you see her,say hello, encore une chanson sur un amour passé, ses regrets…
We had a falling-out, like lovers often will
And to think of how she left that night, it still brings me a chill
And though our separation, it pierced me to the heart
She still lives inside of me, we've never been apart
Nous avons eu un passage à vide, comme souvent en ont les amants
Mais de penser à la manière dont elle m’a quitté cette nuit-là, ça me fait encore frissoner
Et bien que notre séparation m’ait transpercé le cœur,
Elle vit encore en moi, nous n’avons jamais été séparés.
Shleter fron the Storm, encore l’histoire d’un amour contrarié par la loi, le sautres, ici la femme est un refuge, un moyen d‘échapper au monde….
Well, the deputy walks on hard nails and the preacher rides a mount
But nothing really matters much, it's doom alone that counts
And the one-eyed undertaker, he blows a futile horn.
"Come in," she said,
"I'll give you shelter from the storm."
Le shérif adjoint marche sur des clous et le prêcheur grimpe une monture
Mais rien n'a vraiment d'importance, seule compte la damnation
Et le croque-mort borgne, il souffle de son cor futile.
"Entre", dit-elle,
"Je t'abriterai de l'orage
Buckets of Rain qui clot le disque semble un peu fiable après ce déluge de poésie.
Blood on the Tracks est l’album charnière qui ouvre une période faste, avec le lancement de la RollIng Thunder Revue, la commercialisation des fameuses Basements tapes avec The Band et als ortie en 1976 de Desire. Ce disque sent la poudre, la sueur, l’urgence, le cri trop étouffé d’un poète fabuleux qui décide de reprendre sa place dans l’univers du rock et qui pour ses retrouvailles sort un chef d’œuvre.
Encensé à sa sortie, disque référence Blood On the Tracks est un pur manifeste dylanien refondateur de l’identité artistique de l’auteur, qui même s’il n’atteint pas en impact Higway 61 ou Blonde On Blonde se situe dans leur lignée.
Désolé pour la longueur, mais difficile d’évoquer DYLAN sans ses textes !
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Ayler's Music
Re: Blood On The Tracks (1975)
Je me permets d'ajouter la chronique parue dans le numéro de Crossroads consacré à 50 "albums mythiques".
BOB DYLAN
Blood on the Tracks
Columbia 512350
32 ans après sa sortie le 20 janvier 1975, Blood on the Tracks reste l’un des grands albums de Dylan, au même titre que Blonde on Blonde ou Highway 61 Revisited. Ce disque a été réalisé très rapidement. Après sa tournée du début 1974 avec le Band immortalisée sur Before the Flood, il retourne à New York et suit les cours d’art de Norman Raeben, une rencontre dont l’influence sera décisive pour l’écriture de Dylan. «Raeben m’a appris à voir d’une façon qui me permettait de faire consciemment ce que je ressentais inconsciemment Je n’avais jamais écrit de cette façon. Quand j’ai commencé, ça a donné Blood on the Tracks. La différence, c’est le code des paroles et le fait qu’il n’y a pas de notion de temps», déclare-t-il en 1978. Toutes les chansons ont été écrites pendant l’été 74, dans sa propriété du Minnesota, à deux pas de chez son frère David, loin de Sara restée en Californie et souvent en compagnie d’Ellen Bernstein, jeune cadre du label Columbia (l’énigmatique Ashtabula de «You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go» est sa ville natale dans l’Ohio). Début août, il signe avec Columbia, refermant la parenthèse Asylum concrétisée par Planet Waves et Before the Flood (1974). Sans perdre de temps, Dylan entre en studio à New York. Phil Ramone, producteur de renom, est aux manettes et forme un groupe autour d’Eric Weissberg, auteur de «Dueling Banjos». Weissberg convoque Richard Crooks (batterie), Thomas McFaul (claviers), Charlie Brown III (guitare) et Tony Brown (basse). Les séances sont difficiles, Dylan n’utilisant aucune partition, ne donnant aucune indication aux musiciens. Pour arranger le tout, Dylan joue en Open D dans des doigtés particulièrement difficiles à suivre… Mais peu importe le côté parfois bancal, Dylan privilégie l’immédiateté à l’exactitude (les boutons de la veste qui claquent sur la guitare lors de la première prise de «Tangled up in Blue»), se concentrant uniquement sur les chansons. Les séances ont lieu les 16, 17, 19 et 24 septembre, en groupe ou avec Tony Brown, Paul Griffin aux claviers et Buddy Cage dont on entend la pedal steel guitar sur «Meet me in the Morning». Outre la tracklist officielle, Dylan enregistre «Up to Me» sur une variation de «Shelter from the Storm» (publié officiellement sur Biograph), ainsi que «Call Letter Blues» (The Bootleg Series 1-3 1961/1991). Fin septembre, Blood on the Tracks est dans la boîte et les responsables de Columbia cochent le 4 janvier 1975 comme date de remise des masters à l’usine de pressage. Les fêtes de fin d’année se préparent bien en famille dans le Minnesota où Bob fait écouter l’acétate à son frère David. Sceptique, celui-ci lui propose de ré-enregistrer quelques chansons avec des musiciens du cru. Dylan accepte et le petit frère monte un groupe formé de Kevin Odegard (guitare), Gregg Inhofer (claviers), Chris Weber (guitare), Bill Peterson (basse) et Billy Berg (batterie). Ces séances débutent sous de meilleurs auspices, Dylan montrant les plans de «Idiot Wind» à Kevin Odegard chargé de faire le lien avec le groupe. Contrairement aux sessions de New York où les relations avec les musiciens semblent avoir été difficiles — notamment avec Buddy Cage, guère habitué à refaire dix fois la même prise sans la moindre explication —, Dylan s’entend bien avec les nouveaux musiciens. Il apprécie le Fa# au piano que Gregg Inhofer plaque sur le Ré de son orgue («You're a Big Girl Now») et quand Kevin Odegard qualifie de passable la version new-yorkaise de «Tangled Up in Blue», Dylan, loin de le foutre dehors, lui demande de préciser. Odegard lui suggère de jouer en Sol et non en Mi, voire même de mettre un capo à la deuxième case pour donner encore plus de brillance au morceau. L’option validée oblige Bob à chanter plus haut. Dylan effectue pas mal d’overdubs, rajoutant une 12 cordes sur «You're a Big Girl Now», doublant la mandoline de Peter Ostroushko sur «If You See Her, Say Hello» et insérant une guitare «flamenco» sur «You're a Big Girl Now» et «If You See Her, Say Hello». Lors des sessions des 27 et 30 décembre 1974, Dylan enregistre «Idiot Wind», «You’re a Big Girl Now», «Tangled up in Blue», «Lily, Rosemary and the Jack of Hearts» et «If You see Her, Say Hello», soit la moitié de ce très acoustique album où l’harmonica est omniprésent.
Les spécialistes ont disserté à loisir sur l’écriture de Dylan. Disons simplement que BOTT semble être en grande partie consacré à sa rupture avec Sara. C’est patent dans «You’re a Big Girl Now» (“I'm going out of my mind/With a pain that stops and starts/Like a corkscrew to my heart/Ever since we've been apart”) et dans cet «Idiot Wind» tout nappé d’orgue (“You're an idiot, babe/It's a wonder that you still know how to breathe”). «Simple Twist of Fate» est également un modèle de narration qui donnera lieu à de nombreuses variations sur scène. Cabrel a bien compris la complexité de l’écriture dylanienne, tentant en vain pendant 30 ans d’adapter «Shelter from the Storm» pour y parvenir en 2005 avec «S’Abriter de l’Orage». «Tangled up in Blue» est considéré comme l’une des meilleures chansons de Dylan pour son côté narratif original qui défie le temps, l’histoire se déroulant à la fois dans le passé et dans le présent. Parfaite illustration de son expérience avec Norman Raeben, Dylan considère «TuiB» comme un tableau que l’on peut regarder dans son ensemble ou en détail. Avec en conclusion, cette véritable profession de foi : “But me, I'm still on the road/Headin' for another joint/We always did feel the same, we just saw it from a different point of view”). Outre les poètes (Verlaine, Rimbaud et Dante, “an Italian poet from the thirteenth century”), on notera moult références aux Éléments, du premier vers de «TuiB» (« Early one mornin’ the sun was shinin’ ») à «Buckets of Rain» en passant par «Shelter from the Storm» et au bulletin météo de «You’re a Big Girl Now» (“A change in the weather is known to be extreme”). Le voilà donc, le flood annoncé.
Forcément, les musiciens new-yorkais ont moyennement apprécié les enregistrements du Midwest. «Je pense vraiment que ce que Paul Griffin et moi-même avons fait le 19 septembre était bien supérieur à la version officielle», regrette le bassiste new-yorkais Tony Brown. «Rien ne peut approcher notre version de «Idiot Wind». Je me revois sortir du studio et dire à tout le monde combien les nouveaux morceaux étaient géniaux». Certaines prises de NYC et Minneapolis figurent sur Biograph ou Bootleg Series 1-3 et sur de nombreux bootlegs pressés à partir des acétates new-yorkais — ce qui ne doit guère réconforter Tony Brown ! Pour sa part, le combo de Minneapolis n’a jamais été crédité, malgré les promesses de Columbia de rectifier le tir en cas de réédition. 35 ans et plus de trois millions d’exemplaires plus tard, seuls les noms de Tony Brown, Buddy Cage, Paul Griffin et Eric Weissberg & Delivrance figurent encore sur la pochette…
Pour découvrir ce disque majeur (n°12 au classement des « 100 meilleurs albums de la période 1967-1987 » et 16ème des «500 meilleurs albums de tous les temps» selon Rolling Stone), le plus simple reste de l’écouter. Pour en savoir vraiment beaucoup plus, on se reportera à l’ouvrage A Simple Twist of Fate, Bob Dylan and the Making of Blood on the Tracks de Andy Gill & Kevin Odegard (Da Capo Press), ainsi qu’au site officiel www.bobdylan.com et à l’incontournable www.dylanchords.com
Jacques-Eric Legarde
BOB DYLAN
Blood on the Tracks
Columbia 512350
32 ans après sa sortie le 20 janvier 1975, Blood on the Tracks reste l’un des grands albums de Dylan, au même titre que Blonde on Blonde ou Highway 61 Revisited. Ce disque a été réalisé très rapidement. Après sa tournée du début 1974 avec le Band immortalisée sur Before the Flood, il retourne à New York et suit les cours d’art de Norman Raeben, une rencontre dont l’influence sera décisive pour l’écriture de Dylan. «Raeben m’a appris à voir d’une façon qui me permettait de faire consciemment ce que je ressentais inconsciemment Je n’avais jamais écrit de cette façon. Quand j’ai commencé, ça a donné Blood on the Tracks. La différence, c’est le code des paroles et le fait qu’il n’y a pas de notion de temps», déclare-t-il en 1978. Toutes les chansons ont été écrites pendant l’été 74, dans sa propriété du Minnesota, à deux pas de chez son frère David, loin de Sara restée en Californie et souvent en compagnie d’Ellen Bernstein, jeune cadre du label Columbia (l’énigmatique Ashtabula de «You’re Gonna Make Me Lonesome When You Go» est sa ville natale dans l’Ohio). Début août, il signe avec Columbia, refermant la parenthèse Asylum concrétisée par Planet Waves et Before the Flood (1974). Sans perdre de temps, Dylan entre en studio à New York. Phil Ramone, producteur de renom, est aux manettes et forme un groupe autour d’Eric Weissberg, auteur de «Dueling Banjos». Weissberg convoque Richard Crooks (batterie), Thomas McFaul (claviers), Charlie Brown III (guitare) et Tony Brown (basse). Les séances sont difficiles, Dylan n’utilisant aucune partition, ne donnant aucune indication aux musiciens. Pour arranger le tout, Dylan joue en Open D dans des doigtés particulièrement difficiles à suivre… Mais peu importe le côté parfois bancal, Dylan privilégie l’immédiateté à l’exactitude (les boutons de la veste qui claquent sur la guitare lors de la première prise de «Tangled up in Blue»), se concentrant uniquement sur les chansons. Les séances ont lieu les 16, 17, 19 et 24 septembre, en groupe ou avec Tony Brown, Paul Griffin aux claviers et Buddy Cage dont on entend la pedal steel guitar sur «Meet me in the Morning». Outre la tracklist officielle, Dylan enregistre «Up to Me» sur une variation de «Shelter from the Storm» (publié officiellement sur Biograph), ainsi que «Call Letter Blues» (The Bootleg Series 1-3 1961/1991). Fin septembre, Blood on the Tracks est dans la boîte et les responsables de Columbia cochent le 4 janvier 1975 comme date de remise des masters à l’usine de pressage. Les fêtes de fin d’année se préparent bien en famille dans le Minnesota où Bob fait écouter l’acétate à son frère David. Sceptique, celui-ci lui propose de ré-enregistrer quelques chansons avec des musiciens du cru. Dylan accepte et le petit frère monte un groupe formé de Kevin Odegard (guitare), Gregg Inhofer (claviers), Chris Weber (guitare), Bill Peterson (basse) et Billy Berg (batterie). Ces séances débutent sous de meilleurs auspices, Dylan montrant les plans de «Idiot Wind» à Kevin Odegard chargé de faire le lien avec le groupe. Contrairement aux sessions de New York où les relations avec les musiciens semblent avoir été difficiles — notamment avec Buddy Cage, guère habitué à refaire dix fois la même prise sans la moindre explication —, Dylan s’entend bien avec les nouveaux musiciens. Il apprécie le Fa# au piano que Gregg Inhofer plaque sur le Ré de son orgue («You're a Big Girl Now») et quand Kevin Odegard qualifie de passable la version new-yorkaise de «Tangled Up in Blue», Dylan, loin de le foutre dehors, lui demande de préciser. Odegard lui suggère de jouer en Sol et non en Mi, voire même de mettre un capo à la deuxième case pour donner encore plus de brillance au morceau. L’option validée oblige Bob à chanter plus haut. Dylan effectue pas mal d’overdubs, rajoutant une 12 cordes sur «You're a Big Girl Now», doublant la mandoline de Peter Ostroushko sur «If You See Her, Say Hello» et insérant une guitare «flamenco» sur «You're a Big Girl Now» et «If You See Her, Say Hello». Lors des sessions des 27 et 30 décembre 1974, Dylan enregistre «Idiot Wind», «You’re a Big Girl Now», «Tangled up in Blue», «Lily, Rosemary and the Jack of Hearts» et «If You see Her, Say Hello», soit la moitié de ce très acoustique album où l’harmonica est omniprésent.
Les spécialistes ont disserté à loisir sur l’écriture de Dylan. Disons simplement que BOTT semble être en grande partie consacré à sa rupture avec Sara. C’est patent dans «You’re a Big Girl Now» (“I'm going out of my mind/With a pain that stops and starts/Like a corkscrew to my heart/Ever since we've been apart”) et dans cet «Idiot Wind» tout nappé d’orgue (“You're an idiot, babe/It's a wonder that you still know how to breathe”). «Simple Twist of Fate» est également un modèle de narration qui donnera lieu à de nombreuses variations sur scène. Cabrel a bien compris la complexité de l’écriture dylanienne, tentant en vain pendant 30 ans d’adapter «Shelter from the Storm» pour y parvenir en 2005 avec «S’Abriter de l’Orage». «Tangled up in Blue» est considéré comme l’une des meilleures chansons de Dylan pour son côté narratif original qui défie le temps, l’histoire se déroulant à la fois dans le passé et dans le présent. Parfaite illustration de son expérience avec Norman Raeben, Dylan considère «TuiB» comme un tableau que l’on peut regarder dans son ensemble ou en détail. Avec en conclusion, cette véritable profession de foi : “But me, I'm still on the road/Headin' for another joint/We always did feel the same, we just saw it from a different point of view”). Outre les poètes (Verlaine, Rimbaud et Dante, “an Italian poet from the thirteenth century”), on notera moult références aux Éléments, du premier vers de «TuiB» (« Early one mornin’ the sun was shinin’ ») à «Buckets of Rain» en passant par «Shelter from the Storm» et au bulletin météo de «You’re a Big Girl Now» (“A change in the weather is known to be extreme”). Le voilà donc, le flood annoncé.
Forcément, les musiciens new-yorkais ont moyennement apprécié les enregistrements du Midwest. «Je pense vraiment que ce que Paul Griffin et moi-même avons fait le 19 septembre était bien supérieur à la version officielle», regrette le bassiste new-yorkais Tony Brown. «Rien ne peut approcher notre version de «Idiot Wind». Je me revois sortir du studio et dire à tout le monde combien les nouveaux morceaux étaient géniaux». Certaines prises de NYC et Minneapolis figurent sur Biograph ou Bootleg Series 1-3 et sur de nombreux bootlegs pressés à partir des acétates new-yorkais — ce qui ne doit guère réconforter Tony Brown ! Pour sa part, le combo de Minneapolis n’a jamais été crédité, malgré les promesses de Columbia de rectifier le tir en cas de réédition. 35 ans et plus de trois millions d’exemplaires plus tard, seuls les noms de Tony Brown, Buddy Cage, Paul Griffin et Eric Weissberg & Delivrance figurent encore sur la pochette…
Pour découvrir ce disque majeur (n°12 au classement des « 100 meilleurs albums de la période 1967-1987 » et 16ème des «500 meilleurs albums de tous les temps» selon Rolling Stone), le plus simple reste de l’écouter. Pour en savoir vraiment beaucoup plus, on se reportera à l’ouvrage A Simple Twist of Fate, Bob Dylan and the Making of Blood on the Tracks de Andy Gill & Kevin Odegard (Da Capo Press), ainsi qu’au site officiel www.bobdylan.com et à l’incontournable www.dylanchords.com
Jacques-Eric Legarde
Re: Blood On The Tracks (1975)
Merci de nous faire partager ta chronique.
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