Alice And John Coltrane : Cosmic Music (1968)
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Alice And John Coltrane : Cosmic Music (1968)
Alice And John Coltrane : Cosmic Music (1968)
Face 1
1. Manifestation (John Coltrane) - 11:38
2. Lord, Help Me To Be (Alice Coltrane) - 7:30
Face 2
1. Reverend King (John Coltrane) - 11:02
2. The Sun (Alice Coltrane) - 4:04
Session du 2 février 1966 - San Francisco ("Manifestation" et "Reverend King") :
John Coltrane - saxophone ténor, clarinette basse (sur "Reverend King"), percussions, invocation (sur "Reverend King")
Pharoah Sanders - saxophone ténor, piccolo (sur "Manifestation"), tambourin, invocation (sur "Reverend King")
Alice Coltrane - piano
Jimmy Garrison - contrebasse
Rashied Ali - batterie
Ray Appleton - percussions
Session du 29 janvier 1968 - New York ("Lord, Help Me To Be" et "The Sun") :
Alice Coltrane - piano
Pharoah Sanders - saxophone ténor (sur "Lord, Help Me To Be"), flûte (à peine audible, sur ""The Sun")
Jimmy Garrison - contrebasse
Ben Riley - batterie
De tous les albums officiels de la période Impulse! de John Coltrane, "Cosmic Music" est le plus rare. L'import japonais publié dans les années 90 étant désormais épuisé, "Cosmic Music" est en effet indisponible. Publié à l'origine par la Coltrane Recording Corporation en 1968, "Cosmic Music" ne sera réédité par Impulse! que dans un second temps. Il est intéressant de noter que seule la seconde session est produite par Bob Thiele : c'est John Coltrane lui-même qui produit la séance de 1966. Peut-être voulait-il alors prendre ses distances avec le célèbre label ?
"Cosmic Music" est l'un des premiers albums post mortem de John Coltrane... et il laissait présager le pire : John n'est présent que sur la moitié des titres, le reste provenant d'une séance ultérieure de deux ans. Outre Alice, la présence de Pharoah Sanders et de Jimmy Garrison donne certes une certaine unité à l'album, mais les deux plages signées Alice Coltrane sont presque anecdotiques vis-à-vis de la session du 2 février 1966, historique - et pourtant massacrée par une gestion discographique catastrophique.
Historique, la session l'est pour une raison très simple : c'était la première fois que John rentrait en studio depuis les départs (très rapprochés) de McCoy Tyner et d'Elvin Jones, remplacés respectivement par Alice Coltrane et Rashied Ali. Ce changement de personnel est capital : John est désormais entouré de musiciens évoluant dans la New Thing, avec pour conséquence directe une musique plus free encore que celle produite fin 1965.
"Cosmic Music" ne livre malheureusement qu'une partie de la session : "Peace on Earth" et "Leo" ne seront publiés qu'en 1972, sur l'album "Infinity", le plus controversé de tous albums post mortem de John. A l'image de ce que fera Alan Douglas avec Jimi Hendrix en 1975, Alice a effacé certains des musiciens originaux tout en ajoutant des overdubs inutiles, dénaturant complètement les enregistrements de John. Ce faisant, Alice Coltrane se mit à dos critiques et amateurs du saxophoniste. Si "Peace On Earth" sera publié dans une version non altérée sur le recueil d'inédits "Jupiter Variation" (voire seulement moins altérée - Charlie Haden est crédité alors qu'il n'a pas joué avec Coltrane en 1966), la version non altérée de "Leo" reste à ce jour inédite.
Selon David Wild, il existerait des preuves convaincantes du fait qu'en réalité, "Manifestation" serait un extrait de la version complète de "Leo" enregistrée ce jour-là. La présence d'un cut manifeste sur "Manifestation" (à 10:04) va d'ailleurs dans ce sens : peut-être est-ce la reprise du thème par le groupe qui a été éditée ?
Enregistré au Coast Recorders de San Francisco, la qualité audio est sensiblement moins bonne qu'au studio de Rudy Van Gelder. L'import japonais mentionne que les défauts perceptibles (sifflement, distorsion) sont présents sur l'enregistrement analogique original. Plus que la prise de son, qui reste tout à fait honnête, c'est peut-être le mixage qui laisse à désirer : le tambourin de Pharoah Sanders est bien trop en avant à mon sens.
Issu ou non de "Leo", "Manifestation" débute par une introduction tout à fait saisissante de John au ténor. Il joue avec une violence peut-être encore supérieure à celle de ses enregistrements de 1965, reprenant à son compte les influences d'Albert Ayler et de Pharoah Sanders - les notes s'effacent au profit de véritables hurlements. Un peu plus de deux minutes plus tard, Pharoah prend un solo de piccolo... instrument sur lequel il ne me convainc guère. Coltrane repart en solo à 7:40 - sur les mêmes bases qu'en début de titre. Autant dire que lorsque Pharoah le rejoint une minute plus tard, au ténor cette fois-ci, les mots semblent dérisoires pour décrire ce qui se passe...
« Eric Dolphy, l'ami intime de Coltrane, était décédé à Berlin le 29 juin 1964 des suites de complications diabétiques. La mère de Dolphy ayant alors donné à John sa clarinette basse et sa flûte, il se sentait un devoir particulier de travailler ces instruments. Il joua de la clarinette basse en hommage à une autre de ses figures inspiratrices dans "Reverend King", et pris la flûte sur "To Be" en 1967. »
— Lewis Porter, In Coltrane - Sa vie, sa musique
"Reverend King" (hommage à Martin Luther King… de John ou d’Alice ?) débute et se clôt par un "A-um-ma-ni-pad-me-hum" chanté par Coltrane et d'autres membres du groupe. Mais ce qui rend cette plage passionnante, c'est bien sûr le fait que John y joue de la clarinette basse.
L'exposé du thème, joué par John au ténor, est presque serein – mais Pharoah perturbe vite le climat en jouant complètement free. La ballade initiale vire rapidement à la fusion thermonucléaire. John prend la relève à la clarinette basse, dans un style fort peu académique. Il alterne notes hurlées dans les aigus et basses où l'on reconnaît le timbre de l'instrument, d'une telle façon qu'on a par moments le sentiment d'entendre deux instruments différents, tant les sonorités sont contrastées. John revient à des sonorités plus douces lorsqu'il reprend le thème, à la clarinette basse cette fois-ci.
Une expérience unique (en faisant abstraction de la version altérée de "Leo" sur "Infinity").
Les deux titres d'Alice sont contemporains des sessions du premier album d'Alice Coltrane en tant que leader, "A Monastic Trio". Contrairement aux titres de John, ils sont disponibles sur la réédition CD de cet album.
"Lord, Help Me to Be" tranche singulièrement avec la session de 1966 : Jimmy Garrison joue une ligne de basse évoquant le John Coltrane du début des années 60. La pulsation est de retour, pour un résultat nettement moins free, qui reste d'un bon niveau, notamment grâce au solo de Pharoah Sanders.
"The Sun" s'ouvre par une prière de John ("May there be peace, and love, and perfection, on all creations, Oh God")... mais continue par un solo d'Alice où l'on entend la flûte de Pharoah au loin...
La pochette originale de l'album ?
Face 1
1. Manifestation (John Coltrane) - 11:38
2. Lord, Help Me To Be (Alice Coltrane) - 7:30
Face 2
1. Reverend King (John Coltrane) - 11:02
2. The Sun (Alice Coltrane) - 4:04
Session du 2 février 1966 - San Francisco ("Manifestation" et "Reverend King") :
John Coltrane - saxophone ténor, clarinette basse (sur "Reverend King"), percussions, invocation (sur "Reverend King")
Pharoah Sanders - saxophone ténor, piccolo (sur "Manifestation"), tambourin, invocation (sur "Reverend King")
Alice Coltrane - piano
Jimmy Garrison - contrebasse
Rashied Ali - batterie
Ray Appleton - percussions
Session du 29 janvier 1968 - New York ("Lord, Help Me To Be" et "The Sun") :
Alice Coltrane - piano
Pharoah Sanders - saxophone ténor (sur "Lord, Help Me To Be"), flûte (à peine audible, sur ""The Sun")
Jimmy Garrison - contrebasse
Ben Riley - batterie
De tous les albums officiels de la période Impulse! de John Coltrane, "Cosmic Music" est le plus rare. L'import japonais publié dans les années 90 étant désormais épuisé, "Cosmic Music" est en effet indisponible. Publié à l'origine par la Coltrane Recording Corporation en 1968, "Cosmic Music" ne sera réédité par Impulse! que dans un second temps. Il est intéressant de noter que seule la seconde session est produite par Bob Thiele : c'est John Coltrane lui-même qui produit la séance de 1966. Peut-être voulait-il alors prendre ses distances avec le célèbre label ?
"Cosmic Music" est l'un des premiers albums post mortem de John Coltrane... et il laissait présager le pire : John n'est présent que sur la moitié des titres, le reste provenant d'une séance ultérieure de deux ans. Outre Alice, la présence de Pharoah Sanders et de Jimmy Garrison donne certes une certaine unité à l'album, mais les deux plages signées Alice Coltrane sont presque anecdotiques vis-à-vis de la session du 2 février 1966, historique - et pourtant massacrée par une gestion discographique catastrophique.
Historique, la session l'est pour une raison très simple : c'était la première fois que John rentrait en studio depuis les départs (très rapprochés) de McCoy Tyner et d'Elvin Jones, remplacés respectivement par Alice Coltrane et Rashied Ali. Ce changement de personnel est capital : John est désormais entouré de musiciens évoluant dans la New Thing, avec pour conséquence directe une musique plus free encore que celle produite fin 1965.
"Cosmic Music" ne livre malheureusement qu'une partie de la session : "Peace on Earth" et "Leo" ne seront publiés qu'en 1972, sur l'album "Infinity", le plus controversé de tous albums post mortem de John. A l'image de ce que fera Alan Douglas avec Jimi Hendrix en 1975, Alice a effacé certains des musiciens originaux tout en ajoutant des overdubs inutiles, dénaturant complètement les enregistrements de John. Ce faisant, Alice Coltrane se mit à dos critiques et amateurs du saxophoniste. Si "Peace On Earth" sera publié dans une version non altérée sur le recueil d'inédits "Jupiter Variation" (voire seulement moins altérée - Charlie Haden est crédité alors qu'il n'a pas joué avec Coltrane en 1966), la version non altérée de "Leo" reste à ce jour inédite.
Selon David Wild, il existerait des preuves convaincantes du fait qu'en réalité, "Manifestation" serait un extrait de la version complète de "Leo" enregistrée ce jour-là. La présence d'un cut manifeste sur "Manifestation" (à 10:04) va d'ailleurs dans ce sens : peut-être est-ce la reprise du thème par le groupe qui a été éditée ?
Enregistré au Coast Recorders de San Francisco, la qualité audio est sensiblement moins bonne qu'au studio de Rudy Van Gelder. L'import japonais mentionne que les défauts perceptibles (sifflement, distorsion) sont présents sur l'enregistrement analogique original. Plus que la prise de son, qui reste tout à fait honnête, c'est peut-être le mixage qui laisse à désirer : le tambourin de Pharoah Sanders est bien trop en avant à mon sens.
Issu ou non de "Leo", "Manifestation" débute par une introduction tout à fait saisissante de John au ténor. Il joue avec une violence peut-être encore supérieure à celle de ses enregistrements de 1965, reprenant à son compte les influences d'Albert Ayler et de Pharoah Sanders - les notes s'effacent au profit de véritables hurlements. Un peu plus de deux minutes plus tard, Pharoah prend un solo de piccolo... instrument sur lequel il ne me convainc guère. Coltrane repart en solo à 7:40 - sur les mêmes bases qu'en début de titre. Autant dire que lorsque Pharoah le rejoint une minute plus tard, au ténor cette fois-ci, les mots semblent dérisoires pour décrire ce qui se passe...
« Eric Dolphy, l'ami intime de Coltrane, était décédé à Berlin le 29 juin 1964 des suites de complications diabétiques. La mère de Dolphy ayant alors donné à John sa clarinette basse et sa flûte, il se sentait un devoir particulier de travailler ces instruments. Il joua de la clarinette basse en hommage à une autre de ses figures inspiratrices dans "Reverend King", et pris la flûte sur "To Be" en 1967. »
— Lewis Porter, In Coltrane - Sa vie, sa musique
"Reverend King" (hommage à Martin Luther King… de John ou d’Alice ?) débute et se clôt par un "A-um-ma-ni-pad-me-hum" chanté par Coltrane et d'autres membres du groupe. Mais ce qui rend cette plage passionnante, c'est bien sûr le fait que John y joue de la clarinette basse.
L'exposé du thème, joué par John au ténor, est presque serein – mais Pharoah perturbe vite le climat en jouant complètement free. La ballade initiale vire rapidement à la fusion thermonucléaire. John prend la relève à la clarinette basse, dans un style fort peu académique. Il alterne notes hurlées dans les aigus et basses où l'on reconnaît le timbre de l'instrument, d'une telle façon qu'on a par moments le sentiment d'entendre deux instruments différents, tant les sonorités sont contrastées. John revient à des sonorités plus douces lorsqu'il reprend le thème, à la clarinette basse cette fois-ci.
Une expérience unique (en faisant abstraction de la version altérée de "Leo" sur "Infinity").
Les deux titres d'Alice sont contemporains des sessions du premier album d'Alice Coltrane en tant que leader, "A Monastic Trio". Contrairement aux titres de John, ils sont disponibles sur la réédition CD de cet album.
"Lord, Help Me to Be" tranche singulièrement avec la session de 1966 : Jimmy Garrison joue une ligne de basse évoquant le John Coltrane du début des années 60. La pulsation est de retour, pour un résultat nettement moins free, qui reste d'un bon niveau, notamment grâce au solo de Pharoah Sanders.
"The Sun" s'ouvre par une prière de John ("May there be peace, and love, and perfection, on all creations, Oh God")... mais continue par un solo d'Alice où l'on entend la flûte de Pharoah au loin...
La pochette originale de l'album ?
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Ayler's Music
Re: Alice And John Coltrane : Cosmic Music (1968)
Les temps changent et 4 ans après cette superbe chronique de Mister Ayler que je remercie au passage, cet album est dispo à 13 euros à la f**c . (je pense que l'on peut trouver moins cher sur le net).
Désolé j'édite mon message ce n'est pas un imports japonais (j'ai confondu avec Jupiter Variation) c'est tout simplement une rééditions normal, désolé.
Désolé j'édite mon message ce n'est pas un imports japonais (j'ai confondu avec Jupiter Variation) c'est tout simplement une rééditions normal, désolé.
parisino- Messages : 5704
Date d'inscription : 31/05/2010
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