Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1&2 (1963)
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Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1&2 (1963)
Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1&2
Le New York Contemporary Five est un groupe de Free jazz composé en 1962 avec Archie Shepp au ténor, Don Cherry au cornet, John Tchicai à l’alto, Don Moore à la basse et J.C. Moses à la batterie. Il compose 5 albums entre 63 et 64 :
1963: Consequences (Fontana Records)
1963: Rufus (Fontana Records), sans Don Cherry
1963: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1 (Sonet Records-SLP 36)
1963: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.2 (Sonet Records-SLP 51)
1964: Bill Dixon Septet/Archie Shepp and the New York Contemporary Five (Savoy Records)
Les deux albums qui nous intéressent ici sont enregistrés pour Sonet Records au Jazzhus Montmartre de Copenhague dans lequel le groupe joua pendant deux semaines.
Et voici la réédition Française (storyville-ST 21016) sous la forme d’un double album qui reprend les deux enregistrements sonet :
A1-Cisum 11:10
Crepuscule With Nellie 2:05
O.C. 6:40
A2- When Will The Blues Leave 9:00
The Funeral 5:05
Mick 7:30
B1- Consequences 8:40
Monk´s Mood 2:30
Emotions 8:40
B2-Wo Wo 5:55
Trio 15:30
On peut considérer cet album comme un des classiques du free Jazz, on lui accorde un statut historique important car il réunit des musiciens incontournables dans ce courant et véhicule, en outre, l’ombre d’Ornette Coleman et de Bill Dixon à travers la musique jouée, ces soirs là, à Copenhague.
Ornette Coleman car il est l’auteur de trois compositions, présentes sur l’album ( O.C. - When Will The Blues Leave et Emotions), mais aussi parce qu’il a été le compagnon de Don Cherry sur la route du Free Jazz, une des deux compositions de Don Cherry présentes ici ( consequences) semble d’ailleurs très influencée par la marque d’Ornette. Il est généralement admis que le père du free est Ornette Coleman, cependant il est difficile de démêler les fils qui se mélangent de façon inextricable pour déterminer ce qui provient de l’un ou de l’autre…
Don Cherry représente donc l’avant-garde (titre d’un album qu’il co-signera avec John Coltrane). Son alter-ego, ici, sera Archie Shepp. Celui-ci s’est déjà frotté au free en compagnie de Cecil Taylor. Il a joué aussi avec Bill Dixon qui est l’initiateur de la formation du groupe, et à l’origine de la rencontre, à New-York entre John Tchicai et Archie Shepp. Bill Dixon est aussi compositeur de Trio et a arrangé une grande partie des titres sur cet album.
On peut penser que la mise en avant d’Archie Shepp sur les albums Sonet est une tentative d’accroche commerciale, Archie Shepp s’étant déjà fait connaître pour ses prises de position politiques assez radicales suite aux nombreuses injustices faites aux Afro-Américains. Pour lui aucun doute, le Free Jazz est une musique de lutte !
John Tchicai n’est presque pas connu à cette époque, disciple de Cecil Taylor et ami d’Archie Shepp, il essaie de faire évoluer la pratique du saxophone alto en s’extrayant de l’influence d’Ornette Coleman. Don Moore, à la basse, a déjà joué avec Shepp et Bill Dixon (sur le fameux disque réédité alors par Byg), quant à J.C. Moses aux drums, il a joué aux côtés d’ Eric Dolphy.
Cisum (qui signifie music en lisant de droite à gauche), composé par Don Cherry, ouvre ces concerts de la meilleure des façons. Il ne figure pas sur la réédition CD, la capacité de stockage étant inférieure à un double LP, cette pièce a tout bonnement été éliminée. Dommage car Don Cherry y déploie l’étendue de son talent et son sens de l’improvisation, la rythmique est saccadée, rapide, avec des accélérations qui stimulent les solistes. Archie Shepp se montre dense et volubile, là où Tchicai est pointilliste et décalé, la complémentarité de ces deux là en fera de très bons amis. La couleur est donnée, les morceaux longs de l’album sont tous excellents.
O.C. d’Ornette Coleman sert de plateforme à un solo très mélodique de John Tchicai, le phrasé s’apparente à la parole, très beau. La face B s’ouvre également sur un titre d’Ornette When Will The Blues Leave, encore un beau titre. La basse y est dansante et chaloupée, les solos brillants et inspirés, Shepp un peu orientalisant, Don Cherry dialoguant volontiers avec ses partenaires et Tchicai plus introverti, jouant par petites touches… J.C. Moses se démène lui aussi comme un beau diable, n’économisant ni puissance, ni énergie !
The Funeral, morceau écrit par Shepp, est solennel et même funèbre. JC Moses à l’arrière créée une atmosphère tragique avec ses roulements de tambours, l’atmosphère est grave et recueillie, la prière de Don Cherry devient universelle et s’ouvre aux accents orientaux et celle de Shepp s’avère finalement apaisée.
Deux morceaux sont des reprises de Thelonious Monk, Crépuscule with Nellie et Monk’s Mood. Rien d’étonnant, Monk est fascinant et son univers a toujours eu une longueur d’avance sur celui de sa génération et il reflète une personnalité hors norme, monumentale. L’avant-garde, il connaît, allant hors des sentiers battus bien avant l’heure, bien avant que l’on parle de free jazz. Chez Monk les progressions harmoniques sont inattendues, surprenantes mais tellement justes qu’elles semblent inouïes, pas facile dans ces conditions de les utiliser à seule fin de bavardage, tant elles sont épurées, n’est pas Steve Lacy qui veut… Bon la difficulté étant plantée, ils s’en sortent bien en reposant leurs efforts sur les mélodies. Monk’s mood est étiré avec paresse, Don Cherry colle à la mélodie, Archie Shepp s’échappe du thème pour jouer quelques fioritures, Thicai reste délicat, la rythmique joue dans la tradition de Monk, simplicité et justesse. Crépuscule with Nellie respecte également la version de Monk, cette fois-ci c’est Don Cherry qui tricote un peu tandis que ses compères jouent le thème.
Conséquences, signé Don Cherry, est dans la droite ligne des pièces écrites à la fin des années 50 quand il jouait aux côtés d’Ornette Coleman, une sorte de post bop survitaminé qui s’échappe des règles, Don Cherry y donne sa pleine mesure, certains ont pu mettre en doute sa technique, et bien, s’il a pu y avoir eu du retard autrefois, il est bel et bien comblé !
(Edit: Don Cherry continuait à prendre des cours pour améliorer sa technique à la trompette alors qu'il jouait avec Ornette Coleman, certains ont pu le moquer estimant que sa modernité cachait un manque de maîtrise, mais John Coltrane lui-même est resté un éternel apprenant, interrogeant sans cesse les autres musiciens sur leur technique, le matériel qu'ils utilisaient, et s'ouvrant aux autres musiques, hors du champ plus traditionnel du jazz. Dolphy projetait également de s'ouvrir aux nouvelles méthodes de composition en prenant des cours auprès de Nadia Boulanger...)
Trio composition de Bill Dixon est le morceau le plus long enregistré ici, 15minutes et trente secondes, c’est une magnifique réussite qui clôt l’album de la meilleure des façons. Dans un style modal, avec très peu d’accords, les solistes se lâchent avec bonheur, explorant le champ des possibles en toute décontraction, Don Cherry s’aventure en des voies inédites avec son vieux cornet datant de la guerre de Sécession, Archie Shepp lui aussi touche à l’exotisme en une plainte à la fois paresseuse et hypnotique, John Tchicai éveille son monde en jouant quelques fulgurances. La basse est ronde et majestueuse, la musique se fait contemplative et même méditative…
Une pierre importante sur la longue route du free Jazz a été posée ces nuits-là !
Le New York Contemporary Five est un groupe de Free jazz composé en 1962 avec Archie Shepp au ténor, Don Cherry au cornet, John Tchicai à l’alto, Don Moore à la basse et J.C. Moses à la batterie. Il compose 5 albums entre 63 et 64 :
1963: Consequences (Fontana Records)
1963: Rufus (Fontana Records), sans Don Cherry
1963: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1 (Sonet Records-SLP 36)
1963: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.2 (Sonet Records-SLP 51)
1964: Bill Dixon Septet/Archie Shepp and the New York Contemporary Five (Savoy Records)
Les deux albums qui nous intéressent ici sont enregistrés pour Sonet Records au Jazzhus Montmartre de Copenhague dans lequel le groupe joua pendant deux semaines.
Et voici la réédition Française (storyville-ST 21016) sous la forme d’un double album qui reprend les deux enregistrements sonet :
A1-Cisum 11:10
Crepuscule With Nellie 2:05
O.C. 6:40
A2- When Will The Blues Leave 9:00
The Funeral 5:05
Mick 7:30
B1- Consequences 8:40
Monk´s Mood 2:30
Emotions 8:40
B2-Wo Wo 5:55
Trio 15:30
On peut considérer cet album comme un des classiques du free Jazz, on lui accorde un statut historique important car il réunit des musiciens incontournables dans ce courant et véhicule, en outre, l’ombre d’Ornette Coleman et de Bill Dixon à travers la musique jouée, ces soirs là, à Copenhague.
Ornette Coleman car il est l’auteur de trois compositions, présentes sur l’album ( O.C. - When Will The Blues Leave et Emotions), mais aussi parce qu’il a été le compagnon de Don Cherry sur la route du Free Jazz, une des deux compositions de Don Cherry présentes ici ( consequences) semble d’ailleurs très influencée par la marque d’Ornette. Il est généralement admis que le père du free est Ornette Coleman, cependant il est difficile de démêler les fils qui se mélangent de façon inextricable pour déterminer ce qui provient de l’un ou de l’autre…
Don Cherry représente donc l’avant-garde (titre d’un album qu’il co-signera avec John Coltrane). Son alter-ego, ici, sera Archie Shepp. Celui-ci s’est déjà frotté au free en compagnie de Cecil Taylor. Il a joué aussi avec Bill Dixon qui est l’initiateur de la formation du groupe, et à l’origine de la rencontre, à New-York entre John Tchicai et Archie Shepp. Bill Dixon est aussi compositeur de Trio et a arrangé une grande partie des titres sur cet album.
On peut penser que la mise en avant d’Archie Shepp sur les albums Sonet est une tentative d’accroche commerciale, Archie Shepp s’étant déjà fait connaître pour ses prises de position politiques assez radicales suite aux nombreuses injustices faites aux Afro-Américains. Pour lui aucun doute, le Free Jazz est une musique de lutte !
John Tchicai n’est presque pas connu à cette époque, disciple de Cecil Taylor et ami d’Archie Shepp, il essaie de faire évoluer la pratique du saxophone alto en s’extrayant de l’influence d’Ornette Coleman. Don Moore, à la basse, a déjà joué avec Shepp et Bill Dixon (sur le fameux disque réédité alors par Byg), quant à J.C. Moses aux drums, il a joué aux côtés d’ Eric Dolphy.
Cisum (qui signifie music en lisant de droite à gauche), composé par Don Cherry, ouvre ces concerts de la meilleure des façons. Il ne figure pas sur la réédition CD, la capacité de stockage étant inférieure à un double LP, cette pièce a tout bonnement été éliminée. Dommage car Don Cherry y déploie l’étendue de son talent et son sens de l’improvisation, la rythmique est saccadée, rapide, avec des accélérations qui stimulent les solistes. Archie Shepp se montre dense et volubile, là où Tchicai est pointilliste et décalé, la complémentarité de ces deux là en fera de très bons amis. La couleur est donnée, les morceaux longs de l’album sont tous excellents.
O.C. d’Ornette Coleman sert de plateforme à un solo très mélodique de John Tchicai, le phrasé s’apparente à la parole, très beau. La face B s’ouvre également sur un titre d’Ornette When Will The Blues Leave, encore un beau titre. La basse y est dansante et chaloupée, les solos brillants et inspirés, Shepp un peu orientalisant, Don Cherry dialoguant volontiers avec ses partenaires et Tchicai plus introverti, jouant par petites touches… J.C. Moses se démène lui aussi comme un beau diable, n’économisant ni puissance, ni énergie !
The Funeral, morceau écrit par Shepp, est solennel et même funèbre. JC Moses à l’arrière créée une atmosphère tragique avec ses roulements de tambours, l’atmosphère est grave et recueillie, la prière de Don Cherry devient universelle et s’ouvre aux accents orientaux et celle de Shepp s’avère finalement apaisée.
Deux morceaux sont des reprises de Thelonious Monk, Crépuscule with Nellie et Monk’s Mood. Rien d’étonnant, Monk est fascinant et son univers a toujours eu une longueur d’avance sur celui de sa génération et il reflète une personnalité hors norme, monumentale. L’avant-garde, il connaît, allant hors des sentiers battus bien avant l’heure, bien avant que l’on parle de free jazz. Chez Monk les progressions harmoniques sont inattendues, surprenantes mais tellement justes qu’elles semblent inouïes, pas facile dans ces conditions de les utiliser à seule fin de bavardage, tant elles sont épurées, n’est pas Steve Lacy qui veut… Bon la difficulté étant plantée, ils s’en sortent bien en reposant leurs efforts sur les mélodies. Monk’s mood est étiré avec paresse, Don Cherry colle à la mélodie, Archie Shepp s’échappe du thème pour jouer quelques fioritures, Thicai reste délicat, la rythmique joue dans la tradition de Monk, simplicité et justesse. Crépuscule with Nellie respecte également la version de Monk, cette fois-ci c’est Don Cherry qui tricote un peu tandis que ses compères jouent le thème.
Conséquences, signé Don Cherry, est dans la droite ligne des pièces écrites à la fin des années 50 quand il jouait aux côtés d’Ornette Coleman, une sorte de post bop survitaminé qui s’échappe des règles, Don Cherry y donne sa pleine mesure, certains ont pu mettre en doute sa technique, et bien, s’il a pu y avoir eu du retard autrefois, il est bel et bien comblé !
(Edit: Don Cherry continuait à prendre des cours pour améliorer sa technique à la trompette alors qu'il jouait avec Ornette Coleman, certains ont pu le moquer estimant que sa modernité cachait un manque de maîtrise, mais John Coltrane lui-même est resté un éternel apprenant, interrogeant sans cesse les autres musiciens sur leur technique, le matériel qu'ils utilisaient, et s'ouvrant aux autres musiques, hors du champ plus traditionnel du jazz. Dolphy projetait également de s'ouvrir aux nouvelles méthodes de composition en prenant des cours auprès de Nadia Boulanger...)
Trio composition de Bill Dixon est le morceau le plus long enregistré ici, 15minutes et trente secondes, c’est une magnifique réussite qui clôt l’album de la meilleure des façons. Dans un style modal, avec très peu d’accords, les solistes se lâchent avec bonheur, explorant le champ des possibles en toute décontraction, Don Cherry s’aventure en des voies inédites avec son vieux cornet datant de la guerre de Sécession, Archie Shepp lui aussi touche à l’exotisme en une plainte à la fois paresseuse et hypnotique, John Tchicai éveille son monde en jouant quelques fulgurances. La basse est ronde et majestueuse, la musique se fait contemplative et même méditative…
Une pierre importante sur la longue route du free Jazz a été posée ces nuits-là !
Dernière édition par Sony'r le 04.06.13 13:59, édité 2 fois
Sony'r- Messages : 165
Date d'inscription : 08/04/2013
Re: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1&2 (1963)
Il s'est bien rattrapé plutôt ?Sony'r a écrit:Don Cherry y donne sa pleine mesure, certains ont pu mettre en doute sa technique, et bien, s’il a pu y avoir eu du retard autrefois, il est bel et bien rattrapé !
Sinon, dans le classement des albums, tu souhaites qu'on mette cette référence sous Archie Shepp ? Au New York Contemporary Five ? Voire aux deux ?
Re: Archie Shepp & the New York Contemporary Five Vol.1&2 (1963)
Comme tu veux.
(Charlie Haden et non pas Charly)
Mais où est-il passé?
(Charlie Haden et non pas Charly)
Mais où est-il passé?
Sony'r- Messages : 165
Date d'inscription : 08/04/2013
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