Four for Trane (1964)
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Four for Trane (1964)
Archie Shepp: Four for Trane (1964)
1. Syeeda's Song Flute - 8:30 (John Coltrane)
2. Mr.Syms - 7:41 (John Coltrane)
3. Cousin Mary - 7:14 (John Coltrane)
4. Naima - 7:09 (John Coltrane)
5. Rufus [swung, his face at last to the wind, then his neck snapped] - 6:25 (Archie Shepp)
Archie Shepp: saxophone ténor
Alan Shorter: fluegelhorn
Roswell Rudd: trombone
John Tchicai: saxophone alto
Reggie Workman: contrebasse
Charles Moffett: batterie
Recorded at the Van Gelder Studio, Englewood Cliffs, New Jersey on August 10, 1964.
1. Syeeda's Song Flute - 8:30 (John Coltrane)
2. Mr.Syms - 7:41 (John Coltrane)
3. Cousin Mary - 7:14 (John Coltrane)
4. Naima - 7:09 (John Coltrane)
5. Rufus [swung, his face at last to the wind, then his neck snapped] - 6:25 (Archie Shepp)
Archie Shepp: saxophone ténor
Alan Shorter: fluegelhorn
Roswell Rudd: trombone
John Tchicai: saxophone alto
Reggie Workman: contrebasse
Charles Moffett: batterie
Recorded at the Van Gelder Studio, Englewood Cliffs, New Jersey on August 10, 1964.
Four for Trane est un album d'Archie Shepp enregistré en 1964 sur le label Impulse!. Il s'agit du premier album d'Archie Shepp en tant que leader, il est composé de 4 morceaux de John Coltrane ainsi que d'une composition originale.
Il est tard cette nuit là, ça y est…le travail est terminé. L’écurie Impulse vient d’achever le premier album d’Archie Shepp, c’est un hommage à Coltrane, et plus particulièrement à son album le plus connu, Giant Steps, enregistré en 1960. Archie y interprète quatre compositions du maître, plus une des siennes, Rufus.
Bob Thiele est satisfait, tout s’est bien passé, il décroche son téléphone et informe John Coltrane de l’achèvement du projet, d’ailleurs s’il veut bien les rejoindre il pourra lui aussi écouter les bandes. Malgré l’heure tardive, John rejoint la compagnie dans les studios de Rudy Van Gelder, sans traîner, sans chaussettes ! Bon, après enquête et la lecture de quelques tomes, c’est certain : même à midi il n’en porte pas…
Chuck Stewart a le temps de prendre ce cliché fameux où l’on voit Archie qui délaisse son saxophone pour emboucher un tout autre instrument et savourer quelques bonnes bouffées réconfortantes après l’effort, assis sur les marches d’un escalier, pensif. John Coltrane est à ses côtés, les membres inférieurs font la pause, la tête est rentrée dans les épaules, non, jouer les tops modèles c’est pas son truc, difficile de forcer sa nature… C’est bien John qui a initié et supervisé le projet. Il a pris Archie sous son aile, le parrainant, comme il le fera plus tard avec Albert Ayler. Musicien vedette de l’écurie Impulse, il représente une caution artistique de tout premier ordre, il est écouté et respecté. Toutefois le répertoire, mis à part Rufus, a bien été imposé par Impulse, pour des raisons commerciales.
Archie a embarqué son vieil ami John Tchicai dans l’aventure, mais la surprise c’est l’absence de piano sur l’album et la présence d’un trombone. Deux anches, deux cuivres et une section rythmique composée d’une basse et d’une batterie, d’emblée le pari est audacieux et la prise de risque élevée.
Roswell Rudd est venu du Dixieland et a traversé tous les genres, il entretient des relations d’amitié avec Shepp et sera un bon compagnon de route musical, partageant avec lui nombre de projets. Lui aussi excelle sur cet album, apportant une couleur essentielle, entre la tradition et le free, souvent à l’arrière mais toujours à propos…
L’album s’ouvre avec Syeeda's Song Flute, la basse de Reggie Workman est bondissante, grave et profonde elle se pose, telle un axe, au centre du spectre sonore, d’autorité elle impose son espace et sa sphère. La batterie de Charles Moffett occupe le canal droit, les tambours et cymbales sont étincelants et vrombissent bien au-delà du simple accompagnement en s’imposant comme interlocuteur auprès des solistes. Canal gauche Archie. Archie et son timbre magnifique, inimitable, si personnel, sans doute a-t-il étudié les grands prédécesseurs, Coleman Hawkins et Ben Webster, mais il y a, en plus, ce côté acide qui le rend immédiatement reconnaissable. Sans doute aussi a-t-il été interpelé par la technique de Cecil Taylor qui jouait des clusters au piano, écrasant plusieurs notes en même temps, lorsqu’il jouait à ses côtés de 1960 à 1962. Lui aussi laissera les notes se chevaucher et s’additionner dans le même souffle... Canal droit la sonorité chaude du trombone ouvre le chemin délicat d’un solo d’abord hésitant puis s’imposant en interlocuteur privilégié du saxophone. Un des sommets de cet album.
Sur Mr.Syms, le seul titre qui ne provient pas de Giant Steps mais de Coltrane Plays The Blues, Alan Shorter , le frère de Wayne, s’exprime d’abord en solo, balançant son blues avec une grâce naturelle, plongeant à la source d’une tradition belle et profonde, puis dialogue avec Archie Shepp qui laisse glisser son souffle en plainte paresseuse, comme il aime le faire… longuement mais par petites touches additionnées, jusqu’à l’étourdissement, la reprise finale du thème met fin à une première face magnifique.
Cousin Mary s’envole sur un tempo vif, Shepp poursuit sa course free, par petites touches vives et hachées, régulièrement relancé par la coda des cuivres qui joue le thème, de façon répétitive, inlassablement, comme pour ponctuer brièvement, mais avec entêtement cette succession de solos, jouée par les saxophones et poussée par cette rythmique hypertrophiée, notamment par le jeu survitaminé de Charles Moffett.
Naima, peut être le plus repris des standards de Coltrane, se fait ballade langoureuse et se prête à merveille à la nonchalance de Shepp, qui bavarde doucement, chuchote et murmure puis continue sa route, seul.
Sur Rufus Reggie Workman s’éclate à nouveau et permet à Shepp d’offrir à nouveau un magnifique solo, très dense, qui se développe dans la durée … Rufus termine de la plus belle des façons un superbe album, qui permet à Archie Shepp de s’affirmer comme une voix personnelle et incontournable à l’expression du free Jazz. Même si, finalement, cet album apparaît aujourd’hui assez sage, il a la forme et la puissance des œuvres achevées, pensées et fignolées jusque dans les recoins.
Un album fondateur pour Archie Shepp.
Il est tard cette nuit là, ça y est…le travail est terminé. L’écurie Impulse vient d’achever le premier album d’Archie Shepp, c’est un hommage à Coltrane, et plus particulièrement à son album le plus connu, Giant Steps, enregistré en 1960. Archie y interprète quatre compositions du maître, plus une des siennes, Rufus.
Bob Thiele est satisfait, tout s’est bien passé, il décroche son téléphone et informe John Coltrane de l’achèvement du projet, d’ailleurs s’il veut bien les rejoindre il pourra lui aussi écouter les bandes. Malgré l’heure tardive, John rejoint la compagnie dans les studios de Rudy Van Gelder, sans traîner, sans chaussettes ! Bon, après enquête et la lecture de quelques tomes, c’est certain : même à midi il n’en porte pas…
Chuck Stewart a le temps de prendre ce cliché fameux où l’on voit Archie qui délaisse son saxophone pour emboucher un tout autre instrument et savourer quelques bonnes bouffées réconfortantes après l’effort, assis sur les marches d’un escalier, pensif. John Coltrane est à ses côtés, les membres inférieurs font la pause, la tête est rentrée dans les épaules, non, jouer les tops modèles c’est pas son truc, difficile de forcer sa nature… C’est bien John qui a initié et supervisé le projet. Il a pris Archie sous son aile, le parrainant, comme il le fera plus tard avec Albert Ayler. Musicien vedette de l’écurie Impulse, il représente une caution artistique de tout premier ordre, il est écouté et respecté. Toutefois le répertoire, mis à part Rufus, a bien été imposé par Impulse, pour des raisons commerciales.
Archie a embarqué son vieil ami John Tchicai dans l’aventure, mais la surprise c’est l’absence de piano sur l’album et la présence d’un trombone. Deux anches, deux cuivres et une section rythmique composée d’une basse et d’une batterie, d’emblée le pari est audacieux et la prise de risque élevée.
Roswell Rudd est venu du Dixieland et a traversé tous les genres, il entretient des relations d’amitié avec Shepp et sera un bon compagnon de route musical, partageant avec lui nombre de projets. Lui aussi excelle sur cet album, apportant une couleur essentielle, entre la tradition et le free, souvent à l’arrière mais toujours à propos…
L’album s’ouvre avec Syeeda's Song Flute, la basse de Reggie Workman est bondissante, grave et profonde elle se pose, telle un axe, au centre du spectre sonore, d’autorité elle impose son espace et sa sphère. La batterie de Charles Moffett occupe le canal droit, les tambours et cymbales sont étincelants et vrombissent bien au-delà du simple accompagnement en s’imposant comme interlocuteur auprès des solistes. Canal gauche Archie. Archie et son timbre magnifique, inimitable, si personnel, sans doute a-t-il étudié les grands prédécesseurs, Coleman Hawkins et Ben Webster, mais il y a, en plus, ce côté acide qui le rend immédiatement reconnaissable. Sans doute aussi a-t-il été interpelé par la technique de Cecil Taylor qui jouait des clusters au piano, écrasant plusieurs notes en même temps, lorsqu’il jouait à ses côtés de 1960 à 1962. Lui aussi laissera les notes se chevaucher et s’additionner dans le même souffle... Canal droit la sonorité chaude du trombone ouvre le chemin délicat d’un solo d’abord hésitant puis s’imposant en interlocuteur privilégié du saxophone. Un des sommets de cet album.
Sur Mr.Syms, le seul titre qui ne provient pas de Giant Steps mais de Coltrane Plays The Blues, Alan Shorter , le frère de Wayne, s’exprime d’abord en solo, balançant son blues avec une grâce naturelle, plongeant à la source d’une tradition belle et profonde, puis dialogue avec Archie Shepp qui laisse glisser son souffle en plainte paresseuse, comme il aime le faire… longuement mais par petites touches additionnées, jusqu’à l’étourdissement, la reprise finale du thème met fin à une première face magnifique.
Cousin Mary s’envole sur un tempo vif, Shepp poursuit sa course free, par petites touches vives et hachées, régulièrement relancé par la coda des cuivres qui joue le thème, de façon répétitive, inlassablement, comme pour ponctuer brièvement, mais avec entêtement cette succession de solos, jouée par les saxophones et poussée par cette rythmique hypertrophiée, notamment par le jeu survitaminé de Charles Moffett.
Naima, peut être le plus repris des standards de Coltrane, se fait ballade langoureuse et se prête à merveille à la nonchalance de Shepp, qui bavarde doucement, chuchote et murmure puis continue sa route, seul.
Sur Rufus Reggie Workman s’éclate à nouveau et permet à Shepp d’offrir à nouveau un magnifique solo, très dense, qui se développe dans la durée … Rufus termine de la plus belle des façons un superbe album, qui permet à Archie Shepp de s’affirmer comme une voix personnelle et incontournable à l’expression du free Jazz. Même si, finalement, cet album apparaît aujourd’hui assez sage, il a la forme et la puissance des œuvres achevées, pensées et fignolées jusque dans les recoins.
Un album fondateur pour Archie Shepp.
Sony'r- Messages : 165
Date d'inscription : 08/04/2013
Re: Four for Trane (1964)
superbe chronique.
un album que j'apprécie tout particulièrement car il est charnière (il permet à shepp d'exister tout en ne s'émancipant pas entièrement de la figure tutélaire qu'est coltrane, il permet à coltrane d'exister par ses compositions, au free d'être présent sans s'imposer , pour impulse etc etc)
et pourtant.. il dégage un charme personnel indéniable...
un album que j'apprécie tout particulièrement car il est charnière (il permet à shepp d'exister tout en ne s'émancipant pas entièrement de la figure tutélaire qu'est coltrane, il permet à coltrane d'exister par ses compositions, au free d'être présent sans s'imposer , pour impulse etc etc)
et pourtant.. il dégage un charme personnel indéniable...
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
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