Eric Dolphy: At The Five Spot, Volume 1. (1961)
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Eric Dolphy: At The Five Spot, Volume 1. (1961)
At The Five Spot, Volume 1. (1961)
Recorded live on 16 July 1961 at the Five Spot, New York, NY. - Prestige – NJLP 8260
A1 Fire Waltz
Written-By – Mal Waldron
A2 Bee Vamp
Written-By – Booker Little
B The Prophet
Written-By – Eric Dolphy
Alto Saxophone, Bass Clarinet – Eric Dolphy
Bass – Richard Davis
Drums – Ed Blackwell
Piano – Mal Waldron
Trumpet – Booker Little
Après avoir participé à l’album de Ron Carter et à celui de Mal Waldron, il paraît tout naturel à Eric Dolphy de proposer à ses acolytes une place dans l’orchestre qu’il est sur le point de constituer pour répondre à un engagement d’une quinzaine de jours au Five Spot Café. Mal Waldron, Richard Davis et Booker Little acceptent immédiatement, Ed Blackwell, que Dolphy a rencontré aux côtés d’Ornette Coleman, se joint au petit groupe pour compléter le quintet. Ces enregistrements sont précieux car ils portent témoignage du jeu de l’orchestre en prise directe, ce qui n’est pas alors si courant d’autant qu’il s’agit de l’une des meilleures formations regroupée par Eric Dolphy. Trois albums seront issus de ces enregistrements, il y aura un volume deux, puis un troisième intitulé le Memorial album. On peut aussi retrouver les trois réunis sur le triple album The Great concert of Eric Dolphy paru chez Prestige. La prise se fera en une seule soirée et la qualité du son n’est pas parfaite, malgré que ce soit le « magicien » Rudy Van Gelder qui sera mandaté par Prestige pour assurer l’enregistrement. On regrettera le piano un peu lointain, la trompette de Booker Little et la basse de Richard Davis insuffisamment mis en avant, mais c’est juste pour pinailler, ne boudons pas notre plaisir, ces plages sont rares et merveilleuses et s’écoutent avec gourmandise.
Tout commence avec Fire Waltz, le thème de Mal Waldron. Après un court exposé du thème, Eric Dolphy effectue un solo tourbillonnant, jusqu’à l’ivresse, la virtuosité naturelle de l’altiste s’augmente du jeu tout en rythme d’Ed Blackwell qui se déploie en arabesques tournoyantes sur le tempo de la valse. Booker Little, dans un style plus traditionnel, se coule volontiers ici dans le moule de hard bopper surdoué. Son solo répond à celui de Dolphy avec une sonorité pleine, toute en rondeur, en sauvegardant ce petit caractère inquisiteur qui sonde vers cet ailleurs, esquissé par Dolphy. Mal Waldron a gardé de Monk le côté opiniâtre et parcimonieux, jouant avec les silences et le rythme, les allers-retours et l’immobilité feinte, révélant de dissonantes obsessions.
Bee Vamp de Booker Little est une très belle composition, très ouverte, dans un style assez Coltranien, le trompettiste s’éloigne du hard bop pour en reculer les frontières et flirter avec l’univers modal et l’atonalité, un peu moins technique que Clifford Brown et moins boppers que Fats Navarro il les égale en sensibilité et éclate ici de ses derniers feux, il disparaîtra en effet douze semaines plus tard, laissant Miles et Dizzy sans dignes successeurs, la fatalité ayant fauché le trio bien avant l’heure. Son solo ici est pur bonheur de joie et d’équilibre. Sa façon de jouer avec la section rythmique, comme s’il s’en délivrait, tout en restant à la limite de la transgression, le situe aux portes de l’avant-garde.
Il est probable que Dolphy a joué un très grand rôle pour sortir la clarinette basse du confinement dans lequel elle se trouvait, réduite le plus souvent à n’être utilisée que pour ménager quelques effets. Aussi l’amateur est-il toujours dans l’attente du moment où Eric fera chanter le son chaud et grave de la clarinette basse au coin d’un album. C’est sur ce thème qu’il rejoint Booker Little avec lequel il dialogue, les deux solos convergent, s’entrelacent en un contraste tout en douceur. Ensuite c’est au tour de Mal Waldron de prendre le relais pour un superbe solo de piano aidé par un Richard Davis vraiment impeccable.
Le Prophet, qui occupe l’intégralité de la face deux, n’a rien de religieux, non, il s’agit d’un hommage rendu par Eric Dolphy à Richard Jennings, le graphiste auteur des pochettes des deux premiers albums (Outward Bound et Out there) qu’il signe de ce pseudo. Celles-ci furent d’ailleurs très controversées et souvent taillées en pièce par la critique.
The Prophet est un blues au rythme paresseux, qui s’étire avec langueur. Eric Dolphy s’exprime, comme souvent dans un solo tout en verticalité, jouant avec les contrastes les plus extrêmes autorisés par le saxophone alto, explorant ici ou là les accords et les fouillant jusqu’à en faire jaillir les plus petites étincelles pour allumer le brasier… La section rythmique fait belle figure et vers la fin du morceau on peut enfin entendre un solo de notre bassiste, Richard Davis, précieux en soutien rythmique, il fait ici chanter sa basse avec grâce faisant preuve en outre d’un beau sens mélodique.
Le premier volet d’une trilogie déjà légendaire.
Recorded live on 16 July 1961 at the Five Spot, New York, NY. - Prestige – NJLP 8260
A1 Fire Waltz
Written-By – Mal Waldron
A2 Bee Vamp
Written-By – Booker Little
B The Prophet
Written-By – Eric Dolphy
Alto Saxophone, Bass Clarinet – Eric Dolphy
Bass – Richard Davis
Drums – Ed Blackwell
Piano – Mal Waldron
Trumpet – Booker Little
Après avoir participé à l’album de Ron Carter et à celui de Mal Waldron, il paraît tout naturel à Eric Dolphy de proposer à ses acolytes une place dans l’orchestre qu’il est sur le point de constituer pour répondre à un engagement d’une quinzaine de jours au Five Spot Café. Mal Waldron, Richard Davis et Booker Little acceptent immédiatement, Ed Blackwell, que Dolphy a rencontré aux côtés d’Ornette Coleman, se joint au petit groupe pour compléter le quintet. Ces enregistrements sont précieux car ils portent témoignage du jeu de l’orchestre en prise directe, ce qui n’est pas alors si courant d’autant qu’il s’agit de l’une des meilleures formations regroupée par Eric Dolphy. Trois albums seront issus de ces enregistrements, il y aura un volume deux, puis un troisième intitulé le Memorial album. On peut aussi retrouver les trois réunis sur le triple album The Great concert of Eric Dolphy paru chez Prestige. La prise se fera en une seule soirée et la qualité du son n’est pas parfaite, malgré que ce soit le « magicien » Rudy Van Gelder qui sera mandaté par Prestige pour assurer l’enregistrement. On regrettera le piano un peu lointain, la trompette de Booker Little et la basse de Richard Davis insuffisamment mis en avant, mais c’est juste pour pinailler, ne boudons pas notre plaisir, ces plages sont rares et merveilleuses et s’écoutent avec gourmandise.
Tout commence avec Fire Waltz, le thème de Mal Waldron. Après un court exposé du thème, Eric Dolphy effectue un solo tourbillonnant, jusqu’à l’ivresse, la virtuosité naturelle de l’altiste s’augmente du jeu tout en rythme d’Ed Blackwell qui se déploie en arabesques tournoyantes sur le tempo de la valse. Booker Little, dans un style plus traditionnel, se coule volontiers ici dans le moule de hard bopper surdoué. Son solo répond à celui de Dolphy avec une sonorité pleine, toute en rondeur, en sauvegardant ce petit caractère inquisiteur qui sonde vers cet ailleurs, esquissé par Dolphy. Mal Waldron a gardé de Monk le côté opiniâtre et parcimonieux, jouant avec les silences et le rythme, les allers-retours et l’immobilité feinte, révélant de dissonantes obsessions.
Bee Vamp de Booker Little est une très belle composition, très ouverte, dans un style assez Coltranien, le trompettiste s’éloigne du hard bop pour en reculer les frontières et flirter avec l’univers modal et l’atonalité, un peu moins technique que Clifford Brown et moins boppers que Fats Navarro il les égale en sensibilité et éclate ici de ses derniers feux, il disparaîtra en effet douze semaines plus tard, laissant Miles et Dizzy sans dignes successeurs, la fatalité ayant fauché le trio bien avant l’heure. Son solo ici est pur bonheur de joie et d’équilibre. Sa façon de jouer avec la section rythmique, comme s’il s’en délivrait, tout en restant à la limite de la transgression, le situe aux portes de l’avant-garde.
Il est probable que Dolphy a joué un très grand rôle pour sortir la clarinette basse du confinement dans lequel elle se trouvait, réduite le plus souvent à n’être utilisée que pour ménager quelques effets. Aussi l’amateur est-il toujours dans l’attente du moment où Eric fera chanter le son chaud et grave de la clarinette basse au coin d’un album. C’est sur ce thème qu’il rejoint Booker Little avec lequel il dialogue, les deux solos convergent, s’entrelacent en un contraste tout en douceur. Ensuite c’est au tour de Mal Waldron de prendre le relais pour un superbe solo de piano aidé par un Richard Davis vraiment impeccable.
Le Prophet, qui occupe l’intégralité de la face deux, n’a rien de religieux, non, il s’agit d’un hommage rendu par Eric Dolphy à Richard Jennings, le graphiste auteur des pochettes des deux premiers albums (Outward Bound et Out there) qu’il signe de ce pseudo. Celles-ci furent d’ailleurs très controversées et souvent taillées en pièce par la critique.
The Prophet est un blues au rythme paresseux, qui s’étire avec langueur. Eric Dolphy s’exprime, comme souvent dans un solo tout en verticalité, jouant avec les contrastes les plus extrêmes autorisés par le saxophone alto, explorant ici ou là les accords et les fouillant jusqu’à en faire jaillir les plus petites étincelles pour allumer le brasier… La section rythmique fait belle figure et vers la fin du morceau on peut enfin entendre un solo de notre bassiste, Richard Davis, précieux en soutien rythmique, il fait ici chanter sa basse avec grâce faisant preuve en outre d’un beau sens mélodique.
Le premier volet d’une trilogie déjà légendaire.
Sony'r- Messages : 165
Date d'inscription : 08/04/2013
Re: Eric Dolphy: At The Five Spot, Volume 1. (1961)
SUperbe chronique pour un fantastique live d'un merveilleux quintet!
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