Living With War (2006)
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Living With War (2006)
Living With War (2006)
1. After The Garden
2. Living With War
3. The Restless Consumer
4. Shock And Awe
5. Families
6. Flags Of Freedom
7. Let's Impeach The President
8. Lookin' For A Leader
9. Roger And Out
10. America The Beautiful
Six mois après la parution de l'excellent PRAIRIE WIND, le loner canadien revient avec un nouvel opus, lequel se veut un brûlot anti-Bush. LIVING WITH WAR est enregistré dans l'urgence la plus complète, avec Chad Cromwell à la batterie, Rick Rosas à la basse et Tom Bray à la trompette. Si on inclut le fait que le disque est produit par Neil Young et Niko Bolas, on retrouve là l'équipe qui avait si bien fonctionné pour THIS NOTE'S FOR YOU (1988) et plus encore FREEDOM (1989), son dernier album de protest-songs avant celui-ci. Et une centaine de choristes, censés rappeler que Neil Young ne chante pas seulement pour l'Amérique, mais avec elle.
Globalement, s'il se dégage une certaine énergie, force est de constater que Crazy Horse manque beaucoup, pour ne pas dire plus. L'album fait 40 minutes, il en aurait fait 60 avec Crazy Horse. On a pu critiquer l'aspect technique de Crazy Horse, mais ces musiciens savaient faire décoller la musique de Young comme personne. Pour s'en convaincre, réécouter YEAR OF THE HORSE. La comparaison est flagrante avec le son plus clinquant de ce dernier album. Principaux reproches, une batterie mixée bien trop en avant, c'est laid (les enregistrements modernes !) et ça ne fait que mettre en avant la pauvreté du discours de Chad Cromwell (rendez-nous Ralph Molina !), et ce n'est pas Rick Rosas qui enlève l'ensemble.
Pour autant, en termes d'écriture, on pourra voir que des moments intéressants se dégagent.
AFTER THE GARDEN est un titre bien écrit. Que ferons-nous lorsque le jardin sera parti ? Dès la première phrase de l'album, les choses sont dites, "Nous n'avons pas besoin d'homme de l'ombre à conduire le gouvernement"... Cette image du jardin est bien sentie. Clin d'œil ? "Won't need no purple haze, won't need no sunshine after the garden is gone". Les chœurs ne prennent pas vraiment, ils sont même un peu lourds. Le Crazy Horse est loin. La batterie, trop en avant.
LIVING WITH WAR est également un bon titre, mais il est clair que la trompette est de trop. Tom Bray est, je pense, archi-bridé et ne fait qu'ajouter des phrases redondantes par rapport à la ligne mélodique. La batterie est lourdingue. Les paroles sont émouvantes, par contre, le titre est superbement chanté. "Je vis avec la guerre chaque jour. Je vis avec la guerre dans mon cœur chaque jour". "Sur l'écran plat nous tuons et tuons encore"... Une réelle supplique pour la paix. Les chœurs restent assez lourds, sauf sur le mouvement final où ils prennent toute leur ampleur (les "oooh") et soutiennent la voix de Neil Young avec beaucoup d'émotion. Très belle fin de morceau.
THE RESTLESS CONSUMER, le consommateur effréné, la consommatrice, au choix. "Les gens ont entendu les nouvelles, ils parlent. Tu peux ne pas aimer ce qu'ils disent, mais ils ne plaisantaient pas". Un message directement adressé à George W. Bush. Nous n'avons pas besoin d'autres boîtes couvertes de drapeaux mais que l'on ne peut pas voir à la télévision". Une allusion pas du tout voilée à la désinformation menée pour éviter que la population américaine ne soit trop au courant des pertes humaines... l'opinion publique se retourne vite et le spectre du Viet-Nam est encore bien présent dans les mentalités.
"Nous n'avons plus besoin de mensonges". Les phrases sont scandées avec une véhémence qui ne peut que toucher. Un excellent titre.
Et pendant ce temps-là, le consommateur effréné parcourt le monde en avion chaque jour, à la recherche de sensations. A l'image de la guerre du Viet-Nam, une frange de la population se trouve peu ou pas touchée par ce qui se passe "de l'autre côté". Neil Young sait pertinemment, car l'histoire se répète souvent, que ce n'est que par une prise de conscience collective et globale que le peuple pourra faire exprimer sa voix. "La consommatrice est endormie dans son hôtel, avec un tel appétit pour tout ce qui se vend"... Alors que d'un autre côté, "Des gens dans le monde entier ont besoin de quelqu'un pour les écouter. Nous mourons de faim et de maladie, nous avons besoin de vos médicaments". N'y avait-il pas mieux à faire que de s'engager dans une guerre de plus alors qu'il y déjà avait tant de désespoir dans le monde ? Et Neil Young enfonce le clou sur la façon dont il perçoit le peuple américain pris dans cet engrenage, car c'est l'ambiguïté, il ne se veut pas du tout anti-américain, un contresens qui a pourtant pu être fait... Neil Young, loin d'être démago, est d'abord un humaniste et chante, comme il l'a dit, avec le peuple. "Nous n'avons pas besoin de pubs TV qui me disent combien je suis malade (...), je ne veux pas savoir combien de gens sont comme moi, je n'ai pas besoin de vertiges, de nausée, d'effets secondaires comme la diarrhée ou l'impuissance, je ne veux plus de mensonges". Avec ARC-WELD, Neil avait déjà livré son brûlot contre la guerre du Golfe. Les choses sont dites, et de quelle manière... Un texte puissant.
SHOCK AND AWE ("Le choc et l'effroi") est, pour moi, le meilleur titre de l'album, musicalement parlant. Un superbe morceau rock en mineur, malgré les réserves exprimées précédemment sur la partie rythmique. La guitare électrique est vraiment bien sentie, dommage qu'elle ne déraille pas comme le loner sait si bien le faire. Le propos appuie encore le titre précédent. "Des milliers de corps dans le sol, ramenés à la maison dans des boîtes au son d'une trompette - et personne ne les voit revenir ainsi". Une manière d'avertir, de crier au peuple US, attention, vos enfants vont à la mort là-bas... et pourquoi ? "Les deux côtés perdent maintenant". La trompette trouve sa place ici, du fait des paroles... "Nous avions une chance de te faire changer, mais quelque part la sagesse était difficile à trouver. Nous y sommes allés et maintenant nous ne pouvons plus revenir en arrière". Un aveu de désespoir, car les morts ne nous reviendrons plus désormais. Le Dylan de MASTERS OF WAR n'est pas loin.
FAMILIES clôture d'assez belle manière cette première moitié de l'album, qui comporte réellement de bonnes chansons, même si elles pouvaient être mieux arrangées. Les chœurs fonctionnent parfaitement, ici. Une évocation de la vision de sa famille que peut avoir le soldat en guerre, là-bas. "Quand vous écrivez des chansons sur nous, nous rendrez-vous justice, car nous voulons juste être comme vous et vos familles". Bring the boys back home, avait déjà chanté Roger Waters. Le propos reste d'actualité.
FLAGS OF FREEDOM entame la "face deux" et fait clairement écho au CHIMES OF FREEDOM de Bob Dylan (sur ANOTHER SIDE OF BOB DYLAN), lequel est cité ici. L'écriture en est très proche. Ces drapeaux de la liberté, que signifient-ils lorsqu'ils s'agit de faire partir nos enfants à la guerre ? "Les cloches des églises sonnent, les familles se lèvent, certaines d'entre elles pleurent".
"Sa sœur a son casque sur la tête, elle écoute la musique en voyant son frère partir, leur lien est éternel. Elle écoute Bob Dylan chanter en 1963, en regardant voler les drapeaux de la liberté. Elle voit le président parler sur un écran plat, (...) elle se retourne pour voir de nouveau son frère, mais il a déjà passé les drapeaux de la liberté". "Les drapeaux alignés dans la rue principale soufflent dans le vent", une autre allusion à Dylan, encore accentuée par la présence de l'harmonica, qui avait déjà tout dit dès 1963... Qui sera là pour écouter ?
LET'S IMPEACH THE PRESIDENT. Les choses se gâtent un peu, la trompette voudrait évoquer un hymne patriotico-funèbre, mais la diatribe "Destituons le président" manque de subtilité, d'autant que pour n'avoir pas compris le message de toute la première partie de l'album, il fallait le vouloir. Une répétition inutile au moyen d'un morceau musicalement très faible. Les chœurs sont assez insupportables. On retiendra quand même le vers "Destituons le président, il a détourné notre religion pour être élu". Ce n'est pas la religion qui est responsable de la guerre, c'est LUI...
LOOKIN' FOR A LEADER confirme l'enchaînement parfaitement maîtrisé et l'aspect conceptuel de cet album. Après avoir dégagé le président, il va bien falloir mettre quelqu'un d'autre à sa place, un vrai leader, cette fois, et pourquoi pas une femme ou un Noir ? Quelqu'un qui est peut-être l'homme de la rue, qui saura redonner sa force à la nation. Peut-être est-ce Obama, mais il pense être trop jeune, peut-être est-ce Colin Powell, pour redresser ce qu'il a fait de travers". Les appels sont lancés, c'est clair... Un morceau qui musicalement, aurait tout à fait pu figurer sur ZUMA. Bien interprété.
ROGER AND OUT, message reçu, terminé. Musicalement, un morceau tout à fait inutile, un énième recyclage de la grille d'accord de HELPLESS, qui n'apporte rien car ça reste désespérément linéaire. Encore une fois, les musiciens de Crazy Horse se seraient révélés autrement plus compétents sur ce répertoire. Les chœurs fonctionnement plutôt bien, mais pour enfoncer le clou de la redite, ils reprennent le même motif que ceux du KNOCKIN' ON HEAVEN'S DOOR de Bob Dylan. Les paroles par contre sont touchantes et justifient peut-être la présence de la chanson. La subtilité est là. "Nous étions deux gamins, vivant jour après jour. Quand nous sommes allés nous inscrire au registre, nous riions ensemble. Ce que nous appelions la grand-route hippie, c'est toujours ainsi que je l'appelle". "Message reçu, terminé, mon camarade. Je te sens dans l'air aujourd'hui, je sais que tu as donné pour ton pays". L'absence, irréversible...
AMERICA THE BEAUTIFUL trouve sa place du fait du texte qui clôturait bien cet album. Maintenant, à vouloir livrer une version très américaine et très traditionnelle, Neil Young (?) donne ici un titre parfaitement inutile, une fois encore. Neil Young qui, pour l'occasion, se retrouve invité sur son propre album - il n'est pourtant pas coutumier du fait. Plutôt que cet a capella où il se retrouve noyé au milieu des 100 voix (même si on perçoit bien le sens de son propos), une version plus personnelle aurait infiniment mieux trouvé sa place. Dommage, l'album se termine de manière nettement plus faible, sa seconde partie étant globalement loin de valoir la première.
J'ai tenté d'être le plus impartial possible dans cette chronique, ce qui n'est pas forcément évident compte tenu du fait que Neil Young fasse certainement partie des trois ou quatre musiciens qui ont le plus infléchi le cours de ma propre existence. Maintenant, je voulais essayer de dégager une réalité sur la musicalité de cet album, loin de la presse française qui s'est (toujours) ridiculisée en en faisant systématiquement un éloge dithyrambique sous prétexte que Neil Young s'attaquait à George Bush. je ne voulais pas non plus aller dans le sens de certains puristes pour lesquels le loner doit jouer forcément en acoustique, ou alors pour lesquels seuls les vieux albums sont dignes d'intérêt. Il a fait suffisamment de chefs-d'œuvres ces dernières années pour qu'on prenne conscience que chaque nouvel album est un élément dans une entité plus globale, et sans lequel le chef-d'œuvre à venir ne pourra voir le jour. Ce n'est donc pas un grand disque de Neil Young, même pas dans sa bonne moyenne à mon avis, mais sûrement pas l'œuvre d'un artiste éteint, il continue à se réinventer, à se chercher et à tailler sa route, avec ou sans nous. Pour moi, ce sera avec.
1. After The Garden
2. Living With War
3. The Restless Consumer
4. Shock And Awe
5. Families
6. Flags Of Freedom
7. Let's Impeach The President
8. Lookin' For A Leader
9. Roger And Out
10. America The Beautiful
Six mois après la parution de l'excellent PRAIRIE WIND, le loner canadien revient avec un nouvel opus, lequel se veut un brûlot anti-Bush. LIVING WITH WAR est enregistré dans l'urgence la plus complète, avec Chad Cromwell à la batterie, Rick Rosas à la basse et Tom Bray à la trompette. Si on inclut le fait que le disque est produit par Neil Young et Niko Bolas, on retrouve là l'équipe qui avait si bien fonctionné pour THIS NOTE'S FOR YOU (1988) et plus encore FREEDOM (1989), son dernier album de protest-songs avant celui-ci. Et une centaine de choristes, censés rappeler que Neil Young ne chante pas seulement pour l'Amérique, mais avec elle.
Globalement, s'il se dégage une certaine énergie, force est de constater que Crazy Horse manque beaucoup, pour ne pas dire plus. L'album fait 40 minutes, il en aurait fait 60 avec Crazy Horse. On a pu critiquer l'aspect technique de Crazy Horse, mais ces musiciens savaient faire décoller la musique de Young comme personne. Pour s'en convaincre, réécouter YEAR OF THE HORSE. La comparaison est flagrante avec le son plus clinquant de ce dernier album. Principaux reproches, une batterie mixée bien trop en avant, c'est laid (les enregistrements modernes !) et ça ne fait que mettre en avant la pauvreté du discours de Chad Cromwell (rendez-nous Ralph Molina !), et ce n'est pas Rick Rosas qui enlève l'ensemble.
Pour autant, en termes d'écriture, on pourra voir que des moments intéressants se dégagent.
AFTER THE GARDEN est un titre bien écrit. Que ferons-nous lorsque le jardin sera parti ? Dès la première phrase de l'album, les choses sont dites, "Nous n'avons pas besoin d'homme de l'ombre à conduire le gouvernement"... Cette image du jardin est bien sentie. Clin d'œil ? "Won't need no purple haze, won't need no sunshine after the garden is gone". Les chœurs ne prennent pas vraiment, ils sont même un peu lourds. Le Crazy Horse est loin. La batterie, trop en avant.
LIVING WITH WAR est également un bon titre, mais il est clair que la trompette est de trop. Tom Bray est, je pense, archi-bridé et ne fait qu'ajouter des phrases redondantes par rapport à la ligne mélodique. La batterie est lourdingue. Les paroles sont émouvantes, par contre, le titre est superbement chanté. "Je vis avec la guerre chaque jour. Je vis avec la guerre dans mon cœur chaque jour". "Sur l'écran plat nous tuons et tuons encore"... Une réelle supplique pour la paix. Les chœurs restent assez lourds, sauf sur le mouvement final où ils prennent toute leur ampleur (les "oooh") et soutiennent la voix de Neil Young avec beaucoup d'émotion. Très belle fin de morceau.
THE RESTLESS CONSUMER, le consommateur effréné, la consommatrice, au choix. "Les gens ont entendu les nouvelles, ils parlent. Tu peux ne pas aimer ce qu'ils disent, mais ils ne plaisantaient pas". Un message directement adressé à George W. Bush. Nous n'avons pas besoin d'autres boîtes couvertes de drapeaux mais que l'on ne peut pas voir à la télévision". Une allusion pas du tout voilée à la désinformation menée pour éviter que la population américaine ne soit trop au courant des pertes humaines... l'opinion publique se retourne vite et le spectre du Viet-Nam est encore bien présent dans les mentalités.
"Nous n'avons plus besoin de mensonges". Les phrases sont scandées avec une véhémence qui ne peut que toucher. Un excellent titre.
Et pendant ce temps-là, le consommateur effréné parcourt le monde en avion chaque jour, à la recherche de sensations. A l'image de la guerre du Viet-Nam, une frange de la population se trouve peu ou pas touchée par ce qui se passe "de l'autre côté". Neil Young sait pertinemment, car l'histoire se répète souvent, que ce n'est que par une prise de conscience collective et globale que le peuple pourra faire exprimer sa voix. "La consommatrice est endormie dans son hôtel, avec un tel appétit pour tout ce qui se vend"... Alors que d'un autre côté, "Des gens dans le monde entier ont besoin de quelqu'un pour les écouter. Nous mourons de faim et de maladie, nous avons besoin de vos médicaments". N'y avait-il pas mieux à faire que de s'engager dans une guerre de plus alors qu'il y déjà avait tant de désespoir dans le monde ? Et Neil Young enfonce le clou sur la façon dont il perçoit le peuple américain pris dans cet engrenage, car c'est l'ambiguïté, il ne se veut pas du tout anti-américain, un contresens qui a pourtant pu être fait... Neil Young, loin d'être démago, est d'abord un humaniste et chante, comme il l'a dit, avec le peuple. "Nous n'avons pas besoin de pubs TV qui me disent combien je suis malade (...), je ne veux pas savoir combien de gens sont comme moi, je n'ai pas besoin de vertiges, de nausée, d'effets secondaires comme la diarrhée ou l'impuissance, je ne veux plus de mensonges". Avec ARC-WELD, Neil avait déjà livré son brûlot contre la guerre du Golfe. Les choses sont dites, et de quelle manière... Un texte puissant.
SHOCK AND AWE ("Le choc et l'effroi") est, pour moi, le meilleur titre de l'album, musicalement parlant. Un superbe morceau rock en mineur, malgré les réserves exprimées précédemment sur la partie rythmique. La guitare électrique est vraiment bien sentie, dommage qu'elle ne déraille pas comme le loner sait si bien le faire. Le propos appuie encore le titre précédent. "Des milliers de corps dans le sol, ramenés à la maison dans des boîtes au son d'une trompette - et personne ne les voit revenir ainsi". Une manière d'avertir, de crier au peuple US, attention, vos enfants vont à la mort là-bas... et pourquoi ? "Les deux côtés perdent maintenant". La trompette trouve sa place ici, du fait des paroles... "Nous avions une chance de te faire changer, mais quelque part la sagesse était difficile à trouver. Nous y sommes allés et maintenant nous ne pouvons plus revenir en arrière". Un aveu de désespoir, car les morts ne nous reviendrons plus désormais. Le Dylan de MASTERS OF WAR n'est pas loin.
FAMILIES clôture d'assez belle manière cette première moitié de l'album, qui comporte réellement de bonnes chansons, même si elles pouvaient être mieux arrangées. Les chœurs fonctionnent parfaitement, ici. Une évocation de la vision de sa famille que peut avoir le soldat en guerre, là-bas. "Quand vous écrivez des chansons sur nous, nous rendrez-vous justice, car nous voulons juste être comme vous et vos familles". Bring the boys back home, avait déjà chanté Roger Waters. Le propos reste d'actualité.
FLAGS OF FREEDOM entame la "face deux" et fait clairement écho au CHIMES OF FREEDOM de Bob Dylan (sur ANOTHER SIDE OF BOB DYLAN), lequel est cité ici. L'écriture en est très proche. Ces drapeaux de la liberté, que signifient-ils lorsqu'ils s'agit de faire partir nos enfants à la guerre ? "Les cloches des églises sonnent, les familles se lèvent, certaines d'entre elles pleurent".
"Sa sœur a son casque sur la tête, elle écoute la musique en voyant son frère partir, leur lien est éternel. Elle écoute Bob Dylan chanter en 1963, en regardant voler les drapeaux de la liberté. Elle voit le président parler sur un écran plat, (...) elle se retourne pour voir de nouveau son frère, mais il a déjà passé les drapeaux de la liberté". "Les drapeaux alignés dans la rue principale soufflent dans le vent", une autre allusion à Dylan, encore accentuée par la présence de l'harmonica, qui avait déjà tout dit dès 1963... Qui sera là pour écouter ?
LET'S IMPEACH THE PRESIDENT. Les choses se gâtent un peu, la trompette voudrait évoquer un hymne patriotico-funèbre, mais la diatribe "Destituons le président" manque de subtilité, d'autant que pour n'avoir pas compris le message de toute la première partie de l'album, il fallait le vouloir. Une répétition inutile au moyen d'un morceau musicalement très faible. Les chœurs sont assez insupportables. On retiendra quand même le vers "Destituons le président, il a détourné notre religion pour être élu". Ce n'est pas la religion qui est responsable de la guerre, c'est LUI...
LOOKIN' FOR A LEADER confirme l'enchaînement parfaitement maîtrisé et l'aspect conceptuel de cet album. Après avoir dégagé le président, il va bien falloir mettre quelqu'un d'autre à sa place, un vrai leader, cette fois, et pourquoi pas une femme ou un Noir ? Quelqu'un qui est peut-être l'homme de la rue, qui saura redonner sa force à la nation. Peut-être est-ce Obama, mais il pense être trop jeune, peut-être est-ce Colin Powell, pour redresser ce qu'il a fait de travers". Les appels sont lancés, c'est clair... Un morceau qui musicalement, aurait tout à fait pu figurer sur ZUMA. Bien interprété.
ROGER AND OUT, message reçu, terminé. Musicalement, un morceau tout à fait inutile, un énième recyclage de la grille d'accord de HELPLESS, qui n'apporte rien car ça reste désespérément linéaire. Encore une fois, les musiciens de Crazy Horse se seraient révélés autrement plus compétents sur ce répertoire. Les chœurs fonctionnement plutôt bien, mais pour enfoncer le clou de la redite, ils reprennent le même motif que ceux du KNOCKIN' ON HEAVEN'S DOOR de Bob Dylan. Les paroles par contre sont touchantes et justifient peut-être la présence de la chanson. La subtilité est là. "Nous étions deux gamins, vivant jour après jour. Quand nous sommes allés nous inscrire au registre, nous riions ensemble. Ce que nous appelions la grand-route hippie, c'est toujours ainsi que je l'appelle". "Message reçu, terminé, mon camarade. Je te sens dans l'air aujourd'hui, je sais que tu as donné pour ton pays". L'absence, irréversible...
AMERICA THE BEAUTIFUL trouve sa place du fait du texte qui clôturait bien cet album. Maintenant, à vouloir livrer une version très américaine et très traditionnelle, Neil Young (?) donne ici un titre parfaitement inutile, une fois encore. Neil Young qui, pour l'occasion, se retrouve invité sur son propre album - il n'est pourtant pas coutumier du fait. Plutôt que cet a capella où il se retrouve noyé au milieu des 100 voix (même si on perçoit bien le sens de son propos), une version plus personnelle aurait infiniment mieux trouvé sa place. Dommage, l'album se termine de manière nettement plus faible, sa seconde partie étant globalement loin de valoir la première.
J'ai tenté d'être le plus impartial possible dans cette chronique, ce qui n'est pas forcément évident compte tenu du fait que Neil Young fasse certainement partie des trois ou quatre musiciens qui ont le plus infléchi le cours de ma propre existence. Maintenant, je voulais essayer de dégager une réalité sur la musicalité de cet album, loin de la presse française qui s'est (toujours) ridiculisée en en faisant systématiquement un éloge dithyrambique sous prétexte que Neil Young s'attaquait à George Bush. je ne voulais pas non plus aller dans le sens de certains puristes pour lesquels le loner doit jouer forcément en acoustique, ou alors pour lesquels seuls les vieux albums sont dignes d'intérêt. Il a fait suffisamment de chefs-d'œuvres ces dernières années pour qu'on prenne conscience que chaque nouvel album est un élément dans une entité plus globale, et sans lequel le chef-d'œuvre à venir ne pourra voir le jour. Ce n'est donc pas un grand disque de Neil Young, même pas dans sa bonne moyenne à mon avis, mais sûrement pas l'œuvre d'un artiste éteint, il continue à se réinventer, à se chercher et à tailler sa route, avec ou sans nous. Pour moi, ce sera avec.
Dernière édition par Rising Sun le 25.04.08 15:30, édité 1 fois
Re: Living With War (2006)
Ce n'est pas horrible, ce n'est pas non plus géniale musicalement... ça s'écoute, mais on ne s'en relèvera pas la nuit...
Pas ré-écouté depuis sa sortie.
Pas ré-écouté depuis sa sortie.
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: Living With War (2006)
Moi j'écoute toujours "Shock and awe", "The restless consumer", "Looking for a leader" et "After the garden". Ces titres-là suffisent largement à faire la différence avec le reste de ce qui sort en rock aujourd'hui.
Belle chronique!
Quelques mois après est sorti une nouvelle version, sans les choeurs ni la trompette, avec le mixage d'origine. Quelqu'un l'a écoutée? Qu'en est-il?
Belle chronique!
Quelques mois après est sorti une nouvelle version, sans les choeurs ni la trompette, avec le mixage d'origine. Quelqu'un l'a écoutée? Qu'en est-il?
eddie- Messages : 744
Date d'inscription : 15/04/2008
Re: Living With War (2006)
un album, comme un brûlot, une charge, une décharge de chevrotine dans les tripes du pouvoir en place...
l'album d'un homme qui refuse de baisser la garde, de hisser le drapeau de la nation au service de la propagande. L’album d’un artiste qui a besoin d’écrire, de chanter sa révolte, même s’il commence à se faire vieux, même si c’est fait dans l’urgence, même si c’est pour trop en faire, même si c’est pour oublier la subtilité au vestiaire… il le fait, comme on s’arrache une épine avant de remettre sa chaussure, sans se soucier d’autre chose que de la douleur à apaiser et tant pis pour les risques d’infections.
Reste un album … qui ne reste pas… dont quelques titres surnagent au fil des ans, mais qui se noie dans sa volonté de trop en faire, d’être trop présent, trop clinquant. Un peu à l’image des films-reportages de Michael Moore, dont la forme porte finalement plus que le fond, la qualité n’est pas suffisamment au rendez-vous ici pour faire de cet album, un album que l’on réécoute, que l’on garde, qui se bonnifie avec le temps car il ne cesse de nous surprendre et de nous émouvoir.
Alors, cela reste le Loner, il y a des qualités indéniables, mais ni la mélancolie de ses enregistrements en acoustique ni la tempête sonore qu’il est apte à produire… un album sans doute mal produit, qui finit par être terne en lieu et place de la chaleur qu’il voudrait produire.
l'album d'un homme qui refuse de baisser la garde, de hisser le drapeau de la nation au service de la propagande. L’album d’un artiste qui a besoin d’écrire, de chanter sa révolte, même s’il commence à se faire vieux, même si c’est fait dans l’urgence, même si c’est pour trop en faire, même si c’est pour oublier la subtilité au vestiaire… il le fait, comme on s’arrache une épine avant de remettre sa chaussure, sans se soucier d’autre chose que de la douleur à apaiser et tant pis pour les risques d’infections.
Reste un album … qui ne reste pas… dont quelques titres surnagent au fil des ans, mais qui se noie dans sa volonté de trop en faire, d’être trop présent, trop clinquant. Un peu à l’image des films-reportages de Michael Moore, dont la forme porte finalement plus que le fond, la qualité n’est pas suffisamment au rendez-vous ici pour faire de cet album, un album que l’on réécoute, que l’on garde, qui se bonnifie avec le temps car il ne cesse de nous surprendre et de nous émouvoir.
Alors, cela reste le Loner, il y a des qualités indéniables, mais ni la mélancolie de ses enregistrements en acoustique ni la tempête sonore qu’il est apte à produire… un album sans doute mal produit, qui finit par être terne en lieu et place de la chaleur qu’il voudrait produire.
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
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