James Brown
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James Brown
La place occupée par James Brown dans la musique du XXème est centrale. D’une part parce qu’avec Ray Charles et Otis Redding, c’est une des plus grandes voix de la musique noire américaine. Mais aussi pour l’influence considérable que ses idées ont pu avoir sur les musiciens des années 1960.
James Brown souffre certainement dans les milieux rock d’un déficit au niveau de l’image que je traduirais dans des termes simples : Gamin, je pouvais m’identifier aux Rolling Stones (enfin, quand même pas à Wyman !), à Jimi Hendrix… mais certainement pas à James Brown ! Le coté un peu paillette du personnage le dessert grandement. La cape, les costumes verts, les vieux musiciens et une grosse choriste : à des années lumières du charisme d’un Keith Richards !
Et pourtant… les Rolling Stones eux même font partie de ces nombreux artistes rock très marqués par le Godfather. Le jeu de scène de Jagger, "Sexdrive"… la filiation est évidente.
Je situe l’apogée de la carrière de James Brown circa 1967/1970. Avant, il a enregistré de superbes plages soul, R’n’B (le vrai, pas les étrons polluant les ondes FM). Je ne vous fais pas l’affront d’une liste de hits imparables que vous connaissez aussi bien que moi.
L’apport majeur de James Brown vient ensuite, avec le Funk. Mais pas un funk vidé d’hormones mâles. Un funk viril, qui sent le sperme, le sang et la sueur. De nombreux ingrédients traînaient mid-60’s, mais c’est bien James Brown qui a transformé l’essai et influencé aussi bien Miles Davis que Jimi Hendrix.
Les lignes de basses syncopées existaient dans le R’n’B. Les longues plages sans changement d’accord dans le blues. Mais l’idée de prendre des structures rythmiques ne dépassant pas 4 mesures, voire 2 ou 1, avec une basse hypnotique reposant sur une batterie hyper groove, c’était en fait un immense pas en avant.
Jimi Hendrix utilisera beaucoup de structures similaires avec le Band of Gypsys : "Machine Gun" (mais la batterie est dans un autre esprit), "With The Power", "We’ve Gotta Live Together" et "Who Knows".
Le génie de James Brown réside aussi dans ses orchestrations : avec des orchestres d’une douzaine de musiciens, il réussit à garder de l’espace, ne jamais saturer. Car en fait ses musiciens jouent très peu. Mais tout est millimétré. Deux croches de guitare par ici. Un accent de cuivre là. Il faut une vision très élargie pour mettre ce genre de chose en place.
En cela (structures modales blues et groove), Brown initie le mouvement commun Hendrix (coté rock)/Miles (coté jazz) où la base hyper répétitive permet aux solistes toutes les audaces en raison de l’atmosphère à la limite de la transe qui se dégage.
Brown, en tant que chanteur, traduira cela de la plus inattendue des manières : en déstructurant totalement la notion de chanson. Plus de couplet, ni de refrain. Et même plus de paroles ! Juste des éructations. Ecoutez le fabuleux "In The Jungle" pour vous en assurer.
James Brown souffre certainement dans les milieux rock d’un déficit au niveau de l’image que je traduirais dans des termes simples : Gamin, je pouvais m’identifier aux Rolling Stones (enfin, quand même pas à Wyman !), à Jimi Hendrix… mais certainement pas à James Brown ! Le coté un peu paillette du personnage le dessert grandement. La cape, les costumes verts, les vieux musiciens et une grosse choriste : à des années lumières du charisme d’un Keith Richards !
Et pourtant… les Rolling Stones eux même font partie de ces nombreux artistes rock très marqués par le Godfather. Le jeu de scène de Jagger, "Sexdrive"… la filiation est évidente.
Je situe l’apogée de la carrière de James Brown circa 1967/1970. Avant, il a enregistré de superbes plages soul, R’n’B (le vrai, pas les étrons polluant les ondes FM). Je ne vous fais pas l’affront d’une liste de hits imparables que vous connaissez aussi bien que moi.
L’apport majeur de James Brown vient ensuite, avec le Funk. Mais pas un funk vidé d’hormones mâles. Un funk viril, qui sent le sperme, le sang et la sueur. De nombreux ingrédients traînaient mid-60’s, mais c’est bien James Brown qui a transformé l’essai et influencé aussi bien Miles Davis que Jimi Hendrix.
Les lignes de basses syncopées existaient dans le R’n’B. Les longues plages sans changement d’accord dans le blues. Mais l’idée de prendre des structures rythmiques ne dépassant pas 4 mesures, voire 2 ou 1, avec une basse hypnotique reposant sur une batterie hyper groove, c’était en fait un immense pas en avant.
Jimi Hendrix utilisera beaucoup de structures similaires avec le Band of Gypsys : "Machine Gun" (mais la batterie est dans un autre esprit), "With The Power", "We’ve Gotta Live Together" et "Who Knows".
Le génie de James Brown réside aussi dans ses orchestrations : avec des orchestres d’une douzaine de musiciens, il réussit à garder de l’espace, ne jamais saturer. Car en fait ses musiciens jouent très peu. Mais tout est millimétré. Deux croches de guitare par ici. Un accent de cuivre là. Il faut une vision très élargie pour mettre ce genre de chose en place.
En cela (structures modales blues et groove), Brown initie le mouvement commun Hendrix (coté rock)/Miles (coté jazz) où la base hyper répétitive permet aux solistes toutes les audaces en raison de l’atmosphère à la limite de la transe qui se dégage.
Brown, en tant que chanteur, traduira cela de la plus inattendue des manières : en déstructurant totalement la notion de chanson. Plus de couplet, ni de refrain. Et même plus de paroles ! Juste des éructations. Ecoutez le fabuleux "In The Jungle" pour vous en assurer.
Re: James Brown
http://9poundhammer.blogspot.com/2008/08/james-brown-in-boston-april-5th-1968.html
1968 est l’année pivot de la carrière de James Brown, il se produit quatre nuits d’affilé à l’apollo et après une escale à l’Olympia à Paris, descend enfin en Afrique, en côte d’Ivoire.
Le retour au pays est terrible : le leader noir Marthin Luther King, ami pour qui James professait une grande sympathie est assasiné le 5 avril. Le soir même James doit donner un concert à Boston.
A la demande du gouverneur, le show sera télévisé en direct sur toute la nouvelle angleterre.
Spectacle unique, atonal, expression d'une douleur terrible...James et son orchestre semblent tous branché sur la fréquence coltrane...le Boss pleure cinq seconde, on voit rouler ses larmes...la diffusion du show est une réussite absolue. Alors que toutes les grandes cités amériaines brulent, Boston et sa région sont miraculeusement épargné
1968 est l’année pivot de la carrière de James Brown, il se produit quatre nuits d’affilé à l’apollo et après une escale à l’Olympia à Paris, descend enfin en Afrique, en côte d’Ivoire.
Le retour au pays est terrible : le leader noir Marthin Luther King, ami pour qui James professait une grande sympathie est assasiné le 5 avril. Le soir même James doit donner un concert à Boston.
A la demande du gouverneur, le show sera télévisé en direct sur toute la nouvelle angleterre.
Spectacle unique, atonal, expression d'une douleur terrible...James et son orchestre semblent tous branché sur la fréquence coltrane...le Boss pleure cinq seconde, on voit rouler ses larmes...la diffusion du show est une réussite absolue. Alors que toutes les grandes cités amériaines brulent, Boston et sa région sont miraculeusement épargné
Bloomers- Messages : 2749
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 49
Re: James Brown
Voici un super clip de James à Paris en 1971 :
"Ain't It Funky Now"
http://fr.youtube.com/watch?v=LPyaF7_iUTA&feature=related
"Ain't It Funky Now"
http://fr.youtube.com/watch?v=LPyaF7_iUTA&feature=related
Re: James Brown
J'ai emprunté un double CD compilation du médiathèque et je commence a être accro au Godfather. Surtout la périod 68 à 72 approx. : "Super Bad", "Soul Power", "Get Up, Get Into It And Get Involved", "It's A New Day", etc...
"Super Bad" :
http://www.deezer.com/track/super-bad-parts-1-2-single-version-T1101817
"Super Bad" :
http://www.deezer.com/track/super-bad-parts-1-2-single-version-T1101817
Re: James Brown
J'ai recu l'année dernière en cadeau d'anniversaire une Biographie assez complète complète sur le God Father of Soul, on y apprend des tas de choses intéressantes.
J'adore le Live At Apollo Je l'ai vu peu de temps avant sa mort à la Foire aux vins de Colmar malheureusement le son etait assez pourrave mais c'etait quand même super de voir la légende sur scène
J'adore le Live At Apollo Je l'ai vu peu de temps avant sa mort à la Foire aux vins de Colmar malheureusement le son etait assez pourrave mais c'etait quand même super de voir la légende sur scène
Re: James Brown
Purple Jim a écrit:Jipes a écrit: J'adore le Live At Apollo
1963 ou 1968 ?
24/10/1962 et 25/06/1967 en fait c'est le Complete package
Re: James Brown
Interview :
http://www.funky-stuff.com/jamesbrown/InterviewHammerMain.htm
http://www.funky-stuff.com/jamesbrown/InterviewHammerMain.htm
_________________
Ayler's Music
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: James Brown
Merci Ayler pour l'analyse musicale du premier post.
WillieBrown- Messages : 24
Date d'inscription : 10/01/2010
Re: James Brown
Hier soir, je suis allé voir Maceo Parker. Plus de deux de funk, vraiment excellent. Un grand saxophoniste, avec un phrasé exceptionnel, plein de blues, de swing et bien sûr de groove.
Re: James Brown
Je l'ai vu il y a trois ans au Festival Jazz de la Défense, un grand moment de funk, Martha High la célèbre choriste de James Brown l'avait rejoins sur scène.
Re: James Brown
Hier soir, le groupe était le même que sur cette énorme vidéo, qui date de 2003, et qui montre bien ce que donne Maceo en live:Albert King a écrit:Je l'ai vu il y a trois ans au Festival Jazz de la Défense, un grand moment de funk, Martha High la célèbre choriste de James Brown l'avait rejoins sur scène.
Re: James Brown
J'ai une petite nostalgie pour l'époque des JB Horns ou MAceo se produisait avec Pee Wee Ellis et surtout le génial Fred Weslex, tout seul il fait toujours un excellent show mais le strois réunis dasn une petie salle de 200 personnes avec de jolies filles et Fred et Pee Wee en costard tiré à quatre épingles qui draguent à tout va quel souvenir merveilleux
Re: James Brown
Hommage splendide de James Brown à Maceo Parker, lequel lui rend l'appareil (et c'est paru sur l'album de Maceo "US" de 1972):
Re: James Brown
L'oeuvre de James Brown est monumentale, et très riche. Pour faire vite, je te propose la liste suivante:parisino a écrit:Chino a écrit:
Je connais très mal James, celui ci j'ai été à deux doigts de l'acheter jeudi mais je me suis dit qu'il faut que je me renseigne sur les albums de James Brown (il y en a tellement).
Si vous avez des préférences, je suis preneur !
Parisino
1. Les recueils chronologiques, compilés par Alan Leeds qui sont très bien faits, notamment:
- Foundations Of Funk 1964-1969 (Le mythique James Brown Band avec les frères Parker, Fred Wesley, Pee Wee Ellis Jimmy Nolen, Jabo Starks et CLyde Stubblefield etc etc.). Monstrueux.
- Funk Power 1970-A Brand New Thang (James Brown avec les frères Collins: Sex Machine, SOul Power, Talking Loud, etc etc. Le groove à l'état pur.)
- Make it Funky: The Big Payback 1971-1975.
3 autres compiles à avoir aussi:
- In The Jungle Groove (1986, rééditée avec un bonus track)
- Motherlode (moins connue que la précédente, elle est énorme aussi).
- Messing With The Blues (receuil du James Brown Blues)
- Roots Of A Revolution (la première des excellentes compiles chronologique d'Alan Leeds). Pour appréhender les premières années et l'évolution de James Brown.
2. Les albums studios:
- Soul On Top (1969) > James Brown en mode jazz. Superbe!
- Hot Pants (1971) > Du funk brut, plein de groove.
- Get On The Good Foot (inégal par contre, mais qui vaut l'achat pour le morceau titre notament)
- The Payback (1973) > Le plus bel album studio de James Brown. Soul, funk, blues... Quel feeling!
Hell (1974) et Reality (1975) sont à écouter aussi.
3. Les albums lives:
James Brown fut sans doute le plus grand showman de tous les temps, on ne peut donc pas faire l'impasse sur ses lives, notamment les 3 lives à l'Apollo:
- Celui de 1962: la soul à l'état pur, avec une interprétation absolument ahurissante de "I Lost Someone".
- Celui de 1967 (Live At The Apollo Vol. 2): entre soul et funk, avec un groupe au sommet de son art. Les versions de "It's A Mans Man Man's World" et de "There Was A Time" sont monumentales.
- Celui de 1971 ("Revolution Of The Mind"). Le plus funk. Dément aussi...
Outre ces 3 lives, absolument indispensables, il faut aussi avoir:
- Live At The Garden (1967): magnique version de Papa's Got A Brand New Bag. Récemment éditée en version deluxe.
- Say It Live & Loud (Dallas 1968): un live officiel qui n'a rien à envier aux lives à l'Apollo: la version de "Cold Sweat" (entre autres) est incroyable. Indispensable!
- Love Power Peace (Olympia 71): la seule trace officielle d'un live de James Brown avec les JB's (les frères Collins, Tiger Martin etc). Et quelle trace! Prodigieux, et donc indispensable également!
A noter qu'est sorti récemment un fantastique coffret 3 DVD intitulé "I Got The feelin - James Brown in the 60's", qui rassemble notamment l'extraordianire concert de Boston 1968 (au lenbdemain de l'assassinat de Martin Luther King). James montre qu'il était non seulement un immense chanteur, danseur, chef d'orchestre, showman, mais aussi un leader de sa communauté. Un concert indispensable là encore, mais tout le coffret est géant.
4. Les B.O de films:
Last but not least, James Brown a composé (avec fred Wesley) la B.O de 2 films de Blaxploitation sur lesquelles il y a de l'excellente musique:
- Black Caesar
- Slaughter's Big Rip-Off
Il y a aussi des bootlegs fantastiques. Voilà!
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