John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
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John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
1. Entre Dos Aguas (Paco De Lucia et Larry Coryell seulement)
2. Lotus Feet (John McLaughlin et Paco de Lucia seulement)
3. Morning Of The Carnaval
4. Meeting Of The Spirits
5. Guardian Angels
Le concert réunit John McLaughlin, Paco de Lucia et Larry Coryell, tous sur guitare acoustique. Précurseur d’un autre trio (avec Al Di Meola à la place de Coryell), ce concert de 1980 est nettement supérieur au "Friday Night In San Francisco", même s’il est musicalement dans une veine comparable (et contient un répertoire proche). Supérieur car on ne tombe pas dans la surenchère guitaristique du Live pourtant mythique du trio dont la performance technique est exceptionnelle, mais où la musicalité fait trop souvent cruellement défaut.
Certains d’entre vous connaissent peut-être ce concert : il était passé deux fois sur Jazz 6, la seconde fois le même jour que la première diffusion par Arte du concert de Jimi Hendrix à Woodstock ! (quelle soirée !)
Le DVD se contente de reprendre les images… mais la musique présentée mérite qu'on s’y attarde un moment.
Le premier titre commence sur le thème de "Mediterrean Sundance" ; il est magnifié par la virtuosité de Paco de Lucia. A ce stade, on peut déjà préciser que le maillon faible de l’équipe est clairement Larry Coryell, dont le jeu montre certes une grande connaissance de l’instrument et d'une variété de styles, mais reste au bout du compte peu inspiré, voire assez flashy. Heureusement, il est en retrait par rapport aux deux autres.
Paco de Lucia réussit à transcender son style flamenco, sans pour autant s’en éloigner véritablement : son jeu est remarquable, rempli de passion et de virtuosité ni facile, ni gratuite.
Le second titre, "Lotus Feet", rescapé du dernier Mahavishnu Orchestra et du premier Shakti, présente la meilleure version de ce titre. McLaughlin expose le thème sur un arpège de Paco de Lucia, puis se lance dans un solo court, simple, sans jamais sombrer dans la moindre avalanche de notes : c’est un immense moment de guitare.
La sensibilité est palpable, et l’émotion intense bien que retenue. Quel dommage que McLaughlin n’ait pas joué plus souvent ainsi, avec autant d'humilité. On se rend compte que son phrasé est superbe, et son vibrato de la main gauche délicieux.
"Morning Of The Carnaval" est le premier titre en trio, d’inspiration latine. Superbes interventions de McLaughlin et de Lucia.
Mais le morceau de résistance du DVD, c’est bien "Meeting Of The Spirits", presque 20 minutes, où Paco de Lucia et McLaughlin offrent des soli dantesques.
Le solo de McLaughlin est surhumain. Coryell semble écœuré, et de Lucia ravi de tant de virtuosité. McLaughlin en fait peut-être un peu trop… mais comment rester insensible à ce festival guitaristique ? Techniquement et musicalement, McLaughlin repousse les frontières de l’instrument. Son attaque est nuancée, ce qui malgré une vitesse de croisière hallucinante, permet à son solo de ne pas tomber dans la monotonie : les cordes sont parfois survolées, parfois meurtries… Le dandy anglais est au sommet de son Art.
Grande relecture du classique du Mahavishnu.
Pour le rappel, le trio se fend d’un rapide (en comparaison) "Guardian Angels", dont le simple thème a de quoi calmer plus d’un apprenti guitariste.
Au bout du compte, un concert magnifique, qui offre aux amoureux de la guitare acoustique une sorte d’absolu dans le genre.
1. Entre Dos Aguas (Paco De Lucia et Larry Coryell seulement)
2. Lotus Feet (John McLaughlin et Paco de Lucia seulement)
3. Morning Of The Carnaval
4. Meeting Of The Spirits
5. Guardian Angels
Le concert réunit John McLaughlin, Paco de Lucia et Larry Coryell, tous sur guitare acoustique. Précurseur d’un autre trio (avec Al Di Meola à la place de Coryell), ce concert de 1980 est nettement supérieur au "Friday Night In San Francisco", même s’il est musicalement dans une veine comparable (et contient un répertoire proche). Supérieur car on ne tombe pas dans la surenchère guitaristique du Live pourtant mythique du trio dont la performance technique est exceptionnelle, mais où la musicalité fait trop souvent cruellement défaut.
Certains d’entre vous connaissent peut-être ce concert : il était passé deux fois sur Jazz 6, la seconde fois le même jour que la première diffusion par Arte du concert de Jimi Hendrix à Woodstock ! (quelle soirée !)
Le DVD se contente de reprendre les images… mais la musique présentée mérite qu'on s’y attarde un moment.
Le premier titre commence sur le thème de "Mediterrean Sundance" ; il est magnifié par la virtuosité de Paco de Lucia. A ce stade, on peut déjà préciser que le maillon faible de l’équipe est clairement Larry Coryell, dont le jeu montre certes une grande connaissance de l’instrument et d'une variété de styles, mais reste au bout du compte peu inspiré, voire assez flashy. Heureusement, il est en retrait par rapport aux deux autres.
Paco de Lucia réussit à transcender son style flamenco, sans pour autant s’en éloigner véritablement : son jeu est remarquable, rempli de passion et de virtuosité ni facile, ni gratuite.
Le second titre, "Lotus Feet", rescapé du dernier Mahavishnu Orchestra et du premier Shakti, présente la meilleure version de ce titre. McLaughlin expose le thème sur un arpège de Paco de Lucia, puis se lance dans un solo court, simple, sans jamais sombrer dans la moindre avalanche de notes : c’est un immense moment de guitare.
La sensibilité est palpable, et l’émotion intense bien que retenue. Quel dommage que McLaughlin n’ait pas joué plus souvent ainsi, avec autant d'humilité. On se rend compte que son phrasé est superbe, et son vibrato de la main gauche délicieux.
"Morning Of The Carnaval" est le premier titre en trio, d’inspiration latine. Superbes interventions de McLaughlin et de Lucia.
Mais le morceau de résistance du DVD, c’est bien "Meeting Of The Spirits", presque 20 minutes, où Paco de Lucia et McLaughlin offrent des soli dantesques.
Le solo de McLaughlin est surhumain. Coryell semble écœuré, et de Lucia ravi de tant de virtuosité. McLaughlin en fait peut-être un peu trop… mais comment rester insensible à ce festival guitaristique ? Techniquement et musicalement, McLaughlin repousse les frontières de l’instrument. Son attaque est nuancée, ce qui malgré une vitesse de croisière hallucinante, permet à son solo de ne pas tomber dans la monotonie : les cordes sont parfois survolées, parfois meurtries… Le dandy anglais est au sommet de son Art.
Grande relecture du classique du Mahavishnu.
Pour le rappel, le trio se fend d’un rapide (en comparaison) "Guardian Angels", dont le simple thème a de quoi calmer plus d’un apprenti guitariste.
Au bout du compte, un concert magnifique, qui offre aux amoureux de la guitare acoustique une sorte d’absolu dans le genre.
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Ayler a écrit:
Au bout du compte, un concert magnifique, qui offre aux amoureux de la guitare acoustique une sorte d’absolu dans le genre.
J'ai noté.
kjp- Messages : 1334
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 50
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
quelques réflexions ou rêvasseries sur une vidéo pour laquelle je partage ton admiration:
Larry Coryell:
n'a une importance qu'en tant que faire-valoir, en effet.
Le touriste qui donne l'échelle sur la photo d'un monument, l'unité de décompte, la mesure qui permet de jauger la taille de ceux qui l'entourent.
Tel est son sacerdoce.
Encore, il y a une parenté entre une mesure et son objet, les doubles décimètres mesurent des centimètres, les chronomètres égrenent les secondes, c'est entendu, mais ce n'est précisément pas le cas ici: il y a entre Larry Coryel et ses partenaires, non pas une différence de degrés mais une différence de nature. Il semble souffrir de cette infériorité, infériorité de nature, infériorité foncière, ontologique des quantités sur les qualités.
On ne crée pas les émotions avec un double décimètre, or précisément il est devant Paco et Mc Laughlin aussi armé qu'un double décimètre dressé devant l'horizon. Plus vite, plus fort, plus complexe. Il ahane et enfile plans sur plans. On le voit en nage à certains moment alors que Mc laughlin garde une fraicheur surnaturelle jusqu'au terme du concert. Mais on n'obtient pas du mieux avec du plus. Les suites de plans restent des plans, les quantités même multipliées entre elles, mêmes décuplées ne crées pas d'émotions mais encore des quantités.
Le monde des qualités lui, reste inaccessible.
Pas supérieur, même pas supérieur.
Au delà.
Le seul être humain en fin de compte, que l'on entend ici. Des auréoles apparaissent sous ses vêtements. Paco et Mc Laughlin sont étrangement jeunes par contre, jusqu'au terme du concert, je l'ai dit.
Embarqué par erreur avec deux immortels pour un voyage en éternité.
La chose n'est pas exceptionnelle. Sancho Pancha aussi a acquis son passeport pour l'immortalité et les livres de mythologies gardent encore le souvenir de simples mortels, bipèdes insignifiants, courtisanes de peu d'envergures ou pâtres présomptueux qui ont tentés un jour de voler un rayon du soleil. Encore, le cas de Larry Coryel n'est tient pas exactement de ce dernier exemple. Pas de vanité chez cet homme. Plutôt de l'hébétude et du labeur. Dans cette vidéo, c'est sa transpiration qui passera à la postérité.
Quand on lit les légendes entre les lignes, on prends conscience de ces personnages secondaires et de la réalité qui fut la leur. Culs-terreux, célèbres d'avoir été frolés une fois par l'épaule d'un dieu.
Sans doute les dieux ont ils besoins des humains, au moins pour se sentir dieux.
Larry Coryell:
n'a une importance qu'en tant que faire-valoir, en effet.
Le touriste qui donne l'échelle sur la photo d'un monument, l'unité de décompte, la mesure qui permet de jauger la taille de ceux qui l'entourent.
Tel est son sacerdoce.
Encore, il y a une parenté entre une mesure et son objet, les doubles décimètres mesurent des centimètres, les chronomètres égrenent les secondes, c'est entendu, mais ce n'est précisément pas le cas ici: il y a entre Larry Coryel et ses partenaires, non pas une différence de degrés mais une différence de nature. Il semble souffrir de cette infériorité, infériorité de nature, infériorité foncière, ontologique des quantités sur les qualités.
On ne crée pas les émotions avec un double décimètre, or précisément il est devant Paco et Mc Laughlin aussi armé qu'un double décimètre dressé devant l'horizon. Plus vite, plus fort, plus complexe. Il ahane et enfile plans sur plans. On le voit en nage à certains moment alors que Mc laughlin garde une fraicheur surnaturelle jusqu'au terme du concert. Mais on n'obtient pas du mieux avec du plus. Les suites de plans restent des plans, les quantités même multipliées entre elles, mêmes décuplées ne crées pas d'émotions mais encore des quantités.
Le monde des qualités lui, reste inaccessible.
Pas supérieur, même pas supérieur.
Au delà.
Le seul être humain en fin de compte, que l'on entend ici. Des auréoles apparaissent sous ses vêtements. Paco et Mc Laughlin sont étrangement jeunes par contre, jusqu'au terme du concert, je l'ai dit.
Embarqué par erreur avec deux immortels pour un voyage en éternité.
La chose n'est pas exceptionnelle. Sancho Pancha aussi a acquis son passeport pour l'immortalité et les livres de mythologies gardent encore le souvenir de simples mortels, bipèdes insignifiants, courtisanes de peu d'envergures ou pâtres présomptueux qui ont tentés un jour de voler un rayon du soleil. Encore, le cas de Larry Coryel n'est tient pas exactement de ce dernier exemple. Pas de vanité chez cet homme. Plutôt de l'hébétude et du labeur. Dans cette vidéo, c'est sa transpiration qui passera à la postérité.
Quand on lit les légendes entre les lignes, on prends conscience de ces personnages secondaires et de la réalité qui fut la leur. Culs-terreux, célèbres d'avoir été frolés une fois par l'épaule d'un dieu.
Sans doute les dieux ont ils besoins des humains, au moins pour se sentir dieux.
joy of a toy- Messages : 40
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Ah ben tu ne l'aimes pas ce pauvre Larry !
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Sévère mais juste. Et drôle !
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
non electric thing, je n'ai rien contre ce pauvre larry! d'ailleurs il est doué: c'est un suiveur plutôt ... en avance!
juges en: il ne faisait pas comme mc laughlin 5 ans, 10 ans, 20 ans après, mais seulement 6 mois! 6 mois après les albums du mahavishnu, pas avec cobahm, mais avec alphonse mouzon et des compos exactement semblables, 6 mois apres le groupe indien de mc laughlin, il cherchait des partenaires indiens etc ...!!l
bref, c'est terrible d'être numéro 2, car numéro 2 c'est déjà suiveur! et c'est terrible surtout d'être le concurrent de mc laughlin, il faut avouer!!
en fait si j'intervenais sur cet album, ce n'était pas pour me cantonner à critiquer larry coryel, sinon, je conviens que mon intervention pouvait ressembler à un rêglement de compte.
pas un rêglement de compte, plutôt un hors d'oeuvre...
Mc Laughlin, Paco de Lucia:
Chaque individu est irréductible, c'est entendu. Diluer les personnalités dans le grand creuset des généralités, faire d'un homme le symbole d'une cause abstraite, l'incarnation d'une philosophie, est simpliste et mène parfois même à une certaine platitude. A trop étreindre on n'embrasse rien.
Par conséquent je vais me livrer à un exercice dangeureux.
De plus le procédé n'est pas dénué de sentimentalisme, il dénote d'une certaine facilité puisqu'il étend les enjeux de l'analyse, il dramatise, il romance, il ne traite plus du cas d'un tel mais des civilisations, de l'histoire et de l'humanité. La cause de l'humanité est plus spectaculaire que la vie d'un tel, le schématisme du noir et du blanc est plus photogénique que la marmelade grise du réel. Le cinéma est parfois supérieur au vécu.
Un peu de mise en scène, donc: j'escamote le passé novateur de Paco de Lucia (novateur d'ailleurs mais dans son propre folklore), pour le faire ambassadeur de la tradition, et j'attribue sans peine le rôle de la modernité à Mc laughlin.
Je ressuscite alors un antagonisme particulièrement fécond dans l'histoire des idées. Et j'ai à peine l'impression d'avoir triché.
Certains antagonismes ont pour issue la victoire d'un des protagonistes, ils sont d'une certaine manière stérile car le discours d'un des partis l'emportant, toute trace de la rencontre est effacée. C'est par exemple le cas de mc laughin et larry coryel: les deux se battent sur le même terrain et mc laughlin l'emporte. point. les deux empruntent rigoureusement le même chemin, mais l'un va plus loin. ok?
Mais parfois les postures se combattent sans se vaincre. Il semblerait que chacune d'elles possède la moitié de la vérité, mais que les deux moitiés soient incompatibles. La vérité complète serait dans l'union des deux moitiés, mais cette union est impossible! Donc union instable. Union semblable à ... une désunion, mais perpétuellement remise. Si l'on ne peut voir dans ce couple que le conflit, on peut aussi si l'on prend de la hauteur y voir une harmonie, mais autre, supérieure, disons dynamique.
Deux moitiés de vérité incompatibles: la nature d'un tel antagonisme est à trouver en amont: dans l'enjeux: dans le fait qu'il est humainement inaccessible.
Inaccessible dit aussi inépuisable: ce rapport loin d'être stérile est au contraire très fécond.
C'est bien ce rapport qui régit la relation de la tradition et de la modernité, de john et paco. Un antagonisme complémentaire. Autour de la question de l'individualité.
Inconsciemment ou pas chaque musicien se pose cette question: jusqu'ou dois je m'investir dans ma musique?
Dans quelle direction aller?
vers l'effacement de soi, le renoncement à l'ego pour se fondre dans le grand tout de la tradition, le plus sur véhicule vers dieux? (paco)
Vers l'affirmation de soi, en pensant qu'on accède à l'universel par l'inverse: le particularisme, l'individualité exacerbés jusqu'à l'incandescence? (john)
Tradition chère à Paco, ou bien modernité du jazz et de mc laughlin?
autrement dit, dans le jeux de Paco de Lucia, il y a la quintescence de la culture musicale qui l'a nourri, mais de Paco lui même, pas de trace... (sauf sans doute dans les choix qui l'ont amené à adopter sa culture, mais c'est une autre affaire). En revanche chez Mc Laughlin, il y a le panorama de sa culture musicale mais aussi... lui même.
(l'heure m'oblige à arreter désolé...)
juges en: il ne faisait pas comme mc laughlin 5 ans, 10 ans, 20 ans après, mais seulement 6 mois! 6 mois après les albums du mahavishnu, pas avec cobahm, mais avec alphonse mouzon et des compos exactement semblables, 6 mois apres le groupe indien de mc laughlin, il cherchait des partenaires indiens etc ...!!l
bref, c'est terrible d'être numéro 2, car numéro 2 c'est déjà suiveur! et c'est terrible surtout d'être le concurrent de mc laughlin, il faut avouer!!
en fait si j'intervenais sur cet album, ce n'était pas pour me cantonner à critiquer larry coryel, sinon, je conviens que mon intervention pouvait ressembler à un rêglement de compte.
pas un rêglement de compte, plutôt un hors d'oeuvre...
Mc Laughlin, Paco de Lucia:
Chaque individu est irréductible, c'est entendu. Diluer les personnalités dans le grand creuset des généralités, faire d'un homme le symbole d'une cause abstraite, l'incarnation d'une philosophie, est simpliste et mène parfois même à une certaine platitude. A trop étreindre on n'embrasse rien.
Par conséquent je vais me livrer à un exercice dangeureux.
De plus le procédé n'est pas dénué de sentimentalisme, il dénote d'une certaine facilité puisqu'il étend les enjeux de l'analyse, il dramatise, il romance, il ne traite plus du cas d'un tel mais des civilisations, de l'histoire et de l'humanité. La cause de l'humanité est plus spectaculaire que la vie d'un tel, le schématisme du noir et du blanc est plus photogénique que la marmelade grise du réel. Le cinéma est parfois supérieur au vécu.
Un peu de mise en scène, donc: j'escamote le passé novateur de Paco de Lucia (novateur d'ailleurs mais dans son propre folklore), pour le faire ambassadeur de la tradition, et j'attribue sans peine le rôle de la modernité à Mc laughlin.
Je ressuscite alors un antagonisme particulièrement fécond dans l'histoire des idées. Et j'ai à peine l'impression d'avoir triché.
Certains antagonismes ont pour issue la victoire d'un des protagonistes, ils sont d'une certaine manière stérile car le discours d'un des partis l'emportant, toute trace de la rencontre est effacée. C'est par exemple le cas de mc laughin et larry coryel: les deux se battent sur le même terrain et mc laughlin l'emporte. point. les deux empruntent rigoureusement le même chemin, mais l'un va plus loin. ok?
Mais parfois les postures se combattent sans se vaincre. Il semblerait que chacune d'elles possède la moitié de la vérité, mais que les deux moitiés soient incompatibles. La vérité complète serait dans l'union des deux moitiés, mais cette union est impossible! Donc union instable. Union semblable à ... une désunion, mais perpétuellement remise. Si l'on ne peut voir dans ce couple que le conflit, on peut aussi si l'on prend de la hauteur y voir une harmonie, mais autre, supérieure, disons dynamique.
Deux moitiés de vérité incompatibles: la nature d'un tel antagonisme est à trouver en amont: dans l'enjeux: dans le fait qu'il est humainement inaccessible.
Inaccessible dit aussi inépuisable: ce rapport loin d'être stérile est au contraire très fécond.
C'est bien ce rapport qui régit la relation de la tradition et de la modernité, de john et paco. Un antagonisme complémentaire. Autour de la question de l'individualité.
Inconsciemment ou pas chaque musicien se pose cette question: jusqu'ou dois je m'investir dans ma musique?
Dans quelle direction aller?
vers l'effacement de soi, le renoncement à l'ego pour se fondre dans le grand tout de la tradition, le plus sur véhicule vers dieux? (paco)
Vers l'affirmation de soi, en pensant qu'on accède à l'universel par l'inverse: le particularisme, l'individualité exacerbés jusqu'à l'incandescence? (john)
Tradition chère à Paco, ou bien modernité du jazz et de mc laughlin?
autrement dit, dans le jeux de Paco de Lucia, il y a la quintescence de la culture musicale qui l'a nourri, mais de Paco lui même, pas de trace... (sauf sans doute dans les choix qui l'ont amené à adopter sa culture, mais c'est une autre affaire). En revanche chez Mc Laughlin, il y a le panorama de sa culture musicale mais aussi... lui même.
(l'heure m'oblige à arreter désolé...)
joy of a toy- Messages : 40
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
bref, c'est terrible d'être numéro 2, car numéro 2 c'est déjà suiveur! et c'est terrible surtout d'être le concurrent de mc laughlin, il faut avouer!!
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
En fait, l'inverse a pu arriver à l'occasion : c'est ainsi Larry Coryell qui a présenté Sri Chinmoy à McLaughlin au printemps 70 !joy of a toy a écrit:il ne faisait pas comme mc laughlin 5 ans, 10 ans, 20 ans après, mais seulement 6 mois! 6 mois après les albums du mahavishnu, pas avec cobahm, mais avec alphonse mouzon et des compos exactement semblables, 6 mois apres le groupe indien de mc laughlin, il cherchait des partenaires indiens etc ...!!!
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Ah ben je suis heureux pour Larry ! Ce n'est pas qu'un looser !
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Mc Laughlin
authentique saint ou carriériste?
artiste pur ou intriguant?
avide de dieu ou de gloriole?
cherchant à s'élever ou à surplomber?
à avancer ou à dépasser?
saint authentique et carriériste
artiste pur et intriguant
avide de dieu et de pouvoir
On ne sépare pas le bon grain de l'ivraie, il nous dit: la vie est l'union des deux, l'ego est une auberge sur la route de l'amour, et l'amour est une auberge sur la route de l'ego.
Leçon amère. Saint, oui, mais le dieu qu'il prie, c'est la vie.
1ere étape
mais ce n'est pas suffisant.
Les leçons de nihilisme sont trop naïves car il s'agit encore de leçons.
Et invoquer les contraires est encore trop affirmatif. Et répondre par le tour d'horizon est encore trop étroit, car c'est encore répondre.
Et mc Laughlin, peut être, a le génie intuitif de prendre conscience que les questions n'impliquent pas forcément de réponses. Paco de Lucia répond sagement, soit, lui ne répond pas, il retourne les questions, mais puissance dix: vibrantes de toute l'intensité qu'elles contiennent. Voilà sa philosophie: les questions sont suffisamment riches en elles même pour s'émanciper des dilemmes auxquels on les croit tenues. Questions sans réponse, mais trouvant précisément dans ce silence, voulu, assumé, le statut d'une réponse.
Paco est parfait, voilà pourquoi on ne s'épanche pas sur lui, on ne réglera jamais par contre le problème de Mc Laughlin. C'est sa supériorité sur l'espagnol.
authentique saint ou carriériste?
artiste pur ou intriguant?
avide de dieu ou de gloriole?
cherchant à s'élever ou à surplomber?
à avancer ou à dépasser?
saint authentique et carriériste
artiste pur et intriguant
avide de dieu et de pouvoir
On ne sépare pas le bon grain de l'ivraie, il nous dit: la vie est l'union des deux, l'ego est une auberge sur la route de l'amour, et l'amour est une auberge sur la route de l'ego.
Leçon amère. Saint, oui, mais le dieu qu'il prie, c'est la vie.
1ere étape
mais ce n'est pas suffisant.
Les leçons de nihilisme sont trop naïves car il s'agit encore de leçons.
Et invoquer les contraires est encore trop affirmatif. Et répondre par le tour d'horizon est encore trop étroit, car c'est encore répondre.
Et mc Laughlin, peut être, a le génie intuitif de prendre conscience que les questions n'impliquent pas forcément de réponses. Paco de Lucia répond sagement, soit, lui ne répond pas, il retourne les questions, mais puissance dix: vibrantes de toute l'intensité qu'elles contiennent. Voilà sa philosophie: les questions sont suffisamment riches en elles même pour s'émanciper des dilemmes auxquels on les croit tenues. Questions sans réponse, mais trouvant précisément dans ce silence, voulu, assumé, le statut d'une réponse.
Paco est parfait, voilà pourquoi on ne s'épanche pas sur lui, on ne réglera jamais par contre le problème de Mc Laughlin. C'est sa supériorité sur l'espagnol.
joy of a toy- Messages : 40
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Un beau DVD, bien qu'un peu court. Cette formation a été éclipsée par le trio avec Al Di Meola, ce dernier ayant remplacé Coryell du fait de ses problèmes d'addiction.
Coryell est clairement le maillon faible: le son de sa guitare, ses soli et ses rythmiques sont loin d'être inoubliables. Mais le niveau est si élevé: Paco de Lucia n'est pas encore totalement à l'aise avec les harmonies jazz. Il dira plus tard qu'il n'était pas encore à l'aise dans le domaine de l'improvisation à cette époque, et que c'était très difficile pour lui quand les accords changeaient très rapidement, il sortait de concert totalement épuisé. Il disait qu'il en rajoutait dans la virtuosité, mais que ça virait parfois au cirque (il évoquait plus le trio avec Al Di Meola).
Quant à McLaughlin, c'est clairement le leader.
La version d'Entre Dos Aguas est assez moyenne, l'accompagnement et le solo de Coryell n'étant pas fantastiques. ça manque de swing. La version originale de ce titre (dispo sur le recueil éponyme), ou d'autres interprétations live de Paco de Lucia sont bien meilleures à mon avis.
Lotus Feet est effectivement un grand moment. McLaughlin jue au doigt, toute en retenue et en feeling. C'est une des meilleures versions officielles de ce titre, avec celle (électrique) parue sur le premier album de Remeber Shakti avec Chaurasia. Dommage que la version figurant sur le premier album de Shakti (acoustique celle-ci) soit coupée.
Une auutre version que j'adore, en duo avec Coryell:
Morning Of The Carnaval est excellent, le premeir solo de McLaughlin est très beau, et Paco De Lucia est à l'aise.
Un concert à voir et à revoir.
Coryell est clairement le maillon faible: le son de sa guitare, ses soli et ses rythmiques sont loin d'être inoubliables. Mais le niveau est si élevé: Paco de Lucia n'est pas encore totalement à l'aise avec les harmonies jazz. Il dira plus tard qu'il n'était pas encore à l'aise dans le domaine de l'improvisation à cette époque, et que c'était très difficile pour lui quand les accords changeaient très rapidement, il sortait de concert totalement épuisé. Il disait qu'il en rajoutait dans la virtuosité, mais que ça virait parfois au cirque (il évoquait plus le trio avec Al Di Meola).
Quant à McLaughlin, c'est clairement le leader.
La version d'Entre Dos Aguas est assez moyenne, l'accompagnement et le solo de Coryell n'étant pas fantastiques. ça manque de swing. La version originale de ce titre (dispo sur le recueil éponyme), ou d'autres interprétations live de Paco de Lucia sont bien meilleures à mon avis.
Lotus Feet est effectivement un grand moment. McLaughlin jue au doigt, toute en retenue et en feeling. C'est une des meilleures versions officielles de ce titre, avec celle (électrique) parue sur le premier album de Remeber Shakti avec Chaurasia. Dommage que la version figurant sur le premier album de Shakti (acoustique celle-ci) soit coupée.
Une auutre version que j'adore, en duo avec Coryell:
Morning Of The Carnaval est excellent, le premeir solo de McLaughlin est très beau, et Paco De Lucia est à l'aise.
Absolument. La compo est excellente, et le solo de McLaughlin est incroyable, "surhumain" c'est le mot (même si du temps de Shakti, il jouait déjà de cette façon). Il joue avec une rare intensité.Ayler a écrit:Mais le morceau de résistance du DVD, c’est bien "Meeting Of The Spirits", presque 20 minutes, où Paco de Lucia et McLaughlin offrent des soli dantesques.
Le solo de McLaughlin est surhumain. Coryell semble écœuré, et de Lucia ravi de tant de virtuosité. McLaughlin en fait peut-être un peu trop… mais comment rester insensible à ce festival guitaristique ? Techniquement et musicalement, McLaughlin repousse les frontières de l’instrument. Son attaque est nuancée, ce qui malgré une vitesse de croisière hallucinante, permet à son solo de ne pas tomber dans la monotonie : les cordes sont parfois survolées, parfois meurtries… Le dandy anglais est au sommet de son Art.
Grande relecture du classique du Mahavishnu.
Un concert à voir et à revoir.
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
prêté il y a peu à un jeune ami guitariste en herbe... il est revenu à des horizons plus "réalisables", mais ça m'a permis de le revoir... franchement, je comprends que l'aspect "virtuose creux" de john -tu veux que je joue avec mes doigts sur tes cordes mon amour-mclolo en agace certains... mais là, entre lui et paco c'est vraiment de purs moments de bonheurs et une forme de simplicité de camaraderie assez communicative je trouve, on les sent contents d'être là... je trouve que ça participe à l'ensemble...
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
Le DVD en intégralité:
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
j'aime bien la partie finale..Chino a écrit:Le DVD en intégralité:
Re: John McLaughlin, Paco de Lucia & Larry Coryell : Meeting Of The Spirit (DVD)
La setlist complète :
--Show--- 2:13:58
Solo & Duets
01. Restful Mind - Larry Coryell
02. Julie La Belle - Larry Coryell
03. Wonderful Wolfgang - Larry Coryell
04. Barrio La Vina - Paco De Lucia
05. Zapateado - Paco De Lucia
06. Bulerias - Paco De Lucia
07. Waltz for Bill Evans - John McLaughlin
08. Peace Piece - John McLaughlin
09. One Melody - John McLaughlin
10. Do You Hear The Voices You Left Behind - John & Larry
11. Mediterranean Sundance / Rio Ancho - Larry & Paco
12. Lotus Feet - John & Paco
Guitar Trio
13. Tres Hermanos
14. Manha De Carnaval
15. Meeting of The Spirits
16. Guardian Angel
Le tout existe en audience.
--Show--- 2:13:58
Solo & Duets
01. Restful Mind - Larry Coryell
02. Julie La Belle - Larry Coryell
03. Wonderful Wolfgang - Larry Coryell
04. Barrio La Vina - Paco De Lucia
05. Zapateado - Paco De Lucia
06. Bulerias - Paco De Lucia
07. Waltz for Bill Evans - John McLaughlin
08. Peace Piece - John McLaughlin
09. One Melody - John McLaughlin
10. Do You Hear The Voices You Left Behind - John & Larry
11. Mediterranean Sundance / Rio Ancho - Larry & Paco
12. Lotus Feet - John & Paco
Guitar Trio
13. Tres Hermanos
14. Manha De Carnaval
15. Meeting of The Spirits
16. Guardian Angel
Le tout existe en audience.
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