Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
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LeGarsReg
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The American Music Forum :: Rock UK... parce que ses racines sont américaines :: Autres musiciens européens
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Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
1. Sea Song
2. Last Straw
3. Little Red Riding Hood Hit The Road
4. Alifib
5. Alife
6. Little Red Robin Hood Hit The Road
- Robert Wyatt (batterie, claviers, chant)
- Hugh Hopper (basse)
- Gary Windo (clarinette, saxophone ténor)
- Ivor Cutler (claviers, voix)
- Mongezi Feza (trompette)
- Mike Oldfield (guitare)
- Alfreda Benge (voix)
- Fred Frith (piano, violon)
- Laurie Allan (batterie)
- Richard Sinclair (basse)
Robert Wyatt est le créateur avec Kevin Ayers (il faudra un jour que je vous parle de l'album Joy Of A Toy...) de SOFT MACHINE (été 66). Il en sera aussi l'un des compositeurs, le génial batteur et le chanteur sur les 3 premiers (et plus grands) albums du groupe (et participera comme simple musicien, et non plus comme chanteur, au 4ème il me semble !) avant de se casser et de former The Matching Mole (72) (qui n'est pas la traduction de Soft Machine en français...).
En 73, un soir de grosse fête chez le leader de Gong, il se prend pour un oiseau et saute du 4ème étage...
Résultat : paraplégie.
L'histoire raconte que c'est sur son lit d'hôpital où il y resta 6 mois qu'il composa Rock Bottom. En fait, c'est pendant l'hiver 72, lors d'un voyage à Venise, qu'il avait commencé à écrire (on retrouve d'ailleurs l'ambiance et les sonorités aqueuses).
Robert qui ne sera plus batteur se met à jouer d'un petit piano électrique (italien) offert par sa femme. Cet instrument deviendra presque sa marque de fabrique. En tout cas le seul moyen qu'il lui reste pour composer.
Si Rock Bottom est considéré comme un album mythique de l'histoire du Rock, les amateurs du genre risquent de ne pas y retrouver leurs marques.
En effet point de batterie (vous savez pourquoi...) et une ambiance musicale qui ne ressemble à rien de connue : délicate, déchirante, subtile, naïve, cruelle, troublante, étouffante, constamment à la limite de la rupture, du chaos.
L'album est sorti en 74, produit par Nick Mason.
On y retrouve à la guitare Richard Sinclair et Mike Oldfield et surtout Hugh Hopper à la basse (sublime) ainsi qu'une section de cuivre avec Fera Mongeri à la trompette (terrible)
Sea Song est l'introduction parfaite à ce chef d'oeuvre.
Tout y semble ralenti, noyé dans un océan de mélancolie.
Le piano est déchirant, effrayant, d'une pureté touchante.
La voix est fragile, semblant venir d'outre tombe. Oppressante, étouffante.
C'est magnifique.
Le voyage commence, fermez les yeux et laissez-vous emporter par Robert.
Le chant s'élève, toujours à la limite de la rupture... créant des arabesques dans le ciel !
Le titre est troublant, dérangeant, mêlant joie, nausée, délicatesse, splendeur, inquiétude...
La classe !
A Last Straw commence dans la plénitude avec des petites cymbales très jazzy, dans une ambiance très Pink Floydienne, avant que Robert se jette à l'eau.
Sa voix est comme suspendue... un souffle, une caresse et puis un envol... Sa voix fait la wha-wha et nous plonge dans un cocon de beauté où tout est volupté.
C'est d'une finesse, d'un romantisme, d'une poésie, à sauter par la fenêtre pour vous envoler (on comprend mieux le père Robert quand on écoute sa musique... ).
Le voyage est doux et sucré, jusqu'à la rupture finale... la trompette de Fera qui annonce le sublime et oppressant titre suivant...
... Little Red Riding Hood Hit The Road
Un rythme syncopé, accéléré qui pousse, qui rend fou, qui rend heureux et vous amène à la transe... Petit changement subtil (1.48 ), et la poussée reprend de plus belle, jusqu'à l'extase, jusqu'à la voix de Robert (2.30) qui arrive tel un feu d'artifice. Déchaînement de sensation, explosion des sens : troublant, déchirant, ce morceau semble toujours à la limite, près du gouffre, prêt à nous emporter, à nous perdre.
Le rythme est obsédant, on se sent mal et à la fois hypnotisé, attiré, sous le charme.
La fin qui tient par un fil (celui de la basse) se perdra finalement dans une chute sans fin dans un abysse sombre et inquiétant.
Le calme revient avec Alifib, comme si quelque chose devait renaître de ce chaos.
Le début est dans une veine jazzy, avec toujours ces sons mielleux et aqueux, pour un voyage exotique et reposant.
La structure se modifie petit à petit, on s'éloigne alors encore plus du jazz... La voix de Wyatt se fait triste, plaintive, dépressive. Le titre devient alors extrêmement pesant, enivrant, mais d'une musicalité douce jusqu'à l'arrivée des percus qui annonce le deuxième mouvement...
... Alife... La musique devient alors inquiétante, avec des bruits troublants et une voix angoissantes. Le rythme s'accélère doucement, par à coup même, les cuivres agonisent, tout devient morbide, nauséeux, troublant. Et on se laisse embarquer dans cette spirale infernale, qui nous engloutit. Superbe ! Magnifique ! Frissonnant !
Soudain c'est le dernier sursaut, et Little Red Robin Hood Hit The Road nous sort de notre merveilleuse torpeur !
Le titre commence directement par le chant de Wyatt sur une sorte de rythmique militaire, et puis le titre (0.40) s'envole comme par magie dans un mélange étouffant de son d'orgue, et Robert se met à faire des incantations... Le rythme s'emballe, et derrière tout devient folie, les instruments se lançant dans une vraie orgie démoniaque et puis soudain, tout disparaît d'un seul coup, comme englouti...
Des cornemuses (ou un truc dans ce genre) apparaissent alors et viennent sonner le glas, accompagnées par un chant presque religieux. C'est complètement intemporel, complètement incroyable, complètement décalé, et pourtant c'est sublime, somptueux, ÉNORME.
Tout à la fin, des mouettes semblent nous dire au revoir... Des mouettes rieuses !
J'en ai des larmes de bonheur car c'est un bonheur que d'avoir voyagé encore une fois, pour quelques minutes, avec Robert Wyatt.
Complément : Le live qui a suivi la sortie de Rock Bottom est sorti en officiel chez Ryko (avant il n'existait qu'en pirate).
Theatre Royal Drury Lane 1974
On y retrouve l'intégralité de Rock Bottom (légèrement accéléré et avec une voix de Wyatt moins sublime que sur le studio, mais enjoué et toujours aussi délicieuse et magique) et 2 excellents titres de Matching Mole (Instant Pussy et Signed Curtain). Live tout aussi indispensable que le studio !
1. Sea Song
2. Last Straw
3. Little Red Riding Hood Hit The Road
4. Alifib
5. Alife
6. Little Red Robin Hood Hit The Road
- Robert Wyatt (batterie, claviers, chant)
- Hugh Hopper (basse)
- Gary Windo (clarinette, saxophone ténor)
- Ivor Cutler (claviers, voix)
- Mongezi Feza (trompette)
- Mike Oldfield (guitare)
- Alfreda Benge (voix)
- Fred Frith (piano, violon)
- Laurie Allan (batterie)
- Richard Sinclair (basse)
Robert Wyatt est le créateur avec Kevin Ayers (il faudra un jour que je vous parle de l'album Joy Of A Toy...) de SOFT MACHINE (été 66). Il en sera aussi l'un des compositeurs, le génial batteur et le chanteur sur les 3 premiers (et plus grands) albums du groupe (et participera comme simple musicien, et non plus comme chanteur, au 4ème il me semble !) avant de se casser et de former The Matching Mole (72) (qui n'est pas la traduction de Soft Machine en français...).
En 73, un soir de grosse fête chez le leader de Gong, il se prend pour un oiseau et saute du 4ème étage...
Résultat : paraplégie.
L'histoire raconte que c'est sur son lit d'hôpital où il y resta 6 mois qu'il composa Rock Bottom. En fait, c'est pendant l'hiver 72, lors d'un voyage à Venise, qu'il avait commencé à écrire (on retrouve d'ailleurs l'ambiance et les sonorités aqueuses).
Robert qui ne sera plus batteur se met à jouer d'un petit piano électrique (italien) offert par sa femme. Cet instrument deviendra presque sa marque de fabrique. En tout cas le seul moyen qu'il lui reste pour composer.
Si Rock Bottom est considéré comme un album mythique de l'histoire du Rock, les amateurs du genre risquent de ne pas y retrouver leurs marques.
En effet point de batterie (vous savez pourquoi...) et une ambiance musicale qui ne ressemble à rien de connue : délicate, déchirante, subtile, naïve, cruelle, troublante, étouffante, constamment à la limite de la rupture, du chaos.
L'album est sorti en 74, produit par Nick Mason.
On y retrouve à la guitare Richard Sinclair et Mike Oldfield et surtout Hugh Hopper à la basse (sublime) ainsi qu'une section de cuivre avec Fera Mongeri à la trompette (terrible)
Sea Song est l'introduction parfaite à ce chef d'oeuvre.
Tout y semble ralenti, noyé dans un océan de mélancolie.
Le piano est déchirant, effrayant, d'une pureté touchante.
La voix est fragile, semblant venir d'outre tombe. Oppressante, étouffante.
C'est magnifique.
Le voyage commence, fermez les yeux et laissez-vous emporter par Robert.
Le chant s'élève, toujours à la limite de la rupture... créant des arabesques dans le ciel !
Le titre est troublant, dérangeant, mêlant joie, nausée, délicatesse, splendeur, inquiétude...
La classe !
A Last Straw commence dans la plénitude avec des petites cymbales très jazzy, dans une ambiance très Pink Floydienne, avant que Robert se jette à l'eau.
Sa voix est comme suspendue... un souffle, une caresse et puis un envol... Sa voix fait la wha-wha et nous plonge dans un cocon de beauté où tout est volupté.
C'est d'une finesse, d'un romantisme, d'une poésie, à sauter par la fenêtre pour vous envoler (on comprend mieux le père Robert quand on écoute sa musique... ).
Le voyage est doux et sucré, jusqu'à la rupture finale... la trompette de Fera qui annonce le sublime et oppressant titre suivant...
... Little Red Riding Hood Hit The Road
Un rythme syncopé, accéléré qui pousse, qui rend fou, qui rend heureux et vous amène à la transe... Petit changement subtil (1.48 ), et la poussée reprend de plus belle, jusqu'à l'extase, jusqu'à la voix de Robert (2.30) qui arrive tel un feu d'artifice. Déchaînement de sensation, explosion des sens : troublant, déchirant, ce morceau semble toujours à la limite, près du gouffre, prêt à nous emporter, à nous perdre.
Le rythme est obsédant, on se sent mal et à la fois hypnotisé, attiré, sous le charme.
La fin qui tient par un fil (celui de la basse) se perdra finalement dans une chute sans fin dans un abysse sombre et inquiétant.
Le calme revient avec Alifib, comme si quelque chose devait renaître de ce chaos.
Le début est dans une veine jazzy, avec toujours ces sons mielleux et aqueux, pour un voyage exotique et reposant.
La structure se modifie petit à petit, on s'éloigne alors encore plus du jazz... La voix de Wyatt se fait triste, plaintive, dépressive. Le titre devient alors extrêmement pesant, enivrant, mais d'une musicalité douce jusqu'à l'arrivée des percus qui annonce le deuxième mouvement...
... Alife... La musique devient alors inquiétante, avec des bruits troublants et une voix angoissantes. Le rythme s'accélère doucement, par à coup même, les cuivres agonisent, tout devient morbide, nauséeux, troublant. Et on se laisse embarquer dans cette spirale infernale, qui nous engloutit. Superbe ! Magnifique ! Frissonnant !
Soudain c'est le dernier sursaut, et Little Red Robin Hood Hit The Road nous sort de notre merveilleuse torpeur !
Le titre commence directement par le chant de Wyatt sur une sorte de rythmique militaire, et puis le titre (0.40) s'envole comme par magie dans un mélange étouffant de son d'orgue, et Robert se met à faire des incantations... Le rythme s'emballe, et derrière tout devient folie, les instruments se lançant dans une vraie orgie démoniaque et puis soudain, tout disparaît d'un seul coup, comme englouti...
Des cornemuses (ou un truc dans ce genre) apparaissent alors et viennent sonner le glas, accompagnées par un chant presque religieux. C'est complètement intemporel, complètement incroyable, complètement décalé, et pourtant c'est sublime, somptueux, ÉNORME.
Tout à la fin, des mouettes semblent nous dire au revoir... Des mouettes rieuses !
J'en ai des larmes de bonheur car c'est un bonheur que d'avoir voyagé encore une fois, pour quelques minutes, avec Robert Wyatt.
Complément : Le live qui a suivi la sortie de Rock Bottom est sorti en officiel chez Ryko (avant il n'existait qu'en pirate).
Theatre Royal Drury Lane 1974
On y retrouve l'intégralité de Rock Bottom (légèrement accéléré et avec une voix de Wyatt moins sublime que sur le studio, mais enjoué et toujours aussi délicieuse et magique) et 2 excellents titres de Matching Mole (Instant Pussy et Signed Curtain). Live tout aussi indispensable que le studio !
Dernière édition par Electric Thing le 26.11.11 18:57, édité 1 fois
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Robert Wyatt: Rock Bottom
Il s'agit d'un post que j'ai fait sur un autre forum.
Etant fan de Wyatt, je me permets de le poste chez vous.
Rock Bottom: le titre est très bien choisi, les abysses du rock, le rock au plus bas de son énergie, le rock en train de mourir, rien a voir avec le rock dépressif de Joy Division, mais un rock malade avec 40° de fièvre, un rock paralysé, un rock qui ne peut plus sauter bondir, un rock cloué en fauteuil pour la vie. L'énergie ne peut plus être physique, elle devient cérébrale. Rock Bottom nous immerge dans un monde dense, comme sous l'eau. L'eau devient l'ami des paralysés, le poids n'est plus un fardeau, on flotte comme en apesanteur.
Voila ce qu'est rock Bottom, un rock malade, complexé, qui reprend gout a la vie grâce a un monde différent de celui d'avant. Non pas moins intéressant, un monde différent, qu'il faut apprendre à apprécier, qui demande du temps, de la patience. Ce nouveau monde ne peut plus avoir de batterie, ce monde n'a plus de pied. Qu'importe, il reste tant de choses à exploiter. On peut descendre plus bas dans l'océan musicale, a une profondeur ou la pression nous enveloppe, nous cajole, nous donne toutes les sensations d'immersions.
Robert Wyatt était batteur de soft machine, matching mole (soft machine -> machine molle -> matching mole). il subit un grave accident - une chute de quatre étages, la rumeur précisant que c'était sous l'effet du LSD (s'est il prit pour un petit oiseau?) , - qui le laisse paralysé des deux jambes. Il abandonne son groupe et la batterie, et entame alors une carrière solo, où il produit des albums et exécute la plupart des parties musicales.
Robert Wyatt a réalisé en Italie je crois. Sa femme était sur un tournage d’un film. Robert était donc seul la journée. Il a réalisé ses maquettes sur un petit clavier, un petit jouet pour enfant. La réalisation finale est très influencée par cette méthode et ce contexte. Etre capable de rester seul c’est aussi être capable de se regarder, de se voir avec ses défauts de s’accepter.
L’album est en 6 morceaux :
- Sea song
- A last straw
- Little red riding hood hit the road
- Alifib
- Alife
- Little red robin hood hit the road
Sea song:
Les nymphéas de Monet décrivent la surface de l’eau, mais aussi sous l’eau, la profondeur, la diffraction de la lumière, bref toute une ambiance.
Dans sea song c’est la même chose, la pression de l’eau nous immerge immédiatement. Cette eau, par diffraction, déforme notre perception de la musique. Les claviers qui forment l’ambiance du morceau varient constamment et donne une musique impressionniste..
La mélodie est simplissime, seulement elle semble être composée de différente couche comme de l’huile et de l’eau qui ne se mélange pas. L’impression est simple, on pense acquérir la mélodie, mais il y a toujours quelques éléments qu’on découvre, oublie, redécouvre. Ce morceau est en mouvement.
Le piano vient briser les symétries, la basse de hugh hopper est veloutée, les chœurs peuvent rappeler les chants des sirènes, bref on plonge directement dans le nouveau monde de Robert Wyatt, celui dans lequel il est capable de se mouvoir sans retenu.
A last straw :
Une pette paille pour respirer. Prendre une bouffée d’oxygène. Et hop on replonge. Wyatt utilise sa voix pour imiter efficacement la trompette.
L’impression est sublissime.
Les différentes nappes se superposent, s’interfèrent, glissent entre les doigts, juste palpables.
Little red riding hood hit the road:
Libre comme l’eau, free à souhait, le sommet de l’album. Les cuivres sont magnifiquement placés, donne toujours le mouvement, les couches s’ajoutent progressivement jusqu'à la voix de Robert. La basse compte le temps qui s’écoule. Les cuivres tournent et retournent, c’est le tourbillon avec le clavier. La clef est de se laisser porter par la vague du clavier qui donne la fréquence fondamentale au morceau.
Les autres morceaux, à vous de compléter….
Rock Bottom est peut être un sommet des abymes du rock.
Etant fan de Wyatt, je me permets de le poste chez vous.
Rock Bottom: le titre est très bien choisi, les abysses du rock, le rock au plus bas de son énergie, le rock en train de mourir, rien a voir avec le rock dépressif de Joy Division, mais un rock malade avec 40° de fièvre, un rock paralysé, un rock qui ne peut plus sauter bondir, un rock cloué en fauteuil pour la vie. L'énergie ne peut plus être physique, elle devient cérébrale. Rock Bottom nous immerge dans un monde dense, comme sous l'eau. L'eau devient l'ami des paralysés, le poids n'est plus un fardeau, on flotte comme en apesanteur.
Voila ce qu'est rock Bottom, un rock malade, complexé, qui reprend gout a la vie grâce a un monde différent de celui d'avant. Non pas moins intéressant, un monde différent, qu'il faut apprendre à apprécier, qui demande du temps, de la patience. Ce nouveau monde ne peut plus avoir de batterie, ce monde n'a plus de pied. Qu'importe, il reste tant de choses à exploiter. On peut descendre plus bas dans l'océan musicale, a une profondeur ou la pression nous enveloppe, nous cajole, nous donne toutes les sensations d'immersions.
Robert Wyatt était batteur de soft machine, matching mole (soft machine -> machine molle -> matching mole). il subit un grave accident - une chute de quatre étages, la rumeur précisant que c'était sous l'effet du LSD (s'est il prit pour un petit oiseau?) , - qui le laisse paralysé des deux jambes. Il abandonne son groupe et la batterie, et entame alors une carrière solo, où il produit des albums et exécute la plupart des parties musicales.
Robert Wyatt a réalisé en Italie je crois. Sa femme était sur un tournage d’un film. Robert était donc seul la journée. Il a réalisé ses maquettes sur un petit clavier, un petit jouet pour enfant. La réalisation finale est très influencée par cette méthode et ce contexte. Etre capable de rester seul c’est aussi être capable de se regarder, de se voir avec ses défauts de s’accepter.
L’album est en 6 morceaux :
- Sea song
- A last straw
- Little red riding hood hit the road
- Alifib
- Alife
- Little red robin hood hit the road
Sea song:
Les nymphéas de Monet décrivent la surface de l’eau, mais aussi sous l’eau, la profondeur, la diffraction de la lumière, bref toute une ambiance.
Dans sea song c’est la même chose, la pression de l’eau nous immerge immédiatement. Cette eau, par diffraction, déforme notre perception de la musique. Les claviers qui forment l’ambiance du morceau varient constamment et donne une musique impressionniste..
La mélodie est simplissime, seulement elle semble être composée de différente couche comme de l’huile et de l’eau qui ne se mélange pas. L’impression est simple, on pense acquérir la mélodie, mais il y a toujours quelques éléments qu’on découvre, oublie, redécouvre. Ce morceau est en mouvement.
Le piano vient briser les symétries, la basse de hugh hopper est veloutée, les chœurs peuvent rappeler les chants des sirènes, bref on plonge directement dans le nouveau monde de Robert Wyatt, celui dans lequel il est capable de se mouvoir sans retenu.
A last straw :
Une pette paille pour respirer. Prendre une bouffée d’oxygène. Et hop on replonge. Wyatt utilise sa voix pour imiter efficacement la trompette.
L’impression est sublissime.
Les différentes nappes se superposent, s’interfèrent, glissent entre les doigts, juste palpables.
Little red riding hood hit the road:
Libre comme l’eau, free à souhait, le sommet de l’album. Les cuivres sont magnifiquement placés, donne toujours le mouvement, les couches s’ajoutent progressivement jusqu'à la voix de Robert. La basse compte le temps qui s’écoule. Les cuivres tournent et retournent, c’est le tourbillon avec le clavier. La clef est de se laisser porter par la vague du clavier qui donne la fréquence fondamentale au morceau.
Les autres morceaux, à vous de compléter….
Rock Bottom est peut être un sommet des abymes du rock.
LeGarsReg- Messages : 39
Date d'inscription : 25/10/2011
Wyatt
Un thread a été ouvert en 2008 et n'a pas connu un grand succès de commentaires
Curieux pour un si bel album ??? produit par Nick Mason !
Curieux pour un si bel album ??? produit par Nick Mason !
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
J'ai ramené les messages ici car, comme le disait Leptilou, le sujet existait déjà.
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
Peut être mon album préféré des 70s. Mes mots ont toujours été vains pour exprimer les beautés que renferme cette merveille absolue.
Homeward- Messages : 63
Date d'inscription : 04/10/2011
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
Ben moi, je n'arrive pas du tout à rentrer dedans; je viens encore de réessayer ce matin, mais nada...
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
Même avec le bijou "Little red riding hood hit the road" ?
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
oui, ça doit etre le seul disque qui me met mal à l'aise, c'est à ce point là. Je sens un climat "malsain" et pourtant je viens encore d'écouter le morceau que tu as cité, mais avec le meme ressenti. Curieux, c'est moi qui doit déconner...
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
Ah non ! surtout pas le matin ! ce n'est pas un album de matinée... c'est un album crépusculaire ou de milieu de nuit... à écouter quand quasi tous les invités sont partis... les bouteilles roulent, les cendrier sont pleins ... il ne reste que les meilleurs amis (2 à 3 maximum) ! ceux qui dégustent la musique ! avec le pti cognac qui va avec !! Rock Bottom ! quand même !!!blueleader a écrit:Ben moi, je n'arrive pas du tout à rentrer dedans; je viens encore de réessayer ce matin, mais nada...
Re: Robert Wyatt : Rock Bottom (1974)
Bonsoir a tous,
Le final de Little Red Riding Hood Hit the Road est le chant et harmonium de Ivor Cutler, un poete ecossais assez dejante, un peu comme Albert Ayler qui n'a jamais quitte l'enfance...
Pour voir sa tete unique, revisitez Magical Mystery Tour des Beatles ou il est le conducteur du bus...
Il y a pal mal de "cutlerisms" en GB, en voici un: the squire on the hippopotamus is equal to the son of the other two squires
Mais cet album unique dans les annales du rock anglais n'a aucunne cote en GB... Comme d'habitude, on est inconnu chez ses pairs.
... Le titre... Rock Bottom... Une expression tres courante en GB quand l'on atteint le fond du panier et quand l'espoir disparait. Donc un sens plus etendu que l'etroit Rock'n Roll...
Pareil pour le titre A Last Straw... Quand on tire la derniere paille avant que tout tombe a l'eau et derive sans controle possible...
Amities de Patrick
Le final de Little Red Riding Hood Hit the Road est le chant et harmonium de Ivor Cutler, un poete ecossais assez dejante, un peu comme Albert Ayler qui n'a jamais quitte l'enfance...
Pour voir sa tete unique, revisitez Magical Mystery Tour des Beatles ou il est le conducteur du bus...
Il y a pal mal de "cutlerisms" en GB, en voici un: the squire on the hippopotamus is equal to the son of the other two squires
Mais cet album unique dans les annales du rock anglais n'a aucunne cote en GB... Comme d'habitude, on est inconnu chez ses pairs.
... Le titre... Rock Bottom... Une expression tres courante en GB quand l'on atteint le fond du panier et quand l'espoir disparait. Donc un sens plus etendu que l'etroit Rock'n Roll...
Pareil pour le titre A Last Straw... Quand on tire la derniere paille avant que tout tombe a l'eau et derive sans controle possible...
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