Byther Smith & the Nightriders : Housefire (1985)

[eddie]

Byther Smith & the Nightriders : Housefire (1985)



Face A
Live on and sing the blues
Martha dear
Look all around you
Money tree

Face B
The man wants me dead
Knockdown
Wait and see
Love me like I love you
Here I am

Byther Smith fait partie de cette cohorte de guitaristes sous-estimés du Chicago blues. Guitariste précis et inventif, maîtrisant à la perfection l’art de la tension-détente, il fait merveille dans les tempos lents, où ses longs développements à la guitare n’ont rien à envier à ceux du maestro du genre, Otis Rush. Il délivre aussi avec passion et énergie d’intenses morceaux funky bien rentre-dedans. Pourtant, il ne paye pas de mine et quand vous discutez avec lui à la fin d’un concert, il vous dira qu’il faut bien nourrir sa famille et que ce qu’il fait, c’est un boulot comme un autre. Humble et réservé, cet homme est pourtant une tornade sur scène, qui sait captiver un auditoire comme peu en sont capables.

« Housefire » est son deuxième album et a été enregsitré en plien milieu des années 80 – un contexte pas facile. Alors qu’un Robert Cray ou un Stevie Ray Vaughan se prêtent de bonne grâce à la mode MTV, Byther joue son blues. Cet album ne sort dans un premier temps que sur un obscur label japonais, pressé à 300 exemplaires. Il est tout de même suffisamment remarqué pour valoir à son auteur un Handy Award (les Grammy du blues) ! Logiquement, il est vite réédité sur un label américain. Et il le mérite ! On a là tout simplement un des meilleurs disques de blues des années 1980, à la fois contemporain (il ne tente pas de sonner revivaliste et s’inscrit dans son époque) et intemporel (c’est de vrai blues, pur et non dilué, qu’il s’agit). Aux côtés de Byther Smith, notamment, deux bons pianistes, Bert Lewis (du groupe du Texan Pete Mayes) et surtout le vétéran du Chicago blues Lafayette Leake (qu’on trouve sur les meilleures sessions de Willie Dison, Chuck Berry, Bo Diddley, Otis Rush ou encore Sonny Boy Williamson).

Chanteur impliqué, guitariste passionant, Byther Smith est aussi un auteur de talent. L’optimisme et la joie de vivre n’ont jamais été une constante de ses textes. La mort sous-tend nombre de ses textes. Dans l’irrésistible et intense « Wait and see » sur la face 2, il détaille les différentes manières dont il envisage son suicide, tandis que deux plages plus loin, il annonce vouloir mourir pour sa petite amie à la manière dont Jésus s’est sacrifié pour sauver le monde. Le poignant blues lent « The man wants me dead », peut-être le meilleur titre du disque, raconte comment le Président des USA lui-même a lancé un contrat sur sa tête (heureusement pour Byther, le genre féminin unit ses forces pour le protéger)… Même les titres les plus enlevés respirent le blues des ghettos : « Martha dear » ou « Money tree », qui raconte une fois de plus l’histoire d’un homme qui tente de survivre à une femme dépensière.

Bref, « Housefire » a tout d’un classique du Chicago blues contemporain qui, dans les compos, la voix ou la guitare, recèle des surprises à chaque nouvelle écoute. Les années 80 ont parfois des trésors bien cachés…

PS: aucun extrait de "Housefire" sur Deezer mais je vous livre la relecture que fait Byther de "Double trouble" d'Otis Rush: "Adressing the nation with the blues" (encore un super texte):
http://www.deezer.com/track/2003118

[Jungleland]

j'avais découvert Byther Smith avec cet album "moyen" :



et je m'y suis remis récemment avec notamment Hold that train et Throw away that book avec plaisir.
Amateur du West Side j'ai donc bien accroché avec Byther Smith et ta chronique me donne envie d'en savoir un peu plus sur cet album.

je m'en vais regarder s'il est trouvable

[dawkins]

Oui Housefire est un très bon album de Byther Smith.
Un autre pépite années 80 a écouter absolument c'est l'album "Tell Me How You Like It" enregistré lui aussi pour une petite label ,Grits, en 1981 et publié en Angleterre par Red Lightnin' en 1985. L'album est magnifique, étonnante surtout dans les titres lents; son jeu est ici particulièrement nerveux, brutale, d'une intensité rare.
Heureusement Delmark (merci Mr. Koester!) a réédité cet album en 2004 avec le titre "Hold That Train".

[kjp]

Je ne connais pas du tout ce disque. En revanche, je sais qu'il a sorti il y a peu un DVD très bien reçu par la critique.

[Ayler]

Jamais écouté... mais ta chronique donne envie d'y jeter une oreille !

[eddie]

Oui Housefire est un très bon album de Byther Smith.
Un autre pépite années 80 a écouter absolument c'est l'album "Tell Me How You Like It" enregistré lui aussi pour une petite label ,Grits, en 1981 et publié en Angleterre par Red Lightnin' en 1985. L'album est magnifique, étonnante surtout dans les titres lents; son jeu est ici particulièrement nerveux, brutale, d'une intensité rare.
Heureusement Delmark (merci Mr. Koester!) a réédité cet album en 2004 avec le titre "Hold That Train".

Oui, "Tell me how you like it / Hold that train" est une belle pépite, et mon autre album favori de Byther. Fais-nous la chronique SVP!

Il vaut mieux commencer par ces deux-là que par "Blues knights" qui, comme le remarque Jungleland, est assez moyen.

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