Sun Ship (1971)
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Sun Ship (1971)
Sun Ship (1971)
Face 1
1. Sun Ship - 6:16
2. Dearly Beloved - 6:28
3. Amen - 8:18
Face 2
1. Attaining - 11:29
2. Ascent - 10:10
Toutes les compositions sont signées John Coltrane.
Ces enregistrements sont issus de la session du 26 août 1965.
Personnel :
John Coltrane — saxophone ténor ;
McCoy Tyner — piano ;
Jimmy Garrison — contrebasse ;
Elvin Jones — batterie.
Si je ne devais retenir qu'une seule année dans l'histoire de la musique américaine du XXème siècle, ce serait sans hésiter 1965. Et ce en raison d'un seul musicien (ce qui ne veut pas dire, loin s'en faut, que les autres ont démérité) : John Coltrane. En 1965, Coltrane est au sommet de sa créativité : il enregistre la matière d'une dizaine d'albums studio, de véritables chefs d'oeuvre pour la majeure partie d'entre eux.
Ce que Coltrane a accompli en 1965 ne peut être résumé qu'en un seul mot : le génie. Non seulement il repousse une nouvelle fois les limites de l'improvisation modale, mais poussé dans ses derniers retranchements par la nouvelle vague de la New Thing (Albert Ayler et Pharoah Sanders notamment), il transcende littéralement son instrument, qui se confond désormais avec le son pur. Au-delà des notes, au-delà du timbre, le jeu de Coltrane n'est plus qu'émotion.
Coltrane délaisse de plus en plus le soprano pour ne se consacrer qu'au seul ténor, où son exploration du registre suraigu lui permet du cumuler (dans une certaine mesure) les possibilités des deux instruments. L'évolution de la musique de Coltrane est une autre explication : sans doute Coltrane préférait-il alors la puissance de son ténor à la (relative) sérénité de son soprano.
Conséquence paradoxale de la créativité de Coltrane en 1965 : des sessions telles que celle de "Sun Ship" (publié en 1971 par Alice Coltrane et Ed Michel) ne sont pas sorties du vivant de Coltrane, ce qui explique pourquoi un tel album n'est pas devenu un classique. Car musicalement, "Sun Ship" est un disque sublime, plein, où le quartet - qui vit alors ses dernières heures en studio - est éblouissant. Avancer que cette formation fut la plus importante de l'histoire du jazz n'a rien d'outrancier.
La session de "Sun Ship" a une sonorité particulière : elle n'a pas eu lieu au fameux studio de Rudy Van Gelder situé dans le New Jersey, mais aux RCA studios Victor à New York. Conséquence : la prise de son est différente de celle des autres albums contemporains de John, avec notamment un panoramique stéréo inédit - John est au centre, et non sur le coté.
La nature de la musique jouée ici explique peut-être pourquoi John n'a pas publié cette session (mais il faut dire qu'il avait alors l'embarras du choix) : l'aspect thématique est souvent réduit au minimum, à quelques notes parfois. McCoy Tyner dira par la suite qu'"avec John, quand on arrivait, il pouvait nous donner deux notes, et nous pouvions jouer une composition entière sur deux notes." C'est dire à quel point les membres du groupe avait poussé leur communion : à aucun moment, nous avons le sentiment d'écouter une jam informelle.
Dernier point avant d'aborder les titres de la session : le quartet de John ne joue pas ici du free jazz - même si leur musique est violemment libertaire. Les accords de quartes de McCoy ouvrent l'harmonie, mais ne la détruisent pas. Et Elvin Jones reste la plupart du temps attaché à la pulsation.
Le thème de "Sun Ship", constitué d'une simple variation autour de quatre notes, cède rapidement la place à un solo de McCoy Tyner. Même en l'absence de John, le niveau d'énergie qui se dégage de la performance est impressionnant. Mais lorsque John rentre de nouveau en scène à la quatrième minute, c'est une véritable éruption volcanique qui se met en branle : ce n'est plus un solo, mais de la lave en fusion.
Après quelques instructions à l'un de ses musiciens, John expose le thème de "Dearly Beloved". La compassion se transforme bientôt en ferveur : John explore le registre suraigu de son instrument avec passion. Le solo de McCoy Tyner est particulièrement brillant, et préfigure le style qu'il développera quelques années plus tard (dans une discographie d'ailleurs très intéressante).
"Amen" reprend les choses là où "Sun Ship" les avait laissées. Le thème, plus simple encore, est aussitôt suivi d'un solo de McCoy. A ce stade, l'accord entre les musiciens est parfait. McCoy et Elvin sont poussés par la frénésie de leur leader, mais pas encore débordés : leur adhésion est encore totale. Coltrane leur accorde d'ailleurs à tous beaucoup d'espace, ainsi que les deux derniers titres vont le montrer.
Je peux me tromper, mais ça ne m'étonnerait pas qu'"Attaining" soit l'un des fameux poèmes que Coltrane mettait en musique, en forme de prière. Celle-ci rappelle le dernier mouvement de "A Love Supreme" et "The Drum Thing" sur "Crescent", avec une structure originale : c'est Elvin Jones qui jouent les variations lors de l'exposé de la poème musical de John. Il n'a donc pas attendu d'écouter Tony Williams sur "Nefertiti" pour se livrer à ce type d'exercice. Le solo de McCoy est suivi d'un court solo de batterie puis de la reprise du thème. L'aspect le plus marquant d'"Attaining" est le contraste entre la sérénité du ténor de Coltrane et l'explosivité de la batterie d'Elvin Jones.
Sur "Ascent", c'est Jimmy Garrison qui est mis à contribution. Il signe une longue introduction a capella de plus de 5 minutes, qui débute par un thème une nouvelle fois très simple (quelques notes seulement). Coltrane expose très brièvement le thème avant de jouer un dernier solo, dans une veine tout aussi incendiaire que ceux de "Sun Ship" et "Amen".
Face 1
1. Sun Ship - 6:16
2. Dearly Beloved - 6:28
3. Amen - 8:18
Face 2
1. Attaining - 11:29
2. Ascent - 10:10
Toutes les compositions sont signées John Coltrane.
Ces enregistrements sont issus de la session du 26 août 1965.
Personnel :
John Coltrane — saxophone ténor ;
McCoy Tyner — piano ;
Jimmy Garrison — contrebasse ;
Elvin Jones — batterie.
Si je ne devais retenir qu'une seule année dans l'histoire de la musique américaine du XXème siècle, ce serait sans hésiter 1965. Et ce en raison d'un seul musicien (ce qui ne veut pas dire, loin s'en faut, que les autres ont démérité) : John Coltrane. En 1965, Coltrane est au sommet de sa créativité : il enregistre la matière d'une dizaine d'albums studio, de véritables chefs d'oeuvre pour la majeure partie d'entre eux.
Ce que Coltrane a accompli en 1965 ne peut être résumé qu'en un seul mot : le génie. Non seulement il repousse une nouvelle fois les limites de l'improvisation modale, mais poussé dans ses derniers retranchements par la nouvelle vague de la New Thing (Albert Ayler et Pharoah Sanders notamment), il transcende littéralement son instrument, qui se confond désormais avec le son pur. Au-delà des notes, au-delà du timbre, le jeu de Coltrane n'est plus qu'émotion.
Coltrane délaisse de plus en plus le soprano pour ne se consacrer qu'au seul ténor, où son exploration du registre suraigu lui permet du cumuler (dans une certaine mesure) les possibilités des deux instruments. L'évolution de la musique de Coltrane est une autre explication : sans doute Coltrane préférait-il alors la puissance de son ténor à la (relative) sérénité de son soprano.
Conséquence paradoxale de la créativité de Coltrane en 1965 : des sessions telles que celle de "Sun Ship" (publié en 1971 par Alice Coltrane et Ed Michel) ne sont pas sorties du vivant de Coltrane, ce qui explique pourquoi un tel album n'est pas devenu un classique. Car musicalement, "Sun Ship" est un disque sublime, plein, où le quartet - qui vit alors ses dernières heures en studio - est éblouissant. Avancer que cette formation fut la plus importante de l'histoire du jazz n'a rien d'outrancier.
La session de "Sun Ship" a une sonorité particulière : elle n'a pas eu lieu au fameux studio de Rudy Van Gelder situé dans le New Jersey, mais aux RCA studios Victor à New York. Conséquence : la prise de son est différente de celle des autres albums contemporains de John, avec notamment un panoramique stéréo inédit - John est au centre, et non sur le coté.
La nature de la musique jouée ici explique peut-être pourquoi John n'a pas publié cette session (mais il faut dire qu'il avait alors l'embarras du choix) : l'aspect thématique est souvent réduit au minimum, à quelques notes parfois. McCoy Tyner dira par la suite qu'"avec John, quand on arrivait, il pouvait nous donner deux notes, et nous pouvions jouer une composition entière sur deux notes." C'est dire à quel point les membres du groupe avait poussé leur communion : à aucun moment, nous avons le sentiment d'écouter une jam informelle.
Dernier point avant d'aborder les titres de la session : le quartet de John ne joue pas ici du free jazz - même si leur musique est violemment libertaire. Les accords de quartes de McCoy ouvrent l'harmonie, mais ne la détruisent pas. Et Elvin Jones reste la plupart du temps attaché à la pulsation.
Le thème de "Sun Ship", constitué d'une simple variation autour de quatre notes, cède rapidement la place à un solo de McCoy Tyner. Même en l'absence de John, le niveau d'énergie qui se dégage de la performance est impressionnant. Mais lorsque John rentre de nouveau en scène à la quatrième minute, c'est une véritable éruption volcanique qui se met en branle : ce n'est plus un solo, mais de la lave en fusion.
Après quelques instructions à l'un de ses musiciens, John expose le thème de "Dearly Beloved". La compassion se transforme bientôt en ferveur : John explore le registre suraigu de son instrument avec passion. Le solo de McCoy Tyner est particulièrement brillant, et préfigure le style qu'il développera quelques années plus tard (dans une discographie d'ailleurs très intéressante).
"Amen" reprend les choses là où "Sun Ship" les avait laissées. Le thème, plus simple encore, est aussitôt suivi d'un solo de McCoy. A ce stade, l'accord entre les musiciens est parfait. McCoy et Elvin sont poussés par la frénésie de leur leader, mais pas encore débordés : leur adhésion est encore totale. Coltrane leur accorde d'ailleurs à tous beaucoup d'espace, ainsi que les deux derniers titres vont le montrer.
Je peux me tromper, mais ça ne m'étonnerait pas qu'"Attaining" soit l'un des fameux poèmes que Coltrane mettait en musique, en forme de prière. Celle-ci rappelle le dernier mouvement de "A Love Supreme" et "The Drum Thing" sur "Crescent", avec une structure originale : c'est Elvin Jones qui jouent les variations lors de l'exposé de la poème musical de John. Il n'a donc pas attendu d'écouter Tony Williams sur "Nefertiti" pour se livrer à ce type d'exercice. Le solo de McCoy est suivi d'un court solo de batterie puis de la reprise du thème. L'aspect le plus marquant d'"Attaining" est le contraste entre la sérénité du ténor de Coltrane et l'explosivité de la batterie d'Elvin Jones.
Sur "Ascent", c'est Jimmy Garrison qui est mis à contribution. Il signe une longue introduction a capella de plus de 5 minutes, qui débute par un thème une nouvelle fois très simple (quelques notes seulement). Coltrane expose très brièvement le thème avant de jouer un dernier solo, dans une veine tout aussi incendiaire que ceux de "Sun Ship" et "Amen".
Re: Sun Ship (1971)
Sortie de " The Complete Sun Ship Session" (en verion 3 LP ou 2 CD):
http://www.mosaicrecords.com/prodinfo.asp?number=3005
http://www.mosaicrecords.com/prodinfo.asp?number=3005
This Complete Sun Ship Session edition is much more: sourced from newly discovered original reels, the set includes the album's five original compositions, unedited, in sequence of recording, with all of the takes as they evolved, as well as the surrounding conversations. More than just a sampling of a few alternate takes, the Complete Session offers a rare opportunity to eavesdrop on an iconic master at work.
John Coltrane's "Sun Ship" session was recorded at the RCA Recording studio on 24th Street by engineer Bob Simpson who also did superb work with Sonny Rollins, Charles Mingus, Albert Ayler and others. The original three-track masters with the tenor sax on one track, the piano and bass on another and the drums on the third track were recently discovered, enabling the complete session to be released for the first time. Kevin Reeves recently remixed the entire session with great sonic results, improving greatly on the original LP mix. Mosaic has remastered them and pressed them on 180-gram vinyl at the renowned Record Technology Inc. plant in Camarillo, California.
Re: Sun Ship (1971)
Superbe album, avec un titre me semble-t-il assez méconnu mais tout simplement magnifique: "Dearly Beloved":
La session complète récemment publiée offre d'autres versions des titres, publiée notamment de Dearly Beloved. La 2ème prise est tout aussi fabuleuse, peut-être encore plus intense que la version publiée en 1971 sur l'album:
La session complète récemment publiée offre d'autres versions des titres, publiée notamment de Dearly Beloved. La 2ème prise est tout aussi fabuleuse, peut-être encore plus intense que la version publiée en 1971 sur l'album:
Re: Sun Ship (1971)
Ce qui est incroyable, c'est que si Coltrane était encore en vie, des albums tels que Sun Ship ou First Meditations seraient très certainement encore inédits.
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Ayler's Music
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