Easy Rider (1969)
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Easy Rider (1969)
Le trip c'est l'histoire de deux motards (Dennis Hopper et Peter Fonda) qui, après s'être fait un max de blé dans un deal de drogue (avec d'ailleurs Phil Spector comme acheteur parano à l'aéroport), traversent les Etats-Unis d'Ouest en Est pour en découvrir les charmes cachés, les bons et les mauvais côtés.
Au niveau du scénario c'est à pleurer, et en plus le montage n'est pas terrible...
A vrai dire le film est plus un délire de Hopper et Fonda qui se payent des vacances en moto, tout ça dans un état de défonce évident... mais l'essentiel n'est pas là.
D'abord il y a une bande son d'enfer... le cd existe et je vous le conseille :
1. Pusher - Steppenwolf
2. Born to Be Wild - Steppenwolf
3. Weight - Smith
4. Wasn't Born to Follow - The Byrds
5. If You Want to Be a Bird - The Holy Modal Rounders
6. Don't Bogart Me (A/K/A Don't Bogart That Joint) - Fraternity of Man
7. If 6 Was 9 - Jimi Hendrix Experience
8. Kyrie Eleison/Mardi Gras (When the Saints) - The Electric Prunes
9. It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding) - Roger McGuinn
10. Ballad of Easy Rider - Roger McGuinn
Ensuite les images sont belles et on découvre les USA. Bon, ce n'est pas un documentaire ni un tour complet du pays, mais c'est beau et filmé d'une façon contemplative...
On découvre des paysages, mais aussi la vie des américains... avec leur peurs, leurs préjugés, leurs vies de l'époque... on voit de tout... Ce film est plein de vie, plein d'espoir, plein de peur et de désillusion...
Mais surtout il y a trois superbes acteurs : Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson...
Dennis Hopper dans son rôle de grand dadais est excellent (il me fait penser à Crosby de CSN&Y)...c'est la fougue, l'inconscience...
Le patron, celui qui mène l'affaire, l'impressionnant C'ptain America, j'ai nommé le sublime Peter Fonda : impérial, calme, réfléchit, c'est la sagesse...
Et l'incroyable Jack Nicholson (qui doit jouer là un de ses premiers films) qui joue magistralement et qui, même si sa participation est très brève, marquera à jamais ce film... ("nick nick nick nick nick nick....swoooommmp")
Enfin, ce film contient des moments de pur bonheur : le trip des OVNI, les dialogues déjantés de Dennis Hopper et de Nicholson (comme ses singeries), la réalisation du trip sous acides, le début avec le démarrage de la bande son qui accompagne le début du voyage en moto (l'ambiance est trop tripante à ce moment là... on en a des frissons), la fin du film (dont on ne dira rien pour garder le suspense).
Certains voient dans ce film un navet emmerdant (on fume un joint, on dort, on fait de la moto, on discute de rien, on fume un joint, on mange, on fait de la moto....), d'autres y voit un remarquable "portrait au vitriol d'une Amérique agitée" :
"Ce film pamphlétaire s'attache à examiner de manière quasiment iconoclaste les préjugés culturels qui se dissimulent derrière les systèmes de signes. Les deux anti-héros épris de liberté se heurtent sans cesse à un ordre immuable où tous les individus apparaissent comme assujettis à des codes, des règles. Easy Rider n'est en rien un appel à la transgression; c'est plus largement le procès de l'intolérance et de l'indifférence. Car cette Amérique n'empêche pas de faire; mais elle réprime sévèrement ce qui lui semble déviant. Cette Amérique qui se veut une et indivisible ne supporte pas la contestation."
Ps : Connaissez vous le sens de la phrase (et du titre) de la chanson n°6 (Don't Bogart That Joint) ?
Alors petite explication :
Humphrey Bogart avait l'habitude dans les films et/ou dans sa vie de tous les jours, d'avoir toujours un bout de clope coincé entre ses lèvres....donc c'est devenu une expression pour les fumeurs de joints qui comme tout le monde le sait, font tourner le joint... et ça devient : "ne fais pas le Bogart, fais tourner le joint" ("ne le garde pas comme Bogart dans ta bouche") !
Autre fait marrant, à propos des motos cette fois. La "Captain America" est un chopper comme on en n'avait encore jamais à vu même en Californie. Personne à l'époque n'avait construit une Harley chopperisée équipée d'une fourche rallongée de plus de 30 cm et d'un angle de chasse de 42°. C'est à Peter Fonda seul que l'on doit ce délire ! Que serait la customisation sans ce film !
Et pour la déco c'est à John Wayne à qui on la doit ! En effet, Fonda ne supportant pas que le "Duke" ait le monopole du patriotisme, il arborait au dos de son blouson un drapeau US. La police l'arrêtait et le verbalisait chaque jour pour "outrage au drapeau". Il persévéra et ira encore plus loin dans Easy Rider en étalant la bannière étoilée sur un réservoir Peanut. Personne n'avait osé ! Quelle époque formidable...
Electric Thing- Messages : 2628
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Re: Easy Rider (1969)
j'aime beaucoup ce film même si j'ai toujours du mal à le terminer, il y a pas mal de longueurs mais comme le dis si bien ET...C'est un bon résumé de l'époque avec les bons et les mauvais côtés.
Concernant Fonda & Nicholson, ils s'étaient déjà rencontré sur le film "The Trip" 1967 avec l'Electric Flag qui s'occupe intégralement de la bo...
Concernant Fonda & Nicholson, ils s'étaient déjà rencontré sur le film "The Trip" 1967 avec l'Electric Flag qui s'occupe intégralement de la bo...
Bloomers- Messages : 2749
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 49
Re: Easy Rider (1969)
Ce film légendaire avait une grande influence sur moi au début des années 70. Pourtant, je ne l'avais pas vu ! Avec mes potes, on était fasciné par les photos de Fonda et Hopper sur leurs magnifiques motos. J'avais un énorme poster (noir et blanc) de Fonda sur son "chopper" au dessus de mon lit (à coté de Jimi, Johnny Winter et Ché Guevara !). Pour mon vélo, j'avais acheté un siège "banane" avec dossier, et au collège, j'ai fabriqué un prolongement pour la roue avant ! Je peux vous dire que les têtes tournaient quand je circulais dans le quartier, avec mes lunettes style aviateur et gilet en jeans.
Impossible de voir le film ! Pas de vidéos à l'époque et le film était hors circuit depuis des années. Interdit à la télé aussi. J'ai enfin vu le film des années après au fac (j'étais membre du Club Ciné) et je n'étais pas déçu. Certainement le film le plus important de la "contre-culture".
Voici le meilleur générique de film de tout les temps !
https://www.youtube.com/watch?v=V7tuUG6dLv4
Impossible de voir le film ! Pas de vidéos à l'époque et le film était hors circuit depuis des années. Interdit à la télé aussi. J'ai enfin vu le film des années après au fac (j'étais membre du Club Ciné) et je n'étais pas déçu. Certainement le film le plus important de la "contre-culture".
Voici le meilleur générique de film de tout les temps !
https://www.youtube.com/watch?v=V7tuUG6dLv4
Re: Easy Rider (1969)
Purple Jim a écrit:Voici le meilleur générique de film de tout les temps !
https://www.youtube.com/watch?v=V7tuUG6dLv4
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
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Re: Easy Rider (1969)
Un film qui ne faut pas rater non plus...Bloomers a écrit:Concernant Fonda & Nicholson, ils s'étaient déjà rencontré sur le film "The Trip" 1967 avec l'Electric Flag qui s'occupe intégralement de la bo...
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
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Re: Easy Rider (1969)
Purple Jim a écrit:
Voici le meilleur générique de film de tout les temps !
https://www.youtube.com/watch?v=V7tuUG6dLv4
A visionner dans l'ordre :
https://www.youtube.com/watch?v=jMqVrUSz62o&feature=related
https://www.youtube.com/watch?v=mHGLBy2CdjI&feature=related
Re: Easy Rider (1969)
J'adore ! Le film commence vraiment à partir de là ! Quelle ambiance géniale avec "The Pusher", et "Born To Be Wild" ! Trop bon ! Ah Steppenwolf... c'est le bon son de l'époque !
J'ai racheté le film en dvd (je l'avais en VHS) il n'y a pas longtemps et ma femme s'est moqué de moi !!!
J'ai racheté le film en dvd (je l'avais en VHS) il n'y a pas longtemps et ma femme s'est moqué de moi !!!
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
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Re: Easy Rider (1969)
A noter que Dennis Hopper est atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale et qu'il ne lui reste que quelques semaines ou mois à vivre.
Voici une belle rétrospective de sa carrière:
http://www.ecrans.fr/Dennis-Hopper-class,9842.html
Voici une belle rétrospective de sa carrière:
http://www.ecrans.fr/Dennis-Hopper-class,9842.html
Re: Easy Rider (1969)
Ça c'est une autre histoire...Albert King a écrit:A noter que Dennis Hopper est atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale et qu'il ne lui reste que quelques semaines ou mois à vivre.
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
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Re: Easy Rider (1969)
C'est qui ce Smith? C'est bien la version du Band dans le film nan?Electric Thing a écrit:
D'abord il y a une bande son d'enfer... le cd existe et je vous le conseille :
1. Pusher - Steppenwolf
2. Born to Be Wild - Steppenwolf
3. Weight - Smith
4. Wasn't Born to Follow - The Byrds
5. If You Want to Be a Bird - The Holy Modal Rounders
6. Don't Bogart Me (A/K/A Don't Bogart That Joint) - Fraternity of Man
7. If 6 Was 9 - Jimi Hendrix Experience
8. Kyrie Eleison/Mardi Gras (When the Saints) - The Electric Prunes
9. It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding) - Roger McGuinn
10. Ballad of Easy Rider - Roger McGuinn
Brian Taylor- Messages : 290
Date d'inscription : 03/08/2008
Age : 32
Re: Easy Rider (1969)
Wikipédia a écrit:"La version du film est du Band, celle de Smith n'apparaît que sur la bande originale."
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
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Re: Easy Rider (1969)
Electric Thing a écrit:Wikipédia a écrit:"La version du film est du Band, celle de Smith n'apparaît que sur la bande originale."
c'est Roger McGuin avec les byrds non
Bloomers- Messages : 2749
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 49
Re: Easy Rider (1969)
Dennis Hopper est mort.
http://www.dailymail.co.uk/tvshowbiz/article-1282450/Dennis-Hopper-dies-74-Veteran-actor-loses-battle-prostate-cancer.html
RIP
http://www.dailymail.co.uk/tvshowbiz/article-1282450/Dennis-Hopper-dies-74-Veteran-actor-loses-battle-prostate-cancer.html
RIP
Re: Easy Rider (1969)
Oh quelle perte ! J'adorais le personnage, et l'acteur.
Il y a quelques jours je regardais un doc sur lui à la tv... Merde alors...
REP.
Il y a quelques jours je regardais un doc sur lui à la tv... Merde alors...
REP.
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
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Re: Easy Rider (1969)
tres triste aussi...surtout apres avoir vu des images de lui quelques jours avant sa mort....sacré personnage...total respect...
Norbert- Messages : 6026
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Re: Easy Rider (1969)
Nicholson et Fonda aux funérailles de Dennis Hopper.
http://www.dailymail.co.uk/tvshowbiz/article-1283517/Dennis-Hoppers-funeral-Jack-Nicholson-leads-mourners-memorial-service.html
Re: Easy Rider (1969)
Quelle classe ce Fonda!
Brian Taylor- Messages : 290
Date d'inscription : 03/08/2008
Age : 32
Re: Easy Rider (1969)
Surtout sur la moto !
Un sacré coup de vieux...
Un sacré coup de vieux...
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
Re: Easy Rider (1969)
Dennis Hopper nous a offert le pire de lui-même pour nous dégoûter et nous émerveiller.
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Mardi 8 Juin 2010
acteur
Apocalypse Now
dennis hopper
films
hommage
CULTURE
Partager sur:
Dennis Hopper, qui est mort du cancer le week-end du 29 mai à 74 ans, était moins un acteur qu'une personnalité idiosyncrasique. Quand il apparaissait dans un film, on savait pourquoi il était là : pour déchaîner la force de Dennis Hopper, cette énergie bizarre qui semblait créatrice et destructrice à la fois. Dans ses deux rôles majeurs, Rebelle sans cause (1955) et Géant (1956), il jouait un poète abattu et syncopé en opposition avec la rock star mélodique incarnée par James Dean. Après la mort de Dean, Hopper commença à s'aliéner les réalisateurs par son insistance à multiplier les prises et à revendiquer l'authenticité émotionnelle, inspirée par la « Méthode ». Il est facile de l'imaginer s'emporter sur un tournage comme cette scène d'un film de Hopper dans laquelle un maniaque obsessionnel arrive à convaincre un employeur potentiel de ne pas l'embaucher.
Dans les années 60, Hopper changea en toute désinvolture l'histoire du cinéma en réalisant Easy Rider puis il disparut dans la jungle péruvienne pour tourner The Last Movie, un film bizarre, délibérement inachevé, qui rendit les spectateurs perplexes au moment de sa sortie en 1971. La décennie qui suivit, marquée par l'abus de drogues et l'éclipse partielle de sa vie professionnelle, fut marquée par quelques rôles inoubliables, dont le personnage éponyme de The American Friend (1977) de Wim Wenders et le photojournaliste au regard fou de Apocalypse Now (1979). Les scènes d'Apocalypse où le personnage de Hopper essaie de convaincre Martin Sheen de se convertir au culte meurtrier de Kurtz sont perturbantes à regarder, car les obsessions et l'indiscipline du personnage, ses associations libres au sujet de la dialectique et de l'espace, semblent complètement non simulées. Hopper ne joue pas un dément qui vocifère dans la jungle. Il est un dément qui vocifère dans la jungle, et le fait qu'il y ait une caméra pour enregistrer ses délires semble à la fois providentiel et inconvenant.
Hopper est sorti d'une cure de désintoxication au début des années 80 avec sa bizarrerie innée, tempérée par l'âge et la sobriété, et quelques unes des meilleures performances de sa vie se sont enchaînées. Si on devait se souvenir de lui pour un seul rôle, ce serait pour Frank Booth, le kidnappeur qui inhale de l'essence, incarnation du mal absolu, qu'il joua dans Blue Velvet (1986). Frank Booth a fait l'objet de quelques réinterprétations kitsch et branchées ("Heineken? Fuck that shit. Pabst Blue Ribbon!"), mais l'écrivain très hopperien George Bataille a prévenu une fois ses lecteurs: « Si vous riez, c'est parce que vous avez peur. » Aujourd'hui, 24 ans après la sortie de Blue Velvet, les scènes avec Frank Booth sont toujours simplement et viscéralement terrifiantes (surtout la scène où Hopper force sa captive Isabella Rossellini à jouer la « maman » auprès de son « bébé » sexué pendant que Kyle McLachlan les espionnent de l'intérieur du placard). Frank est tellement atroce qu'on a envie de se lever et de s'enfuir - bien qu'une simple distance physique ne puisse protéger de ce type de dommage psychique et contagieux. « Je dois jouer Frank Booth ; je suis Frank Booth », aurait dit Hopper à David Lynch après avoir lu le scénario. Le plus terrifiant peut-être, ce n'est pas ce que fait Frank, mais l'idée que quelqu'un peut s'identifier à lui. Mais il est vrai que le personnage explore plus profondément le côté sombre de Dennis Hopper que n'importe quel autre rôle qu'il a joué. Avec Hopper, l'agression, la régression et le danger sont toujours très près de la surface, prêts à jaillir.
La volonté de Hopper d'être détestable - la joie qu'il semblait prendre à dégoûter ses spectateurs - lui a bien servi quand il joua le méchant dans des films d'action grand public (Speed, Waterworld). Mais cette même volonté de déplaire pouvait être aussi d'une drôlerie mordante, et, dans un bon contexte, émouvante. Le rôle de Dennis Hopper qui m'a toujours marqué est un petit rôle qu'il a joué, celui du père de Christian Slater dans True Romance de Tony Scott (1993). Après l'implication de son fils dans un meurtre lié à la drogue, Hopper, flic en cure de désintoxication, lui donne de l'argent pour quitter la ville avec sa jeune épouse (Patricia Arquette). Le père est capturé par un avocat de la mafia (Christopher Walken) qui l'incite, comme seul Christopher Walken peut le faire, à révéler où se trouve son fils. Hopper doit alors trouver une façon de se faire tuer par Walken avant qu'il ne donne les renseignements sous la torture. Il se lance alors dans une diatribe - écrite par Quentin Tarantino - sur la présence de sang noir dans les veines des Siciliens, se délectant de la furie montante de Walken quand il explique le « fait historique » selon lequel les « Ritals », ancêtres des mafiosos, se mélangaient à l'époque avec des « aubergines ». Le discours de Hopper est extrêmement raciste, obscène, offensif dans tous les sens du terme et, dans le contexte de la scène, il constitue le plus généreux des gestes et la plus belle manifestation de l'esprit de sacrifice d'un père envers son fils. Il commet un suicide verbal pour protéger son fils, et en poussant délibérément son adversaire à une rage meurtrière, on discerne une tendresse paradoxale dans les yeux de Hopper.
Hopper, surtout le Hopper d'avant Blue Velvet, n'était pas un figure cinématographique qui me tenait à coeur. Sa réputation de moulin à paroles déjanté renvoyait dans mon esprit à des auteurs comme Hunter S. Thompson et William Burroughs : des figures cultes dont les visions hallucinatoires étaient interprétées par certains fans comme des consignes de vie nihilistes. Mais il n'y avait personne d'autre qui pouvait faire à l'écran ce que Hopper a fait, et maintenant qu'il a disparu, je comprends à quel point cette qualité ineffable qu'il véhiculait va nous manquer, cette générosité avec laquelle il nous a offert le pire de lui-même pour notre dégoût et notre émerveillement.
Par Dana Stevens
Traduit par Holly Pouquet
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Mardi 8 Juin 2010
acteur
Apocalypse Now
dennis hopper
films
hommage
CULTURE
Partager sur:
Dennis Hopper, qui est mort du cancer le week-end du 29 mai à 74 ans, était moins un acteur qu'une personnalité idiosyncrasique. Quand il apparaissait dans un film, on savait pourquoi il était là : pour déchaîner la force de Dennis Hopper, cette énergie bizarre qui semblait créatrice et destructrice à la fois. Dans ses deux rôles majeurs, Rebelle sans cause (1955) et Géant (1956), il jouait un poète abattu et syncopé en opposition avec la rock star mélodique incarnée par James Dean. Après la mort de Dean, Hopper commença à s'aliéner les réalisateurs par son insistance à multiplier les prises et à revendiquer l'authenticité émotionnelle, inspirée par la « Méthode ». Il est facile de l'imaginer s'emporter sur un tournage comme cette scène d'un film de Hopper dans laquelle un maniaque obsessionnel arrive à convaincre un employeur potentiel de ne pas l'embaucher.
Dans les années 60, Hopper changea en toute désinvolture l'histoire du cinéma en réalisant Easy Rider puis il disparut dans la jungle péruvienne pour tourner The Last Movie, un film bizarre, délibérement inachevé, qui rendit les spectateurs perplexes au moment de sa sortie en 1971. La décennie qui suivit, marquée par l'abus de drogues et l'éclipse partielle de sa vie professionnelle, fut marquée par quelques rôles inoubliables, dont le personnage éponyme de The American Friend (1977) de Wim Wenders et le photojournaliste au regard fou de Apocalypse Now (1979). Les scènes d'Apocalypse où le personnage de Hopper essaie de convaincre Martin Sheen de se convertir au culte meurtrier de Kurtz sont perturbantes à regarder, car les obsessions et l'indiscipline du personnage, ses associations libres au sujet de la dialectique et de l'espace, semblent complètement non simulées. Hopper ne joue pas un dément qui vocifère dans la jungle. Il est un dément qui vocifère dans la jungle, et le fait qu'il y ait une caméra pour enregistrer ses délires semble à la fois providentiel et inconvenant.
Hopper est sorti d'une cure de désintoxication au début des années 80 avec sa bizarrerie innée, tempérée par l'âge et la sobriété, et quelques unes des meilleures performances de sa vie se sont enchaînées. Si on devait se souvenir de lui pour un seul rôle, ce serait pour Frank Booth, le kidnappeur qui inhale de l'essence, incarnation du mal absolu, qu'il joua dans Blue Velvet (1986). Frank Booth a fait l'objet de quelques réinterprétations kitsch et branchées ("Heineken? Fuck that shit. Pabst Blue Ribbon!"), mais l'écrivain très hopperien George Bataille a prévenu une fois ses lecteurs: « Si vous riez, c'est parce que vous avez peur. » Aujourd'hui, 24 ans après la sortie de Blue Velvet, les scènes avec Frank Booth sont toujours simplement et viscéralement terrifiantes (surtout la scène où Hopper force sa captive Isabella Rossellini à jouer la « maman » auprès de son « bébé » sexué pendant que Kyle McLachlan les espionnent de l'intérieur du placard). Frank est tellement atroce qu'on a envie de se lever et de s'enfuir - bien qu'une simple distance physique ne puisse protéger de ce type de dommage psychique et contagieux. « Je dois jouer Frank Booth ; je suis Frank Booth », aurait dit Hopper à David Lynch après avoir lu le scénario. Le plus terrifiant peut-être, ce n'est pas ce que fait Frank, mais l'idée que quelqu'un peut s'identifier à lui. Mais il est vrai que le personnage explore plus profondément le côté sombre de Dennis Hopper que n'importe quel autre rôle qu'il a joué. Avec Hopper, l'agression, la régression et le danger sont toujours très près de la surface, prêts à jaillir.
La volonté de Hopper d'être détestable - la joie qu'il semblait prendre à dégoûter ses spectateurs - lui a bien servi quand il joua le méchant dans des films d'action grand public (Speed, Waterworld). Mais cette même volonté de déplaire pouvait être aussi d'une drôlerie mordante, et, dans un bon contexte, émouvante. Le rôle de Dennis Hopper qui m'a toujours marqué est un petit rôle qu'il a joué, celui du père de Christian Slater dans True Romance de Tony Scott (1993). Après l'implication de son fils dans un meurtre lié à la drogue, Hopper, flic en cure de désintoxication, lui donne de l'argent pour quitter la ville avec sa jeune épouse (Patricia Arquette). Le père est capturé par un avocat de la mafia (Christopher Walken) qui l'incite, comme seul Christopher Walken peut le faire, à révéler où se trouve son fils. Hopper doit alors trouver une façon de se faire tuer par Walken avant qu'il ne donne les renseignements sous la torture. Il se lance alors dans une diatribe - écrite par Quentin Tarantino - sur la présence de sang noir dans les veines des Siciliens, se délectant de la furie montante de Walken quand il explique le « fait historique » selon lequel les « Ritals », ancêtres des mafiosos, se mélangaient à l'époque avec des « aubergines ». Le discours de Hopper est extrêmement raciste, obscène, offensif dans tous les sens du terme et, dans le contexte de la scène, il constitue le plus généreux des gestes et la plus belle manifestation de l'esprit de sacrifice d'un père envers son fils. Il commet un suicide verbal pour protéger son fils, et en poussant délibérément son adversaire à une rage meurtrière, on discerne une tendresse paradoxale dans les yeux de Hopper.
Hopper, surtout le Hopper d'avant Blue Velvet, n'était pas un figure cinématographique qui me tenait à coeur. Sa réputation de moulin à paroles déjanté renvoyait dans mon esprit à des auteurs comme Hunter S. Thompson et William Burroughs : des figures cultes dont les visions hallucinatoires étaient interprétées par certains fans comme des consignes de vie nihilistes. Mais il n'y avait personne d'autre qui pouvait faire à l'écran ce que Hopper a fait, et maintenant qu'il a disparu, je comprends à quel point cette qualité ineffable qu'il véhiculait va nous manquer, cette générosité avec laquelle il nous a offert le pire de lui-même pour notre dégoût et notre émerveillement.
Par Dana Stevens
Traduit par Holly Pouquet
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Easy Rider (1969)
Et un grand réalisateur, cinéaste de l’errance. Revoyez tous ses super films dont “Out of the blues“
* 1969 : Easy Rider
* 1971 : The Last Movie
* 1980 : Out of the Blue
* 1988 : Colors
* 1990 : Catchfire
* 1990 : Hot Spot
* 1994 : Chasers
* 2000 : Homeless
* 1969 : Easy Rider
* 1971 : The Last Movie
* 1980 : Out of the Blue
* 1988 : Colors
* 1990 : Catchfire
* 1990 : Hot Spot
* 1994 : Chasers
* 2000 : Homeless
Re: Easy Rider (1969)
Leptilou a écrit:
* 1990 : Hot Spot
Pour lequel il avait réuni Miles Davis et John Lee Hooker pour la bande son.
Re: Easy Rider (1969)
Restons dans le sujet initial...
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 53
Localisation : Légèrement à gauche de Saturne !
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