Manset Gérard
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Manset Gérard
Présentation subjective.
1968 mai… France… sort un album qui passera inaperçu à l’époque pour devenir culte pour une poignée d’auditeur quelques années (décennies) plus tard : le premier opus de gérard manset.
Mais qui est donc gérard manset ?
Sorte de david pynchon de la musique française, notre homme est née à la suite de la seconde guerre mondiale. Jeune dandy, il aime porter la mèche « rebelle » de l’époque, se pavaner dans des costumes et des postures arrogantes (les quelques images de ses débuts donnent déjà envie de lui casser les deux genoux et de lui faire manger ses rotules avec sa tête de premier de la classe), il commence la musique sur la méthode rose de sa petite sœur, très vite il en digère au petit déjeuner en autodidacte accompli, tout en pratiquant la peinture. Le voilà donc batteur d’un petit groupe de rock, il fera son premier (et seul) concert (aucune image, ni son de cette époque, c’est informel) avant de rater son bac et d’être reçu aux arts décos.
Le jeune homme qui aurait souhaité être prof de dessin à la campagne, se voit proposer d’écrire quelques paroles de chansons pour Dalida (sans doute ses talents artistiques et ses connaissances parisiennes l’aident dans cette voie), il écrira deux titres, avant de se rendre compte que certaines de ses productions ne peuvent être chanté que par lui. C’est en décidant de passer aux manettes, de signer ses premiers titres, son premier album, totu seul comme un grand, avec son pessimisme, son sens de la musique si personnel et sa voix de « non chanteur », qu’il va devenir gérard Manset, l’artiste culte.
S’en suivront une quinzaine d’albums atypique, aucune scène, peu de promo, l’arrêt total de la télévision dans les années 80 (suite à une émission en l’honneur de cabrel qui se déroule mal), des périodes de retrait, des romans, des expos photos, des expos peintures, des livres de photos… et un control absolu de son image. Manset représente une forme de « saint graal » du mythe franco français de l’artiste, il est à la fois auteur, compositeur, arrangeur, producteur, photographe de certaines pochettes… il est partout , dirige tout, interdit la ressortie de certains albums, remet des compilations ou des refontes de ses albums sur le marché en fonction de son envie du moment.
Dès ses débuts il se montre profondément réactionnaire, le monde d’aujourd’hui l’ennuie, la vitesse, le changement semblent le pétrifier, il est nostalgique de l’enfance, c’est aux travers de ses nombreux voyages qu’il va chercher à découvrir le monde et à retrouver ses souvenirs et émotions perdus tout en constatant impitoyablement le déclin du monde qui est le notre. Musicalement il se « réclame » de charles trenet et de bob seger, peut mélanger pink floyd et supertramp dans une interview… tout en ayant un penchant certain pour la musique classique et pas du tout pour le jazz.
Pour le reste, il est capable de déclarer qu’il ne lit jamais, que la littérature lui tombe des mains, pour , 20 ans plus tard, se réclamer ouvertement des auteurs du 19ième siècle (nerval et consort notamment) et en chanter les louanges…
Drôle d’oiseau insaisissable, personnage imbuvable car souvent hautain, pudibond ayant des jugements parfois abrupte (juste ou non) … il décide par exemple de faire l’émission radio de pascale clark mais refuse le podcast… il semble depuis ces dernières années vouloir se (re)construire comme écrivain (il a publié pas mal d’ouvrages ces dernières années, et beaucoup moins d’albums) sans pour autant succomber aux charmes des médias. Ce qui le rend à la fois mystérieux, intègre et (j’y reviens) tête à claque.
Il est difficile de résumer le personnage, d’en faire le tour, il frôle parfois le ridicule (son film « l’atelier du crabe ») le limite (certains passages de son livre « royaume de siam »), le mystique… et le génie pur et simple. Car pour votre serviteur et toute lucidité flottant aux vents : y’a pas mieux.
Entendons nous bien, j’ai toute sa production qui traîne (genre) en 33t, pas mal de cd, des bouquins… mais je n’ai pas tout, je ne collectionne pas et ne prend pas pour parole d’évangile tout ce qu’il raconte… mais, presque malgré moi… il se trouve que devant les prestations d’un hendrix, d’un coltrane ou d’un monk en feu, devant des ragas sans fin, des opéras sublimes, des… bref… y’a manset. .. ; après j’ai un avantage sur pas mal d’autres amateurs de chanteurs ou artistes, ni regret de l’avoir loupé sur scène, ni besoin de courir la France pour le voir en concert ^^
C'est l'artiste que j'écoute le plus, environ un album tous les deux jours, à force on ne sait plus très bien si on apprécie ou si on écoute stupidement par réflexe,pour se rassurer ce genre de chose... mais reste tout de même que depuis que je l'ai découvert et sans être d'accord avec lui, son oeuvre à façonnée directement ma vision du monde, moins de la musique (si ce n'est dans son utilisation des violons et ses sonorités de guitares de 75 à 85 en gros et dans ses orchestrations parfois compliquées)... cette forme de mélancolie guerrière et un caractère chiant mêlant sens du texte et romantisme à fleur de peau sur fond de zen rock... ça me va !
On aura droit à :
- Première période avec tâtonnement essai à chaque production entre titre surréaliste, compo intimiste et titre en latin (sisi !) jusqu’en 1975
- De 1975 au milieu fin des années 80 pour une période rock-voyage, qui montre un auteur blasé mais en mouvement dressant le portrait d’un monde qu’il trouve de moins en moins beau, en même temps qu’il découvre le bouddhisme et une forme de quiétude.
- Du début des années 90 aux années 2000 un retour au rock martial puis une transformation vers une production toujours plus reconnaissable et une place de plus en plus grande faîte à l’écriture.
- Les années 2000, le rocker semble avoir cédé la place à un poète-écrivain qui à force de vouloir s’assumer ne fait pas toujours les bons choix, mais parvient encore à clouer au pilori vos doutes sur le mur de vos émotions les plus cachées.
et deux photos issues de son dernier recueil histoire de ponctuer un brin.
1968 mai… France… sort un album qui passera inaperçu à l’époque pour devenir culte pour une poignée d’auditeur quelques années (décennies) plus tard : le premier opus de gérard manset.
Mais qui est donc gérard manset ?
Sorte de david pynchon de la musique française, notre homme est née à la suite de la seconde guerre mondiale. Jeune dandy, il aime porter la mèche « rebelle » de l’époque, se pavaner dans des costumes et des postures arrogantes (les quelques images de ses débuts donnent déjà envie de lui casser les deux genoux et de lui faire manger ses rotules avec sa tête de premier de la classe), il commence la musique sur la méthode rose de sa petite sœur, très vite il en digère au petit déjeuner en autodidacte accompli, tout en pratiquant la peinture. Le voilà donc batteur d’un petit groupe de rock, il fera son premier (et seul) concert (aucune image, ni son de cette époque, c’est informel) avant de rater son bac et d’être reçu aux arts décos.
Le jeune homme qui aurait souhaité être prof de dessin à la campagne, se voit proposer d’écrire quelques paroles de chansons pour Dalida (sans doute ses talents artistiques et ses connaissances parisiennes l’aident dans cette voie), il écrira deux titres, avant de se rendre compte que certaines de ses productions ne peuvent être chanté que par lui. C’est en décidant de passer aux manettes, de signer ses premiers titres, son premier album, totu seul comme un grand, avec son pessimisme, son sens de la musique si personnel et sa voix de « non chanteur », qu’il va devenir gérard Manset, l’artiste culte.
S’en suivront une quinzaine d’albums atypique, aucune scène, peu de promo, l’arrêt total de la télévision dans les années 80 (suite à une émission en l’honneur de cabrel qui se déroule mal), des périodes de retrait, des romans, des expos photos, des expos peintures, des livres de photos… et un control absolu de son image. Manset représente une forme de « saint graal » du mythe franco français de l’artiste, il est à la fois auteur, compositeur, arrangeur, producteur, photographe de certaines pochettes… il est partout , dirige tout, interdit la ressortie de certains albums, remet des compilations ou des refontes de ses albums sur le marché en fonction de son envie du moment.
Dès ses débuts il se montre profondément réactionnaire, le monde d’aujourd’hui l’ennuie, la vitesse, le changement semblent le pétrifier, il est nostalgique de l’enfance, c’est aux travers de ses nombreux voyages qu’il va chercher à découvrir le monde et à retrouver ses souvenirs et émotions perdus tout en constatant impitoyablement le déclin du monde qui est le notre. Musicalement il se « réclame » de charles trenet et de bob seger, peut mélanger pink floyd et supertramp dans une interview… tout en ayant un penchant certain pour la musique classique et pas du tout pour le jazz.
Pour le reste, il est capable de déclarer qu’il ne lit jamais, que la littérature lui tombe des mains, pour , 20 ans plus tard, se réclamer ouvertement des auteurs du 19ième siècle (nerval et consort notamment) et en chanter les louanges…
Drôle d’oiseau insaisissable, personnage imbuvable car souvent hautain, pudibond ayant des jugements parfois abrupte (juste ou non) … il décide par exemple de faire l’émission radio de pascale clark mais refuse le podcast… il semble depuis ces dernières années vouloir se (re)construire comme écrivain (il a publié pas mal d’ouvrages ces dernières années, et beaucoup moins d’albums) sans pour autant succomber aux charmes des médias. Ce qui le rend à la fois mystérieux, intègre et (j’y reviens) tête à claque.
Il est difficile de résumer le personnage, d’en faire le tour, il frôle parfois le ridicule (son film « l’atelier du crabe ») le limite (certains passages de son livre « royaume de siam »), le mystique… et le génie pur et simple. Car pour votre serviteur et toute lucidité flottant aux vents : y’a pas mieux.
Entendons nous bien, j’ai toute sa production qui traîne (genre) en 33t, pas mal de cd, des bouquins… mais je n’ai pas tout, je ne collectionne pas et ne prend pas pour parole d’évangile tout ce qu’il raconte… mais, presque malgré moi… il se trouve que devant les prestations d’un hendrix, d’un coltrane ou d’un monk en feu, devant des ragas sans fin, des opéras sublimes, des… bref… y’a manset. .. ; après j’ai un avantage sur pas mal d’autres amateurs de chanteurs ou artistes, ni regret de l’avoir loupé sur scène, ni besoin de courir la France pour le voir en concert ^^
C'est l'artiste que j'écoute le plus, environ un album tous les deux jours, à force on ne sait plus très bien si on apprécie ou si on écoute stupidement par réflexe,pour se rassurer ce genre de chose... mais reste tout de même que depuis que je l'ai découvert et sans être d'accord avec lui, son oeuvre à façonnée directement ma vision du monde, moins de la musique (si ce n'est dans son utilisation des violons et ses sonorités de guitares de 75 à 85 en gros et dans ses orchestrations parfois compliquées)... cette forme de mélancolie guerrière et un caractère chiant mêlant sens du texte et romantisme à fleur de peau sur fond de zen rock... ça me va !
On aura droit à :
- Première période avec tâtonnement essai à chaque production entre titre surréaliste, compo intimiste et titre en latin (sisi !) jusqu’en 1975
- De 1975 au milieu fin des années 80 pour une période rock-voyage, qui montre un auteur blasé mais en mouvement dressant le portrait d’un monde qu’il trouve de moins en moins beau, en même temps qu’il découvre le bouddhisme et une forme de quiétude.
- Du début des années 90 aux années 2000 un retour au rock martial puis une transformation vers une production toujours plus reconnaissable et une place de plus en plus grande faîte à l’écriture.
- Les années 2000, le rocker semble avoir cédé la place à un poète-écrivain qui à force de vouloir s’assumer ne fait pas toujours les bons choix, mais parvient encore à clouer au pilori vos doutes sur le mur de vos émotions les plus cachées.
et deux photos issues de son dernier recueil histoire de ponctuer un brin.
Dernière édition par Fando le 03.05.12 2:19, édité 1 fois
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
Discographie :
faire le tri dans sa discographie (entre les non rééditions, les compilations, les titres retirés de la circulation, les coffrets... ) est un calvaire, je livre ici un avis sur chacun des disques tel que sorti à leur époque avec un lien pour un titre à chaque fois, ce n'est pas forcément le "meilleur" titre, mais j'ai fait en fonction des dispos du net, de mes goûts et de l'heure tardive de ce post ^^
- Animal on est mal : album étrange, dont les sonorités et les textes à la limite du surréaliste ont bien vieillis mais pas forcément vieillis en bien… on y retrouve les traces d’un humour mordant, un amour de quelques notions de science fiction parcellaire (thème qui reviendra parfois chez manset, sans trop que l’on sache pourquoi ni comment)… c’est le genre d’ovni qui soit nous passe totalement au-dessus, soit nous hante très longtemps. On notera un sens aigue de l’expérimentation en studio et de la mélodie.(si vous vous retrouvez à chantonner « je suis dieu et je joeu avec des bouchons de lièges » dans la rue… vous êtes mal partis) on notera « on ne tue pas son prochain » titre à l’humour noir corrosif, repris par brigitte fontaine (et cité par bilal pour les amateurs).
- La mort d’Orion : alors là, toute la fougue impétueuse et narcissique du mec prend le dessus, un concept album (si je ne dis pas de bêtise le premier en France) en forme d’oratorio, sur fond de poésie aux images parfois aussi niaises que la prose d’un adolescent en mal de reconnaissance, parfois à la beauté lugubre, Manset livre un album étrange, une œuvre au noir (marguerite sort de ce corps) au charme glacial, que l’on écoute par curiosité un peu comme on se dirigerait vers la dépouille d’une charogne, car avec ses violons à l’envers, ses voix d’outre espace, ses envolées lyrique, sa morbidité bancale mais implacable : on sent attiré par une curiosité viscérale.
- « l’album blanc » car simplement intitulé « manset » : il est souvent nommé Jeanne, du fait de son titre le plus marquant. Sortant d’une rupture amoureuse, manset se débarrasse de ses oripeaux de poète incompris et « tourmenté » pour livrer une œuvre d’une franchise, d’une force rare, tant et si bien qu’il ne parviendra sans doute vraiment jamais à retrouver ce « feu sacré ». Entre succession de titres et concept album, se déroule un album lumineux, dépouillé du superflu, des mélodies et des orchestrations sublimes, et enfin il semble avoir opté pour ce qui verra sa marque de fabrique : l’épure dans les paroles. Une apparente simplicité pour des images émouvantes et touchantes, car écrite au cœur du désespoir. C’est, sans doute, avec cet album que l’on prend la mesure de la tristesse du personnage et de ce quelle implique, c’est triste mais jamais larmoyant, toujours lucide et à la recherche d’une poésie, d’un instant vrai ! Un album à écouter en boucle, sans doute le « must have ».
- Y’a une route : ici on entre dans ce qui sera la période la plus prolifique de manset. Suite à la diffusion en radio de la seconde face d’un 45 tour promo « il voyage en solitaire » devient un tube national (avec son piano désaccordé ), un succès, le seul qu’il fera jamais, qui va lui coller à la peau, va faire de lui un chanteur « populaire ». mais qui éclipse un album résolument plus rock, plus urbain, plus lourd. Le dépouillement cède la place aux strates, les guitares se superposent, les nappes de violons enrobes le tout et la batterie (binaire… alors ça, je lui collerais des baffes à gérard, son utilisation rock mais poussive et martiale et systématique de la batterie binaire m’énerve à un point rarement égalé… comment peut on s’entourer de musiciens aussi doués pour leur faire sortir ce son et jouer autour… brrr). Manset à découvert les voyages, les arts martiaux, a stoppé la cigarette… désormais sa désillusion et sa misanthropie hanterons les poches de son manteau rock ! Là, y’a du lourd, y’a du solo de guitare strident, de la basse lourde et chavirante, y’a un monde qui s’écroule, c’est triste mais faut le chanter et vite. Toujours se sens de la mélodie qui accroche, des constructions musicales complexes, des paroles à la recherche du vrai (parfois jusqu’au ridicule) et ici une inspiration et un groupe qui assure, font de cet album un exemple d’équilibre avec un goût de « reviens y » indéniable.
- « rien à raconter » ravis de son succès radiophonique, Manset prend tout le monde à contrepied avec ce titre bien explicite « rien à raconter », circulez y’a rien à voir, je suis artiste pas bête de foire, la politique, l’art, les préoccupations sociales je m’en fous, je suis là pour créer dans mon coin et livrer un point de vu unique. Il revient ici à une vision moins ouvertement rock, pour un album plus intimiste, résolument tourné vers les voyages, l’ailleurs, comme un peintre il en ramène des couleurs étranges , déroutantes et suaves. Des perles magnifiques, comme « les vases bleues » qui reste l’une de ses plus belles chansons ou « ailleurs » qui parvient à être une chanson « bulle », simple, belle, enfantine dont on souhaiterait qu’elle ne cesse jamais, « cheval cheval » qui emprunte sa progression d’accord à led zep je crois bien et puis « la liberté » d’une mièvrerie consternante,… un album court, franc aux accents de sincérité et de beauté touchant au sublime, mais ce que l’inspiration semble avoir soufflée d’un côté, elle le reprend par endroit.
- 2870, confiant la pochette à Hypgnosis (pink floyd et autres bonjour) Manset propose ici son album le plus urbain et sans doute l’un des plus rock avec des riffs qui crachottent, qui saturent et des paroles qui vous mettent mal à l’aise(« un homme une femme » ça ne revalorise pas l’image de l’homme dans le couple et « amis » devrait vous filé envie de vous pendre dans l’instant ^^)… et puis qui en France en 1978 balancerait un morceau de 15 minutes saturé de guitares électriques au son strident… 15 minutes de musique, 4 minutes de paroles, des guitares omniprésentes avec des sons qui reviennent mais sans véritable structure à l’ensemble… un pur bijou musical noir et fascinant… sans compter « ton âme heureuse » petite merveille qui déjà égratigne fortement l’image du voyage en touriste mode club med de l’occidental moyen.
- Royaume de Siam (ancien nom de la thaÏlande) fait la part belle aux voyages, compositions courtes, arrivés des sitars et autres sonorités étrangères, paroles invitant à la découverte du monde et de soi , toujours à la recherche de la vérité et d’un certain bonheur que l’on sait inaccessible, au milieu du voyage le rock n’est pas oublié avec des titres comme « balancé » et son riff bien primaire. Un album que l’on écoute comme une carte postale, un peu « en dehors », il ne paye pas de mine avec ses « petits titres », ses gentilles mélodies, ses couches musicales et puis… la musique vous colle à l’oreille, on se colle de plus en plus à l’écoute… et là on s’aperçoit qu’il parle du rapport père-fils avec justesse et simplicité, que le suicide est évoqué avec pudeur et savoir faire… finalement, à force de vous accompagner partout, d’être toujours là… cet album s’avérera être une pièce maîtresse de la discographie de l’artiste.
- L’atelier du crabe : (l’atelier désignant ici son studio d’enregistrement et le crabe faisant allusion à son signe zodiacal : le cancer ^^) est moins « dans » le voyage, qu’un retour de voyage… avec des souvenirs aigres doux pleins les poches, proposant (encore une fois) une vision pessimiste, noir, acide et cruelle d’un monde à la dérive… (manteau rouge, étant le récit d’un reporter de guerre au front, on ne peut pas dire que la thématique soit des plus guillerette (toi aussi anime tes soirées grâce à gérard manset )). Un peu à l’image de « rien à raconter », cet album distille le meilleur et le pire (« marin bar » qui fait indubitablement penser à « il tape sur des bambous » de lavil Oo, et qui même quand on sait de quoi elle parle, reste une scie musicale… qui plait à toutes mes connaissances… je ne sais pas pourquoi). Toutefois et comme souvent, l’artiste à su s’entourer des meilleurs et les solos de guitares de cet album doivent figurer au panthéon de la chanson française (au moins de l’époque) idem pour les autres musiciens, qui malgré la tendance « sous couche de sous couche de sous couche » des orchestrations de manset parviennent à exister avec brio.
- Le train du soir : l’album qui fait la bascule entre le rock le plus lourd (les loups) au riff puissant et entêtant et des titres plus ouvertement travaillés et complexes (marchands de rêves, 11 minutes d’images ici d’un trip de thomas mann ou de Kurtz) le voyage est définitivement devenu initiatique, le premier degré s’éloigne pour laisser place à une écriture plus ciselé, qui sans perdre de son impact, cherche à s’inscrire dans le marbre.
- Comme un guerrier, sans doute le double et la continuité du précédent, tant les thèmes et les musiques en sont proches, la pièce maîtresse qu’est « comme un guerrier » reste un morceau dantesque, le morceau de fer dans la plaie ouverte, la liaison parfaite entre voyage, désillusion et rock… une perfection, rien à jeter il suffit d’y succomber. Des années plus tard manset « gommera » les titres les plus faibles (à son sens) de ces albums pour n’en livrer que la substance la plus brute, la plus juste… et si effectivement on peut trouver quelques faiblesses dans cet album, il reste un monument de musicalité, de savoir faire, proposant un impact qui n’a rien perdu de sa superbe ou de sa capacité à vous retourner les tripes. Avec cet album Manset s’impose définitivement comme un artiste hors pair.
- Lumière : et le voilà qui prend tout le monde à contrepied, le bouddhisme zen fait irruption dans son constat désolé et désolant du monde, désormais le fatalisme qui est le sien porte en lui les marques de la quête vers l’absolution, vers le « rien », la roue kharmique ne s’arrête jamais seul la paix, l’éveil pour nous faire la quitter. Un mysticisme (et non du prosélytisme) qui va apporter à ses compositions une touche d’éternité. Ici on se demande « que deviens tu », la nostalgie et l’accablement des années qui passent, des changements qui sont autant de soubresaut de l’humanité dans les sables mouvants de son idioties finissent par doter l’artiste d’une portée spirituelle uniquement esquissée jusque là. Il ne parle plus tant « pour lui » que pour « le dernier monde connu ». A ce titre, s’appuyant sur une vision toute martiale et métrique de la rythmique les thématiques s’enchaîne comme autant de graines sur le chapelet de la qualité… l’idée de « chanson bulle » touchée du doigt des années plus tôt avec « ailleurs » touche à la perfection avec « finir pécheur »… manset va vers l’essentiel.
- Prisonnier de l’inutile, avant souchon et sa foule sentimentale, manset pose le constat du consumérisme idiot, de la fatalité, de l’inutilité de toute chose (ou presque). Et là gauguin (et l’or de leur corps) côtoie la paternité fataliste (qui mène à la perte de l’enfant, forcément), les chambres des hotels miteux d’une asie faite putain misérable suant l’enfer bon marché de rêve breloque… mais qui nous tend les bras… des bras dans lesquels on se précipite… comme une prend une dose. Un album sublime, sans défaut, juste, vrai, noir et profond… qu’il pensait pouvoir trouver « un public », mais dont l’échec lui fera « quitter la musique »… pour mieux y revenir.
- Matrice, l’artiste quitte sa tour d’ivoire, après des années sans rien produire, revoilà le Manset nouveau, si le voyage, le désespoir, la lame aiguisée sont toujours là… cet album n’est pas celui d’un vieux lion blasé, mais bien un brûlot urbain aussi froid et trépidant qu’une scie sauteuse rentrant dans le ventre d’un nouveau née. Début 90 banlieue nord propose le portrait des banlieues occidentales… ça fait froid dans le dos, camion bâché expose la paternité, la passation du savoir, des valeurs que la société actuelle bafoue,… les femmes ne sont plus alanguies mais passées, rêvées ou fantasmées. On est face à une poésie de l’urgence, l’urgence de dénoncer un monde qui broie l’homme, l’urgence de revenir au sein du vrai, du plaisir, de l’imaginaire aussi un peu.
http://bathroomremodeling-ideas.com/videos/watch-video/1e4oFF6sLKM/lesyeuxverts100/banlieue-nord.g%C3%A9rard-manset.wmv.html
- Revivre, crise de la quarantaine oblige, l’artiste propose un album en demi teinte, l’hommage à lévi strauss et clairvoyant et pertinent (ne sommes nous pas nous-mêmes indiens des plus rares, pour nous sauver peut être il n’est pas trop tard), la crise de la quarantaine sonne l’air d’un bilan sublime (revivre) les morts des indiens d’amérique du sud sont autant de fantômes envoutant (territoire de l’inini) mais c’est aussi l’heure de titre plus pompeux et de parole indigeste (dans les ténèbres noires Oo sérieusement ! ) un album aux pépites enfouies pour connaisseur.
- La vallée de la paix : manset tombe ici dans le travers qui signera sa « perte » pour beaucoup de fans : le verbiage. Des textes et des titres tous plutôt long (sauf peut être ce paradis énergique et rock en diable !), littéraire, complexe, travaillée, subtile sur des orchestrations pouvant passer pour pompeuse et loupée, mais qui se révèlent comme un écrin cohérent, pour une atmosphère singulière. L’album d’une transition entre un le guerrier solitaire et le poète autoproclamé au propos énervant… mais un album qui pour moi reste une réussite à tout point de vu, à découvrir « après coup » avec l’envie de se laisser prendre au piège tendus par des mots touchants et des images fortes (la ballade des échinodermes c’est tout de même pas macumba)
- Jadis et naguère, à partir de cet album, plus grand-chose de vraiment neuf ne sortira plus de l’artiste si ce n’est quelques titres à la lumière noire flamboyante… la production va devenir plus léchée, moins dédiée aux instruments et tournants résolument autour du texte… proposant plus une « lecture » qu’une écoute de prime abord… si on est pas amateur on risque d’y trouver un « fond de commerce » (manset fait du manset) qu’une véritable révélation. La beauté et l’inspiration sont encore là, mais demandent à être recherchées et dénichées… tandis que la production s’alourdit fortement, pour des atmosphères beaucoup plus austère et distante.
- Le langage oublié, enfonce le clou, si on a droit à des titres sublimes « demain il fera nuit » par exemple ou encore « le dernier monde connu »… le manset écrivain prend de plus en plus de place, les images chocs plient sous le poids de phrases inutiles, de musiques moins envoutantes, plus effacées presque là pour uniquement accompagner le texte et non plus pour s’entrelacer avec lui dans un mouvement unique vers le beau et le vrai. Manset se crée un nouveau personnage, les interviews le montrent comme soudainement lettré, revendiquant (en quelque sorte) sa position d’auteur poète et culte.
- Obok ressemble furieusement à son prédécesseur, alliant texte très long (fauvette) et peu inspirés à des petits bijoux indéniables « jardin des délices »… si on se navre toujours et encore devant une production datée (le son du saxophone), et un « rock » désormais tributaire de son rôle de faire valoir… on ne peut échapper à la prise de point de vu souvent originale de l’artiste, « pacte avec mon sang » joue sur la posture de l’artiste, tandis que « veux tu » propose l’accompagnement vers le deuil avec une économie de moyen et une sincérité touchante.
- Le pays de la liberté, dernier album en date, toujours dans la même veine… d’autant que l’auteur a fait paraître plus de livre, à fait plus d’expos photo depuis cette période, semblant délaisser la musique au profit de son nouveau statut d’écrivain (à noter son livre de « souvenir » autour de bashung, qui résonne encore comme inapproprié et dont on se demande encore ce qu’il fait là)… mais il bénéficie d’une production de meilleure qualité et d’un vrai regain d’inspiration, la sagesse de l’âge peut être, le rend plus distant, il n’est plus ce moine guerrier… mais plus un vieux sage sur sa montagne qui regarde à la fois au loin et vers son passé, le constat tient plus du bilan de vie, donnant à l’ensemble l’étincelle de sincérité qui manquait aux deux précédents opus. Il y a encore des ratés dans la machine.. mais la tendresse et de nouveau au rendez vous.
Bien évidemment Manset n’a pas écrit « que » pour lui, il a produit ou co écrit quelques disques, le tout premier william sheller, le tout premier Ange, le chimène de rené joly ou encore trois titres (tous trèèèèès bons !) pour le dernier bashung (sans compter la reprise d’il voyage en solitaire par ce dernier)… ou bien encore des titres pour jane birkin ou le fils de notre djoni national (beuark)… récemment il a pas mal travaillé avec raphael…
Manset n’est pas un artiste méconnu, c’est un artiste de l’ombre, une ombre qu’il a choisit et qu’il sait cultiver avec talent… souvent reconnu pour la qualité de ses textes, il n’en reste pas moins un chanteur atypique, un compositeur de talent ayant su s’entourer de musiciens compétent… pour produire une musique de qualité…
Alors certes on est souvent dans la mélancolie et le lugubre, on est loin des plages de cocotiers et de sables fins et « au cœur du fruit : le noyau noir »… mais il ne s’agit pas des lamentations d’un ado en mal d’affection, il s’agit d’une véritable œuvre poétique (et musicale) à découvrir.
faire le tri dans sa discographie (entre les non rééditions, les compilations, les titres retirés de la circulation, les coffrets... ) est un calvaire, je livre ici un avis sur chacun des disques tel que sorti à leur époque avec un lien pour un titre à chaque fois, ce n'est pas forcément le "meilleur" titre, mais j'ai fait en fonction des dispos du net, de mes goûts et de l'heure tardive de ce post ^^
- Animal on est mal : album étrange, dont les sonorités et les textes à la limite du surréaliste ont bien vieillis mais pas forcément vieillis en bien… on y retrouve les traces d’un humour mordant, un amour de quelques notions de science fiction parcellaire (thème qui reviendra parfois chez manset, sans trop que l’on sache pourquoi ni comment)… c’est le genre d’ovni qui soit nous passe totalement au-dessus, soit nous hante très longtemps. On notera un sens aigue de l’expérimentation en studio et de la mélodie.(si vous vous retrouvez à chantonner « je suis dieu et je joeu avec des bouchons de lièges » dans la rue… vous êtes mal partis) on notera « on ne tue pas son prochain » titre à l’humour noir corrosif, repris par brigitte fontaine (et cité par bilal pour les amateurs).
- La mort d’Orion : alors là, toute la fougue impétueuse et narcissique du mec prend le dessus, un concept album (si je ne dis pas de bêtise le premier en France) en forme d’oratorio, sur fond de poésie aux images parfois aussi niaises que la prose d’un adolescent en mal de reconnaissance, parfois à la beauté lugubre, Manset livre un album étrange, une œuvre au noir (marguerite sort de ce corps) au charme glacial, que l’on écoute par curiosité un peu comme on se dirigerait vers la dépouille d’une charogne, car avec ses violons à l’envers, ses voix d’outre espace, ses envolées lyrique, sa morbidité bancale mais implacable : on sent attiré par une curiosité viscérale.
- « l’album blanc » car simplement intitulé « manset » : il est souvent nommé Jeanne, du fait de son titre le plus marquant. Sortant d’une rupture amoureuse, manset se débarrasse de ses oripeaux de poète incompris et « tourmenté » pour livrer une œuvre d’une franchise, d’une force rare, tant et si bien qu’il ne parviendra sans doute vraiment jamais à retrouver ce « feu sacré ». Entre succession de titres et concept album, se déroule un album lumineux, dépouillé du superflu, des mélodies et des orchestrations sublimes, et enfin il semble avoir opté pour ce qui verra sa marque de fabrique : l’épure dans les paroles. Une apparente simplicité pour des images émouvantes et touchantes, car écrite au cœur du désespoir. C’est, sans doute, avec cet album que l’on prend la mesure de la tristesse du personnage et de ce quelle implique, c’est triste mais jamais larmoyant, toujours lucide et à la recherche d’une poésie, d’un instant vrai ! Un album à écouter en boucle, sans doute le « must have ».
- Y’a une route : ici on entre dans ce qui sera la période la plus prolifique de manset. Suite à la diffusion en radio de la seconde face d’un 45 tour promo « il voyage en solitaire » devient un tube national (avec son piano désaccordé ), un succès, le seul qu’il fera jamais, qui va lui coller à la peau, va faire de lui un chanteur « populaire ». mais qui éclipse un album résolument plus rock, plus urbain, plus lourd. Le dépouillement cède la place aux strates, les guitares se superposent, les nappes de violons enrobes le tout et la batterie (binaire… alors ça, je lui collerais des baffes à gérard, son utilisation rock mais poussive et martiale et systématique de la batterie binaire m’énerve à un point rarement égalé… comment peut on s’entourer de musiciens aussi doués pour leur faire sortir ce son et jouer autour… brrr). Manset à découvert les voyages, les arts martiaux, a stoppé la cigarette… désormais sa désillusion et sa misanthropie hanterons les poches de son manteau rock ! Là, y’a du lourd, y’a du solo de guitare strident, de la basse lourde et chavirante, y’a un monde qui s’écroule, c’est triste mais faut le chanter et vite. Toujours se sens de la mélodie qui accroche, des constructions musicales complexes, des paroles à la recherche du vrai (parfois jusqu’au ridicule) et ici une inspiration et un groupe qui assure, font de cet album un exemple d’équilibre avec un goût de « reviens y » indéniable.
- « rien à raconter » ravis de son succès radiophonique, Manset prend tout le monde à contrepied avec ce titre bien explicite « rien à raconter », circulez y’a rien à voir, je suis artiste pas bête de foire, la politique, l’art, les préoccupations sociales je m’en fous, je suis là pour créer dans mon coin et livrer un point de vu unique. Il revient ici à une vision moins ouvertement rock, pour un album plus intimiste, résolument tourné vers les voyages, l’ailleurs, comme un peintre il en ramène des couleurs étranges , déroutantes et suaves. Des perles magnifiques, comme « les vases bleues » qui reste l’une de ses plus belles chansons ou « ailleurs » qui parvient à être une chanson « bulle », simple, belle, enfantine dont on souhaiterait qu’elle ne cesse jamais, « cheval cheval » qui emprunte sa progression d’accord à led zep je crois bien et puis « la liberté » d’une mièvrerie consternante,… un album court, franc aux accents de sincérité et de beauté touchant au sublime, mais ce que l’inspiration semble avoir soufflée d’un côté, elle le reprend par endroit.
- 2870, confiant la pochette à Hypgnosis (pink floyd et autres bonjour) Manset propose ici son album le plus urbain et sans doute l’un des plus rock avec des riffs qui crachottent, qui saturent et des paroles qui vous mettent mal à l’aise(« un homme une femme » ça ne revalorise pas l’image de l’homme dans le couple et « amis » devrait vous filé envie de vous pendre dans l’instant ^^)… et puis qui en France en 1978 balancerait un morceau de 15 minutes saturé de guitares électriques au son strident… 15 minutes de musique, 4 minutes de paroles, des guitares omniprésentes avec des sons qui reviennent mais sans véritable structure à l’ensemble… un pur bijou musical noir et fascinant… sans compter « ton âme heureuse » petite merveille qui déjà égratigne fortement l’image du voyage en touriste mode club med de l’occidental moyen.
- Royaume de Siam (ancien nom de la thaÏlande) fait la part belle aux voyages, compositions courtes, arrivés des sitars et autres sonorités étrangères, paroles invitant à la découverte du monde et de soi , toujours à la recherche de la vérité et d’un certain bonheur que l’on sait inaccessible, au milieu du voyage le rock n’est pas oublié avec des titres comme « balancé » et son riff bien primaire. Un album que l’on écoute comme une carte postale, un peu « en dehors », il ne paye pas de mine avec ses « petits titres », ses gentilles mélodies, ses couches musicales et puis… la musique vous colle à l’oreille, on se colle de plus en plus à l’écoute… et là on s’aperçoit qu’il parle du rapport père-fils avec justesse et simplicité, que le suicide est évoqué avec pudeur et savoir faire… finalement, à force de vous accompagner partout, d’être toujours là… cet album s’avérera être une pièce maîtresse de la discographie de l’artiste.
- L’atelier du crabe : (l’atelier désignant ici son studio d’enregistrement et le crabe faisant allusion à son signe zodiacal : le cancer ^^) est moins « dans » le voyage, qu’un retour de voyage… avec des souvenirs aigres doux pleins les poches, proposant (encore une fois) une vision pessimiste, noir, acide et cruelle d’un monde à la dérive… (manteau rouge, étant le récit d’un reporter de guerre au front, on ne peut pas dire que la thématique soit des plus guillerette (toi aussi anime tes soirées grâce à gérard manset )). Un peu à l’image de « rien à raconter », cet album distille le meilleur et le pire (« marin bar » qui fait indubitablement penser à « il tape sur des bambous » de lavil Oo, et qui même quand on sait de quoi elle parle, reste une scie musicale… qui plait à toutes mes connaissances… je ne sais pas pourquoi). Toutefois et comme souvent, l’artiste à su s’entourer des meilleurs et les solos de guitares de cet album doivent figurer au panthéon de la chanson française (au moins de l’époque) idem pour les autres musiciens, qui malgré la tendance « sous couche de sous couche de sous couche » des orchestrations de manset parviennent à exister avec brio.
- Le train du soir : l’album qui fait la bascule entre le rock le plus lourd (les loups) au riff puissant et entêtant et des titres plus ouvertement travaillés et complexes (marchands de rêves, 11 minutes d’images ici d’un trip de thomas mann ou de Kurtz) le voyage est définitivement devenu initiatique, le premier degré s’éloigne pour laisser place à une écriture plus ciselé, qui sans perdre de son impact, cherche à s’inscrire dans le marbre.
- Comme un guerrier, sans doute le double et la continuité du précédent, tant les thèmes et les musiques en sont proches, la pièce maîtresse qu’est « comme un guerrier » reste un morceau dantesque, le morceau de fer dans la plaie ouverte, la liaison parfaite entre voyage, désillusion et rock… une perfection, rien à jeter il suffit d’y succomber. Des années plus tard manset « gommera » les titres les plus faibles (à son sens) de ces albums pour n’en livrer que la substance la plus brute, la plus juste… et si effectivement on peut trouver quelques faiblesses dans cet album, il reste un monument de musicalité, de savoir faire, proposant un impact qui n’a rien perdu de sa superbe ou de sa capacité à vous retourner les tripes. Avec cet album Manset s’impose définitivement comme un artiste hors pair.
- Lumière : et le voilà qui prend tout le monde à contrepied, le bouddhisme zen fait irruption dans son constat désolé et désolant du monde, désormais le fatalisme qui est le sien porte en lui les marques de la quête vers l’absolution, vers le « rien », la roue kharmique ne s’arrête jamais seul la paix, l’éveil pour nous faire la quitter. Un mysticisme (et non du prosélytisme) qui va apporter à ses compositions une touche d’éternité. Ici on se demande « que deviens tu », la nostalgie et l’accablement des années qui passent, des changements qui sont autant de soubresaut de l’humanité dans les sables mouvants de son idioties finissent par doter l’artiste d’une portée spirituelle uniquement esquissée jusque là. Il ne parle plus tant « pour lui » que pour « le dernier monde connu ». A ce titre, s’appuyant sur une vision toute martiale et métrique de la rythmique les thématiques s’enchaîne comme autant de graines sur le chapelet de la qualité… l’idée de « chanson bulle » touchée du doigt des années plus tôt avec « ailleurs » touche à la perfection avec « finir pécheur »… manset va vers l’essentiel.
- Prisonnier de l’inutile, avant souchon et sa foule sentimentale, manset pose le constat du consumérisme idiot, de la fatalité, de l’inutilité de toute chose (ou presque). Et là gauguin (et l’or de leur corps) côtoie la paternité fataliste (qui mène à la perte de l’enfant, forcément), les chambres des hotels miteux d’une asie faite putain misérable suant l’enfer bon marché de rêve breloque… mais qui nous tend les bras… des bras dans lesquels on se précipite… comme une prend une dose. Un album sublime, sans défaut, juste, vrai, noir et profond… qu’il pensait pouvoir trouver « un public », mais dont l’échec lui fera « quitter la musique »… pour mieux y revenir.
- Matrice, l’artiste quitte sa tour d’ivoire, après des années sans rien produire, revoilà le Manset nouveau, si le voyage, le désespoir, la lame aiguisée sont toujours là… cet album n’est pas celui d’un vieux lion blasé, mais bien un brûlot urbain aussi froid et trépidant qu’une scie sauteuse rentrant dans le ventre d’un nouveau née. Début 90 banlieue nord propose le portrait des banlieues occidentales… ça fait froid dans le dos, camion bâché expose la paternité, la passation du savoir, des valeurs que la société actuelle bafoue,… les femmes ne sont plus alanguies mais passées, rêvées ou fantasmées. On est face à une poésie de l’urgence, l’urgence de dénoncer un monde qui broie l’homme, l’urgence de revenir au sein du vrai, du plaisir, de l’imaginaire aussi un peu.
http://bathroomremodeling-ideas.com/videos/watch-video/1e4oFF6sLKM/lesyeuxverts100/banlieue-nord.g%C3%A9rard-manset.wmv.html
- Revivre, crise de la quarantaine oblige, l’artiste propose un album en demi teinte, l’hommage à lévi strauss et clairvoyant et pertinent (ne sommes nous pas nous-mêmes indiens des plus rares, pour nous sauver peut être il n’est pas trop tard), la crise de la quarantaine sonne l’air d’un bilan sublime (revivre) les morts des indiens d’amérique du sud sont autant de fantômes envoutant (territoire de l’inini) mais c’est aussi l’heure de titre plus pompeux et de parole indigeste (dans les ténèbres noires Oo sérieusement ! ) un album aux pépites enfouies pour connaisseur.
- La vallée de la paix : manset tombe ici dans le travers qui signera sa « perte » pour beaucoup de fans : le verbiage. Des textes et des titres tous plutôt long (sauf peut être ce paradis énergique et rock en diable !), littéraire, complexe, travaillée, subtile sur des orchestrations pouvant passer pour pompeuse et loupée, mais qui se révèlent comme un écrin cohérent, pour une atmosphère singulière. L’album d’une transition entre un le guerrier solitaire et le poète autoproclamé au propos énervant… mais un album qui pour moi reste une réussite à tout point de vu, à découvrir « après coup » avec l’envie de se laisser prendre au piège tendus par des mots touchants et des images fortes (la ballade des échinodermes c’est tout de même pas macumba)
- Jadis et naguère, à partir de cet album, plus grand-chose de vraiment neuf ne sortira plus de l’artiste si ce n’est quelques titres à la lumière noire flamboyante… la production va devenir plus léchée, moins dédiée aux instruments et tournants résolument autour du texte… proposant plus une « lecture » qu’une écoute de prime abord… si on est pas amateur on risque d’y trouver un « fond de commerce » (manset fait du manset) qu’une véritable révélation. La beauté et l’inspiration sont encore là, mais demandent à être recherchées et dénichées… tandis que la production s’alourdit fortement, pour des atmosphères beaucoup plus austère et distante.
- Le langage oublié, enfonce le clou, si on a droit à des titres sublimes « demain il fera nuit » par exemple ou encore « le dernier monde connu »… le manset écrivain prend de plus en plus de place, les images chocs plient sous le poids de phrases inutiles, de musiques moins envoutantes, plus effacées presque là pour uniquement accompagner le texte et non plus pour s’entrelacer avec lui dans un mouvement unique vers le beau et le vrai. Manset se crée un nouveau personnage, les interviews le montrent comme soudainement lettré, revendiquant (en quelque sorte) sa position d’auteur poète et culte.
- Obok ressemble furieusement à son prédécesseur, alliant texte très long (fauvette) et peu inspirés à des petits bijoux indéniables « jardin des délices »… si on se navre toujours et encore devant une production datée (le son du saxophone), et un « rock » désormais tributaire de son rôle de faire valoir… on ne peut échapper à la prise de point de vu souvent originale de l’artiste, « pacte avec mon sang » joue sur la posture de l’artiste, tandis que « veux tu » propose l’accompagnement vers le deuil avec une économie de moyen et une sincérité touchante.
- Le pays de la liberté, dernier album en date, toujours dans la même veine… d’autant que l’auteur a fait paraître plus de livre, à fait plus d’expos photo depuis cette période, semblant délaisser la musique au profit de son nouveau statut d’écrivain (à noter son livre de « souvenir » autour de bashung, qui résonne encore comme inapproprié et dont on se demande encore ce qu’il fait là)… mais il bénéficie d’une production de meilleure qualité et d’un vrai regain d’inspiration, la sagesse de l’âge peut être, le rend plus distant, il n’est plus ce moine guerrier… mais plus un vieux sage sur sa montagne qui regarde à la fois au loin et vers son passé, le constat tient plus du bilan de vie, donnant à l’ensemble l’étincelle de sincérité qui manquait aux deux précédents opus. Il y a encore des ratés dans la machine.. mais la tendresse et de nouveau au rendez vous.
Bien évidemment Manset n’a pas écrit « que » pour lui, il a produit ou co écrit quelques disques, le tout premier william sheller, le tout premier Ange, le chimène de rené joly ou encore trois titres (tous trèèèèès bons !) pour le dernier bashung (sans compter la reprise d’il voyage en solitaire par ce dernier)… ou bien encore des titres pour jane birkin ou le fils de notre djoni national (beuark)… récemment il a pas mal travaillé avec raphael…
Manset n’est pas un artiste méconnu, c’est un artiste de l’ombre, une ombre qu’il a choisit et qu’il sait cultiver avec talent… souvent reconnu pour la qualité de ses textes, il n’en reste pas moins un chanteur atypique, un compositeur de talent ayant su s’entourer de musiciens compétent… pour produire une musique de qualité…
Alors certes on est souvent dans la mélancolie et le lugubre, on est loin des plages de cocotiers et de sables fins et « au cœur du fruit : le noyau noir »… mais il ne s’agit pas des lamentations d’un ado en mal d’affection, il s’agit d’une véritable œuvre poétique (et musicale) à découvrir.
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
Bravo Fando ! Belle chronique. On n'entre pas facilement dans l'univers de Manset, la voix ou parfois la production peuvent rebuter. Mais bon sang, quelle claque j'ai reçu le jour où j'ai entendu "Lumières" à la radio. Depuis, Manset m'accompagne comme un pote un peu distant qui donne de ses nouvelles de temps en temps quand il revient de ses lointains voyages. Et c'est très bien comme ça...
Je me permets de poster deux titres, tirés d'ailleurs du meme album "Royaume de Siam".
Le premier ne peut laisser aucun papa indifférent...
Je me permets de poster deux titres, tirés d'ailleurs du meme album "Royaume de Siam".
Le premier ne peut laisser aucun papa indifférent...
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
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Re: Manset Gérard
entièrement d'accord avec toi blouloulou sur "quand tu portes" (et je ne suis pas père) est vraiment touchante sur le sujet (pourtant casse gueule) et j'aurais effectivement du penser à mettre "le pont" en lien...
après, j'en ai peut être un peu trop fait d'un coup pour un "post découverte" ^^
mais quand on aime on ne compte pas
après, j'en ai peut être un peu trop fait d'un coup pour un "post découverte" ^^
mais quand on aime on ne compte pas
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
J'ai moi aussi découvert Manset avec l'album "Lumières" (avec un S) quand j'étais ado (mon père avait acheté l'album à sa sortie). J'avais 13 ans...
J'ai adoré et il tournait en boucle sur la platine. Surtout le titre éponyme... (et sa batterie binaire ! ) Quelle puissance ! Ça me parlait à l'époque, et musicalement ça changeait de toute la merde de l'époque. Texte mystique, solo planant à la Pink Floyd... comment ne pas aimer.
Mais où sont passées les lumières
Qui nous guidaient?
Peut-être étions nous trop fiers
Pour baisser la tête.
Le monde a tourné sans nous,
Sans nous attendre.
Les ténèbres sont partout
Couvertes de cendres.
Du coup comme mon père en avait d'autres j'ai pu me plonger dedans... mais j'ai toujours eu plus de mal avec le reste de sa production... univers étrange, musique étrange, bref pas toujours simple à écouter !Mais il y a toujours des perles dans chaque album mais je ne peux pas me les écouter en entier comme je peux le faire avec Lumières.
Le lion secoue sa crinière.
Peur de la nuit,
Gratte le fond de la rivière
Où il venait boire.
Nous avons perdu la lumière.
Nous sommes dans le noir.
J'ai adoré et il tournait en boucle sur la platine. Surtout le titre éponyme... (et sa batterie binaire ! ) Quelle puissance ! Ça me parlait à l'époque, et musicalement ça changeait de toute la merde de l'époque. Texte mystique, solo planant à la Pink Floyd... comment ne pas aimer.
Mais où sont passées les lumières
Qui nous guidaient?
Peut-être étions nous trop fiers
Pour baisser la tête.
Le monde a tourné sans nous,
Sans nous attendre.
Les ténèbres sont partout
Couvertes de cendres.
Du coup comme mon père en avait d'autres j'ai pu me plonger dedans... mais j'ai toujours eu plus de mal avec le reste de sa production... univers étrange, musique étrange, bref pas toujours simple à écouter !Mais il y a toujours des perles dans chaque album mais je ne peux pas me les écouter en entier comme je peux le faire avec Lumières.
Le lion secoue sa crinière.
Peur de la nuit,
Gratte le fond de la rivière
Où il venait boire.
Nous avons perdu la lumière.
Nous sommes dans le noir.
Electric Thing- Messages : 2628
Date d'inscription : 15/04/2008
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Re: Manset Gérard
merci ET, c'est vraiment un album très fort effectivement moins marqué musicalement par les musicos et ce côté "ascèse", dépouillé lui donne effectivement une aura spécifique et forte...
sans compter la thématique.... "vies monotones" ... ça fout une patate
une sorte d'album de l'abandon, en tout cas de passage à autre chose, captivant.
(pour info "le lion" c'est le deuxième signe zodiacal de gérard, ça fait donc "suite" à l'atelier du crabe... à noter que je ne suis pas madame Irma, mais à l'époque il y faisait pas mal référence en interview)
à noter pour blueleader qui apprécie gréco (à juste titre) que le titre récent "je jouais sous un banc" est écrit par manset ^^
sans compter la thématique.... "vies monotones" ... ça fout une patate
une sorte d'album de l'abandon, en tout cas de passage à autre chose, captivant.
(pour info "le lion" c'est le deuxième signe zodiacal de gérard, ça fait donc "suite" à l'atelier du crabe... à noter que je ne suis pas madame Irma, mais à l'époque il y faisait pas mal référence en interview)
à noter pour blueleader qui apprécie gréco (à juste titre) que le titre récent "je jouais sous un banc" est écrit par manset ^^
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
Fando a écrit:
à noter pour blueleader qui apprécie gréco (à juste titre) que le titre récent "je jouais sous un banc" est écrit par manset ^^
Je l'ignorais. Merci de l'info. Notre homme se faisant rare dans les médias, c'est pas toujours évident de le suivre à la trace. Au moins est-il reconnu et apprécié par ses pairs ( et pas les moindres...)
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
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Re: Manset Gérard
blueleader a écrit:Fando a écrit:
à noter pour blueleader qui apprécie gréco (à juste titre) que le titre récent "je jouais sous un banc" est écrit par manset ^^
Je l'ignorais. Merci de l'info. Notre homme se faisant rare dans les médias, c'est pas toujours évident de le suivre à la trace. Au moins est-il reconnu et apprécié par ses pairs ( et pas les moindres...)
en meêm temps il a aussi filé un titre à pagny ou à indochine... il a le donc d'être catastrophique parfois... c'est ce qui fait le charme, on ne risque pas de tomber dans la fanatitude bateau
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
deux vrais : manset change de maison de disque et signe poru deux nouveaux opus... il entre en studio bientôt
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
on attend donc la prochaine livraison du Monsieur...
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Manset Gérard
manset, gégé, sort le 28 avril prochain un opus dont il a le secret : un double best of de reprises de ses titres, par lui même et d'autres (voilà voilà)
la reprise d'animal on est mal avec le groupe belge Deus passe déjà en radio (perso : bof)
sont annoncées des reprises par marc lannegan de deux titres en anglais et une version de "lumières" seul à la guitare.
on peut rêver
et on à de quoi attendre pour du vrai inédit
la reprise d'animal on est mal avec le groupe belge Deus passe déjà en radio (perso : bof)
sont annoncées des reprises par marc lannegan de deux titres en anglais et une version de "lumières" seul à la guitare.
on peut rêver
et on à de quoi attendre pour du vrai inédit
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
Re: Manset Gérard
Un peu casse-gueule comme projet; j'espère que le résultat sera sympa - j'en demande pas plus pour un disque de reprises -
J'attend du nouveau comme toi.
J'attend du nouveau comme toi.
Blueleader- Messages : 7793
Date d'inscription : 24/02/2010
Age : 61
Localisation : entre mulhouse et belfort
Re: Manset Gérard
http://www.telerama.fr/musique/gerard-manset-je-suis-soudain-devenu-un-tube%2c111350.php
je n'achèterai pas télérama mais je partage
je n'achèterai pas télérama mais je partage
Wu wei- Messages : 4680
Date d'inscription : 04/07/2011
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