Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
+2
Ayler
Purple Jim
6 participants
Page 1 sur 1
Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Neil Young & Crazy Horse
Zuma. 1975
Face 1
Don’t Cry No Tears
Danger Bird
Pardon My Heart
Lookin’For A Love
Barstool Blues
Face 2
Stupid Girl
Drive Back
Cortez The Killer
Trough My Sails
En ce milieu des années 70, Neil Young est de retour dans le monde des vivants après avoir livré trois albums crépusculaires (Time Fades Away en septembre 73, On The Beach en juillet 74 et Tonight The Night en juin 75), marqués par la drogue et la mort et entend bien le faire savoir.
Lassé des querelles sans fin et des guerres d’égo à répétitions avec ses compères Crosby,Stills and Nash, englués dans la cocaïne et en panne d’inspiration, Neil Young enregistre à la fin de l’année 74 ce qu’il espère être une suite à Harvest : "Homegrown", un album resté inédit, dont certains titres seront distillés au fil des albums ("Stars Of Bethleem" sur American Stars 'n' Bars par exemple). Les années qui suivront seront parmi les plus prolifiques de Neil et surtout seront marquées par les retrouvailles avec Crazy Horse, son groupe, endeuillé par l’overdose de son guitariste Danny Whitten en 72 à qui Tonight The Night est dédié (ainsi d’ailleurs que "The Needle And The Damage Done" sur Harvest).
En juillet 75, le bassiste de Crazy Horse, Bill Talbot fait la connaissance d’un jeune guitariste : Franck "Poncho" Sampedro et, convaincu qu’il tient enfin là le guitariste capable de remplacer Whitten au sein de Crazy Horse, le présente au batteur du groupe, Ralph Molina. Immédiatement le courant passe entre les trois hommes et ils décident d’aller retrouver Neil Young à Chicago pour faire les présentations. Dès la première répétition, une évidence s’impose : Neil Young à enfin retrouver le guitariste qu’il lui fallait pour relancer la machine Crazy Horse. Aussitôt, dans les premiers jours de juillet 75, Neil Young est de retour en studio, dans son ranch, pour la première fois avec Crazy Horse depuis 1970 ! Le premier titre mis en boîte "Don’t Cry No Tears" est une ancienne chanson de Neil écrite en 1965 et l’on est tout de suite frappé par ce son d’ensemble des guitares, unique, une sorte de country rock énergique et électrique. Le 9 juillet est enregistré "Stupid Girl", dédié avec humour à Joni Mitchell, et surtout remarquable par le riff stonien d’introduction et les paroles d’un machisme rare chez le Loner "You’re such a stupid girl /You really got a lot to learn".
Neil Young et Joni Mitchell en 76
Le 11 juillet c’est au tour de "Barstool blues". Superbe composition avec toujours ce son énorme et unique. Le son "Crazy Horse", c’est tout d’abord l’harmonie parfaite entre les deux guitares : la Old Black de Neil et la Gibson Les-Paul de Sampedro, mais c’est également la rondeur et la chaleur de la basse de Billy Talbot associée au drumming toujours impeccable de Molina. Ce son d’ensemble du groupe ne variera guère au cours des albums suivants, si ce n’est pour se bonifier comme les grands vins, au fil du temps… Mais pour bien saisir toute la particularité de cette musique, il faut avoir vu le quatuor sur scène, jouant regroupé devant la batterie, comme pour mieux s'imprégner des pulsations d’un cœur binaire, dans un tout petit périmètre, sans aucun artifice, chacun à l’écoute de l’autre, comme un petit groupe d’indiens lors d’une danse initiatique et mystérieuse.
Neil Young ne cessera de le répéter : Crazy Horse est un groupe dont il est le chanteur et le guitariste et non pas un groupe au service d’un chanteur, lui, en l’occurrence.
Le même jour est enregistré le sommet de cet album et sans doute le plus grand morceau de Neil Young : "Cortez The Killer". Après une intro de près de 3:30 où les deux guitares dialoguent, se mêlent puis se séparent pour mieux se retrouver, Neil nous embarque sur le galion de Cortez, parti à la conquête du Nouveau Monde, pour la gloire et l’or et massacrer les Aztèques : "He came dancing acrross the water /With his galleons and guns /Looking for the new world/And that palace in the sun". On sent toute l’admiration de Young pour Cortez dans les derniers mots de la chanson : "What a killer". Le Loner s’en est expliqué en 1976 à Rock & Folk : "Oui je l’admire car il est très fort. A la base, une civilisation en engloutit une autre. Donc, les Aztèques cultivaient les plus beaux idéaux du monde, la paix, le travail créatif… Ils construisaient et ils étaient si forts ! Mais en même temps, ils étaient si faibles ! Parce qu’il y a une chose à laquelle ils ne s’étaient pas préparés, et cette chose qu’ils ignoraient s’appelait Cortez ! Voilà ce que j’ai essayé de dépeindre." Pendant l’enregistrement du morceau dans le ranch de Neil Young, après plusieurs prises imparfaites, ils en commencèrent une nouvelle, lorsqu’un orage éclata faisant sauter l’installation électrique. Quand le courant fut rétabli, le groupe recommença à jouer comme s’il ne s’était rien passé et on conserva donc cette prise pour l’album.
"Danger Bird" est gravé le 12 juillet. S’agit-il de l’oiseau volant sur la magnifique pochette dessinée par Mazzeo et emportant dans ses serres une femme nue, survolant des pyramides qui ne peuvent qu’être Aztèques ? Sur "Drive Back", également enregistré ce 12 juillet 1975, le Cheval Fou est lancé à toute vapeur et n’entend pas faire demi-tour ! Guitares saturées et solos aiguisés, limite hard rock !
"Pardon My Heart" a été enregistrée au tout début du mois de juillet avec Tim Drummond à la basse et Molina et Talbot aux chœurs. Jolie ballade autobiographique sur les relations de Neil avec son amie Carrie…
"Looking For A Love" marque un retour aux influence country rock et avait déjà été interprété par Neil en mars 75 à San Francisco lors d’un concert de charité auquel participaient également Bob Dylan et des membres du Band.
Autre titre acoustique "Trough My Sails", avec Crosby, Stills et Nash, qui parle de sa famille brisée, n’aurait pas dépareillé sur Déjà Vu cinq ans plus tôt et nous rappelle, comme l’a déjà écrit quelqu’un de bien connu par ici, qu’à l époque on savait enregistrer une guitare sèche !
Cinq mois après ces séances, en novembre 75, Zuma (ainsi nommé en référence à la plage de Malibu à proximité de laquelle Neil s’était installé) est dans les bacs et le 12 décembre Neil Young & Crazy Horse entament une tournée des clubs essentiellement en Californie pour rôder les nouveaux morceaux. En mars 76 cette fois c’est du sérieux avec une tournée au Japon et dans la foulée une tournée européenne qui verra le Loner se produire pour la première fois en France, au Pavillon de Paris le 23 mars dont voici la set-liste:
1976-03-23, Pavillon de Paris, Paris, France
w/ Crazy Horse
Tell Me Why / Cowgirl In The Sand / After The Gold Rush / Mellow My Mind / Too Far Gone / A Man Needs A Maid / No One Seems To Know / Heart Of Gold // Country Home / Don't Cry No Tears / Down By The River / Lotta Love / Like A Hurricane / The Losing End / Drive Back / Southern Man // Cortez The Killer / Cinnamon Girl
Paradoxalement, cet album que beaucoup considèrent comme le meilleur de Neil Young, ne sera jamais disque d’or mais contient quelques unes des plus belles pépites du Loner et marque surtout les débuts d’une très longue et riche collaboration entre quatre musiciens d’exception qui, au grès des inspirations et des virages artistiques de Neil Young, se retrouveront toujours pour prolonger et enrichir l’aventure commencée en ce mois de juillet 75, il y a maintenant 35 ans.
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Bien belle chronique
Un album qui n'aurait sans doute pas tant de réputation sans Cortez... d'ailleurs à ce propos, j'ai beau adoré ce titre, j'ai toujours été rebuté par la naïveté des paroles.
Neil a une vision très manichéenne du colonialisme (et très nord américaine finalement) , quant à nous faire croire que les Aztec vivaient en parfaite paix et harmonie c'est oublier à quel point ceux qui étaient en bas de l'échelle sociale enduraient les pires supplices (cf. Soumis au travail forcé par les gens des castes nobles et religieuses, l'esclavage et victime de sacrifice rituel). D'ailleurs beaucoup de ces victimes ont fini par s'allier aux colons européens voyant en eux des sauveurs. Ce qui a grandement favorisé la chute de l'empire Aztec.
Neil avait aussi dit dans une interview qu'il avait fait cette chanson pour brûler les icônes. Mais personne n'a attendu le Loner pour détruire l'image de Cortez, il est décrit depuis des siècles dans de nombreux contes et mythes comme un pilleur assoiffé d'or (cf. Mythe de l'Eldorado) et de sang.
Mais bien entendu ça ne retire rien à l'amour que je porte à ce titre et à cet album en particulier.
Un album qui n'aurait sans doute pas tant de réputation sans Cortez... d'ailleurs à ce propos, j'ai beau adoré ce titre, j'ai toujours été rebuté par la naïveté des paroles.
Neil a une vision très manichéenne du colonialisme (et très nord américaine finalement) , quant à nous faire croire que les Aztec vivaient en parfaite paix et harmonie c'est oublier à quel point ceux qui étaient en bas de l'échelle sociale enduraient les pires supplices (cf. Soumis au travail forcé par les gens des castes nobles et religieuses, l'esclavage et victime de sacrifice rituel). D'ailleurs beaucoup de ces victimes ont fini par s'allier aux colons européens voyant en eux des sauveurs. Ce qui a grandement favorisé la chute de l'empire Aztec.
Neil avait aussi dit dans une interview qu'il avait fait cette chanson pour brûler les icônes. Mais personne n'a attendu le Loner pour détruire l'image de Cortez, il est décrit depuis des siècles dans de nombreux contes et mythes comme un pilleur assoiffé d'or (cf. Mythe de l'Eldorado) et de sang.
Mais bien entendu ça ne retire rien à l'amour que je porte à ce titre et à cet album en particulier.
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Le registre poétique doit-il nécessairement refléter une réalité historique ? Comme tu le soulignes à juste titre, celle-ci n'est pas toujours des plus poétiques - sauf à faire du Poe ou du Lovecraft !
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Je pense pour ma part qu'à ce moment là Neil n'avait peut-être pas forcément tous les éléments et informations historiques précises sur la conquête du Nouveau-Monde par les conquistadors, ce qui explique ces textes un peu réducteurs et naïfs par rapport à une réalité historique bien plus complexe évidemment.L'idée de départ étant plus de rendre hommage au Cortez explorateur et aventurier qu'au massacreur des Aztèques semant la mort et la désolation sur son passage mais également à la rencontre de ces deux civilisations.Ayler a écrit:Le registre poétique doit-il nécessairement refléter une réalité historique ? Comme tu le soulignes à juste titre, celle-ci n'est pas toujours des plus poétiques - sauf à faire du Poe ou du Lovecraft !
De la même façon,un peu plus loin dans la chanson,Neil semble également admiratif à propos des Aztèques lorsqu'il chante:"They offered life in sacrifice/So that others could go on".
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Zuma est aussi mon album préféré de Neil Young, par contre j'ai toujours préféré Barstool blues et surtout Danger Bird à Cortez The Killer. Concernant Danger Bird, j'ai toujours été étonné du manque relatif de reconnaissance de ce morceau. Il faudra attendre 1997 pour en avoir une version live officielle, sur Year Of The Horses.
Nestor- Messages : 284
Date d'inscription : 21/04/2008
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Hello la station.
C'est mon 1er Neil Young, suite aux conseils de Freebird (thanks ). Superbe album. Cortez The Killer est très bon mais je préfère Danger Bird, il y a dans ce morceau un côté profond, le voix est sur un fil, le solo de guitare est comme je les aime. D'ailleurs les solos c'est Neil ou Frank Sampedro ?
J'ai toujours eu du mal avec les ballades folk, ici dans cet album les morceaux sont assez diffèrent tout en restant homogène. Vraiment une belle découverte.
Maintenant j'espère trouver d'autres albums de Neil avec cette qualité.
Parisino
C'est mon 1er Neil Young, suite aux conseils de Freebird (thanks ). Superbe album. Cortez The Killer est très bon mais je préfère Danger Bird, il y a dans ce morceau un côté profond, le voix est sur un fil, le solo de guitare est comme je les aime. D'ailleurs les solos c'est Neil ou Frank Sampedro ?
J'ai toujours eu du mal avec les ballades folk, ici dans cet album les morceaux sont assez diffèrent tout en restant homogène. Vraiment une belle découverte.
Maintenant j'espère trouver d'autres albums de Neil avec cette qualité.
Parisino
parisino- Messages : 5704
Date d'inscription : 31/05/2010
Age : 49
Localisation : Chatenay Malabry
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Cortez The Killer est bien meilleure en live... sinon parisino si tu aimes le côté torturé de Neil Young, tu dois faire l'acquisition de "On The Beach" et "Tonight's The Night".
Mais en ce qui me concerne je t'invite à te procurer "After The Gold Rush", l'album du Loner à se procurer en priorité selon moi.
Mais en ce qui me concerne je t'invite à te procurer "After The Gold Rush", l'album du Loner à se procurer en priorité selon moi.
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
Tout les solos sont de Neil Young,Franck Sampedro se chargeant des parties de guitares rythmiquesparisino a écrit:Hello la station.
C'est mon 1er Neil Young, suite aux conseils de Freebird (thanks ). Superbe album. Cortez The Killer est très bon mais je préfère Danger Bird, il y a dans ce morceau un côté profond, le voix est sur un fil, le solo de guitare est comme je les aime. D'ailleurs les solos c'est Neil ou Frank Sampedro ?
J'ai toujours eu du mal avec les ballades folk, ici dans cet album les morceaux sont assez diffèrent tout en restant homogène. Vraiment une belle découverte.
Maintenant j'espère trouver d'autres albums de Neil avec cette qualité.
Parisino
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Re: Neil Young & Crazy Horse : Zuma (1975)
R&F 108 Janvier 76
Norbert- Messages : 6026
Date d'inscription : 26/05/2010
Age : 60
Localisation : alsace
Sujets similaires
» Neil Young & Crazy Horse dans Rolling Stone.juin 2013
» Neil young : Une autobiographie
» Neil Young (1968)
» Liens, actualité, témoignages
» Neil Young's Trunk Show
» Neil young : Une autobiographie
» Neil Young (1968)
» Liens, actualité, témoignages
» Neil Young's Trunk Show
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum