Sleep Dirt (1979)

[Ayler]

Frank Zappa : Sleep Dirt (1979)



1. Filthy Habits - 7:33
2. Flambay - 4:54
3. Spider Of Destiny - 2:33
4. Regyptian Strut - 4:13
5. Time Is Money - 2:49
6. Sleep Dirt - 3:21
7. The Ocean Is The Ultimate Solution - 13:17


Personnel :
Terry Bozzio – drums
George Duke – keyboards
Bruce Fowler – brass
Patrick O'Hearn – bass
Dave Parlato – bass guitar
Chester Thompson – drums
Ruth Underwood – percussion
James "Bird Legs" Youman – bass guitar, guitar
Frank Zappa – guitar, percussion, arranger, keyboards, vocals
Thana Harris – vocals (CD remix)
Chad Wackerman – drum overdubs (CD remix)


"Sleep Dirt" figure sans doute parmi les meilleurs albums de Zappa. Un peu une sorte de "Hot Rats 3", d'une qualité comparable à celle de son glorieux aîné. C'est dire.

Là encore, la version CD est notablement différente du 33 tours original. Certains instrumentaux se sont vus rajouter la voix de Thana Harris, ce qui donne à cet album une couleur inhabituelle (il est rare que des chanteuses officient sur les albums de FZ).

L'ombre de Jimi Hendrix plane littéralement sur le 5/4 de "Filthy Habits", qui est l'un des grands instrumentaux de Zappa à la guitare. Feedback, guitare à l'envers, traits purement zappaïens... le tout propulsé par la batterie de Terry Bozzio. Un vrai régal.

Sur "Flambay", les inflexions de Thana Harris me rappellent un peu Sarah Vaughan, et celles des grandes chanteuses de jazz. Ses performances sur "Spider Of Destiny" & "Time Is Money" ne sont pas moins remarquables, mais dans un registre différent, typique de l'univers de Zappa, où écriture contemporaine et rock se mêlent avec brio.

"Regyptian Strut" est une autre petite merveille d'écriture, superbement servie par le talent (jamais démenti) de Ruth Underwood.

"Sleep Dirt" est un court instrumental où Zappa improvise à la guitare acoustique sur les arpèges de James "Bird Legs" Youman : c'est l'une des interprétations les plus émouvantes que je connaisse de FZ.

"The Ocean Is The Ultimate Solution" est une longue improvisation de ce qui aurait pu constituer l'un des plus beaux power trio du genre. Zappa est ici accompagné par deux de ses meilleurs musiciens : Terry Bozzio, éblouissant à la batterie (mon préféré de tous ses batteurs), et Patrick O'Hearn à la contrebasse (mon préféré de tous ses bassistes !). "The Ocean Is The Ultimate Solution" n'a pas la noirceur de "Filthy Habits", ni sa force, mais l'imagination des trois hommes suffit à ne pas nous faire regretter le voyage.

Un GRAND Frank Zappa. Tout est là : l'écriture, l'interprétation et des improvisations de haut niveau. Quelle décennie !


Remarque : Il est possible de découvrir la version 33 tours via le coffret "Läther" qui regroupe "Studio Tan" (1978), "Sleep Dirt" (1979) et "Orchestral Favorites" (1979).

[panalok]

Remarque : Il est possible de découvrir la version 33 tours via le coffret "Läther" qui regroupe "Studio Tan" (1978), "Sleep Dirt" (1979) et "Orchestral Favorites" (1979).

Que vaut ce coffret ?

[Ayler]

Le coffret comprend aussi des extraits de l'excellent "Zappa In New York". Pas écouté depuis un sacré moment. J'ai un souvenir mitigé de "Studio Tan", plutôt bon de "Orchestral Favorites".
Ayant connu les albums individuellement avant même la publication du coffret, je n'ai pas vraiment d'avis sur ce dernier, considéré comme un tout.

Un avis des spécialistes ?

[joy of a toy]

C'est drôle, moi j'ai un faible pour the ocean is the ultimate solution et pas pour filthy habits, que je trouve excellent par ailleurs. Ces deux morceaux étant de même facture et objectivement à mon sens aussi bons, peut être touchons nous là le caractère subjectif de la musique.
Le solo de Zappa sur the ocean est pour moi l'un de ses meilleurs. Très émouvant vraiment.. un moment zappaien d'ailleurs absolument dénué de l'humour et du cynisme qu'on lui attribue généralement. On oublie souvent cette dimension de Zappa: un radicalisme tourné vers une quête de l'absolu, j'allais dire un mysticisme. Dimension d'ailleurs confirmée par le titre du morceau. Et puis vous connaissez beaucoup de solo de six minutes sans baisses de tension?? Il faut être sacrément habité pour réussir ce tour de force.

[telegraphroad]

Le solo de Zappa sur the ocean est pour moi l'un de ses meilleurs.

C'est ce que je pense aussi. Un solo vraiment "atmosphérique", j'ai l'impression de décoller de terre et de partir en orbite quand je l'écoute. D'ailleurs, je crois qu'on peut affirmer que c'est un solo qui a une place particulière dans l'œuvre de Zappa, il ne joue que très peu dans ce style, je veux dire par là de manière aussi planante.

[Ornette]

Sombre, Filthy Habits est un morceau complètement hypnotisant. Le feed-back y est traité comme dans Duke Of Prunes sur Orchestral Favorites, avec en plus un usage marqué du vibrato et des manipulations des bandes (guitares inversées). On n'y entend aussi FZ jouer du clavier, ce qui est assez rare dans son oeuvre, mais ici parfaitement adapté. Bozzio y donne toute la mesure de son talent. Cette composition est un véritable chef d'oeuvre.

Comme le note Ayler, l'ajout du chant a profondément changé les morceaux qui suivent. Nul regret ici, car le chant en question, magistralement interprété, enrichit indéniablement l'album, qui en devient nettement moins uniforme.

Sur Flambay et Spider of Destiny, j'apprécie tout particulièrement la contrebasse de Patrick O'Hearn, qui évolue dans un registre assez peu commun dans l'univers zappaien.

On regrète, à l'écoute de Regystian Strut, qu'aucun péplum déglingué n'est encore utilisé cette musique. Le style est ici nettement plus proche de celui des Mothers, ce qui se comprend sans peine puisque sont présents aussi bien George Duke, que Bruce Fowler, Ruth Underwood ou Chester Thompson.

Time is money est une petite merveille de composition, où la guitare de Zappa se marie idéalement au chant de Thana Harris (la femme de Bob Harris, qui a longtemps été clavier, trompetiste et chanteur chez FZ).

Le morceau Sleep Dirt est pour moi l'un des plus touchants de FZ. Quel dommage qu'il n'existe pas sur disque plus d'illustrations de cette facette du guitariste.

Je partage les réserves d'Ayler sur Ocean is the ultimate solution. Le morceau comporte d'excellents aspects (rythmique, interactions), mais aussi quelques passages un peu moins forts. Ce solo ne figure pas du tout parmi mes préférés du maître.
A titre de précision, je pense que Patrick O'Hearn y joue alternativement de la contrebasse (incroyablement !) et de la basse fretless, certains passages étant joués avec une dynamique que seule une basse électrique peu offrir me semble-t-il. De plus, le titre ne présente pas véritablement un power trio puisqu'i y a des overdubs (Zappa joue une rythmique très appuyée tout le long de son solo).
Reste que le court passage allant de la quatrième à la cinquième minutes est proprement splendide et que Bozzio se livre là à un véritable tour de force !

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