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Laurent de Wilde : Over the clouds (2012)

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Laurent de Wilde : Over the clouds (2012)  Empty Laurent de Wilde : Over the clouds (2012)

Message par Wu wei 08.05.12 12:40

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piano : Laurent de Wilde
Contrebasse : Ira Coleman
Batterie : Clarence Penn

site officiel de Laurent de Wilde : http://www.laurentdewilde.com

Le jazz est trop souvent perçu comme une musique pour vieux blanc crachant les volutes de son cigare cubain dans le verre de son cognac rémi martin (oui le vieux blanc est riche et il a bon goût)… histoire, sans doute de retrouver la vie des jazzman des années 50, lorsqu’ils se droguaient et se faisaient rouer de coups.

Une image d’Epinal, qui malgré le jazz européen et les labels de qualités (ACT ou le trio E.S.T) a du mal à s’effacer.
Je me souviens d’un concert de Laurent de Wilde, un concert qui résonne encore… où , lui et son groupe, jouaient pour « au-delà des premiers rangs » pour d’autres que les donateurs du crus… une musique vivante, endiablée, se foutant des préjugés comme d’une guigne… une musique à taper des pieds, des mains, à frissonner du dedans comme c’est pas permis… et puis à se retrouver en larme, tout ça car ce con de leader a eu la méchante idée de passer en mineur sur une ballade. De quoi aimer la musique et se laisser déborder par elle.
Malgré la qualité de ses albums précédents et son envie de faire vivre et vibrer la musique (auteur d’une bio intéressante sur Monk, d’émission de tv captivantes autour de jazzmen, détenteur d’un point de vu qui voudrait faire intervenir des considérations musicales dans les avis des chroniqueurs [ce que j’aimerais bien faire monsieur De Wilde mais je n’ais malheureusement pas le niveau] et d’une technicité hors paire autant que d’une solide formation) Laurent (tu permets que je t’appelle Laurent ?) et le fait qu’il ait tous les outils en mains pour parvenir à étaler les concepts abrutis sur le ring musical ; il ne m’avait jamais fait revivre l’intensité de ces deux heures passées en ça compagnie.
C’est chose faîte !

Après quelques années au service de projets portés sur une exploration plus électronique, voici le retour à l’acoustique. Le bon vieux trio : piano, basse, batterie. Le trio de jazz par excellence, celui qui peut vous mener côtoyer le yéti dans les frondaisons himalayaesque du chef d’œuvre ou vous faire vous étaler comme la bouse d’une vache hollandaise (dont on rappellera à bon escient qu’une partie du pays se situe sous le niveau de la mer). en faisant ce choix, surement par plaisir, notre leader de service prenait aussi le risque (corollaire du plaisir pour certain) de ne rien perturber, de « faire du jazz » par réflexe, de revenir à un schéma de fonctionnalité optimal, satisfaisant pour les amateurs mais au final peu distrayant…
On ne réclame pas des tripes et du sang, mais tout de même, on parle de jazz ici, ça doit remuer de l’intérieur, faire découvrir des horizons, donner envie de soulever le voile de la réalité et.ou de se plonger dans les espaces du sommeil de la raison. On est pas là pour s’emmerder ou pour nous aider à dormir.
Déjà le programme est alléchant outre un Laurent de Wilde bien présent, nous avons un Ira Coleman contre bassiste tout en grâce, en charme, développant au fil des ans un swing de velours… attention pas un velours noir de veste bon marché pour costume de dandy ringard, un vrai velours, un velours rouge carmin aussi sensuel qu’une andalouse fantasmée et aussi féroce et imprévisible que la cape d’un torero. Le compagnon de route idéal, pour le peu que vous sachiez tenir le mescal. Suit, ou plutôt accompagne Clarence Penn, le genre de batteur fauvesque, qui tient dans ses toms l’élégance du fauve prêt à bondir sur sa proie. Une posture de force retenue que bien des batteurs de jazz ont du mal à tenir, pressés qu’ils sont de tomber dans le démonstratif ou de ne pas oser se faire humble de peur que la reconnaissance leur passe sous le nez. Penn, me fait penser à Billy Higgins (notamment dans ses enregistrements avec Charles Lloyd) ce batteur ronronnement de plaisir sous les caresses des cymbales, apaisant mais la tête dans la carcasse prêt à défendre sa proie.
Et tout ce petit monde, s’enroule autour d’une qualité sonore spectaculaire… il faudrait que je déniche un autre prêt à mister Ayler pour aller écouter l’album chez blouloulou pour vérifier mes dires, mais il me semble vraiment que sur un matériel audiophile, il y a de quoi prendre un pied monstrueux à l’écoute de cet album.
En terme de morceaux, cela débute avec une petite pépite du Duke « prelude to a kiss », et là, d’emblée… on cesse de gloser, de chercher des mots à l’appréhension qui nous tenait au corps (car oui, ne le nions pas lorsque nous mettons un album attendu sur la platine nous appréhendons, c’est tout c’est comme ça)… à peine la basse se pose t’elle, comme la caresse mordante de la femme aimée qui descend du train, que déjà on ferme les yeux. Si, le risque d’une telle reprise est assumé et le passage à l’acte réussit… on peut lâcher la bride en tout quiétude.
C’est une gageure que de l’affirmer de la sorte, mais l’interaction entre les musiciens est ici véritablement chatoyante, ça ne sent pas la rencontre naphtaline dans le placard rance d’un studio d’obligation pour faire des sous. Ça sent l’afrique, le funk, la vie… De wilde possède toujours cette touche de ponctuation du rythme agressive qui en fait un pianiste de caractère de l’urgence presque, mais à la joie de le retrouver en si grande forme se mêle le sentiment nouveau de sa quiétude, d’un apaisement serein et désengagé. Les ballades qu’il propose sont d’une qualité d’interprétation indéniable, « le bon médicament » est un monument du genre.
A ce stade, il faudrait une connaissance précise pour décrire les morceaux, leur rentrer dans le lard, les découper à coups de scalpel musicologique… sans perdre une miette de ce qui fait leur puissance… connaissance que je n’ai pas en bandoulière. Mais une chose est certaine, si je jazz sent bizarre, comme disait le poète, c’est qu’ici il vogue vers les rives d’autres continents, il ose des mélanges vivants et jouissifs sans jamais heurter les écueils de la « world music » ou du « jazz à papa » trop rutilant pour être vrai.
Une réussite totale (si, ami lecteur, tu es amateur de chick coréa et autre... laisse tes oreilles dans le coin).
Wu wei
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Laurent de Wilde : Over the clouds (2012)  Empty Re: Laurent de Wilde : Over the clouds (2012)

Message par Norbert 08.05.12 12:47

Que dire de plus?...Rien!Donc je ne rajoute rien car de toute façon il n'y a rien à dire! Very Happy
Ah si!C'est l'heure de l'apéro! Very Happy
Norbert
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