Memphis Crooners
3 participants
Page 1 sur 1
Memphis Crooners
BOBBY « BLUE » BLAND
samplers : https://www.youtube.com/results?search_query=BOBBY+BLAND&search_type=
Robert Calvin Bland alias Bobby « Blue » Bland est né le 27 janvier 1930 à Rosemark dans le Tennessee. Il fut longtemps une idole du public noir, en particulier féminin. Il faut dire que son chant, velouté et terriblement sensuel, en a fait un des crooneurs de la musique populaire américaine.
On trouve en lui un tiers de Tony Bennet, un tiers de Blues Shouters urbains, un tiers de la ferveur des sermons du gospel rural.
Bobby Bland s’est souvent éloigné du blues de ses débuts pour aborder avec un bonheur divers toutes sortes de genres, de la soul aux variétés via la ballade langoureuse.
Bland a commencé sa carrière comme chanteur d’église à Memphis puis avec le groupe The Miniatures. Cela ne l’empêche pas de fréquenter Beale Street (la rue branchée de Memphis) et de pratiquer les musiques profanes avec plusieurs jeunes artistes ambitieux (Johnny Ace, Junior Parker, BB King dont il sera même un temps le valet !).
Bland enregistre d’abord en 1951 sous la houlette de Ike Turner, alors « découvreur de talents » pour Sam Phillips (Sun) et les frères Bihari (propriétaires du label Modern).
Après un long passage sous les drapeaux, Bland, sous les conseils de son ami Junior Parker, signe un contrat avec le producteur Don Robey et gagne Houston. Il enregistre entre 1952 et 1972 une masse de disques pour le label Duke.
Il est remarquablement servi par de grands guitaristes (Clarence Halliman & Wayne Bennet), Jabo Starck le futur batteur de James Brown et ne tarde pas à s’imposer comme une très grande vedette de la musique noire.
Il se maintient presque constamment dans les tops 40 avec de gros succès comme "Further On Up The Road" (repris entre autre par Beck, Clapton, Bloomfield…), "Cry, Cry, Cry", "Pity The Fool" (repris par Savoy Brown, David Bowie !, Paul Butterfield…), "St James Infirmary", "Turn On Your Lovelight", "Don’t Cry No More". Toutes cette excellente période se retrouve sur plusieurs compilations : je conseille "The Complete Duke Recordings".
Après 1972, la disparition du label Duke n'est guère favorable à Bland qui passe chez ABC (label de BB King, Ray Charles) et devient de plus en plus un chanteur de charme pour quinquagénaire. On l’essaye même au disco où il s’enlise de façon pathétique.
On retrouve quand même ça et là sont talent vocal intact notamment dans les deux albums enregistrés en compagnie de son ancien employeur B.B. King : "Together For The First Time" & "Together Again".
Ce n’est que vers la fin des années 80 qu’un certain renouveau de la soul dans le sud permet à Bland de retrouver avec le label Malaco un peu de sa gloire d’antan. Toujours en activité , il grave encore régulièrement des albums.
JUNIOR PARKER
samplers : https://www.youtube.com/results?search_query=junior+parker&search_type=
Comme son compagnon Bobby Bland, Junior Parker né le 3 mars 1927 à Chicago à été une des plus belles voix du blues : profonde et chaleureuse, veloutée, penchant vers les crooneurs. Italo-Américain, fils d’une famille de métayers, il rôde dans les bars du West-Memphis et est adopté par Sonny Boy Williamson II (Rice Miller) qui lui apprend l’harmonica.
Junior Parker se retrouve ensuite dans l’orchestre de Howlin’ Wolf, écumant tous les clubs du Delta et de Memphis. Pourtant ses goûts sont loin du chicago Blues, il préfère nettement interpréter des ballades et des blues ultra sophistiqués dans la veine de Charles Brown ou Nat King Cole.
Avec BB King et Bobby Bland, qui ont les mêmes penchants et à peu près le même âge, il forme les « Beale Streeters ». Mais lorsque Sam Phillips l’enregistre pour son label Sun en 1953 et 1954, il veut le Junior Parker « bluesman ». Celui-ci s’incline non sans difficulté, avec pour résultat le merveilleux « Mystery Train », l’original du morceau qu’Elvis Presley rendra célèbre et l’endiablé « Feelin’ Good », un démarquage subtil du « Boogie Chillen » de John Lee Hooker.
Lorsqu’il signe chez Duke au milieu des années 50, Junior Parker s’exprime selon ses goûts. Il va faire alterner des ballades parfois un peu trop sucrées, mais qui lui valet une énorme popularité parmi les jeunes noires, avec des blues à la façon de Sonny Boy et même quelques rocks savoureux comme « Barefoot Rock ». Il tourne dans le sud en compagnie de Bobby Bland au sein de la « Blues Consolidated Revue ».
Après 1965, Parker enregistre pour Mercury, Capitol et United Artist dans une veine plus proche de la variété. Il revient au blues de ses débuts avec l’excellent album « You Don’t Have To Black To Love The Blues ».
Il meurt au cours d’une opération chirurgicale le 18 novembre 1971. Al Green lui rendra un superbe hommage avec le titre « Take Me To The River ».
Ses titres Sun sont disponibles sur diverses anthologies consacrées à ce label. Ses albums étant pour le plupart non disponibles en CD, il faut se rabattre sur l’excellent « Drivin’ Wheel » (mercury) augmenté de quelques singles.
JOHNNY ACE
Samplers : https://www.youtube.com/results?search_query=johnny+ace&search_type=
Les deux raisons majeures de l’obscurité relative qui entoure la mémoire de Johnny Ace : sa mort spectaculaire, qui a pris le dessus sur son héritage artistique, et surtout l’incompréhension de la grande majorité des historiens du R & B, peu sensible à la ballade sentimentale dont l’impact est pourtant considérable dans la société Afro-Américaine.
De son vrai nom John Marshall Alexander est né le 9 juin 1929 à Houston, il est l’un des 10 enfants du Révérend John Alexander Senior.
Johnny semble s’être intéressé tardivement à la musique, en dehors de la chorale de l’église de son paternel, il ne pense guère à une carrière artistique, allant jusqu'à s’engager dans la Navy à seize ans avant de s’apercevoir que sa vocation n’est pas là.
En 1947, il est condamné à six mois de prison dans le Mississipi sous un prétexte mineur, et c’est là qu’il se découvre un penchant musical en s’initiant à la guitare.
De retour chez ses parents, il apprend à jouer du piano avant d’être recruté par le saxophoniste Adolph « Billy » Duncan. Au sein de la formation de ce dernier, il fait la connaissance de BB King, Bobby Bland, Earl Forrest et de Rosco Gordon, tous décidés à se faire un nom dans les clubs et théâtres de Beale Street.
Au printemps 1952, le groupe attire l’attention du directeur des programmes de la radio noire WDI qui leur propose d’enregistrer « My Song » une composition inspirée fortement par « So Long » du chanteur de variété Russ Morgan qui a donné à Ruth Brown son premier hit trois ans plus tôt.
Le succès est immédiat pour Johnny Ace & The Beale Streeters, 9 semaines à la première place des hits parades noires.
Dans la foulée, tandis que le producteur Don Robey rachète Duke Records, diverses vedettes du R & B reprennent « My Song ».
Au cours des mois qui suivent, à la tête des Beale Streeters puis accompagné par l’orchestre de Johnny Otis, Johnny Ace poursuit avec succès sa carrière de chanteur de charme. Il multiplie les tournées en compagnie Big Mama Thornton mais aussi d’amis comme Bobby Bland et Junior Parker.
Malgré cette réussite fulgurante, Ace semble mal à l’aise dans son costume de star, très timide sur scène, il déçoit son public lors de son passage à l’Apollo de Harlem, il se rattrape dans sa vie privée en multipliant les excentricités. A la veille de sa mort, marqué par l’alcool, Ace à perdu sa silhouette de jeune premier ; le soir de noël 1954, avant de monter sur scène du City Auditorium de Houston, il s’amuse dans sa loge avec le petit revolver qui ne le quitte jamais. Les circonstances exactes de son décès sont confuses, mais il semble que Ace ait sous-évalué le risque de jouer à la roulette russe.
Disque conseillé : The Memorial Album
source : la grande encyclopédie du blues
Dernière édition par Bloomers le 23.04.08 21:38, édité 1 fois
Bloomers- Messages : 2749
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 49
Re: Memphis Crooners
LITTLE MILTON
samplers : https://www.youtube.com/results?search_query=little+milton&search_type=
Avec Bland, Parker, Ace & BB King, Milton Campbell alias Little Milton né le 8 septembre 1934 à Inverness dans le Mississipi fait partie de ces chanteurs qui s’éloignaient volontairement de leurs racines pour proposer du blues sophistiqué fortement imprégné par le gospel.
Elevé par sa mère et son beau père dans la misère du delta, la musique est le seul moyen d’échapper à une destin tout tracé, après voir fait son apprentissage au sein de plusieurs formations de la régions de Greenville, il réalise ses débuts sur disque grâce à Ike Turner (encore lui !) en 1953, pour le compte du producteur Sam Phillips.
La personnalité musicale de Milton, jusqu’alors très attaché à l’exemple de BB King, révèle toute sa dimension à la fin des années 50 lorsqu’il enregistre pour Bobbin Records (label monté par ses soins avec le DJ noir Bob Lyons) une série de compositions personnelles commercialisées avec succès à travers le Midwest.
Pour assurer sa réussite, il manque à Milton une maison de disque disposant d’un réseau de distribution national, ce qu’il trouve en 1961 à Chicago avec la compagnie des frères Chess.
Après une première lueur d’espoir avec « So Mean To Me », quatorzième dans les classements noirs en 1962, la formule de son producteur qui consiste à présenter Milton dans un contexte très orchestré alliant la vérité du blues à l’actualité de la soul donne des résultats probants à partir de 1965 avec l’album « We’re Gonna Make It » qui est également le titre d’un hymne collectif dans la veine du « Change Is Gonna Come » de Sam Cooke.
Milton délaisse les cuivres pour l’album suivant, son meilleur, « Sings Big Blues » qui propose des reprises taillées sur mesure qui parfois surpassent les versions originales.
Jusqu’à son départ, peu après la mort de Leonard Chess, Milton accumule les hits, ce statut va lui permettre de poursuivre son chemin avec le label Stax dans une veine toujours plus soul.
Après la faillite de Stax et la période difficile du Disco. Il reviendra au milieu des 80’s grâce au label Malaco.
Milton est mort d'un arrêt du cœur le 04/08/2005, il était la preuve vivante que les frontières supposées entre blues et soul sont artificielles, son exemple ayant permis à des artistes comme Johnnie Taylor, Otis Clay et Ann Peebles de trouver de nouveaux débouchés pour la soul auprès des amateurs de blues du monde entier.
Bloomers- Messages : 2749
Date d'inscription : 15/04/2008
Age : 49
Re: Memphis Crooners
Je l'ai écouté quelques fois dernièrement : il y a de bons passages, mais la sauce prend moyennement en tant que disque. Les deux compères jactent un peu trop à mon sens, et la bonne humeur commune ne va pas toujours de paire avec une certaine profondeur.Bloomers a écrit:
On retrouve quand même ça et là son talent vocal intact notamment dans les deux albums enregistrés en compagnie de son ancien employeur BB King. « Together For The First Time »
Re: Memphis Crooners
Faut ajouté quelques LP et CD:
Little Milton: "Hittin' the boogie, Memphis 1953- 1954", Zu-zazz Z 2007 de 1988,
"The original Memphis blues brothers", Ace CDCHD 265 de 2000, BB, JA JP, IT, EF, BBK, RG, les faces Modern,
"The earls Duke, Bobby Bland & Little Junior Parker", ReV-Ola CR BND 15,
"The "3B blues boy the blues years: 1952-1959", Bobby Bland, Ace CDCHD 302, de 1991.
Little Milton: "Hittin' the boogie, Memphis 1953- 1954", Zu-zazz Z 2007 de 1988,
"The original Memphis blues brothers", Ace CDCHD 265 de 2000, BB, JA JP, IT, EF, BBK, RG, les faces Modern,
"The earls Duke, Bobby Bland & Little Junior Parker", ReV-Ola CR BND 15,
"The "3B blues boy the blues years: 1952-1959", Bobby Bland, Ace CDCHD 302, de 1991.
yza- Messages : 1236
Date d'inscription : 30/08/2009
Localisation : Enfer
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum