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Fire Music (1965)

5 participants

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Fire Music (1965) Empty Fire Music (1965)

Message par Sony'r 29.04.13 8:50

Fire Music

Fire Music (1965) 120503110546449621

• Alto Saxophone – Marion Brown
• Bass – Reggie Johnson (tracks: A1, A2, B2, B3)
• Drums – Joe Chambers (tracks: A1, A2, B2, B3)
• Tenor Saxophone – Archie Shepp
• Trombone – Joseph Orange
• Trumpet – Ted Curson
Bass – David Izenzon Drums – J.C. Moses sur Malcom, Malcom, Semper Malcom

A1-Hambone 12:05
A2-Los Olvidados 8:36
B1-Malcom, Malcom, Semper Malcom 4:40
B2-Prelude To A Kiss 4:41
B3-The Girl From Ipanema 8:18

Recorded on February 16 & March 9, 1965. Impulse! ‎– AS-86

C’est le second album pour Impulse, enregistré quelques mois seulement après Four for Trane. Archie Shepp persévère et n’embauche pas de pianiste, par contre il s’entoure d’une nouvelle garde. Ted Curson est un compagnon du bouillonnant Charles Mingus. Il a également côtoyé Eric Dolphy et Cecil Taylor. Marion Brown est encore un jeune musicien, il fait ici ses premiers pas discographiques, mais il a déjà joué dans l’orchestre de Sun Ra et est assurément  déjà un musicien confirmé. Joe Chambers est un batteur de l’écurie Blue Note qui est en train de se construire une impressionnante carte de visite, apprécié des plus grands il va mettre ici son sens de la précision et de la concision au service d’un album qui restera parmi les plus belles réussites d’Archie Shepp. Musicien apprécié par sa grande culture musicale, Reggie Johnson lui aussi fait ses débuts discographiques, il a côtoyé Sun Ra et Bill Dixon, sans doute celui-ci l’a-t-il recommandé auprès d’Archie Shepp… Joseph Orange se situe dans la lignée des grands trombonistes comme Roswell Rudd, et Grachan Moncur III.

On entre très vite dans le vif du sujet avec Hambone, inspiré par l'écoute de l'enregistrement d'une femme Griot du Dahomey.On y entend un riff très répétitif exécuté par les sections des cuivres et des anches réunies. Les solistes improvisent à tour de rôle poussés et relancés sans cesse par les souffleurs, on ressent de la force, de la puissance et de l’entêtement. Cette force de la répétition plonge l’auditeur dans une certaine forme d’hypnotisme dont seule la puissance du soliste semble pouvoir le dégager. C’est d’abord Ted Curson qui s’extirpe avec éclat de la machine, puis Marion Brown qui se montre incisif et percutant. La section rythmique est  précise, presque carrée, pleine de puissance et d’énergie. Les rythmes sont parfois répétitifs, parfois changeants et structurent le morceau en plusieurs parties et séquences ponctuées par des breaks. La deuxième partie du morceau s’inscrit dans un schéma identique, le ralentissement du tempo profite à Joseph Orange qui délivre un bref solo, prélude au  retour en chœur des cuivres et des anches.  Archie improvise alors à coup de phrases brèves et successives, prolongeant  le cri et la plainte, une grande tension s’installe et le blues de Shepp envahit l’auditoire, sans merci…Un grand titre.

Los Olvidados est inspiré par un film de Buñuel (les oubliés-1950) très réaliste qui dénonce la misère sociale au travers du regard de jeunes adolescents. Le titre est d’inspiration sud américaine et  construit un espace sonore dans la continuité  du  précédent. On retrouve les riffs des cuivres, saccadés et répétitifs, la dramatisation avec les roulements de batterie, les silences voulus, mais il y a aussi de la légèreté et même une certaine innocence aux travers des thèmes et des mélodies. On pense à Mingus dans l’alternance des tempos lents et rapides, dans les accélérations soudaines et les brisures de rythmes. Ted Curson y va de son solo, bouillonnant et abrupt, puis c’est autour de Marion Brown de faire avec les silences et la tension entretenue par les cuivres, avant que Shepp ne mette la touche finale.

Changement de la section rythmique pour Malcom, Malcom, Semper Malcom  qui débute la seconde face et symbolise la lutte du peuple noir à travers la tragédie liée à l’assassinat de Malcom X en février 65. La voix rauque d’Archie Shepp déclame un texte parlé et rend hommage à celui qui incarne la lutte pour l’égalité des droits civiques. Archie Shepp inscrit clairement sa musique dans un engagement politique en soutenant le mouvement des Black Panthers. Ce titre restera un marqueur très fort dans la perception du musicien par une grande partie de son public. David Izenson à la basse joue alternativement à l’archet puis pizzicato, soutenant la voix grave de Shepp, l’intensité dramatique est très forte, accentuée par le jeu très sobre de J.C. Moses à la batterie  qui accompagne la pièce à renfort de sombres roulements de tambour.

Prelude To A Kiss, reprise du célèbre standard de Duke Ellington. Hommage brillant mais finalement très sage auprès du Duke que Shepp a toujours admiré, il a même joué quelques notes dans son orchestre. Un immense lyrisme emplit cette interprétation qui  se situe dans le parfait héritage Ellingtonien. Superbe.

A titre personnel c’est  pour le dernier titre de l’album que je ressens  le moins d’entrain. The Girl from Ipanema de Jobim et Moraes c’est ciel bleu, plage et cocotier, j’aurais aimé en connaître davantage sur cette fille là, j’aurais aimé qu’Archie m’en dévoile un autre aspect, une autre couleur, qu’il  explique la tristesse et la mélancolie qui s’y cache,  mais à trop coller à l’original  on ne voit que les rayons du soleil se refléter sur les  verres fumés de la belle… Je reconnais de suite le caractère injuste de mes remarques car ça reste de haute volée, peut-être la rythmique est-elle trop sage et le solo trop convenu, ou plus exactement trop « retenu », comme si une distance était créée… Peut-être est-ce volontaire, après tout ?

Cet album est souvent cité comme l’un de ses meilleurs essais discographiques, c’est là certainement une des pierres angulaires de son œuvre, incontestablement.

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Dernière édition par Sony'r le 11.05.13 11:48, édité 1 fois
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Message par Ayler 29.04.13 18:02

Tu me donnes envie de le réécouter. C'est le seul Shepp que je possède en 33 tours. Mais pour être franc, je garde un souvenir mitigé de cet album - de même que Four For Trane d'ailleurs.
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Message par Sony'r 29.04.13 21:48

Si ça te donne envie de réécouter alors l'objectif est atteint.
cheers
J'avoue être un grand admirateur de Shepp, considéré avec respect pendant plusieurs décennies, son œuvre est aujourd'hui souvent déconsidérée sans que l'on sache très bien pourquoi, peut-être son ancrage dans la tradition?
Alors il faudra attendre lé réévaluation qui ne manquera pas d'arriver...
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Message par Chino 29.04.13 22:14

Je l'ai vu 2 fois en concert, et c'était vraiment excellent.
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Message par Wu wei 29.04.13 23:41

comme Ayler (sauf que je ne le connais pas du tout celui-ci) ça donne vraiment envie de l'écouter... !
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Message par parisino 01.05.13 11:32

Ma cover est diferente à celle, surement d'origine :

Fire Music (1965) Archie-Shepp-Fire-Music-459286

J'apprécie cet album et j'y reviens souvent. Archie Shepp est l'un des plus grands saxophonistes de Jazz.

Prelude to A Kiss annonce déjà les albums consacré aux ballades qu'il enregistrera 30 ans plus tard comme "True Ballads" ou "Blue Ballad". Quand un musicien vient de l'avant-garde même quand il reprend un jazz plus classique il garde une grande part de free, dans son style et dans son son et c'est également ça que j'aime chez eux.

Concernant "The Girl From Ipanema" je comprend le point de Sony'r mais je pense que c'est surement le premier à l'avoir jouer de cette façon et même si cette version reste plutôt sage elle déborde de temps à autre de free. C'est en cela qu'il est différent à Ayler qui lui explosait les morceaux pour les reconstruire. En plus les reprises à cette époque devait être très guimauve.

Après évidement les 3 premiers morceaux sont les piliers de cet album incontournable. A noter que sur la réédition du Cd il y a un bonus "Hambone" en version Live (enregister au Village Gate le 28 mars 1965).

Merci pour la chronique, c'est bien on ressort les bons Cds.

Parisino
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